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L’histoire pour le plaisir

René Trouin dit René Duguay-Trouin

samedi 17 avril 2021, par ljallamion

René Trouin dit René Duguay-Trouin (1673-1736) Corsaire et amiral français

Né dans une famille d’armateurs [1] malouins [2], il commence sa carrière en 1689 et reçoit, dès 1691, le commandement d’un navire. Son courage, le respect qu’il a gagné auprès de ses hommes, ainsi que ses victoires contre les Anglais et les Hollandais au cours des deux dernières guerres de Louis XIV lui ont assuré une ascension très rapide dans la hiérarchie maritime.

Il gravit très vite, grâce à son talent et sa pugnacité tous les échelons de la hiérarchie militaire : capitaine de navire corsaire à 18 ans, capitaine des vaisseaux du Roi à 24 ans, chevalier de l’ordre de Saint-Louis [3] à 34 ans, anobli à 36 ans, chef d’escadre [4] à 42 ans.

Il siège à 50 ans en 1723 au Conseil des Indes [5] et est nommé lieutenant général des armées navales [6] en 1728. Il finira par commander successivement les ports de Brest [7] en 1731 et de Toulon [8] en 1736.

Trois grandes phases se distinguent dans cette carrière militaire. Tout d’abord, de 1689 à 1697, la période corsaire. Puis, de 1697 année où il reçoit son brevet de Capitaine de frégate à 1713, il navigue comme officier supérieur de la Royale. Enfin, après la signature du traité d’Utrecht [9] le 11 avril 1713 qui ramène la paix en Europe, Duguay-Trouin se consacre au commandement à terre.

On estime à un peu plus de 80 le nombre de combats et d’abordages auxquels participa Duguay-Trouin ou qu’il dirigea de 1689 à 1711, soit en moyenne près de 7 affrontements par an.

La carrière de Duguay-Trouin se déroule sur les deux dernières guerres de Louis XIV : la guerre de la Ligue d’Augsbourg de 1689 à 1697 [10] et la guerre de Succession d’Espagne de 1702 à 1713*. Deux conflits longs, acharnés, d’envergure mondiale, où le royaume de France se retrouve seul ou presque sur terre comme sur mer contre tous ses voisins ligués contre lui. Deux conflits où la France doit soutenir un immense effort naval face aux deux puissances navales de l’époque : la Hollande et le royaume de Grande-Bretagne.

Son père est Luc Trouin, sieur de la Barbinays et sa mère Marguerite Boscher. Son père descend d’une ancienne famille de négociants armateurs de Saint-Malo, qui possédait en outre, depuis près de 200 ans, le consulat français à Malaga [11], en Espagne. Au moment de sa naissance, ce poste était occupé par un frère cadet de son père, René-Etienne Trouin, présent à son baptême, et qui lui donne son prénom, René.

Le titre de noblesse porté par René Trouin a pour origine une petite métairie, située au village du Guest, dans la paroisse de Paramé*( [12]), acquise par son père en 1680, 7 ans après sa naissance, dont le nom s’écrivait primitivement du Guest, puis du Gué, du Guay, et enfin Duguay, en un seul mot.

Le jeune homme est d’abord destiné à la prêtrise. Il étudie à Rennes [13] et Caen [14], et porte même la tonsure. Il est pourtant renvoyé de son école à Rennes en 1684 pour mauvaise conduite car ses professeurs estiment qu’il passe plus de temps à courir les filles qu’à étudier. C’est quelque peu forcé par son oncle qui veut l’arracher à ses études dissipées qu’il embarque comme matelot volontaire à 16 ans en 1689.

Les débuts du corsaire sont difficiles : il souffre du mal de mer et le premier navire sur lequel il embarque, la Trinité, une frégate de 150 tonneaux et armée de 18 canons, commandée par Etienne Piednoir de La Villeneuve, manque de couler dans une tempête avec le navire qu’elle vient de capturer.

Finalement la tempête se calme, le vent tourne, le navire anglais est désenvasé et ramené à Saint-Malo, mais c’est pour repartir aussitôt en chasse. Duguay-Trouin participe alors à son premier combat naval.

