Basile Vatatzès (mort en 1194)
Aristocrate et général byzantin-Fondateur de la future maison impériale des Vatatzès
Il était marié à une fille d’Isaac Ange Doukas, l’oncle de l’empereur Isaac II Ange. De ce fait, Basile Vatatzès était marié à une cousine de l’empereur et fut nommé par celui-ci domestique d’Orient [1] et doux du thème des Thracésiens [2] en Asie Mineure [3].
Basile Vatatzès parvint à réprimer la révolte de l’usurpateur Théodore Mancaphas . Ce dernier lança sa rébellion vers 1188 quand il se proclama empereur de Philadelphie [4], s’opposant en cela à Isaac II Ange. Après quelques escarmouches, Théodore fut assiégé par les troupes impériales dirigées par Isaac lui-même en juin 1189. L’empereur accepta de pardonner Mancaphas dès lors que celui-ci se soumit à lui et abandonna ses prétentions au trône. Il fut aussi autorité à rester gouverneur de Philadelphie.
Toutefois, vers 1193, alors qu’il était doux des Thracésiens et domestique de l’Est il fut envoyé combattre Théodore Mancaphas qui se rebella de nouveau. Finalement, Vatatzès parvint à mettre un terme à ce soulèvement et contraignit l’usurpateur à fuir auprès des Seldjoukides [5] à Iconium [6].
Quelque temps avant 1193, Basile Vatatzès fut nommé domestique d’Occident à Andrinople [7]. Sa mission première était de mettre un terme aux incursions des Bulgares depuis le nord des Balkans [8] vers les thèmes européens de l’empire.
En 1193, il refusa d’apporter un soutien militaire à son beau-frère Constantin Ange Doukas, cousin de l’empereur et commandant des armées byzantines à Philippopolis, lorsqu’il décida de se nommer empereur et de marcher depuis Andrinople vers la capitale Constantinople [9]. Peu avant d’atteindre Andrinople, l’usurpateur fut trahi par ses partisans et dut se soumettre à Isaac II Ange qui lui accorda son pardon.
En 1194, Basile Vatatzès fut tué en combattant les Bulgares lors de la bataille d’Arcadiopolis [10].
Il était très probablement le père de Jean III Doukas Vatatzès, le futur empereur de Nicée [11] et du sébastocrator [12] Isaac Doukas Vatatzès.
Notes
[1] chef des armées impériales en Europe
[2] Le thème des Thracésiens est une province ou thème de l’Empire byzantin située à l’ouest de l’Asie mineure, dans l’actuelle Turquie, et comprenant les anciennes régions d’Ionie et de Lydie ainsi que des parties de la Phrygie et de la Carie
[3] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[4] Philadelphie était une ancienne cité lydienne, en Asie Mineure. Elle se situait au sud de Kogamis, sur la route reliant Sardes à Colosse, au niveau de l’actuelle Alaşehir - aujourd’hui en Turquie.
[5] Les Seldjoukides, sont les membres d’une tribu turcique qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l’Irak actuel, et l’Asie Mineure, entre le milieu du 11ème siècle et la fin du 12ème siècle.
[6] Konya est l’ancienne Iconium de l’Antiquité, capitale de la Lycaonie. Elle est une ville connue pour ses tapis à motifs de maisons (en frise) et ses etliekmek. Elle abrite dans la mosquée d’Ala’ad Dîn le mausolée dynastique où sont enterrés huit sultans du sultanat d’Iconium, ainsi que le mausolée de Jalâl ud Dîn Rûmî, appelé couramment Mevlana, un mystique persan soufi, fondateur de l’ordre des derviches tourneurs.
[7] Edirne (autrefois Andrinople ou Adrianople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa (Meriç en turc).
[8] Les Balkans sont une des trois « péninsules » de l’Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l’absence d’un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km²
[9] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[10] aujourd’hui Luleburgaz
[11] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.
[12] Sébastokrator ou sébastocrate est un titre impérial byzantin. La femme d’un sebastokratōr est une sebastokratorissa. Le titre est créé par l’empereur Alexis 1er pour honorer son frère aîné Isaac Comnène. Selon Anne Comnène, Alexis veut ainsi élever Isaac au-dessus du rang de Caesar, titre déjà promis à son beau-frère, Nicéphore Mélissène. Anne compare le rang de sebastokratōr à celui d’un « second empereur », et rapporte également que comme un Caesar, un sebastokratōr a le droit de porter une couronne. Sous l’ère Comnène, le titre reste le plus haut après celui de l’empereur, jusqu’à ce qu’en 1163, Manuel 1er crée celui de despotēs. À cette époque, le titre est donné exclusivement aux membres de la famille impériale, principalement aux fils cadets de l’empereur