Natif de Montpellier [1] Jean Raoux s’est formé auprès d’ Antoine Ranc . Même si sa carrière fut ensuite essentiellement italienne et parisienne, ses premières œuvres ont été peintes en Languedoc [2] pour des établissements religieux.
Raoux obtient le prix de Rome [3] en 1704 pour sa peinture “David tue Goliath d’un coup de fronde”, et part comme pensionnaire du roi à Rome pendant 3 ans. Il parcourt l’Italie et réalise notamment des fresques religieuses pour le dôme de Padoue [4].
Il travailla également à Venise [5], où il décora le palais Giustinian [6] situé sur le Grand Canal [7]. Durant son périple, Raoux rencontre celui qui deviendra son protecteur, Philippe de Vendôme, grand prieur de l’ordre de Malte [8]. De retour à Paris en 1711, ce dernier loge l’artiste et lui adresse de nombreuses commandes.
Bien qu’ayant été reçu, en 1717, à l’Académie royale [9] en tant que peintre d’histoire, titre le plus honorifique sur un tableau intitulé “la Fable de Pygmalion” comme morceau de réception, l’artiste se révèle être un grand portraitiste et peintre de scènes de genre.
De 1714 à sa mort, il fut avec Antoine Watteau l’un des peintres les plus en vue à Paris, et il contribua à renouveler la peinture française à l’époque dela Régence, par ailleurs féconde en changements culturels, politiques et sociaux.
Véritable artiste européen, Jean Raoux unit sa connaissance de l’art nordique, plus particulièrement l’art hollandais, à ses expériences françaises et vénitiennes pour créer une synthèse artistique novatrice. Voltaire , qu’il connut alors, avait pour lui la plus grande admiration et le qualifiait de peintre inégal ; mais, quand il a réussi, il a égalé le Rembrandt, ce qui est néanmoins révélateur de l’étendue de sa culture picturale.
Raoux fait évoluer la peinture vers un art plus sensuel, dominé par un fondu chromatique inspiré de la leçon vénitienne. Ses œuvres trouvent à la fois une dimension intimiste et gracieuse, ce qui se traduit tout particulièrement dans ses portraits par des draperies théâtralisées aux riches effets lumineux. Il s’attache tout au long de sa carrière à brosser une image de la femme dans toute sa beauté, sa fragilité, oscillant entre une pudeur et un érotisme discret, tout en exaltant sa jeunesse et sa beauté, avec des joues rondes et un teint de porcelaine.
Les grands amateurs du 18ème siècle, le duc de Choiseul Étienne-François de Choiseul , le prince de Conti Louis-François de Bourbon-Conti , l’électeur palatin duc de Schönborn Lothar Franz von Schönborn , l’impératrice Catherine II de Russie et le roi Frédéric II de Prusse collectionnèrent ses œuvres.
Un autre illustre Montpelliérain, Joseph Bonnier de la Mosson , lui commanda des tableaux afin d’orner son hôtel parisien, mais aussi son château de la Mosson à Montpellier, une folie remarquable par son originalité