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Caius Minicius Italus

lundi 10 août 2020, par ljallamion

Caius Minicius Italus

Haut chevalier romain-Préfet de l’annone-Préfet d’Égypte entre 100 et 103

Il est originaire d’Aquilée [1], dans la regio X Venetia et Histria, une région administrative septentrionale de l’Italie.

Il est préfet consécutivement de trois cohortes [2] de la cavalerie des troupes auxiliaires, les V Gallorum, I Breucorum et II Varcianorum. Chaque cohorte porte un numéro et un nom de peuple. Il est ensuite tribun militaire [3] dans la legio VI Victrix, puis préfet d’une aile de cavalerie, des equites Singulares [4], ce qui permet de dater cette carrière militaire de ce règne. Il est d’ailleurs récompensé de ses services par Vespasien d’une “corona aurea hasta pura” [5].

Il commence sa carrière civile en étant procurateur [6] de la province de l’Hellespont [7]. Sous Domitien, il assure ensuite l’intérim dans la province d’Asie [8], en tant que procurateur, entre le mandat de deux proconsuls [9], vraisemblablement en 88. Il remplace un proconsul soit décédé soit disgracié par Domitien, et occupe le poste en attente de la nomination et de l’arrivée du nouveau proconsul. Il pourrait s’agir ici de remplacer Sextus Vettulenus Cérialis qui aurait été éliminé par Domitien.

Ensuite, il est procurateur ducénaire [10] dans les provinces de Gaule lyonnaise [11] et aquitaine [12], du district de Lectoure [13]. Il a probablement pour mission d’organiser la gestion des biens impériaux dans ce territoire.

Minicius Italus occupe après cela deux postes prestigieux : la préfecture de l’annone [14], puis celle d’Égypte [15] entre 100 et 103, sous Trajan. À la préfecture d’Égypte, il succède à Caius Pompeius Planta et précède Caius Vibius Maximus. Une telle carrière se conclut habituellement par la préfecture du prétoire [16], mais on ne connaît aucun nom de préfet autre qui occupe ce poste entre les guerres daciques de Trajan [17] et ses campagnes en Orient contre les Parthes [18].

À Aquilée, sa ville natale, il est membre du collège des quattuorvir iure dicundo [19] et flamine [20] de Claude. Il est probablement patron de la ville, dans laquelle il s’investit, et on l’y honore d’une statue de bronze vers l’an 105

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Hans-Georg Pflaum, Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-Empire romain, Paris, 1960, pp. 141-143, no 59.

Notes

[1] Aquilée est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av.jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un centre religieux chrétien de premier plan, entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, siège du patriarcat d’Aquilée.

[2] Cohorte romaine, une unité d’une Légion romaine. Une cohorte comportait environ 600 hommes il y a généralement 10 cohortes dans une légion.

[3] Le tribun militaire (en latin Tribunus militum) est un officier supérieur qui sert dans la légion romaine sous la Rome antique.

[4] C’est la garde privée de l’empereur qui apparaissent sous Vespasien

[5] La couronne de lance en or pur

[6] Dans la Rome antique le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s’occuper d’une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme, à partir d’Auguste désigne un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi.

[7] c’est-à-dire dans le Pont-Bithynie

[8] La province romaine d’Asie comprenait la Carie, la Lydie, la Mysie, la Phrygie et la Troade.

[9] La fonction de proconsul dans la Rome antique correspond à la notion actuelle de gouverneur. Étymologiquement, ce terme vient du préfixe latin pro, à la place de, et consul. Le premier cas de proconsulat historiquement cité par Denys d’Halicarnasse date de 464 av. jc, lorsque Titus Quinctius Capitolinus Barbatus reçut le pouvoir de diriger une armée (imperium) pour aller au secours d’un consul assiégé. Il s’agit alors d’une solution improvisée sous la pression des événements. La fonction réapparaît avec l’agrandissement de la République romaine au 4ème siècle av. jc, lorsqu’un consul doit finir une campagne militaire ou doit gouverner un territoire au-delà de la durée normale de son mandat de consul (un an). Son pouvoir (imperium consulaire) est alors prolongé, en général pour une durée d’un an et toujours sur un territoire précis, le plus souvent une province. Le terme « proconsul » tient au fait que son titulaire exerçait un pouvoir consulaire ; cependant, tous les proconsuls n’étaient pas forcément d’anciens consuls.

