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Rabbi Akiva ou Rabbi Akiva ben Yosseph

lundi 1er avril 2024, par lucien jallamion

Rabbi Akiva ou Rabbi Akiva ben Yosseph

Docteur de la Mishna

Rabbi Akiva ben Yosseph est l’un des plus importants maîtres de la troisième génération des docteurs de la Mishna [1].

Contributeur central à l’élaboration de la Mishna [2] et du Midrash halakha [3], il est considéré comme l’un des fondateurs du judaïsme rabbinique.

Rabbi Akiva est en outre une importante personnalité politique de son temps, mandaté plusieurs fois par les Judéens comme ambassadeur à Rome. Traditionnellement associé à la révolte de Bar Kokhba [4], il est l’un des 10 morts en martyrs par le pouvoir romain.

Les débuts de Rabbi Akiva font l’objet d’une tradition dont la première version se trouve probablement dans les Avot de Rabbi Nathan [5], et dont le Talmud [6] possède plusieurs variantes.

Selon cette tradition, Rabbi Akiva est né en terre d’Israël dans une famille convertie au judaïsme et a exercé le métier de berger.

Il est, jusqu’à ses 40 ans, un am haaretz [7], dédaigneux des études, lorsqu’il décide d’apprendre la Torah [8]. Encouragé par Rachel, fille de son employeur, Kalba Savua , l’un des notables de Jérusalem [9], qui lui promet de l’épouser, il part étudier. Kalba Savua ne tarde pas à l’apprendre, et devant cette mésalliance, déshérite sa fille et fait vœu de ne plus la revoir.

Rabbi Akiva débute à l’école de sa ville, Lydda [10], dans les classes primaires où l’on apprend à lire l’hébreu, aux côtés de son propre fils. Il ne cessera dès lors de s’étonner de tout et de poser des questions comme un enfant, en ne prenant rien pour acquis, devenant rapidement l’élève des plus grands, Rabbi Yehoshoua et surtout Rabbi Eliezer, auxquels on l’oppose souvent : alors que ces deux maîtres, qui ont commencé leurs études à l’âge adulte au milieu de nombreuses privations, sont tous deux devenus des gdolei hador [11] et que Rabbi Eliezer est d’un caractère fier et sans compromis, ce qui mènera à son excommunication, Rabbi Akiva se caractérise par sa modestie et son effacement.

Il étudie également auprès de Nahum de Gimzo , qui lui apprend, outre ses principes exégétiques, à considérer que les choses se produisent, en dépit des apparences, toujours pour le mieux. Un autre de ses maîtres, Rabbi Tarfon , reconnaît sa grandeur et le considérera comme un collègue, voire comme son propre maître.

Après un certain nombre d’années, pendant lesquelles Rachel a enduré les pires privations et humiliations, il enseigne la Torah en public, auprès de nombreux élèves. Lorsqu’après 12 ans, il revient chez lui, c’est pour repartir aussitôt 12 années de plus.

Rabbi Akiva demeure à Lydda, probablement jusqu’aux derniers jours de Rabbi Eliezer, auquel il vient rendre visite lors de sa maladie. Il établit ensuite sa propre académie et son tribunal à Bnei Brak [12], à cinq milles romains de Jaffa [13]. Il semble également avoir habité quelque temps à Tziphron.

Outre ses fonctions de juge et maître à Lydda puis à Bnei Brak, Rabbi Akiva compte aussi parmi les membres de l’académie de Yavné [14], dans laquelle siège le Sanhédrin [15] après la prise de Jérusalem par Vespasien.

Très apprécié du Nassi [16] Rabban Gamliel de Yavné, il représente souvent la voix de la modération, notamment dans le conflit qui oppose le Nassi à Rabbi Yehochoua. Lorsque Rabban Gamliel est déposé, les membres du collège envisagent sérieusement de désigner Rabbi Akiva à ce poste, mais élisent finalement Rabbi Eléazar ben Azarya. Et lorsque Rabban Gamliel est réinstallé, Rabbi Akiva conserve sa confiance.

La réputation de Rabbi Akiva grandit rapidement dans le monde juif, atteignant selon une tradition des proportions mondiales, et une telle renommée que, selon une agagad [17] talmudique, Moïse lui-même reconnaît sa supériorité. Il eu de très nombreux disciples.

La dernière période de sa vie est passée à affronter l’occupation romaine qui a durci son joug, dans le cadre des campagnes militaires de Trajan. C’est probablement dans ce contexte d’oppression religieuse que l’on voit Rabbi Akiva décréter l’intercalation d’un mois supplémentaire à Nehardea [18], en Babylonie [19].

