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L’histoire pour le plaisir

Tang Taizong

jeudi 28 janvier 2021, par ljallamion

Tang Taizong (vers 600-649)

Empereur de 626 à 649

Né Li Shimin il fut le deuxième empereur de la dynastie Tang [1] de Chine. Second fils de Li Yuan dit Tang Gaozu , il est considéré comme le cofondateur de la dynastie par l’appui militaire essentiel qu’il apporta à son père dans la conquête du trône avant de provoquer son abdication et de le remplacer à 27 ans en prenant le nom de Tang Taizong.   Chef de guerre habile, sachant jouer de la puissance de sa famille et de la position géographique de son Shanxi [2] natal, entre Chine impériale et marges turques, Li Shimin/Tang Taizong, formé à la culture chinoise, mais marqué par le monde des cavaliers semi-barbares, réussit la conquête et l’unification de l’empire au prix de longues campagnes militaires.   La Chine unifiée par son clan, il soumet les Turcs orientaux [3] en 630, les Tibétains [4] en 641, puis par une diplomatie habile, les Turcs occidentaux en 642 et, de 640 à 648, les cités royaumes des Oasis du Tarim. Il limite également les ambitions des Coréens, faisant ainsi de son Empire l’un des plus vastes qu’ait connu la Chine.   Ses qualités de chef militaire et d’administrateur permettent à la Chine de connaître une période notable de prospérité et de sécurité, particulièrement durant la première partie de son règne. Cette période fut érigée en idéal de gestion politique, et Tang Taizong est présenté dans la tradition chinoise comme un empereur modèle.   Li Shimin, reçoit probablement l’éducation confucéenne associée de la haute noblesse de l’époque. Sa connaissance des textes confucéens vient sûrement de cette éducation, tandis que son intérêt envers l’histoire, et sa calligraphie de qualité peuvent s’être développés plus tard, au contact des érudits de la cour Sui [5], puis Tang. Également descendant de l’élite turco-chinoise des royaumes des Wei orientaux et Zhou du nord, son adolescence est largement consacrée aux arts militaires. C’est donc principalement de l’équitation et du tir à l’arc, mais probablement aussi le maniement de nombreuses armes qui lui sont enseignées (arc, épée, hallebarde), l’acquisition d’une culture stratégique par l’étude de classiques militaires (Sunzi), ainsi que l’acquisition d’expérience de terrain. Tout comme ses frères, il accompagne très tôt (vers 12 ans) son père Li Yuan dans ses tournées d’inspections sur la frontière nord du Shanxi actuel, afin de mater les rébellions qui y éclatent, et repousser les incursions turques. Là, il se confronte très tôt à la vie de camp, habité de rudes soldats han et cavaliers turcs ralliés.   Remarqué pour son dynamisme et sa vivacité, il se voit en 613 marié à la jeune Zhangsun, 12 ans, qui deviendra l’impératrice Wende. En 614, lors de la tournée de Yang des Sui dans le Shanxi, il est attaqué et assiégé par les Turcs, et l’histoire officielle affirme que le jeune Li Shimin aurait mené à 15 ans l’assaut libérateur.   Dès 614, avant même l’expédition de Corée [6], une révolte éclate en Chine que Sui Yángdi doit écraser, avant de repartir avec un million de soldats et un approvisionnement en rapport. La campagne de 614 s’avère être infructueuse et très coûteuse.

Le roi Yeongyang propose la paix, mais refuse toutes les conditions de l’empereur Yángdì qui, pour l’honneur de l’Empire, demande la reconnaissance de la souveraineté chinoise et le paiement annuel d’un tribut (symbolique). Le refus est catégorique, la situation militaire bloquée, Yángdì rentre à Chang’an [7] dans un climat de révolte.   En 615, pour rétablir un peu son prestige, l’Empereur fait la tournée des Limes [8] du nord, face aux Turcs Orientaux.

