Fondateur de la première maison de presse hébraïque, appelée Emeth Meerets Titsma`h, à Amsterdam [1] en 1626. Il fut l’ami de Rembrandt.
Il naît sous le nom de Manoel Dias Soeiro à Madère [2] en 1604, un an après que ses parents, conversos [3] depuis 3 générations, eurent été contraints de quitter le Portugal. Transitant brièvement par La Rochelle [4] avant d’arriver à Amsterdam, où ses parents tombent le masque, Manuel Dias Soeiro est élevé dans le judaïsme, et devient dès 1610 élève du Sage Isaac Uziel dans la toute fraîche yeshivah [5] d’Amsterdam.
Très versé dans les sciences séculières comme dans la tradition juive, se prenant de passion pour l’imprimerie, il écrit de nombreux ouvrages répondant aux critiques venant de l’intérieur comme de l’extérieur du judaïsme.
Touché par les idées d’ Isaac La Peyrère , un cabaliste converso, il est convaincu de la venue imminente du Messie, prenant notamment très au sérieux l’ascendance davidique des Abravanel [6], dont il est parent.
Cependant, le Messie ne viendra que lorsque les Juifs peupleront l’ensemble des pays du monde, et il se trouve que l’Angleterre leur est fermée depuis l’expulsion sous le règne d’Édouard 1er d’Angleterre en 1290, soit 350 ans plus tôt.
Il se rend donc en Angleterre, afin de convaincre Cromwell, rédigeant pour l’occasion une Apologie des Juifs, où il illustre les nombreux cas où, d’Antipater à Juan Hanassi Mendès dit Joseph Nassi , les Juifs ont été utiles aux princes. De plus, les Juifs étant sans pays, ils contribuent à enrichir leur terre d’accueil.
Bien que Cromwell ait été favorablement impressionné par les conversos plus ou moins discrets installés en Angleterre, Manasse ben Israël rentre bredouille de sa mission et meurt ruiné. Cependant, son intervention provoque aux Pays-Bas une politique d’intégration rapide des Juifs, et, en 1656, Cromwell accepte de facto les crypto Juifs sur son territoire.