[10] second

[11] La Gaule lyonnaise était une des trois provinces (avec la Gaule aquitaine et la Gaule belgique) créées par Auguste au début de son principat à partir des conquêtes effectuées par Jules César en Gaule entre 58 et 51/50 av. jc. Le sud de la Gaule et la vallée du Rhône, jusqu’à Vienne, sont alors déjà romains, depuis leur conquête effectuée antérieurement entre 125 et 121 av. jc. Cette dernière région constitue une province distincte, de rang sénatorial, la Narbonnaise, tandis que Gaules lyonnaise, aquitaine et belgique sont des provinces impériales. Ces trois dernières provinces issues du découpage augustéen se trouvaient cependant réunies, à travers les notables gaulois à la tête des cités, dans le cadre d’une assemblée commune, à vocation politique et religieuse, liée au culte impérial, le Sanctuaire fédéral des Trois Gaules, et dont le siège se situait face à la colonie romaine de Lugdunum (Lyon), à la confluence entre Saône et Rhône, lieu nommé condate ou ad confluentes. Cette province a compté au moins 23 peuples dont les Ségusiens ou Ségusiaves et les Éduens.

[12] La Gaule aquitaine (Gallia Aquitania en latin) est une des trois provinces romaines (avec la Belgique et la Lyonnaise) créées par Auguste en 27 av. jc. Le territoire de l’Aquitaine protohistorique, limité au triangle Pyrénées – Atlantique – Garonne, facilement conquis par Publius Crassus, lieutenant de Jules César, en 55 av. jc, est ainsi augmenté d’une partie de la Gaule celtique, jusqu’à la Loire.

[13] Lectoure est une commune française située dans le département du Gers. Capitale du comté d’Armagnac, elle connaît pourtant plusieurs sièges, notamment celui de 1473 qui voit la capitulation et la mort de Jean V d’Armagnac, et une destruction presque totale. Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres. Elle subit de nouveaux sièges lors des guerres de religion

[14] Le Préfet de l’annone, en latin Præfectus annonæ, est un magistrat chargé d’assurer le bon approvisionnement en grains de Rome. Le mot annona, dérivé d’annus, « année », désignait au sens propre la production annuelle (la récolte) de différentes denrées ; il a ensuite désigné le prix variant annuellement de ces denrées, puis le ravitaillement de Rome en tant qu’il était garanti par l’État.

[15] Le préfet d’Égypte est un haut fonctionnaire désigné par l’empereur romain, son délégué personnel, pour diriger Alexandrie et l’Égypte. Il s’agit donc du gouverneur impérial de la province, poste réservée aux chevaliers romains. L’intitulé latin complet est praefectus Alexandriae et Aegypti.

[16] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.

[17] Les guerres daciques de Trajan sont deux campagnes militaires de l’empereur romain Trajan contre le royaume dace de Décébale en 101-102 et 105-106. Elles aboutissent, en l’an 106, à l’annexion du royaume dace et à la création d’une nouvelle province, la Dacie romaine. Les campagnes de Trajan font partie du conflit plus large opposant le peuple des Daces, qui occupe les montagnes des Carpates, à l’Empire romain, sous les règnes des empereurs Domitien et Trajan : les guerres daciques. Entre 85 et 89, Domitien a mené plusieurs campagnes contre les Daces à la suite de l’attaque de ces derniers, campagnes qui se sont conclues par un traité plutôt avantageux pour le royaume dace unifié. Une première guerre est engagée par Trajan pour venger les défaites subies quinze ans plus tôt par Domitien durant laquelle il entreprend de pénétrer dans le territoire dace pour intimider les Daces et peut-être dans le but de préparer une annexion. Après une contre-attaque en Mésie romaine des Daces et de leurs alliés, qui sont notamment vaincus à la bataille d’Adamclisi, le roi dace Décébale doit capituler mais préserve son pouvoir et la majorité de son territoire. Une deuxième guerre se déclare quelques années plus tard à la suite de l’attaque des territoires daces sous contrôle romain et de la Mésie par Décébale. C’est à l’issue de cette guerre que le royaume dace est finalement annexé, Décébale s’étant suicidé, et la province romaine de Dacie est créée.

[18] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc. et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.

[19] les quatre chargés de l’administration judiciaire

[20] Les flamines (singulier flamen en latin) sont des prêtres romains voués au culte d’un seul dieu. Sous la République, ils sont au nombre de 15 (3 flamines majeurs et 12 flamines mineurs), choisis pour certains par le grand pontife, élus par la plèbe pour d’autres. Ils vouent alors leur vie à un dieu particulier. Ils jouissaient d’un grand prestige, mais étaient l’objet de nombreux interdits. Le flaminat désigne la dignité de flamine. Avec l’apparition du culte impérial, le nombre de flamines se multiplie à Rome et dans les municipalités de l’Empire. La montée du christianisme ne provoque pas la disparition des flamines, qui subsistent localement même après la chute de l’Empire romain d’Occident. Les flamines conservaient chez eux la flamme sacrée, symbole de leur fonction.