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Charles-Emmanuel II

dimanche 11 juin 2023, par lucien jallamion

Charles-Emmanuel II (1634-1675)

Duc de Savoie-Prince de Piémont de 1638 à 1675

Fils de Victor-Amédée 1er , duc de Savoie [1] et prince de Piémont [2], et de Christine de France . Il succède à l’âge de 4 ans à son frère François-Hyacinthe et sa mère exerça la régence, malgré les contestations de ses oncles Maurice de Savoie et Thomas de Savoie-Carignan .

Majeur en 1648, il est fidèle à l’alliance française, protège les arts et le commerce, fait élever la ville neuve et le palais royal de Turin [3], et construit en 1652 le chemin de la Grotte sur la montagne des Échelles pour le transport des marchandises de France en Italie.

Lors des Pâques vaudoises [4] de 1655, après l’intervention de l’ambassadeur anglais Samuel Morland , lorsque l’ambassadeur de France à Turin pousse à la paix, Charles-Emmanuel II de Savoie accorde finalement aux vaudois des patentes de grâce et un pardon général, désavouant le chef militaire sur le terrain, le marquis de Pianezza Charles-Emmanuel-Phillibert-Hyacinthe de Simiane . Ces mesures sont cependant retardées par l’imminence de la Restauration anglaise, Oliver Cromwell ayant beaucoup soutenu les vaudois [5], et il faut attendre 10 ans pour que voit le jour la Patente de Turin [6], qui renouvelle l’esprit de la Paix de Cavour [7], signée un an plus tôt.

Le duc épouse en premières noces le 4 mars 1663 Françoise-Madeleine d’Orléans , fille de Gaston d’Orléans et de Marguerite de Lorraine dont il n’a pas de postérité.

Il se remarie à Turin le 20 mai 1665 avec Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie , fille de Charles-Amédée de Savoie , duc de Nemours [8] et d’ Élisabeth de Bourbon-Vendôme , fille de César de Bourbon duc de Vendôme fils légitimé du roi Henri IV de France et de Françoise de Lorraine-Mercœur . Marie-Jeanne-Baptiste est la dernière représentante et héritière de la branche des Genevois-Nemours [9], duchesse de Genève [10] et d’Aumale.

Il meurt en 1675 à l’âge de 41 ans et sa femme assure la régence.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de André Palluel-Guillard, Charles-Emmanuel II www.sabaudia.org (consulté le 15 janvier 2013) - in Dossier « La Maison de Savoie ».

Notes

[1] Le duché de Savoie est un ancien duché indépendant, noyau des États de Savoie, devenu Royaume de Sardaigne en 1713, et divisé entre la France et l’Italie en 1860. Le 19 février 1416, l’empereur Sigismond 1er érige le comté de Savoie en duché de Savoie, lui offrant une autonomie politique sans précédent. Les successeurs d’Amédée VIII de Savoie portent désormais le titre de duc jusqu’à ce qu’ils deviennent rois de Sicile, puis de Sardaigne au début du 18ème siècle.

[2] Au cours du Moyen Âge, se constitue autour de Turin la principauté de Piémont, gouvernée par une branche de la maison de Savoie, la lignée de Savoie-Achaïe. En 1418, à la mort de Louis de Savoie-Achaïe, la principauté du Piémont revient au duc de Savoie, qui a la faveur de l’empereur en tant que membre du parti gibelin. À partir de 1494, le Piémont est embrasé par les guerres d’Italie : dans la première moitié du 16ème siècle, le pays devient un théâtre d’opérations d’armées étrangères, ce qui bloque la vie culturelle. En 1563, le duc de Savoie et prince de Piémont décide de faire de Turin sa principale capitale, au détriment de Chambéry.

[3] Turin est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom et de la région du Piémont. Turin fut la capitale des États de Savoie de 1563 à 1720, du royaume de Piémont Sardaigne de 1720 à 1861 et du royaume d’Italie de 1861 à 1865.