En 1690 il se signale au combat sur le Grénédan de sorte qu’à 18 ans en 1691 on lui confie le commandement d’un navire corsaire de 14 canons, le Danycan avec lequel il fait une descente en Irlande près de Limerick [15]. Il s’empare d’un château appartenant au comté de Clare [16], et incendie deux navires pris dans la vase. En 1692 il commande le Coëtguen et capture de nombreux navires anglais. En 1693, il commande dans l’Atlantique le Profond de 32 canons, mais la croisière est décevante : il ne fait qu’une capture après une croisière de 3 mois et son équipage est décimé par une épidémie.

La guerre de course est cependant une activité aussi dangereuse que lucrative et en 1694 il fut capturé.

Il est recueilli par le capitaine du Monk qui prend soin de lui. Duguay-Trouin se retrouve prisonnier à Plymouth [17].

En attendant, Duguay-Trouin fait de nombreuses connaissances dans la ville, dont une fort jolie marchande qui vient régulièrement lui rendre visite dans sa chambre grillagée où il est enfermé. Charmante personne dont est aussi amoureux un réfugié français protestant engagé dans l’armée anglaise et qui s’en ouvre à Duguay-Trouin. Le Malouin ne rate pas l’occasion : il convainc séparément les deux protagonistes de le faire sortir de prison pour organiser un rendez-vous galant dans une auberge voisine dont il s’enfuit aussitôt. L’évasion, qui tient du rocambolesque a été bien préparée puisque le Malouin qui a acheté une chaloupe avec armes et provisions à un capitaine suédois touche la terre bretonne avec 4 de ses compagnons quelques jours plus tard.

En 1695 il prend le commandement du François, navire de 300 tonneaux, 30 canons et 215 hommes, appartenant à Nicolas Magon de La Chipaudière . Il s’empare de 12 navires marchands et 2 navires de guerre anglais ce qui lui vaut une épée d’honneur. Il se joint ensuite à l’escadre du marquis André de Nesmond , lieutenant général des armées navales, et capture trois bateaux de la compagnie des Indes [18].   En 1696, commandant un groupe de 2 vaisseaux et 3 frégates, il attaque un convoi hollandais, fait prisonnier l’amiral Wassenaër et prend 3 vaisseaux et 12 navires marchands.

L’escorte hollandaise étant supérieure en nombre et mieux armée que lui, Duguay-Trouin semble hésiter à engager le combat lorsqu’il croise 2 frégates de Saint-Malo, l’Aigle-Noir et la Faluere qui se joignent à lui pour l’attaque. Mais celle-ci manque de mal tourner : l’engagement est confus et le Sans-Pareil, très sévèrement accroché par le vaisseau amiral hollandais le Delft, doit s’éloigner après qu’une explosion a détruit sa poupe et tué plus de 80 marins. Duguay-Trouin qui commande le Saint-Jacques des Victoires et vient de neutraliser par un abordage rapide le Honslaerdick doit alors relancer l’attaque.

Duguay-Trouin finit par venir à bout de l’amiral hollandais lors d’un ultime abordage. Il ne lui restait qu’un seul officier et 155 hommes qui fussent en état de servir et il avait plus de 500 prisonniers hollandais à garder. Il les employa à pomper et à puiser l’eau à l’avant et à l’arrière de son vaisseau.

Finalement, le vaisseau arrive à la pointe du jour en vue de la Bretagne et finit par rentrer à Port-Louis [19] où le rejoignent peu à peu les autres navires.

Cet exploit lui vaut d’être admis dans la Marine royale comme Capitaine de frégate en avril 1697 alors que se termine la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

Ce conflit va donner à Duguay-Trouin l’occasion de multiplier les actions les plus brillantes. Il multiplie les prises, les actions audacieuses et semble insaisissable. Maintenant intégré à la Royale, Duguay-Trouin cesse d’être un corsaire solitaire pour commander des vaisseaux plus puissants et aussi plus nombreux.

