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L’histoire pour le plaisir

Louis Daguerre

dimanche 3 juillet 2022, par lucien jallamion

Louis Daguerre (1787-1851) 

Peintre et photographe français

Sa commercialisation du daguerréotype [1] inspiré des travaux de Joseph Nicéphore Niépce a fait qu’il a un temps été considéré comme l’inventeur de la photographie.

Fils de Louis Jacques Daguerre, huissier, et d’Antoinette Hauterre.

Il épouse le 10 novembre 1810 Louise Georgina Smith à Paris.

Louis Daguerre fut d’abord peintre avant de se convertir au métier de décorateur de théâtre pour lequel il exécuta des tableaux remarquables. Il fut l’élève de Pierre Prévost et contribua à réaliser des panoramas [2].

Il connaît son premier succès grâce au diorama un spectacle conçu avec son associé Charles Marie Bouton en 1822. Ces très grandes toiles translucides peintes en trompe-l’œil et animées par des effets d’éclairage variés donnent aux spectateurs une illusion de réalité. Selon l’éclairage, la scène, représentée sur une toile de 22 mètres sur 14, passe du jour à la nuit, change de climat, etc.

Le diorama mis en place dans l’église de Bry-sur-Marne [3] en 1842, seul subsistant encore aujourd’hui, est peint de cette façon. Lors des sermons du curé, les fidèles étaient parfois distraits de leur pieuse méditation lorsqu’un nuage passait devant le soleil et modifiait l’éclairage de la scène peinte. Excédé par cette concurrence, le curé le cacha en plaçant un rideau devant. Après sept années de restauration, le diorama est de nouveau exposé dans l’église depuis 2013.

Daguerre et Bouton utilisent une chambre noire pour peindre ces immenses toiles de façon aussi réaliste que possible.

Daguerre fait la connaissance, grâce à leur ingénieur-opticien commun Vincent Chevalier, de Joseph Nicéphore Niépce, qui, après avoir reproduit photographiquement des gravures, a entrepris de réaliser des points de vue.

Intéressé, Daguerre écrit une première lettre à Niépce en janvier 1826. Mondain, homme de théâtre, Daguerre impressionne, lors de leur première rencontre à Paris pendant l’été 1827, l’inventeur chalonnais.

Ils se mettent à correspondre. Niépce est réticent à montrer les avancées de ses travaux héliographiques [4], qui avaient débouché sur des premières images stabilisées.

Cependant, l’entregent de Vincent Chevalier conduit les deux hommes à signer, le 14 décembre 1829 à Chalon, un contrat d’association, dans le but d’améliorer le procédé de Niépce par les perfectionnements que Daguerre y apporterait. Ce contrat stipule que l’invention, objet du traité, est due à Joseph Nicéphore Niépce. Mais la mort subite de Niépce le 5 juillet 1833 laisse le champ libre à Daguerre, qui pourra un temps se laisser attribuer le mérite principal de l’invention de la photographie.

De fait, en s’appuyant notamment sur les travaux de Bernard Courtois sur les propriétés de l’iode, qu’il utilise comme agent sensibilisateur sur une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent, il met au point, entre 1833 et 1839, le procédé par lequel le monde prendra connaissance de la photographie et qu’il décide d’appeler daguerréotype.

Après la mort de Niépce, en 1833, Daguerre décide de poursuivre les recherches sur les propriétés photochimiques de l’iode. De 1835 à 1837, il va progresser sur les méthodes de développement et de fixation des images, en découvrant que la vapeur de mercure agit comme révélateur de l’image. Avec le principe du développement de l’image latente, Daguerre apporte une contribution majeure en trouvant le procédé qui a pour conséquence pratique de raccourcir le temps de pose, jusqu’alors très long (plusieurs heures), à quelques dizaines de minutes seulement.

En 1837, il parvient à fixer ces images avec de l’eau chaude saturée de sel marin. Le daguerréotype est né, sans que le nom de Niépce y soit associé.

Daguerre fait la démonstration de son invention à François Arago, homme politique et savant célèbre. Vivement intéressé, Arago perçoit le potentiel du nouveau procédé et annonce officiellement cette découverte par une communication à l’Académie des sciences [5], le 7 janvier 1839. Durant l’été 1839, à l’instigation d’Arago, une loi est votée par laquelle l’État français acquiert le nouveau procédé contre une pension annuelle de 6 000 francs à Daguerre et de 4 000 francs à Isidore Niépce, le fils de Nicéphore, successeur de son père dans l’association formée avec Daguerre. Le 19 août 1839, les détails techniques sont présentés devant les Académies des sciences et des beaux-arts [6] réunies.

L’engouement du public est immédiat. Le daguerréotype se répand rapidement dans toute la France, en Europe, puis dans le monde entier.

Le premier français à l’exporter aux États-Unis est François Fauvel-Gouraud , commissionné par Alphonse Giroux en décembre 1839. Il connaît un immense succès pendant une dizaine d’années, avant d’être détrôné par d’autres procédés. La commercialisation des chambres et du matériel nécessaire à ces images photographiques firent la fortune de Daguerre.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Ennery Taramelli, Le roman de Daguerre, l’artiste qui fixa le temps, Contrejour, 2013, (ISBN 979-10-90294-10-3)

Notes

[1] Le daguerréotype est un procédé photographique mis au point par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre. Il produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière. Le daguerréotype n’est pas le premier procédé photographique, mais les images produites par la plupart des procédés antérieurs avaient tendance à disparaître rapidement du fait de l’action de la lumière du jour et de l’absence d’un fixateur opérant, tandis que le procédé de Niépce au bitume de Judée requérait, pour les prises de « vues », plusieurs jours de pose. Le procédé du daguerréotype est ainsi l’un des premiers à enregistrer et à afficher, de façon exploitable, une image permanente. Il est donc devenu le premier procédé photographique utilisé commercialement.

[2] Un panorama parfois aussi appelé cyclorama, est une peinture à 360 degrés de grande dimension, dont la production s’étend essentiellement entre la toute fin du 18ème et le début du 20ème siècle, développée sur le mur intérieur d’une rotonde et donnant l’illusion de la réalité par des effets de perspective et de trompe-l’œil. Le bâtiment qui l’abrite a été également appelé panorama ou parfois cyclorama et comprend un dispositif d’immersion (estrade, plancher, système d’éclairage, faux terrain au premier plan, etc.). Par extension, bâtiment et procédé tendent à se confondre.

[3] Bry-sur-Marne est une commune française située dans le département du Val-de-Marne. Dans les années 1690, Nicolas de Frémont, marquis d’Auneuil, entreprend la construction du château de Bry. En 1842, l’église se voit dotée du diorama en trompe-l’œil de Louis Daguerre

[4] L’héliographie est une technique d’impression des images photographiques sur papier, utilisant un procédé combinant le transfert d’un positif photographique sur un vernis photosensible et la taille-douce.

[5] L’Académie des sciences, nommée l’« Académie royale des sciences » lors de sa création en 1666, est l’une des cinq académies regroupées au sein de l’Institut de France et composée de 283 membres en novembre 2020. Elle encourage et protège l’esprit de recherche, et contribue aux progrès des sciences et de leurs applications.

[6] L’Académie des beaux-arts est une institution artistique, membre de l’Institut de France, créée par l’ordonnance du 21 mars 1816. Elle est l’héritière des Académies royales de peinture et sculpture, créée en 1648, de musique, datant de 1669, et d’architecture, fondée en 1671.