Philosophe irlandais de la famille des empiristes [1]. Pour Berkeley, les choses qui n’ont pas la faculté de penser [2] sont perçues et c’est l’esprit humain ou divin qui les perçoit.
La théorie de Berkeley montre que les individus peuvent seulement connaître les sensations et les idées des objets, non les abstractions comme la matière ou les entités générales.
Berkeley a réalisé de nombreux travaux, dont les plus connus sont sans doute les Principes de la connaissance humaine [3] en 1710 et les Trois dialogues entre Hylas et Philonous [4] en 1713. En 1734, il publia “L’Analyste”, une critique des fondations de la science, qui eut beaucoup d’influence sur le développement ultérieur des mathématiques.
Berkeley naît en Irlande, dans le comté de Kilkenny [5], et grandit à Dysart Castle, près de Thomastown [6].
Fils aîné de William Berkeley, qui appartient à la petite noblesse anglo-irlandaise, de confession anglicane [7], récemment installée en Irlande. Il débute ses études au collège de Kilkenny, qu’il quitte en 1700, pour les poursuivre au Trinity College de Dublin [8], où il obtient le degré de Master of Arts [9] en 1707. Élu fellow [10] de Trinity College, il y reste pour effectuer du tutorat et enseigner le grec, il est ordonné prêtre de l’Église d’Irlande anglicane en 1710.
Sa première publication, L’arithmétique démontrée sans le secours de l’algèbre et de la géométrie, probablement écrite pour soutenir sa candidature au poste de chargé de cours, concerne les mathématiques. Mais le premier ouvrage qui le fait remarquer est son Essay towards a New Theory of Vision [11], publié en 1709. Bien qu’il donne lieu à l’époque à de nombreuses controverses, ses conclusions font désormais partie de la théorie classique de l’optique.
Il publie ensuite Treatise concerning the Principles of Human Knowledge [12] en 1710, et Three Dialogues between Hylas and Philonous [13], dans lesquels il développe son propre système philosophique, dont le principe directeur est que le monde, représenté par nos sens, requiert d’être perçu pour exister en tant que tel. Les Principes exposent cette théorie, tandis que les Dialogues la défendent.
Son objectif est principalement apologétique : il s’agit de combattre le matérialisme et le scepticisme qui prévalent alors. Sa théorie est jugée ridicule par le plus grand nombre, et même ceux qui, comme Samuel Clarke et William Whiston, lui reconnaissent un extraordinaire génie, sont néanmoins convaincus que ses principes de base sont faux.
Peu après, il se rend en Angleterre, et Addison, Pope , Steele et John Arbuthnot l’accueillent dans leurs rangs avec un empressement cordial. Swift le présente à Lord Peterborough, qui l’amène avec lui en Europe en qualité de secrétaire et de chapelain. Aussi entre 1714 et 1720, il alterne travaux académiques et longs voyages, principalement en Italie qu’il visite presque entièrement, mais aussi en Espagne et en France, où il rédige De Motu [14].
En 1721, il entre dans les Ordres, obtient son doctorat en théologie, et, une fois encore, choisit de rester à Trinity College, où il enseigne l’hébreu et la théologie.
En 1724, il obtient le doyenné [15] de Derry [16]. L’année suivante, il projette de fonder aux Bermudes [17] un collège, destiné à former des ministres du culte anglican pour les colons, et des missionnaires pour les Indiens. Pour cela il abandonne son doyenné, qui lui procurait un revenu de ₤1100, et part pour l’Amérique avec un salaire de ₤100. Il débarque près de Newport [18], où il achète une plantation, le Whitehall. Le British Museum [19] conserve quelques reçus d’achat d’esclaves qu’il fit en 1730 et 1731. Berkeley, dans ses sermons, explique aux colons pourquoi la Chrétienté soutient l’esclavage, et donc pourquoi les esclaves doivent être baptisés.
Il vit à la plantation en attendant l’arrivée d’une subvention de ₤10 000, que le gouvernement britannique lui a promis pour son collège. Mais les fonds ne venant pas, il retourne à Londres en 1732.
En 1734, il est nommé évêque de Cloyne. Peu de temps après, il publie Alciphron, or The Minute Philosopher [20], ouvrage écrit pendant son séjour à Newport et dirigé à la fois contre Anthony Ashley-Cooper 3ème comte de Shaftesbury et Bernard Mandeville.
En 1734-1737, il publie The Querist [21], et ses dernières publications seront Siris, un traité sur les vertus médicinales de l’eau de goudron, et Further Thoughts on Tar-water [22].
Pendant son séjour à Saville Street à Londres, il prend part aux efforts visant à créer un asile pour les enfants abandonnés. Le Foundling Hospital est fondé par Charte royale en 1739, et Berkeley fait partie de la liste des premiers membres de son conseil d’administration.
Il demeure à Cloyne jusqu’à sa retraite en 1752, année où il se retire à Oxford [23] chez son fils. Il meurt subitement en janvier 1753, et il est enterré à la Christ Church Cathedral d’Oxford. Ses manières douces et affectueuses le firent beaucoup apprécier, et il était tenu en haute estime par beaucoup de ses contemporains.