En 1703, il opère jusqu’auprès de l’archipel du Spitzberg [20] où il capture 28 baleiniers hollandais. Il frappe inopinément les pêcheurs, navires de commerce, frégates et vaisseaux, bâtiments isolés ou convois escortés en guerre. En 1704, il prend au large de l’Angleterre un vaisseau de guerre de 58 canons ainsi que 12 navires marchands. En 1705, commandant le Jason il enlève les vaisseaux anglais Elizabeth, Revenge et Coventry puis, en vue de Lisbonne un vaisseau portugais et, en revenant à Brest, une frégate et 12 marchands après avoir dispersé un convoi portugais de 200 navires. En novembre 1705, il est fait capitaine de vaisseau, et participe en 1706 avec une petite escadre à la défense de Cadix [21].

En 1707 Duguay-Trouin et le chevalier Claude de Forbin partent ensemble de Brest à la tête d’une escadre de 6 vaisseaux chacun, mais dont le commandement supérieur revenait à Forbin. Le 21 octobre 1707 les deux hommes tombèrent à bras raccourcis à l’entrée de la Manche sur un grand convoi à destination du Portugal et chargé de renfort pour l’archiduc Charles : 200 voiles escortées par 5 vaisseaux anglais. La bataille se solda par la prise de 14 navires marchands et la quasi destruction de l’escorte anglaise.

Le 19 septembre 1708, il attaque Velas [22] aux Açores [23] avec une escadre de 11 navires. La ville résiste 2 jours, mais est finalement prise et pillée pendant 5 jours. En mars 1709, commandant L’Achille et une division, il attaque avec succès un convoi anglais fortement escorté. Il est anobli la même année. Il a alors à son actif la prise de 16 bâtiments de guerre et de plus de 300 marchands

De toutes les expéditions de Duguay-Trouin, la plus célèbre est la prise de Rio de Janeiro [24] en 1711. Le projet mûrissait depuis 1706. En 1710 le capitaine Jean-François du Clerc était allé attaquer le Brésil avec 5 vaisseaux et un millier de soldats, mais l’expédition avait été un échec. Fait prisonnier avec plus de 600 hommes il avait été assassiné dans des circonstances obscures.

L’opération fut donc décidée pour venger cet échec. On était alors en pleine Guerre de Succession d’Espagne, et le Brésil une colonie portugaise alliée de l’Angleterre contre la France. Louis XIV mit à la disposition du Malouin une solide petite escadre de 15 navires et 2000 soldats en plus des équipages des navires, soit à peu près 6 000 hommes.

Le traité, signé entre Duguay-Trouin, le ministre de la marine Pontchartrain et Louis XIV le 19 mars 1711 précisait d’ailleurs que le roi devait obtenir un cinquième du produit net des prises ; privilège auquel le roi renonça peu après par égard pour son brillant capitaine.

Parti en juin, le convoi glissa entre les doigts d’une escadre anglaise venue musarder devant Brest, et se présenta devant Rio le 12 septembre où l’attaque commença aussitôt. Les forts furent enlevés les uns après les autres en 11 jours, après de multiples péripéties, plusieurs tentatives de sortie de la garnison et l’arrivée d’une troupe de secours.

Les Portugais incendiaient en se retirant les vaisseaux et les entrepôts qu’ils ne pouvaient défendre. Quant aux 12 000 hommes de la garnison, il se débandèrent au moment où les Français étaient sur le point de donner l’assaut final. Le gouverneur fut contraint à la négociation pour éviter la destruction et le pillage complet de la ville. Les habitants durent racheter leur bien à prix d’or et une rançon considérable en argent et marchandises tropicales fut versée à Duguay-Trouin alors que les 500 prisonniers français encore vivants de l’expédition Duclerc étaient libérés.

Le retentissement de l’expédition fut considérable en Europe, tout particulièrement chez les nations maritimes en guerre contre la France. Les Anglais en premier lieu, sans parler des Portugais dont la plus belle ville coloniale avait été mise à sac malgré l’alliance anglaise.

Duguay-Trouin fut acclamé en héros : cette expédition victorieuse faisait beaucoup pour le moral français très malmené jusque-là par les épreuves de la guerre de Succession d’Espagne. Louis XIV félicite en personne son marin couvert de gloire.