Son escouade est attaquée par ces mêmes Turcs qui étaient pourtant vassaux de l’Empire depuis Suí Wéndì. Le jeune Lĭ Shìmín s’illustre alors par son initiative au combat. C’est que ce jeune noble, subtilement sinisé par son père profondément confucéen et la vie de cour qu’il lui a permis d’observer, est aussi un brillant jeune lieutenant, frère d’armes des Turcs fédérés ; cela aura son importance par la suite. L’empereur se désintéresse finalement de cette désespérante situation et des seigneurs militaires autonomes émergent aux environs de 614-616. La capitale est prise par des rebelles, et la Cour doit s’enfuir.

En même temps, dans le Shanxi, le puissant administrateur confucéen et général Lĭ Yuan, père de Lĭ Shìmín, continue de surveiller sa frontière nord tout en restant fidèle à l’empereur Suí. Son fils, qui a un peu pris en âge, en expérience et en audace, l’encourage à faire sécession et à se tailler dès à présent la plus grande part possible du royaume : l’Empire s’effondre, les Suí tombent, il faut prendre position.   Pour forcer la main à son père, Lĭ Shìmín lui fait livrer par un eunuque [9] de la cour dont il a fait la connaissance une concubine de Yángdì, que son père accepte ; peu de temps après, il fait remarquer à son père qu’il est de ce fait passible de mort et au ban de l’Empire. Le 20 mai 617, Lĭ Yuan réunit ses fidèles et monte une armée, préservant néanmoins son image de serviteur fidèle du pouvoir en assurant vouloir défendre la dynastie Suí contre les rebelles qui menacent à présent l’Empire.   Lĭ Shìmín obtient 500 soldats d’élite et 2 000 chevaux de ses amis turcs. Sa sœur vend ses bijoux et ses biens pour lui ramener 10 000 soldats. Le soutien de son père et des loyalistes élève rapidement cette armée à 60 000 hommes. En fait, les nombreuses branches de la famille Li s’emploient à promettre des terres à des immigrés égarés par les guerres, et à sceller des alliances avec des groupes de bandits et rebelles locaux. En quelques mois, cette armée aurait ainsi atteint 200 000 hommes. Lĭ Shìmín, à la tête de l’ensemble, rassure les populations par l’ordre qu’il y maintient.   Li Jing , un fonctionnaire local, tente de rejoindre l’Empereur pour le prévenir de la machination en cours. Il est dénoncé par la population, favorable à Lĭ Yuan en raison de ses qualités de gouverneur, et menacé d’exécution, mais Lĭ Shìmín, surpris par sa bravoure confucéenne, le laisse libre. Après quelques errements, notamment dans une armée Suí qui pratique le pillage, il rejoint finalement Lĭ Shìmín dont il a pu voir de ses propres yeux le comportement exemplaire vis-à-vis de la population et dont les armées, ordonnées, protègent les citoyens sous ses yeux. Li Jing, stratège hors pair, s’avèrera une aide décisive.   En 617 Lĭ Shìmín et ses armées entrent dans la capitale Cháng’ān qui résiste brièvement. Lĭ Yuan nomme empereur Yang Yu, un petit-fils de Yángdì qui, démissionnaire, est considéré comme détrôné. Finalement, Yangdi est assassiné par un général rebelle, Yuwen Huachi. À Luòyáng [10], un général prétendument fidèle, Wang Shichong , instaure un autre nouvel empereur fantoche.

Lĭ Yuan et Lĭ Shìmín s’affirment alors comme protecteurs du jeune empereur Sui face aux généraux manipulateurs, confirmant leur réputation de modèles confucéens. Début 618, Lĭ Shìmín parvient à faire échouer un assaut lancé par le général rebelle Xue Chu, autoproclamé empereur, venu du Gansu [11], mais il n’est pas encore empereur.   Le 20 mai 618, Lĭ Yuan se fait nommer empereur sous le nom de Táng GāoZu ; le petit empereur fantoche sera exécuté quelques mois plus tard. Il fait de Chang’an sa capitale. La Chang’an des Han devenue inhabitable, il s’agit en fait de la ville voisine de Taixingcheng récemment reconstruite sous Sui Wendi afin de satisfaire au besoin d’une dynastie moderne, et considérée comme la nouvelle Chang’an. Devenu Empereur, Tàng GàoZu inaugure l’ére Wude, la seule que connaîtra son règne. Lĭ Shìmín est fait prince de Qin alors que Li Jiancheng, son frère aîné, est nommé prince héritier.   Trois mois plus tard en août 618, le général empereur Xue Chu relance une campagne pour prendre Cháng’ān, la capitale impériale. Il bat une armée Tang à plate couture, mais arrivé aux portes de la ville, il tombe malade et meurt. Son fils, brouillé avec ses généraux, opte pour le repli.   En novembre, Lĭ Shìmín le poursuit et sabre par surprise son camp. Nombre de ses généraux et soldats désertent pour rejoindre les armées Tang, qui occupent donc le Gansu.

