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Honorat d’Arles ou Honorat de Lérins

jeudi 23 février 2023, par ljallamion

Honorat d’Arles ou Honorat de Lérins (vers 375-430)

Fondateur de l’abbaye de Lérins vers 400/410-Évêque d’Arles de début 427 à sa mort

Honorat est né en Gaule. Issu de l’aristocratie gallo-romaine, Honorat reçoit l’éducation qui était celle des jeunes gens de son temps : philosophie, et surtout rhétorique. Très jeune, il choisit de recevoir le baptême. Avec son frère Venantius, il mène une vie d’ascèse [1] dans la propriété familiale.

Honorat entreprend quelques années plus tard un voyage vers l’Orient en compagnie de son frère Venantius et d’un vénérable vieillard, Caprais, son père spirituel. Venantius meurt en Grèce. Honorat revient en Gaule en passant par l’Italie.

Avec quelques compagnons, dont le fidèle Caprais, Honorat choisit la petite île de Lérina [2], au large de Cannes, pour fonder, autour de 400, un monastère qui deviendra très vite une "immense communauté".

L’île de Lérina était inhabitée depuis longtemps. Honorat fait fuir les serpents qui l’avaient envahie et fait surgir une source selon son biographe, Hilaire d’Arles. Ordonné prêtre par l’évêque de Fréjus [3], Honorat met tout en œuvre pour faire avancer ses disciples dans les voies de la perfection. Certains historiens lui attribuent la première des règles lériniennes, qui serviront de modèles, avec celles de Césaire d’Arles, à Saint Benoît [4].

Très rapidement la renommée d’Honorat s’étend et le monastère connaît un rayonnement exceptionnel dans tout le Sud-Est de la Gaule, et jusqu’en Valais [5].

Deux ans avant sa mort, Honorat est élu évêque d’Arles [6]. Maxime, deuxième abbé de Lérins, le remplace à la tête du monastère.

À son arrivée à Arles, Honorat trouve les caisses du trésor pleines de richesses amassées par ses prédécesseurs. Le dernier, Euladius d’Arles , était pourtant un moine. D’après Hilaire, Honorat n’hésite pas à redistribuer toutes ces richesses, ne se réservant pour l’évêché que ce qui devait suffire aux nécessités du ministère. Honorat fait alors rapidement l’unanimité dans son diocèse.

Hilaire nous rapporte aussi qu’Honorat prêche chaque jour avec perspicacité et clarté, surtout lorsqu’il disserte sur la divine Trinité. Honorat meurt le 16 janvier 430, après avoir désigné pour lui succéder sur le siège d’Arles Hilaire, son proche parent, qui avait vécu auprès de lui dans son monastère de Lérins. À ses obsèques, le corps est conduit à la cathédrale, accompagné du peuple, puis après la célébration dans la cathédrale, transporté solennellement jusqu’au cimetière extérieur des Alyscamps [7].

Plus tard, le corps du saint est déposé dans la chapelle de Saint-Genès des Alyscamps, puis dans l’église Saint-Honorat dès qu’elle fut construite. Il y demeure jusqu’à la fin du 14ème siècle. En 1390, dans une période troublée par des pillages, l’Abbé de Ganagobie qui a la garde des reliques offre à l’abbaye de Lérins de les récupérer ; elles y sont transférées le 20 janvier 1391.

Hilaire d’Arles a prononcé devant les fidèles de l’Église d’Arles un sermon le jour anniversaire de la mort de Saint Honorat, probablement le 16 janvier 431.

Ce sermon, connu sous le nom de "Vie de Saint Honorat" est un éloge du saint, qui, selon la tradition de l’éloge funèbre antique, retrace la vie de saint Honorat de sa naissance à sa glorification, après sa mort. Cet éloge s’inscrit dans la liturgie du culte des saints qui se développe à partir du 4ème siècle, avec notamment le culte des reliques.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Histoire de l’Abbaye de Lérins, Bellefontaine, ARCISS (ouvrage collectif), 2005 (histoire de l’abbaye des origines à nos jours)

Notes

[1] L’ascèse ou ascétisme est une discipline volontaire du corps et de l’esprit cherchant à tendre vers une perfection1, par une forme de renoncement ou d’abnégation.

[2] aujourd’hui île Saint-Honorat, la plus petite des îles de Lérins

[3] Érigé au 4ème siècle, le diocèse de Fréjus est un diocèse historique de la Provence. Le diocèse de Fréjus-Toulon confine, à l’ouest, avec les archidiocèses de Marseille, d’Aix-en-Provence et d’Avignon, au nord, avec le diocèse de Digne et, à l’est, avec celui de Nice. Il couvre l’intégralité du département du Var ainsi que les îles de Lérins qui dépendent de la commune de Cannes, dans le département des Alpes-Maritimes.

[4] règle bénédictine

[5] Le Bas-Valais est une région du canton du Valais. Il forme, avec le Valais central, la partie francophone du canton et est divisé en 4 districts : Monthey, Saint-Maurice, Martigny, et Entremont, eux-mêmes divisés en 36 communes. Traditionnellement (et jusqu’à la Constitution du 3 août 18391), il s’étendait à l’est jusqu’à la Morge (depuis 1392) et comprenait ainsi le district de Conthey. Le nom de « Morge » était donné à une rivière délimitant un territoire, comme la Morge de Saint-Gingolph sert d’ailleurs au Bas-Valais de frontière occidentale depuis 1569 et le Traité de Thonon

[6] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.

[7] De l’époque romaine au Moyen Âge, les Alyscamps ont été une nécropole païenne puis chrétienne située à l’entrée sud-est de la cité d’Arles sur la via Aurelia, c’est-à-dire en dehors de la cité comme la plupart des nécropoles romaines. Ils comprenaient de très nombreux sarcophages. Dès la fin du 4ème siècle, les Alyscamps et le cimetière de Trinquetaille doivent leur célébrité au martyre de Genest, saint arlésien, décapité en 303. Au fil des siècles ce lieu devient si renommé que de nombreuses personnes souhaitent y être enterrées, à l’instar des évêques d’Arles.