En août 1715, Duguay-Trouin reçoit sa promotion de chef d’escadre. Duguay-Trouin qui se trouve à Versailles à la mort de Louis XIV semble en avoir éprouvé sincèrement beaucoup de tristesse. La longue paix qui suit la mort de Louis XIV l’oblige désormais à rester presque totalement à terre. Duguay-Trouin se met à solliciter les ministères pour obtenir des moyens afin de soutenir l’expansion coloniale de la France.

Le Régent le nomme au conseil d’administration de la Compagnie des Indes en 1723. En 1728, il est nommé lieutenant général des armées navales et commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis.

En 1731, il reçoit le commandement d’une escadre chargée d’aller bombarder Tripoli [25] pour châtier les pirates barbaresques [26] qui s’en prenaient aux navires de commerce français. Il obtient la libération de nombreux captifs chrétiens, le Bey de Tunis [27] et le Dey d’Alger [28] devant faire de même, sous la menace des canons de la marine royale.

En 1733 éclate la guerre de Succession de Pologne [29]. Elle met aux prises la France face à l’Autriche et la Russie au sujet de la succession de la couronne de Pologne, qui est élective. Stanislas Leszczynski, le candidat soutenu par la France se réfugiant dans le port de Dantzig [30] menacé par les Russes et attendant de l’aide, on lui envoya une escadre de secours dans la mer Baltique [31]. Cette première expédition ayant été un échec, Duguay-Trouin reçoit donc l’année suivante l’ordre de préparer une nouvelle escadre à Brest pour la même destination. Mais alors que ses préparatifs vont bon train, l’ordre est annulé, la campagne abandonnée.

Duguay-Trouin, fatigué et malade, se retire définitivement du service. Il décède le 27 septembre 1736 à Paris et il est inhumé à l’église Saint-Roch [32].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alain Berbouche, « Duguay Trouin : du corsaire aux navires militaires », Le Pays Malouin,‎ 2 septembre 1999

Notes

[1] L’armateur est la personne qui exploite à ses frais un ou plusieurs navires marchands ou de pêche, ce qui lui confère des responsabilités particulières, notamment vis-à-vis de ses clients (expéditeurs de marchandises, logisticiens, autres armateurs), ses équipages, ses fournisseurs (combustibles, huiles, eau, approvisionnements, ports, terminaux portuaires, pilotes et remorqueurs, divers matériels...etc) et en matière de droit du travail, de droit maritime, de sécurité maritime et de protection de l’environnement.

[2] Saint-Malo est une commune française située en Bretagne, dans le département d’Ille-et-Vilaine, et le principal port de la côte nord de Bretagne. Le 11 mars 1590, Saint-Malo proclame son indépendance au royaume de France et devient la République de Saint-Malo. L’épisode de quatre ans s’achèvera le 5 décembre 1594 avec la conversion au catholicisme du roi Henri IV, la ville revenant à l’issue de cette période dans le giron des rois de France. C’est avec la découverte des Amériques et le développement des échanges commerciaux avec les Indes (premier navire négrier armé à Saint-Malo en 1669) que Saint-Malo prend son envol économique et s’enhardit considérablement. Les armateurs deviennent plus nombreux et des personnages de cette époque font la renommée de la ville. Jacques Cartier découvre et explore le Canada, les corsaires harcèlent les marines marchandes et militaires ennemies, tels Duguay-Trouin, puis un peu plus tard Surcouf

[3] L’ordre royal et militaire de Saint-Louis est un ordre honorifique français créé par un édit de Louis XIV du 5 avril 1693 pour récompenser les officiers catholiques les plus valeureux ayant au moins 10 ans de présence au sein des régiments du royaume, quelle que soit leur condition de naissance

[4] Chef d’escadre était un grade de la marine de guerre française sous l’Ancien Régime. Il s’agit d’un officier général qui commande une escadre, flotte de moins de 20 vaisseaux de ligne, elle-même découpée en divisions navales. Ce grade est équivalent à celui de maréchal de camp dans l’armée de terre, et a existé entre 1627 et 1791, date à laquelle il est remplacé par celui de contre-amiral. Limité dans un premier temps, le nombre de chefs d’escadre connaît une forte augmentation sous les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.