Il reste à stabiliser cet Empire en ébullition. Possédant le Gansu, le Shaanxi* et le Shanxi [12], leur région de départ, les Li contrôlent environ 25 % de la population de l’Empire. Il leur faut à tout prix marcher vers le Hebei [13] et le Henan [14] dans la grande plaine centrale, qui contiennent 50 % de la population chinoise, et peuvent eux seuls fournir les hommes et le grain nécessaires à l’effort de guerre d’un État à ambition impériale.   À l’est, le général légitimiste de Luoyang, Wang Shichong, avait placé Yang Tong, ancien prince de Yue en position d’héritier légitime des Sui. Il s’allie au cruel Li Mi un autre sécessionniste qui pourtant faisait fréquemment le siège de sa ville chacun pensant y gagner. Ils doivent faire face à une menace venue du Sud, le régicide Yuwen Huachi menaçant la capitale de Li Mi Liyang [15].

Aidé d’un symbolique petit soutien de Luòyáng, Li Mi repousse le régicide Yuwen Huachi. Mais cette lutte affaiblit considérablement Li Mi et le régicide. Wang, menacé par le prestige acquis par Li Mi, décide de lui fermer les portes de sa ville puis use d’un subtil stratagème. L’un de ses lieutenants étant un sosie de Li Mi, il le fait apparaître en pleine bataille, habillé comme Li Mi, et lui fait donner des contre-ordres aux troupes de Li Mi qui, défait, doit intégrer les troupes Tang. Satisfait de cette victoire, Wang Shichung détrône son petit empereur et s’intronise empereur de la dynastie Zheng en avril 619, contrôlant virtuellement le puissant Henan, bien qu’il ne contrôle réellement que les abords de Luoyang.   Les armées de Lĭ Jiancheng et Lĭ Shìmín se réunissent et pressurisent doucement le Henan, aidées en cela par la cruauté de Wang Shichung que la population fuit : c’est autant de nouveaux soldats possibles pour les Tang. Limité à Luòyáng, Wang Shichung sollicite l’alliance du rebelle Du Jiande, qui s’est proclamé empereur des Xia, et contrôle le Hebei et le Shandong [16] côtier ; il venait de faire décapiter le régicide en 619, et également de défaire une petite armée Tang à Liyang, dans le Hebei.   Les Lĭ assiègent Luòyáng. Lĭ Shìmín part en reconnaissance autour de la ville fortifiée avec 800 cavaliers et se fait encercler par l’armée locale. Un officier opposé le prend en visée, mais Jingde, un ancien opposant turc qu’il a défait et rallié à sa cause le sauve, tandis que le gros de ses troupes intervient enfin.