Sur le plan théologique, le Talmud rapporte de nombreuses disputations entre Rabbi Akiva et des incroyants, parmi lesquels le gouverneur romain de Jérusalem, Quintus Tinneius Rufus , que le Talmud appelle Turnus ou Tyrannus Rufus.

Sur le plan politique, Rabbi Akiva apporte son soutien au chef de la nouvelle révolution, Shimon bar Koziva. Rabbi Akiva, impressionné par ses hauts-faits et son ascendance davidique, donne au patriote le nom, sous lequel il est actuellement connu, de Bar Kokhba et le proclame Messie.

Malgré l’apparition de nouvelles lois visant à interdire tout enseignement de la Loi, Rabbi Akiva continue à le faire publiquement au mépris des conséquences, comparant un peuple juif sans Torah à un poisson sans eau.

Arrêté par Tinneius Rufus, il est emprisonné plusieurs années puis exécuté.

Bien que sa mort soit traditionnellement rattachée à la révolte de Bar Kokhba, le rôle qu’il y aurait réellement tenu est sujet à controverses.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Rabbi Akiva/ Portail Israël antique et Juifs dans l’Antiquité/ Catégories  : Tannaim/ Rabbin du 1er et 2ème siècle

Notes

[1] Les tannaïm sont, au sens large, les Sages dont les opinions sont rapportées dans la Mishna et, au sens restreint ceux qui l’ont codifiée. Leur ère, dite tannaïtique ou mishnaïque, s’étend donc, selon la définition, de la période du Second Temple (approximativement 520 avant notre ère), ou des débuts de notre ère à 200, date à laquelle la Mishna est clôturée dans l’académie de Juda Hanassi. Elle comprend (ou fait suite à) l’ère des Zougot (les paires) et de la Grande Assemblée, et précède la période des Amoraïm (docteurs du Talmud).

[2] La Mishna est la première et la plus importante des sources rabbiniques obtenues par compilation écrite des lois orales juives, projet défendu par les pharisiens, et considéré comme le premier ouvrage de littérature rabbinique. La Mishna est écrite en hébreu. Le terme Mishna fait à la fois référence à l’ouvrage recensant l’opinion et les conclusions des rabbins de l’époque on parle alors de La Mishna et aux conclusions des rabbins elles-mêmes on parle alors d’une ou des mishnayot (pluriel de mishna). Elle comporte six ordres, eux-mêmes divisés en traités. Chaque traité comporte plusieurs chapitres. Il est d’usage de faire référence à une Mishna par : le nom du traité, suivi du numéro du chapitre, lui-même suivi du numéro de la mishna. Les auteurs sont les « Tannaïm » ou répétiteurs, car ils « répétaient » les traditions apprises de leurs maîtres.

[3] Le Midrash halakha désigne la méthode interprétative employée par les sages d’Israël pour tirer des lois pratiques du texte biblique, et par métonymie l’ensemble de la littérature comprenant les enseignements qui suivent cette méthode. Cette littérature comprend tant des midrashim utilisés pour justifier les lois que des midrashim créateurs de lois, généralement obtenus par application au texte des treize principes de Rabbi Ishmaël.

[4] La révolte de Bar Kokhba (132/135) ou seconde guerre judéo-romaine, est la seconde insurrection des juifs de la province de Judée contre l’Empire romain, et la dernière des guerres judéo-romaines. Certaines sources la mentionnent comme la troisième révolte, en comptant les émeutes de 115-117, connues sous le nom de guerre de Quietus, écrasées par le général Lusius Quietus qui a réprimé ces révoltes en Adiabène, à Édesse et en Assyrie, puis en Syrie et en Judée

[5] Avot de Rabbi Nathan est un traité extra-talmudique. Recensé en deux versions de 41 et 48 chapitres respectivement, la première étant habituellement imprimée aux côtés des traités mineurs, en appendice à l’ordre Nezikin du Talmud de Babylone, il ne semble cependant pas appartenir à ce genre et ressemble davantage à celui du Midrash. Toutefois, il élabore non sur un livre ou passage de la Bible mais sur un traité de la Mishna, en l’occurrence une version du traité Avot antérieure à celle qui sera canonisée par Juda Hanassi et qui était, selon la tradition, enseignée dans l’académie de Rabbi Nathan. Cependant, bien qu’attribué à ce docteur de l’ère de la Mishna, Avot de Rabbi Nathan a vraisemblablement été composé à l’ère des gueonim. Son style est moins formel que celui du traité Avot et il contient nombre de traditions qui lui sont uniques.