[5] la compagnie des Indes fut constituée par Colbert en 1664. Louis XIV décide en 1665 d’étendre son influence face aux diverses Compagnies concurrentes. Il exprime ainsi sa volonté de découvrir les propriétés légendaires des plantes et épices d’ailleurs. Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances, propose une rencontre avec botanistes et naturopathes afin que ces derniers sillonnent les mers asiatiques et orientales à la recherche de plantes rares. C’est ainsi que s’établit un lien commercial entre l’Asie ainsi que l’Orient, à travers la route des Indes et de la Soie. Cette odyssée mène les botanistes de la Compagnie à des découvertes extraordinaires, et leur retour était très attendu à la cour. Elle disparaît ensuite dans un scandale politico-financier en 1793.

[6] En France, sous l’Ancien Régime, la restauration et la monarchie de Juillet, plusieurs officiers portaient le titre de lieutenant général. D’une manière générale, ce titre désigne un suppléant ou un délégué investi de tous les pouvoirs de la personne qu’il est censé remplacer.

[7] Brest est une commune française, chef-lieu d’arrondissement du département du Finistère. C’est un port important, deuxième port militaire en France après Toulon, situé à l’extrémité ouest de la Bretagne. En 1593, Henri IV donne à Brest le titre de ville et en 1631, Richelieu fait de Brest un port militaire. Il crée alors le port et les arsenaux, sur les rives de la Penfeld. Ces constructions nécessitèrent une main-d’œuvre abondante qu’il fallut loger. Brest est avec Toulon, le seul port capable d’accueillir des grands vaisseaux de guerre au 17ème siècle. Ces derniers, qui sont de plus en plus lourds à cause du poids de plus en plus élevé de leur artillerie, nécessitent des tirants d’eau de plus en plus importants, soit 7 m après 1680. Le site est cependant sous dominante de vents d’ouest, ce qui rend difficile la sortie des escadres, problème qui ne sera résolu qu’avec l’apparition de la vapeur, au 19ème siècle.

[8] Toulon est une commune du Sud-Est de la France, chef-lieu du département du Var et siège de sa préfecture. Vauban fortifie la ville de Toulon qui reçoit l’escadre méditerranéenne de Louis XIV. Toulon est avec Brest, le seul port capable d’accueillir des grands vaisseaux de guerre aux 17ème et 18ème siècles. Ces derniers, qui sont de plus en plus lourds à cause du poids de plus en plus élevé de leur artillerie, nécessitent des tirants d’eau de plus en plus importants, soit 7 m après 1680. Le site est même meilleur que celui de Brest sous dominante de vents d’ouest, ce qui rend difficile la sortie des escadres. Toulon n’a pas ce problème, mais la Méditerranée est une mer presque fermée, et en cas de guerre, l’escadre de Toulon doit contourner l’Espagne pour rejoindre celle de Brest, ce qui demande beaucoup de temps. Après 1704, s’ajoute le risque d’être repéré et attaqué par les forces anglaises de Gibraltar au moment du passage dans l’Atlantique, comme ce fut le cas en 1758 et 1759 lors de la guerre de Sept Ans.

[9] Les traités d’Utrecht sont deux traités de paix signés en 1713 qui mirent fin à la guerre de Succession d’Espagne. Le premier fut signé à Utrecht le 11 avril entre le royaume de France et le royaume de Grande-Bretagne, le second fut signé à Utrecht le 13 juillet entre l’Espagne et la Grande-Bretagne.

[10] La guerre de la Ligue d’Augsbourg, également appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession Palatine ou guerre de la Grande Alliance, eut lieu de 1688 à 1697. Elle opposa le roi de France Louis XIV, allié à l’Empire ottoman et aux jacobites irlandais et écossais, à une large coalition européenne, la Ligue d’Augsbourg menée par l’Anglo-néerlandais Guillaume III, l’empereur du Saint Empire romain germanique Léopold 1er, le roi d’Espagne Charles II, Victor Amédée II de Savoie et de nombreux princes du Saint Empire romain germanique. Ce conflit se déroula principalement en Europe continentale et dans les mers voisines, mais on y rattache le théâtre irlandais, où Guillaume III et Jacques II se disputèrent le contrôle des îles britanniques, et une campagne limitée entre les colonies anglaises et françaises et leurs alliés amérindiens en Amérique du Nord. Cette guerre fut la deuxième des trois grandes guerres de Louis XIV.