L’information parvient que les troupes des Xia arrivent du Hebei pour profiter de la situation, et surtout, ne pas donner l’avantage aux Tang. Lĭ Shìmín prend des cavaliers d’élite turcs avec lui, fonce vers le nord durant la nuit, et taillade le camp adverse au petit jour. De retour à Luòyáng, la résistance de la ville faiblit à la vue de l’empereur Xia prisonnier. Quelques jours plus tard, Luòyáng se rend : les deux villes impériales sont désormais en la possession des Tang ; le Henan et le Hebei passent dans leur sphère d’influence, ainsi que le Shandong. Les Tang se retrouvent donc maîtres du nord, et de surcroît avec une réputation favorable de bons gouvernants.   Le cadet de famille qu’est Li Shimin rentre à Cháng’ān comme un César à Rome : couvert d’une armure d’or, le carquois garnis de flèches, l’arc sur le dos, l’épée à la main sur son cheval favori. Les chefs faits prisonniers marchent soumis à ses côtés.   L’avantage militaire est ainsi clairement passé aux Tang. Les deux armées principales du Nord sont soumises, leur territoire est relativement stable du fait de leur réputation, et ils sont désormais en possession du cœur humain et productif de la Chine. Ils sont les seuls à pouvoir prétendre à une ambition impériale.   Des rebelles continuent à agiter certaines régions chinoises, comme Xiao Xian, héritier des Liang occidentaux absorbés par les Sui et alliés de la famille impériale de cette dynastie. Mais il est défait fin 621 : le Hubei, le Hunan, le Jiangxi [17] et le Guangdong [18] passent aux Tang.   En 624, le Khan [19] des Turcs Orientaux s’annonce aux portes de la ville impériale de Cháng’ān. L’Empereur et la Cour veulent évacuer la ville. Utilisant sa réputation et sa connaissance des barbares, Lĭ Shìmín et une petite troupe foncent vers eux. Lĭ Shìmín les harangue, rappelle à certains chefs qu’ils ont combattu ensemble, et défie carrément leur chef en duel.   Les Turcs se concertent puis se replient. Lĭ Shìmín donne alors l’ordre de préparer armes et chevaux. La nuit, ils rejoignent le camp turc et le sabrent. Le Khan supplie pour obtenir la paix et se retire honteusement en Mongolie extérieure [20].   Les Guerres de Pacification quasiment terminées, l’ambiance de la cour se voit de plus en plus menacée par la concurrence entre les héritiers, ’Li Jiancheng et Li Yuanji d’un côté contre Lĭ Shìmín de l’autre.   Li Jiancheng fils aîné de Li Yuan, devenu prince héritier avec l’établissement des Tang en 618, est un général brillant, deux discours existent sur sa personne. L’histoire officielle plus tardive décrit ce prince comme passionné de grandes chasses, fourbe et sadique sur le champ de bataille, rude, sauvage, et un gros buveur à la Cour, mais ces sources sont reconnues depuis longtemps comme au moins partiellement biaisées. Un autre discours le montre comme un général tout aussi brillant que Li Shimin, dont les accomplissements positifs semblent avoir été minorés par l’histoire officielle. Longtemps chargé de la difficile mission de contenir les terribles Turcs, sur le front nord, Li Jiancheng n’a pas pu obtenir de victoires triomphales.   Taizong prend ensuite en main la stabilisation des royaumes extérieurs, en lançant d’abord ses armées à l’assaut du khanat des Turcs orientaux.   Informés par le denier rebelle, Liang Shidu [21], les Turcs souhaitent profiter des tensions internes à la suite du coup de la porte Xuanwu pour rançonner les Tang, et progresser au mieux dans la région. Xieli Kakhan et son neveu Tuli Kakhan combinent leurs troupes et guident une armée de 100 000 Turcs dans la région du Sha’anxi, tandis que le commandant chinois de Jingzhou, probablement défavorable à Taizong, laisse ces troupes étrangères descendre rapidement vers Chang’an. Si l’on en croit les sources officielles, alors que la cour Tang tremble, le courageux empereur fonce vers l’armée turque, isole subtilement le Khagan [22] du gros de ses troupes dans les environs de la rivière Wei, et impose des conditions favorables de retrait turc, traité juré devant les dieux. Mais certains passages laissent plutôt entendre qu’il doit vider le maigre trésor impérial, et tout donner aux Turcs afin qu’il n’aient aucun intérêt à avancer davantage : le siège de Chang’an devenant sans intérêt.   