Premier comte de San Esteban de Gormaz [1], il est connétable de Castille [2] et maître de l’ordre de Santiago [3].
Fils illégitime d’Álvaro Martínez de Luna, copero mayor [4] du roi Henri III de Castille, issu d’une grande famille du royaume d’Aragon, et de María Fernández de Jarana, une roturière réputée pour sa beauté.
Son oncle Pedro de Luna, archevêque de Tolède [5], qui devint plus tard l’antipape Benoît XIII, l’introduit à la cour. Très vite, il acquiert un ascendant notable sur le jeune roi Jean II , qui n’est qu’un enfant. Le roi Jean est alors sous la tutelle de son oncle l’infantFerdinand d’Antequera, qui se méfie d’Álvaro. Toutefois, en 1412, Ferdinand est choisi comme roi d’Aragon [6] par le compromis de Caspe [7], auquel participe Benoît XIII. Le départ de Ferdinand, qui laisse la régence de Castille aux mains de la reine Catherine de Lancastre , renforce la position de Luna auprès du roi Jean.
L’ascendant de Luna sur le roi fut plus tard attribué à des pratiques de sorcellerie, mais il est plus probable que le roi Jean II, isolé politiquement par l’opposition des grands lignages nobles, notamment par les infants d’Aragon, ses cousins, fils de Ferdinand d’Antequera, cherche en Álvaro un conseiller d’autant plus fidèle qu’il lui doit tout. Luna est également reconnu comme un parfait chevalier, bon cavalier, habile au maniement de la lance et compositeur de poésies courtoises.
Luna focalise les critiques des différentes factions nobiliaires, qui cherchent à expulser le favori pour prendre sa place dans la faveur du roi et favoriser ainsi leurs intérêts. Lui-même cherche d’ailleurs à concentrer les grâces royales sur sa personne et sa proche famille.
Au gré des alliances, Álvaro de Luna doit quitter la cour, mais un retournement d’alliances peut le ramener à sa place de favori. Ainsi en 1427, il est exilé, mais retourne auprès du roi dès 1428. En 1431, il tente de rassembler la noblesse castillane dans une croisade contre le royaume de Grenade [8], mais malgré quelques succès, l’expédition ne parvient pas à prendre Grenade. Selon certaines sources, à cause du tremblement de terre d’Atarfe [9], et selon d’autres, les Maures [10] auraient soudoyé Álvaro de Luna avec une charrette pleine de figues et dans chacune d’elles une pièce d’or.
En 1445, Luna défait une coalition de nobles hostiles menée par les infants d’Aragon à la Première bataille d’Olmedo [11]. Il bénéficie du support royal pour être élu comme maître de l’ordre de Santiago.
La femme de Jean II, Marie d’Aragon, sœur des infants d’Aragon, meurt la même année. Luna est alors au sommet de sa puissance, mais il est toujours dépendant du soutien du roi. La seconde femme de Jean II, Isabelle de Portugal, jalouse de l’influence du connétable, n’a de cesse de le marginaliser à la cour. En 1453, la mort du comptable du roi donne l’occasion à la faction de la reine d’agir.
Isabelle arrache du vieux Jean II la déchéance de son favori, qui est interné au château de Portillo [12]. Peu après, Álvaro de Luna est jugé et condamné à mort par un tribunal expéditif réuni à Valladolid [13]. Il est exécuté le 2 juin 1453.
De son mariage avec Juana Pimentel, Luna laisse 2 enfants