[4] Les Pâques vaudoises, appelées aussi « Pâques piémontaises », désignent une période de répression sanglante menée en 1655 dans le Piémont par le Duché de Savoie contre les populations de Vaudois de trois, puis d’une dizaine de vallées italiennes. Leur déroulement, avec l’hébergement forcé des troupes par les habitants et de nombreux sévices contre les populations locales, a préfiguré les dragonnades qui seront organisées en France une génération plus tard sous Louis XIV par le ministre de la guerre Louvois au début des années 1680.

[5] L’Église évangélique vaudoise est la principale église de tradition réformée du protestantisme italien. Depuis 1975, elle intègre au sein d’une organisation commune L’Église évangélique vaudoise - Union des églises méthodistes et vaudoises, les églises Italiennes de tradition Vaudoise ou Méthodiste. L’Église évangélique vaudoise assume l’héritage de la prédication de Vaudès (aussi connu sous le nom de Pierre Valdo ou Pierre Valdès). On parle également de valdéisme ou de Mouvement vaudois. Plus ancienne , elle est présente principalement en Italie, dans les Vallées vaudoises du Piémont , avec des antennes en Amérique du Sud. Elle est adhérente de l’Alliance réformée mondiale et de la Conférence des Églises protestantes des pays latins d’Europe.

[6] La Patente de Turin signée le 24 février 1664 est une décision du Duc de Savoie Charles-Emmanuel II, prise après l’intervention d’ambassadeurs suisses pour assurer la liberté de culte dans les hautes-vallées du Piémont. Elle prend la forme d’un accord de paix négocié avec les représentants des vallées vaudoises. Le texte mit fin à une décennie de persécutions qui ont suivi les Pâques vaudoises et de résistance des Vaudois. Le texte, validé par le Duc de Savoie le 24 février, comporte plusieurs inconvénients pour les Vaudois, en particulier parce qu’il exige l’exil de leur capitaine Josué Janavel et l’interdiction du culte à St Jean. En échange, la liberté de culte est maintenue aux anciennes Églises des Vallées, comme dans les précédents traités, en particulier la Paix de Cavour. La Patente apporta 20 années de paix après 10 ans de persécutions continuelles de 1655 à 1665.

[7] La paix de Cavour est un accord de paix, signé à Cavour, le 5 juin 1561, entre le prince de Savoie-Racconis, représentant le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, et les représentants des communautés vaudoises. Cet accord de paix est intervenu grâce à l’influence bienveillante de l’épouse du duc de Savoie, Marguerite de France, belle-sœur de la reine de France, Catherine de Médicis. Il mit fin à 30 ans de persécutions et de résistance des Vaudois. Il reconnaissait aux Vaudois l’exercice libre et public de leur religion dans certaines localités des Vallées vaudoises, et fut l’une des premières reconnaissances officielles du droit à la tolérance religieuse par un État européen.

[8] Préalablement comté français à la suite de l’acquisition de Philippe le Hardi en 1274, Nemours fut érigé en duché-pairie en 1404 par le roi Charles VI et donné à Charles III le Noble, roi de Navarre, en échange de la ville de Cherbourg qu’il avait rachetée en 1399 à Richard II d’Angleterre.

[9] La famille de Savoie-Nemours ou Genevois-Nemours constitue une branche cadette de la Maison de Savoie, qui dirige l’apanage du Genevois. Ces princes de 1514 à 1659 sont comtes, puis ducs apanagistes de Genevois et portent également les titres de « duc de Nemours » et « duc d’Aumale » du royaume de France voisin.

[10] Le comté de Genevois désignait autrefois l’une des principautés du Saint Empire. Son territoire s’étendait aux terres autour de la cité de Genève, correspondant approximativement au canton homonyme et à la province actuelle du Genevois. Le comté est acheté, en 1401, par le comte voisin, Amédée VIII de Savoie.