Depuis longtemps, les Tang tentent de diviser les Turcs orientaux. Les Turcs orientaux ont plusieurs crises politiques en cours : la construction étatique fait appel à une administration sogdienne, qui encourage à une sédentarisation afin de mener plus stablement l’empire, et cette sédentarisation révolte la noblesse nomade la plus traditionnelle.   Début 628, Taizong défait Liang Shidu le dernier rebelle chinois, tué par un subordonné lorsque les troupes Tang détruisent son camp et reconnaissent comme maître des steppes un chef des nomades rebelles, Pijia Kakhan, ou Bilge Kakhan , soutien chinois qui encourage d’autres tribus à se soumettre au camp rebelle, affaiblissant d’autant Xieli. En 629, Xieli est contraint de se déclarer vassal des Tang, Taizong ignore le geste et envoie Li Jing et Li Shiji, avec une armée turco-chinoise de 100 000 hommes, à l’assaut du Kakhan Turc de Xieli. Plusieurs assauts ont lieu. En Mongolie intérieure, près de Guishui*, Li Jing et 3 000 cavaliers sabrent de nuit le camp de Xieli qui doit s’enfuir. En Mongolie extérieure, dans l’Orkhon [23], puis Kerulen, Xieli est de nouveau défait. Ridiculisé, ayant fui chez un vassal, Xieli est capturé et offert à l’armée Tang, tandis que le vassal se soumet en 630. Il passe le reste de sa vie à Chang’an, dans une prison palais, l’ensemble des territoires des Turcs orientaux, défaits, est désormais vassal des Tang.   Au printemps 630, l’Empereur Taizong reçoit les représentants des nomades du nord et qui le font Kakhan Céleste, impliquant une suzeraineté complète et le droit d’arbitrer les disputes internes. Les chefs turcs les plus loyaux se voient aussi attribuer des titres chinois. À la cour, le débat sur l’intégration ou non des Turcs à l’empire a lieu, l’Empereur y est favorable, des confucéens considèrent les Turcs comme trop sauvages, incapables et ne méritant pas d’intégrer la civilisation chinoise. L’Empereur impose finalement l’intégration, déplaçant les Turcs de leurs territoires vers les territoires chinois, en distribuant 100 000 au sud du Shaanxi actuel et 10 000 vers Chang’an, dans le but de leur inculquer le mode de vie sédentaire et agricole chinois.   En soumettant la principale tribu en 630, c’est en fait une destruction durable du khanat des Turcs Orientaux qui est accomplie, et toute une série de petites tribus ou confédération de tribus du nord deviennent vassales de l’Empire Tang, offrant chaque année un tribut à l’Empire de Chine et à la dynastie des Tang. Plus important, la soumission de ces tribus rebelles, et de la tribu principale implique la mise à disposition de troupes, récemment désunies et donc facilement vaincues, mais composées de guerriers cavaliers extrêmement expérimentés et brillants. En somme, les victoires Tang de ces années sont largement des victoires turco-han.   Après son coup d’État, Taizong s’emploie à renouveler le groupe dirigeant, en remplaçant doucement les fidèles ministres de son père par de jeunes recrues compétentes, mais aussi lui étant plus favorables. Il éloigne également les membres de la famille impériale des postes à responsabilité. Aussi, la majorité des fonctionnaires de haut rang sous Taizong sont des fidèles de ses jeunes années de général Li, puis de prince de Qin. Certains sont issus du milieu civil, d’autres de l’armée.   Cette préférence envers des collaborateurs proches n’est pas exclusive. Deux de ses plus proches fonctionnaires Wei Cheng et Wang Kui sont issus de l’ancienne équipe de son frère aîné, Taizong les récupère après avoir défait et tué son frère Li Jiancheng en 626. D’après certaines sources, c’est une volonté avouée de placer aux postes à responsabilité des hommes démontrés comme aptes à gérer de telles missions. Taizong s’est plusieurs fois exprimé en ce sens, affirmant le besoin de s’entourer d’hommes capables, sans égard de leur origine ou de leur passé, et de placer chaque homme au poste qu’il remplirait le mieux. Aussi, ses secrétaires d’État et directeurs de Départements sont systématiquement des fonctionnaires ayant déjà fait leurs preuves, et généralement issus de vieilles familles de fonctionnaires.   