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L’histoire pour le plaisir

Álvaro de Luna

jeudi 21 mars 2024, par lucien jallamion

Álvaro de Luna (1390-1453)

Noble castillan-Favori du roi Jean II de Castille

Premier comte de San Esteban de Gormaz [1], il est connétable de Castille [2] et maître de l’ordre de Santiago [3].

Fils illégitime d’Álvaro Martínez de Luna, copero mayor [4] du roi Henri III de Castille, issu d’une grande famille du royaume d’Aragon, et de María Fernández de Jarana, une roturière réputée pour sa beauté.

Son oncle Pedro de Luna, archevêque de Tolède [5], qui devint plus tard l’antipape Benoît XIII, l’introduit à la cour. Très vite, il acquiert un ascendant notable sur le jeune roi Jean II , qui n’est qu’un enfant. Le roi Jean est alors sous la tutelle de son oncle l’infantFerdinand d’Antequera, qui se méfie d’Álvaro. Toutefois, en 1412, Ferdinand est choisi comme roi d’Aragon [6] par le compromis de Caspe [7], auquel participe Benoît XIII. Le départ de Ferdinand, qui laisse la régence de Castille aux mains de la reine Catherine de Lancastre , renforce la position de Luna auprès du roi Jean.

L’ascendant de Luna sur le roi fut plus tard attribué à des pratiques de sorcellerie, mais il est plus probable que le roi Jean II, isolé politiquement par l’opposition des grands lignages nobles, notamment par les infants d’Aragon, ses cousins, fils de Ferdinand d’Antequera, cherche en Álvaro un conseiller d’autant plus fidèle qu’il lui doit tout. Luna est également reconnu comme un parfait chevalier, bon cavalier, habile au maniement de la lance et compositeur de poésies courtoises.

Luna focalise les critiques des différentes factions nobiliaires, qui cherchent à expulser le favori pour prendre sa place dans la faveur du roi et favoriser ainsi leurs intérêts. Lui-même cherche d’ailleurs à concentrer les grâces royales sur sa personne et sa proche famille.

Au gré des alliances, Álvaro de Luna doit quitter la cour, mais un retournement d’alliances peut le ramener à sa place de favori. Ainsi en 1427, il est exilé, mais retourne auprès du roi dès 1428. En 1431, il tente de rassembler la noblesse castillane dans une croisade contre le royaume de Grenade [8], mais malgré quelques succès, l’expédition ne parvient pas à prendre Grenade. Selon certaines sources, à cause du tremblement de terre d’Atarfe [9], et selon d’autres, les Maures [10] auraient soudoyé Álvaro de Luna avec une charrette pleine de figues et dans chacune d’elles une pièce d’or.

En 1445, Luna défait une coalition de nobles hostiles menée par les infants d’Aragon à la Première bataille d’Olmedo [11]. Il bénéficie du support royal pour être élu comme maître de l’ordre de Santiago.

La femme de Jean II, Marie d’Aragon, sœur des infants d’Aragon, meurt la même année. Luna est alors au sommet de sa puissance, mais il est toujours dépendant du soutien du roi. La seconde femme de Jean II, Isabelle de Portugal, jalouse de l’influence du connétable, n’a de cesse de le marginaliser à la cour. En 1453, la mort du comptable du roi donne l’occasion à la faction de la reine d’agir.

Isabelle arrache du vieux Jean II la déchéance de son favori, qui est interné au château de Portillo [12]. Peu après, Álvaro de Luna est jugé et condamné à mort par un tribunal expéditif réuni à Valladolid [13]. Il est exécuté le 2 juin 1453.

De son mariage avec Juana Pimentel, Luna laisse 2 enfants

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Álvaro de Luna »

Notes

[1] San Esteban de Gormaz est une commune espagnole située dans la province de Soria dans la communauté autonome de Castille-et-León.

