Louis Nicolas Le Tonnelier de Breteuil (1648-1728)
Baron de Preuilly en Touraine et de Breteuil-Officier de la maison du Roi sous Louis XIV-Introducteur des ambassadeurs
Louis Nicolas Le Tonnelier était le benjamin de Louis Le Tonnelier de Breteuil , intendant du Languedoc [1] et conseiller au Parlement de Paris [2].
Ancien lecteur du Roi, ce qui lui avait permis d’avoir ses entrées au petit lever, il fut envoyé en 1682 par Louis XIV auprès du d uc de Mantoue Charles III Ferdinand en tant qu’envoyé extraordinaire. Sa mission était de veiller à l’application du traité secret passé avec Charles III de Gonzague, de surveiller celui-ci et d’évaluer les chances de la France dans le Mantouan [3] et le Montferrat [4].
Lors de son ambassade, Breteuil eut l’occasion de se frotter aux subtilités du protocole : il eut même une querelle de préséance avec le marquis de Canossa, représentant de l’Empereur. Rappelé à Paris en 1684, il vendit sa charge de lecteur du Roi tout en conservant le privilège de la première entrée ainsi que son appartement dans le château de Versailles et obtint, en 1698, la place d’introducteur des ambassadeurs devenue vacante par la mort de Etienne Chabenat seigneur de Bonneuil.
Louis Nicolas Le Tonnelier s’était marié en 1697 avec Gabrielle Anne de Froulay [5]. Il fut le père de la marquise du Châtelet Émilie du Châtelet et de l’ abbé de Breteuil .
En 1699, il acheta la terre de Preuilly [6], première baronnie de Touraine [7], dont il prit le titre. En 1706, il obtint l’autorisation de porter le nom de Breteuil seul, ou avec celui de Preuilly.
Breteuil resta introducteur jusqu’en 1715 date à laquelle il vendit sa charge pour 250 000 livres à Joseph Magny, marquis de Foucault.
Notes
[1] Les rois de France se sont fait représenter en Languedoc à partir du 17ème siècle par des intendants. Les intendants de Languedoc avaient sous leur responsabilité la généralité de Montpellier et la généralité de Toulouse, sauf dans les années 1660 pendant lesquelles il y eut deux intendants.
[2] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».
[3] La province de Mantoue est une province italienne de Lombardie, dont le chef-lieu est la ville de Mantoue.
[4] Le Montferrat est une région historique du Piémont, dans le nord-ouest de l’Italie. Il s’étend essentiellement sur les actuelles provinces d’Asti et d’Alexandrie. Comté à l’origine, puis marquisat en 967 et enfin duché en 1574, le Montferrat a connu, au cours des siècles plusieurs phases : le règne des Alérame, descendants d’Alérame, le premier marquis ; le règne des Paléologue à partir de 1305 par carence de descendant mâle de la famille précédente ; l’occupation impériale de 1533 à 1536 en raison de la même carence ; le règne des Gonzague, déjà ducs de Mantoue, à compter de 1536 ; la guerre de Succession de Montferrat de 1613 à 1617 en raison d’un problème de descendance
[5] La famille de Froulay, (ou de Froullay ou de Froullay de Tessé) est une ancienne famille noble du Maine connue depuis le 12ème siècle et éteinte au 19ème siècle.
[6] Preuilly-sur-Claise est une commune française du département d’Indre-et-Loire. Au Moyen Âge, Preuilly avait le titre de première baronnie de Touraine et ses barons successifs jouèrent un rôle régional important, notamment dans les conflits opposant les comtes et seigneurs des provinces voisines, et pendant la guerre de Cent Ans, de par sa position frontalière avec les territoires sous contrôle des Anglais. Plus de 100 fiefs et cinq châtellenies relevaient de la baronnie de Preuilly, débordant des limites actuelles de l’Indre-et-Loire, dans l’Indre (par exemple Azay-le-Ferron) et dans la Vienne. La ville et le château furent pillés en 1369 par les soldats anglais. Bertrand du Guesclin et Jean de Bueil en donneront l’assaut en 1369, pour mettre fin à l’occupation anglaise et rendre le château à son propriétaire légitime, Eschivart VI. L’indispensable remise en état du château et de ses fortifications est effectuée dans les décennies suivantes, et cela occasionna quelques conflits à l’époque du bouillant baron Pierre Frotier. À l’époque des guerres de religion, l’abbaye et une partie de la ville furent saccagées, particulièrement en 1562. Environ un tiers de la population s’était convertie à la religion réformée, notamment sous l’influence de Claude du Puy, veuve du baron Louis Chasteigner. Un temple protestant fut ainsi construit en 1595, ainsi que la maison du pasteur
[7] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.