À cette équipe de ministres et de ministres-généraux, s’ajoute un puissant lot de généraux capables, chinois (Hou Junji, Guo Xiaoke...) ou barbares ralliés (Ashina She’er, Yuchi Jingde), ainsi que des administrateurs et lieutenants réputés.   Dans les premières années de la dynastie Tang, l’Empereur Gaozu puis Taizong lui-même avaient récompensé de nombreux rebelles ou locaux puissants par de nombreux titres, offices, et responsabilités, afin d’acheter leurs collaborations, leurs redditions, ou afin qu’ils assistent les armées Tang au combat. Des préfectures et comtés sont fréquemment divisés afin de créer artificiellement et d’offrir davantage d’offices, doublant de Sui Yangdi à la fin du règne de Tang Gaozu. Cette politique facilite la réunification, la pacification et la stabilisation des territoires conquis.   Désormais maître d’une Chine réunifiée, ces opposants ralliés à qui tant de titres, d’offices, et de responsabilités avaient été données ou promises se voient doucement écartés par Taizong et son administration centrale qui fusionne maintenant les préfectures afin d’optimiser l’appareil étatique, et de réduire les acteurs du pouvoir. Sous ordre de Taizong et sous la direction de Fang Xuanling, l’administration centrale s’emploie dès 627, d’une manière ou d’une autre, à casser les postes de complaisance, et impose des érudits compétents. C’est une volonté franche d’instaurer une véritable méritocratie afin de renforcer et stabiliser cet empire naissant.   La construction de l’appareil étatique Tang se diffuse en fonction des conquêtes, et se cristallise lentement. La dynastie des Tang, s’affirmant longtemps comme quasi-légitimiste, ou au moins en faveur d’une restauration de l’ordre prospère ancien. Les Empereurs Gaozu et Taizong s’emploient donc à continuer les réformes engagées par les Sui. Aussi, ce n’est en rien une révolution administrative, ni l’émergence d’hommes nouveaux, c’est la mise en place d’un nouveau réseau favorable à la nouvelle famille impériale, sélectionnant ses fonctionnaires parmi l’élite de la période Sui.   Taizong crée dès 627 un Directorat des Universités d’État, chargé de déterminer un enseignement officiel, et de superviser l enseignement dans cinq écoles d’État.   l’École de Calligraphie, à destination des fils de petits fonctionnaires et à la classe bourgeoise, afin de fournir les offices les plus basses avec peu d’espoir de progressions ; l’École de Droit, pareillement ouverte aux classes moyennes. Des bourses sont offertes pour fournir équitablement en habits et nourriture les candidats, le transport est offert aux candidats provinciaux. Des édits impériaux annoncent le programme officiel (en cours d’élaboration à l’époque) pour chaque session.   Taizong redessine la carte administrative de l’Empire, avec du plus grand au plus petit : des circuits, des gouvernements généraux, des préfectures, et des comtés.   Lors de l’expédition contre Goguryeo en 645, Taizong est atteint d’une maladie incapacitante qui l’épuise. Lors de la retraite de 645, il doit par exemple s’arrêter longuement afin de recouvrer ses forces. Durant cette période et les dernières années de son règne, son épuisement le pousse à confier l’administration à Li Zhi, le prince héritier, conseillé par les ministres de la cour. Affaibli, éloigné de fait du pouvoir, il reste préoccupé par l’avenir de l’Empire et les capacités du prince héritier à assumer son rôle futur.   Taizong meurt le 10 juillet 649. Il est enterré dans son tombeau, où était déjà son épouse l’impératrice Wende, morte en 636. Leur tombeau, encastré dans une colline, serait entouré des statues des rois et grands chefs soumis lors de ses conquêtes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du dictionnaire d’histoire universelle le petit mourre édition Bordas 2004 p 1285/Denis C. Twitchett et John K. Fairbank, The Cambridge History of China : Sui and T’ang China, 589–906, vol. 3, Cambridge, Cambridge University Press, 1979, 900 p. (ISBN 0-521-21446-7)