[2] il était un titre créé par Jean 1er , roi de Castille en 1382, pour remplacer le titre Alférez Mayor del Reino . Le connétable était la deuxième personne au pouvoir dans le royaume, après le roi, et sa responsabilité était de commander l’armée en l’absence du dirigeant. En 1473 Henri IV de Castille en a fait un titre héréditaire pour la famille Velasco et les Ducs de Frías . Après ces changements, le titre a cessé d’avoir des connotations militaires ou administratives, et était simplement un titre honorifique.

[3] L’ordre de Santiago (Saint-Jacques de l’Épée) est un ordre militaire et religieux catholique, aujourd’hui ordre honorifique en Espagne et au Portugal. Le 1er août 1170, Ferdinand II de León et de Galice, confie la protection de Cáceres, en Estremadura, tout juste reprise aux musulmans, à Pedro Fernández, (premier maître de l’ordre - 1170-1184), et à ses douze frères d’arme qui l’ont aidé à prendre la ville. Désireux de fonder un ordre de chevalerie sur le modèle de ceux créés en Terre sainte, Pedro Fernández conclut en mai 1170, en présence du roi et des archevêques de Tolède et de Saint-Jacques-de-Compostelle, un accord avec le prieur du monastère de Santa Maria de Loyo. À la différence, néanmoins, des Ordres du Temple et de l’Hôpital, l’Ordre de Cáceres (il est appelé ainsi dans un document de décembre 1170) a pour seul objectif la lutte contre les infidèles et la défense de la Chrétienté.

[4] grand échanson

[5] L’archidiocèse de Tolède est une église particulière de l’Église catholique en Espagne. Son siège est la cathédrale Santa María de Tolède.

[6] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[7] Le Compromis de Caspe en 1412 désigne l’importante réunion à Caspe, dans le royaume d’Aragon, de neuf notables, trois représentant les États d’Aragon, trois de Valence et trois de Catalogne, dans le but de choisir lequel des prétendants à la Couronne d’Aragon succéderait au roi Martin 1er l’Humain, mort sans descendance en 1410. Les trois États de la Couronne d’Aragon s’étaient engagés à respecter la décision des neuf notables. C’est le noble castillan Ferdinand de Trastamare, aussi appelé Ferdinand d’Antequera, qui fut choisi, au détriment principalement du comte d’Urgell Jacques II1. Le compromis de Caspe mit fin à un interrègne agité, avec la lutte entre les différents prétendants, l’invasion des États de la Couronne aragonaise par les armées de Castille et les interventions extérieures comme celles du pape Benoît XIII.

[8] Le royaume de Grenade est le dernier nom d’une entité territoriale espagnole fondée comme taïfa en 1073 par une branche d’une dynastie berbère, les Zirides. Après la réunification d’al-Andalus par les Almoravides puis par les Almohades, le territoire est reconstitué en 1238 comme émirat de Grenade sous la dynastie arabe nasride. Il prendra le titre de sultanat malgré la suzeraineté du royaume chrétien de Castille. Après la prise de Grenade en 1492 par les Rois catholiques, le territoire est titré royaume de Grenade, et est dirigé comme tel par la monarchie catholique espagnole. Il apparaît surtout comme titre de prestige des Habsbourg d’Espagne puis des Bourbons d’Espagne, jusqu’à la réforme territoriale de 1833 qui l’intègre à la région de l’Andalousie sous le nom fonctionnel de province de Grenade.

[9] Atarfe est une ville d’Espagne, dans la province de Grenade, communauté autonome d’Andalousie.

[10] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.

[11] La première bataille d’Olmedo se déroule le 19 mai 1445 sous les murs d’Olmedo, à proximité de Valladolid. Elle voit s’affronter une armée loyaliste castillane qui défend les intérêts de son roi Jean II contre des troupes levées par une partie de la noblesse castillane qui soutient les menées des Infants d’Aragon. Elle se solde par une victoire loyaliste.

[12] Portillo est une commune de la province de Valladolid dans la communauté autonome de Castille-et-León en Espagne.

[13] Valladolid est une municipalité et une ville espagnole située dans le quart nord-ouest de la péninsule ibérique, capitale de la province de Valladolid et le siège des tribunaux et du Conseil de la communauté autonome de Castilla y Leon.