[6] Le Talmud est l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique et la base de sa Halakha (« Loi »). Rédigé dans un mélange d’hébreu et de judéo-araméen et composé de la Mishna et de la Guemara, il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive telle qu’exposée dans la Bible hébraïque et son versant oral, abordant entre autres le droit civil et matrimonial mais traitant au détour de ces questions de points d’éthique, de mythes, de médecine, de génie et autres. Divisé en six ordres (shisha sedarim, abrégé Sha"s), il existe deux versions du Talmud, dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone.

[7] (un parfait ignorant

[8] La Torah ou Thora est, selon la tradition du judaïsme, l’enseignement divin transmis par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï et retransmis au travers de ses cinq livres ainsi que l’ensemble des enseignements qui en découlent. Elle est composée de cinq livres désignés en hébreu par un des premiers mots du texte et traditionnellement en français : la Genèse (Berēshīṯ : Commencement), l’Exode (Shemōṯ : Noms), le Lévitique (Wayyiqrā : Et il appela), les Nombres (Bamiḏbar : Dans le désert) et le Deutéronome (Devarim : Paroles). Elle contient, selon la tradition juive, 613 commandements

[9] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[10] aujourd’hui Lod en Israël

[11] grands de la génération

[12] Bnei Brak est une ville d’Israël de la banlieue nord-est de Tel Aviv, accolée à Ramat Gan. Bnei Brak, qui s’étend sur 709 hectares, est l’une des villes les plus densément peuplées d’Israël. Le nom de Bnei Brak est cité dans la Bible hébraïque dans le Livre de Josué (Josué, 19, 45)5 comme une ville de la tribu de Dan et dans la Haggada de Pessa’h, comme l’endroit où sont rassemblés Rabbi Aquiba et ses disciples pour célébrer le Séder de Pessa’h.

[13] Jaffa est la partie sud, ancienne, de la ville de Tel Aviv-Jaffa en Palestine . C’est l’un des ports les plus anciens de la côte orientale de la mer Méditerranée.

[14] Yavné ou Yabné est une ville du District centre d’Israël. Après la destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70, Yohanan ben Zakkaï obtint de ceux-ci que le Sanhédrin soit déplacé à Yavné (que les Romains appelaient Iamnia). Plusieurs yeshivot se développèrent dans la ville connue comme l’école de Yavné. On voit là l’origine du judaïsme rabbinique. Les Croisés construisirent un château à Yavné en 1141. La Seigneurie d’Ibelin s’y installa, au cœur du Royaume de Jérusalem avant d’être conquise par Saladin en 1186.

[15] Le Sanhédrin est l’assemblée législative traditionnelle du peuple juif ainsi que son tribunal suprême qui siège normalement à Jérusalem. Son nom n’est pas d’origine hébraïque mais dérive du grec sunédrion, signifiant « assemblée siégeante ». Composé de 71 sages experts en Loi Juive, il doit comporter 23 membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé petit sanhédrin et siège dans les principales villes.

[16] Nassi est un terme hébreu signifiant approximativement « Prince ». Dans l’Antiquité, c’était le titre donné au dirigeant du Sanhédrin. Ce titre a été créé en 191 av.jc lorsque le Sanhédrin a perdu confiance dans la capacité des prêtres de rang élevé de servir de dirigeants. Dans l’utilisation moderne, Nassi signifie aussi « Président ». C’est le terme utilisé en hébreu moderne pour désigner n’importe quel chef d’État démocratiquement élu.

[17] L’Aggada ou Aggadata désigne les enseignements non législatifs de la tradition juive ainsi que le corpus de ces enseignements pris dans son entièreté. Ce corpus de la littérature rabbinique recouvre un ensemble hétéroclite de récits, mythes, homélies, anecdotes historiques, exhortations morales ou encore conseils pratiques dans différents domaines. Il est principalement recueilli dans le Talmud et dans diverses compilations de Midrash Aggada, dont l’une des plus connues est le Midrash Rabba, ainsi que dans des genres non rabbiniques comme la littérature apocalyptique et judéo- hellénistique.

[18] Nehardea était une ville de Babylonie, située à ou près de la jonction de l’Euphrate avec le Nehar Malka (également appelé Nâr Sharri, Ar-Malcha, Nahr el-Malik, ou Canal du Roi), et l’un des premiers centres du judaïsme babylonien.

[19] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.