Notes

[1] La dynastie Tang est une dynastie chinoise précédée par la dynastie Sui (581-618) et suivie par la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes. Elle a été fondée par la famille Li, qui prit le pouvoir durant le déclin et la chute de l’empire Sui. Venant après une longue période de division de la Chine qui dura de 220 à 581, à laquelle l’éphémère dynastie Sui avait mis fin, les premiers empereurs de cette dynastie eurent d’abord pour tâche de stabiliser l’empire récemment réunifié, et de lui redonner la puissance qu’avait eue la Chine à l’époque des Han. Ils firent rapidement mieux que ces derniers dans le domaine des conquêtes extérieures.

[2] Le Shanxi est une province du nord-est de la Chine, dont le chef-lieu est Taiyuan. Elle est située à l’ouest de Taihangshan. Elle ne doit pas être confondue avec la province voisine au nom, homophone au ton près, de Shaanxi.

[3] Les Göktürk constituaient un khanat créé par le clan des Ashina. Ils ont régné sur la Mongolie et l’Asie centrale et sa création a contribué à l’expansion des Turcs vers la mer Caspienne. Deux siècles et demi après leur chute, les tribus turques atteignirent l’Anatolie. Au début du 8ème siècle, les Turcs ont créé une écriture dite runique parce qu’elle ressemble aux runes. Ils sont les premiers nomades de l’Asie centrale à avoir laissé des inscriptions. Celles qui ont été rédigées par les Göktürk proviennent de la vallée de l’Orkhon, en Mongolie septentrionale. Le cœur de leur empire s’y trouvait.

[4] Le Tibet, ou anciennement Thibet est une région de plateau située au nord de l’Himalaya en Asie, habitée traditionnellement par les Tibétains et d’autres groupes ethniques (Monbas, Qiang et Lhobas) et comportant également une population importante de Hans et de Huis. Le Tibet est le plateau habité le plus élevé de la planète, avec une altitude moyenne de 4 900 m.

[5] La dynastie Sui (581/618) succède aux dynasties du Nord et du Sud et précède la dynastie Tang, en Chine. La dynastie Sui est une dynastie pivot dans l’histoire de la Chine dans la mesure où elle met fin à quatre siècles de division, et impose par ses réformes et ses grands travaux une unité qui sera à partir d’elle vue comme naturelle. Elle est fondée par Yang Jian, le puissant général semi barbare des Zhou du Nord. Devenant dès lors l’empereur Wendi des Sui, il soumet la Chine du sud, puis impose comme capitale Daxing (plus tard renommée Chang’an, actuelle Xi’an). En dépit de sa faible durée de vie, cette dynastie se caractérise par l’importante réunification du Nord et du Sud, par les immenses tâches de construction du Grand Canal et de reconstruction expansion de la Grande Muraille de Chine.

[6] Les guerres Koguryo-Sui sont une série de campagnes militaires lancées par la dynastie chinoise Sui contre le Koguryo, ou Goguryeo, un des trois royaumes qui se partagent alors la péninsule de Corée. Ces campagnes se déroulent entre 598 et 614 et se concluent toutes par une défaite des armées chinoises. Ces échecs à répétition sont une des causes principales de la chute de la dynastie Sui et de son remplacement par la dynastie Tang en 618.

[7] Autrefois nommé Hao ou Zongzhou, pendant la dynastie Zhou, elle fut la capitale de la Chine pour la période des Zhou occidentaux. Suite à la folie du roi Zhou Youwang, la ville fut incendiée et pillée par les barbares Rong. Xi’an est l’extrémité est de la route de la soie considérée comme ayant été « ouverte » par le général chinois Zhang Qian au 2ème siècle av. jc. C’était l’une des Quatre Grandes Capitales Anciennes car ce fut la capitale de la Dynastie Qin, des Han, alors connue sous le nom de Chang’an

[8] Le mot peut être considéré comme "frontière" ou "limite", avec comme équivalent la Grande Muraille de Chine ou plus tard la Ligne Maginot. Dans le deuxième cas, ce terme peut signifier "chemin" ou "route", c’est-à-dire la voie qui mène vers des territoires nouvellement conquis ou à conquérir

[9] Un eunuque est un homme castré. La castration se limite généralement à l’ablation des testicules mais il arrive qu’elle concerne également le pénis, connue alors sous le nom de pénectomie. Dans la Chine ancienne, la castration était à la fois une punition traditionnelle (jusqu’à la dynastie Sui) et un moyen d’obtenir un emploi dans le service impérial. À la fin de la dynastie Ming, il y avait 70 000 eunuques dans la Cité interdite. La valeur d’un tel poste était importante car elle pouvait permettre d’obtenir un pouvoir immense qui dépassait parfois celui du premier ministre. Cependant, la castration par elle-même fut finalement interdite. Le nombre d’eunuques n’était plus estimé qu’à 470 en 1912, lorsque la fonction fut abolie. La justification de cette obligation pour les fonctionnaires de haut rang était la suivante : puisqu’ils ne pouvaient procréer, ils ne seraient pas tentés de prendre le pouvoir pour fonder une dynastie. À certaines périodes, un système similaire a existé au Viêt Nam, en Inde, en Corée et dans d’autres contrées du monde.