[11] Malaga est une ville espagnole, capitale de la province de Malaga faisant partie de la Communauté autonome d’Andalousie. Malaga est située à l’extrémité ouest de la mer Méditerranée et dans le sud de la péninsule Ibérique, à environ 100 kilomètres à l’est du détroit de Gibraltar. Située au centre d’une baie entourée de chaînes de montagnes, la ville dispose d’un territoire municipal de 395,25 km². On y trouve deux rivières, le Guadalhorce et la Guadalmedina. Malaga fut fondée par les Phéniciens au 8ème siècle av. jc, ce qui en fait l’une des plus anciennes villes d’Europe. Prise une première fois en 716 par les Arabes, la ville est définitivement conquise en 743 et annexée à l’Émirat de Cordoue en 755. En 858, Malaga est pillée par le chef viking Hasting. La période musulmane favorise le développement de la ville et de ses campagnes, grâce à l’amélioration de l’irrigation ébauchée par les Romains. La ville traverse les troubles politiques en renforçant sa puissance grâce à son port, son chantier naval, les Atarazanas. Les Génois installent un comptoir dans la ville qui devient, avec le renouveau des liaisons entre la mer Méditerranée et le nord de l’Europe, une étape importante des lignes de commerce. La ville est reconquise par les chrétiens le 19 août 1487, après de durs combats. Le Royaume de Grenade perd son principal débouché maritime et tombera cinq ans plus tard.

[12] ancienne commune d’Ille-et-Vilaine aujourd’hui disparue

[13] Rennes est une commune de l’Ouest de la France, chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine. La ville voit son pouvoir politique s’accroître au Moyen Âge en devenant successivement forteresse des Marches de Bretagne puis capitale du duché de Bretagne. Sous l’Ancien Régime, l’union de la Bretagne à la France range progressivement Rennes au rang de grande ville provinciale. L’implantation du Parlement de Bretagne à Rennes au 16ème siècle puis du palais du Parlement de Bretagne au 17ème siècle a cependant permis à la Bretagne de conserver jusqu’à la Révolution française une certaine autonomie à l’égard du pouvoir royal de l’époque.

[14] Caen est une commune française du Nord-Ouest4 de la France en Normandie. Préfecture du département du Calvados. En 1417, la ville de Caen oppose à nouveau une résistance héroïque à l’envahisseur anglais qui massacre 2 000 bourgeois, pille et traite les survivants en rebelles à « leur » roi. La région de Caen sera le lieu d’une très vive résistance à l’occupant anglais qui y procédera à un grand nombre d’exécutions de résistants entre 1418 et 1450. La fondation, en 1432, de l’université de Caen fait partie des mesures du duc de Bedford, régent de Normandie, afin de tenter de se concilier la population caennaise. La fin de l’année 1434 voit un soulèvement commandé par Jean de Chantepie. Caen est reprise par les Français le 1er juillet 1450. La Normandie redevenue française, Charles VII la récompensera de sa « fidélité et loyauté » en confirmant tous ses privilèges et libertés en 1458 (confirmation de la Charte aux Normands).

[15] Limerick est la troisième ville en population de l’Irlande après Dublin et Cork et la principale de la façade ouest. Elle est située sur une île et le long du fleuve Shannon, dans le comté auquel elle donne son nom.

[16] Le comté de Clare est un comté d’Irlande située dans la province du Munster. Il est situé sur la côte ouest de l’Irlande, au nord-ouest du Shannon et à l’ouest du Lough Derg.