[10] Luoyang, ou Loyang est une ville-préfecture de la province du Henan en Chine. On y parle le dialecte de Luoyang du mandarin zhongyuan. Située sur le Fleuve Jaune, c’est l’une des quatre capitales historiques de la Chine.

[11] ouest, nord-ouest

[12] Le Shaanxi est une très ancienne province de la Chine située dans le nord-ouest du pays. La surface de son territoire est de 205 800 km² (11ème rang des provinces chinoises). Sa capitale Xi’an est une des plus anciennes villes chinoises

[13] Le Hebei est une province située à l’est de la Chine. Cette province, avec Pékin et Tianjin, est un démembrement de l’ancienne province du Zhili depuis la dynastie Yuan. Sous les Ming, elle portait le nom de Beizhili du Nord, par opposition au « territoire méridional » (Nanzhili) formé par les provinces actuelles de Jiangsu et d’Anhui du Sud.

[14] Le Henan, autrefois Honan, est une province du centre-est de la Chine. Le Henan fut appelé Zhongzhou ce qui signifie littéralement « plaine centrale », ce nom est toutefois également appliqué à l’ensemble de la Chine. Le Henan, berceau de la civilisation chinoise ayant plus de 3 000 ans d’histoire, est resté un centre culturel, économique et politique de la Chine jusqu’il y a un millénaire.

[15] Liyang est une ville de la province du Jiangsu en Chine. C’est une ville-district placée sous la juridiction de la ville-préfecture de Changzhou.

[16] Le Shandong est une province de l’est de la Chine, sur la mer Jaune et la mer de Bohai.

[17] Le Jiangxi est une province du sud-est de la République populaire de Chine. Elle a pour chef-lieu Nanchang.

[18] Le Guangdong est une province administrative de la République populaire de Chine située sur la côte sud-est du pays. La préfecture provinciale, Canton, est un centre économique, culturel et politique majeur de la région. La province comprend également la ville de Shenzhen, frontalière de Hong Kong

[19] Titre signifiant dirigeant en mongol et en turc. Le terme est parfois traduit comme signifiant souverain ou celui qui commande. Le féminin mongol de khan est khatoun. Un khan contrôle un khanat. Pour les hauts rangs, on se sert du titre de khagan. Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de l’empire ottoman, ainsi que par les dirigeants de la Horde d’Or et les états descendants. Le titre de khan a aussi été utilisé par les dynasties turques seldjoukides du Proche-Orient pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou nations. Inférieur en rang à un atabey. Les dirigeants Jurchen et Mandchous ont également utilisé le titre de khan. Les titres de khan et de khan bahadur furent également honorifiques en Inde au temps des Grands Moghols, et plus tard par le Raj britannique comme un honneur pour les rangs nobles, souvent pour loyauté à la couronne. Le titre de khan fut aussi porté par les souverains bulgares entre 603 et 917.

[20] La Mongolie Extérieure également appelée Mongolie Septentrionale, Mongolie du Nord ou Mongolie Khalkha, était une entité administrative de la dynastie Qing.

[21] boucle du fleuve Jaune, nord du Shaanxi

[22] Khagan ou Grand Khan, est un titre équivalent à celui d’empereur dans les langues mongole et turque. Le titre est porté par celui qui dirige un khaganat (empire, plus grand qu’un khanat). Khagan peut également être traduit par Khan des Khans, expression signifiant roi des rois.

[23] L’Orkhon, ou Orhon est une rivière de Mongolie. C’est un affluent de la Selenga, cette dernière elle-même sous-affluent de l’Ienisseï russe par le lac Baïkal et l’Angara.