[17] Plymouth est une ville située dans le comté de Devon (sud-ouest de l’Angleterre), à 350 km au sud-ouest de Londres, à l’embouchure de deux fleuves le Plym et le Tamar, qui se rejoignent pour former un port naturel, Plymouth Sound. À partir du 16ème siècle, Plymouth est le port de départ de grandes expéditions maritimes avec notamment Sir Francis Drake, les « Pilgrim Fathers » (l’un des premiers groupes à émigrer vers les États-Unis), le Capitaine Cook. Plymouth, très étendu, est un abri sûr pour la marine marchande qui en fait son port de prédilection (15ème et 16ème siècles), en attendant qu’il devienne aussi celui de la Royal Navy. Sous le règne d’Élisabeth 1ère, elle est la quatrième plus grande ville d’Angleterre après Londres, Bristol et York. Son arsenal (fin 17ème siècle) commence alors à abriter des installations immenses pour construire des vaisseaux de guerre : forges, chantier, magasins, mais aussi pour les armer, notamment Stonehouse (quartier de Plymouth), le Royal Victualling house, en granit de pierre de taille, véritable « magasin de vivre » et provisions de la marine

[18] Une compagnie des Indes, terme générique, était une compagnie qui gérait le commerce entre une métropole européenne et ses colonies. Alors que l’Espagne et le Portugal s’étaient réservés l’exploitation de l’Amérique, à la suite des découvertes de Christophe Colomb tout au long du 16ème siècle, au 17ème siècle les autres puissances européennes s’engagent dans une compétition acharnée pour constituer des empires coloniaux qui pourront alimenter leur économie et leur puissance. Le commerce entre une métropole et ses colonies était souvent contrôlé par une compagnie à qui l’État conférait un monopole, et qui portait le nom de Compagnie des Indes. Sous le vocable mythique des Indes, on recensait alors tous les territoires nouveaux qui pouvaient être atteints en prenant la route de l’Est (Indes orientales) et ceux qu’on rejoignait par la route de l’Ouest, dite du Nouveau Monde (Indes occidentales).

[19] La Citadelle de Port-Louis est une citadelle construite au xvie siècle par les Espagnols, puis modifiée au xviie siècle par les Français. Elle est située dans la ville de Port-Louis en France, et ferme l’accès de la rade de Lorient. Elle abrite actuellement un musée de la compagnie des Indes, le musée national de la Marine et des annexes consacrées au sauvetage en mer.

[20] Spitzberg, en norvégien Spitsbergen, est une île de Norvège située dans le Svalbard, un archipel formant un territoire de ce pays.

[21] Cadix est la capitale de la province de Cadix appartenant à la Communauté autonome d’Andalousie, en Espagne, dans le sud-ouest extrême de l’Europe continentale. Elle est avec Jerez de la Frontera l’une des deux grandes villes de la baie de Cadix. Cadix se situe à environ 30 kilomètres au sud de l’embouchure du Guadalquivir.

[22] Velas est une commune des îles des Açores. Le village fut fondé vers 1500. Velas signifie bougies en portugais, tirant son nom d’une légende selon laquelle des bougies transportées par un navire naufragé s’échouaient régulièrement sur le rivage.

[23] Les Açores sont un groupe d’îles portugaises qui se trouvent dans l’océan Atlantique nord, à environ 1 500 km à l’ouest de Lisbonne et du nord-ouest du Maroc, et à 3 900 km de la côte est de l’Amérique du Nord. L’histoire moderne semble retenir Diogo de Silves comme découvreur de l’archipel en 1427, mais rien n’est véritablement certain, car des cartes plus anciennes feraient mention de l’existence de ces îles. Leur reconnaissance complète s’effectua sur plusieurs années à partir de 1432 par Gonçalo Velho Cabral pour se terminer en 1452 par Corvo et Flores, reconnues par le navigateur Diogo de Teive. Ces expéditions furent armées par Dom Henrique (Henri le Navigateur), 3e fils du roi Jean 1er du Portugal qui joua un rôle très important dans les découvertes de nouveaux territoires par les Portugais.

[24] Le deuxième raid sur Rio de Janeiro ou seconde bataille de Rio de Janeiro est une tentative réussie, par une escadre française placée sous les ordres de René Duguay-Trouin, de capturer le port de Rio de Janeiro en septembre 1711, pendant la guerre de Succession d’Espagne. Les Portugais, alors maîtres de la ville, et au premier rang desquels le gouverneur de la ville et l’amiral de la flotte qui y était stationnée, se révèlent incapables d’opposer une résistance efficace et ce malgré leur supériorité numérique. Quatre vaisseaux de ligne portugais sont perdus et la ville est contrainte de payer une forte rançon pour éviter d’être pillée et détruite.

[25] Tripoli est la capitale de la Libye et le chef-lieu du district (shabiyat) homonyme.

[26] L’adjectif « barbaresques » date des années 1500 et provient d’Italie, provenant du mot « barbare » (au sens d’étranger, parlant une langue incompréhensible) et désignant sans référence particulière l’Afrique du Nord. Utilisé peu de temps, il est revenu, sous la plume de nombreux auteurs et dans les dictionnaires, puis dans le langage courant, pour désigner en particulier les pirates et corsaires musulmans maghrébins et ottomans qui opéraient depuis l’Afrique du Nord, basés principalement dans les ports d’Alger, de Tunis, de Tripoli, et de Salé

[27] Le bey de Tunis est à l’origine un gouverneur représentant l’Empire ottoman à Tunis (Tunisie). Le régime beylical, qui met fin à l’épisode d’Ibrahim Cherif qui suit la dynastie des Mouradites, se transforme rapidement en monarchie dont le bey est le souverain. À partir du 18ème siècle, les beys issus de la dynastie des Husseinites, fondée par Hussein Bey, acquièrent une autonomie de fait, c’est-à-dire une quasi-indépendance, vis-à-vis de leur suzerain : le sultan ottoman. Bien que son pouvoir effectif soit affaibli par le protectorat français à partir de 1881, c’est après l’indépendance de la Tunisie, proclamée en 1956, que les beys perdent définitivement leur pouvoir qui est déjà passé de fait dans les mains du parti du Néo-Destour de Habib Bourguiba. Un éphémère royaume de Tunisie s’installe, bientôt chassé par la république, proclamée en 1957.

[28] Le dey d’Alger est le titre des souverains de la régence d’Alger sous l’autorité nominale de l’Empire ottoman, de 1671 à 1830. Le dey est à la tête d’une monarchie élective, sur laquelle il possède un pouvoir théoriquement absolu. Il est assisté d’un conseil large, le diwan, dont le rôle, après son intervention dans la désignation du dey, est consultatif pour la gestion des affaires courantes. Il se réunit en principe une fois par semaine et peut délibérer les décrets en période où le dey ne se sent pas assez fort pour gouverner seul. Dans les faits, le dey gouverne assisté de ses ministres, appelés littéralement « les puissances » : le khaznadji, l’agha al-mahalla, le wakil al Kharadj le khodjet al khil et le bait el maldji. Ces ministres forment un conseil restreint très important dans la gestion des affaires courantes. Le dey a le pouvoir de nommer ses ministres, les beys à la tête des beyliks (administration provinciales) et les principaux postes administratifs. Ses décrets ont valeur de loi et il a autorité dans toutes les affaires publiques, excepté celles relatives à la religion. Le dey a aussi pour fonction de rendre la justice dans les affaires qui lui sont portées en audience. Cependant le pouvoir du dey est dans les faits limité par la structure militaire de l’État : il est avant tout un chef militaire et il a pour obligation de payer la solde des janissaires. Il demeure sous la garde des janissaires au palais de la Jenina et il est ainsi exposé à leur mécontentement, aux intrigues et aux assassinats

[29] La guerre de Succession de Pologne eut lieu de 1733 à 1738. À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas 1er, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône.

[30] aujourd’hui Gdańsk en Pologne

[31] La mer Baltique est une mer intracontinentale et intérieure de 364 800 km² située dans le Nord de l’Europe et reliée à l’océan Atlantique par la mer du Nord. Elle communique au sud-ouest avec la mer du Nord par le Cattégat et le Skagerrak. Trois golfes principaux intègrent cet espace : le golfe de Botnie au nord, le golfe de Finlande à l’est et le golfe de Riga au sud-est.

[32] L’église Saint-Roch est une église du 1er arrondissement de Paris, située au 284 rue Saint-Honoré, bâtie entre 1653 et 1722 sur les plans initiaux de Jacques Le Mercier.