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Didyme l’Aveugle

mardi 12 novembre 2019

Didyme l’Aveugle (vers 313-398)

Théologien de l’École d’Alexandrie

Auteur de nombreux traités. Sa cécité lui a valu le surnom de « Didyme l’Aveugle ».

Selon la biographie que lui consacre l’un de ses élèves, Rufin d’Aquilée, Didyme perdit la vue dans sa petite enfance, avant d’apprendre à lire et écrire. Malgré tout, il s’appliqua à l’étude et atteignit un tel niveau de connaissances qu’il attira l’attention du patriarche Athanase et devint doctor [1] à L’école théologique d’Alexandrie [2], enseignant notamment l’astronomie, la logique, la géométrie et les mathématiques.

Sa renommée poussa Antoine l’Ermite à lui rendre visite ; il le consola de sa cécité en expliquant qu’il avait reçu les yeux des anges, grâce auxquels il pourrait voir la vraie lumière. Didyme résista aux efforts de l’empereur Valens pour imposer l’arianisme [3].

Rufin d’Aquilée s’attache à montrer que Didyme est une lampe brillant d’une lumière divine au milieu des ténèbres de l’hérésie arienne, mais ne fournit pas d’éléments véritablement biographiques. On sait néanmoins qu’il fut un disciple d’Origène et qu’il eut pour élèves, outre Rufin, saint Jérôme et Palladius .

Il fut condamné en 553 par le deuxième concile de Constantinople [4], en même temps qu’Origène et Évagre le Pontique.

L’œuvre de Didyme est considérable. Il est l’auteur notamment de“ traités du Saint-Esprit”, contre les Macédoniens, “de la Trinité et une réfutation des Manichéens”. Les œuvres de Didyme préservées à Tourah [5] sont des commentaires sur la Genèse [6], le livre de Job [7], les Psaumes [8], l’Ecclésiaste [9] et Zacharie (prophète du Ve siècle) , représentant plus de 2000 pages manuscrites. Certains d’entre eux sont publiés aux éditions du Cerf.

Ses œuvres figurent dans le Clavis Patrum Græcorum [10].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Richard A. Layton, Didymus the Blind and His Circle in Late-Antique Alexandria, Universoty of Illinois Press, 2004, (ISBN 978-0-252-02881-6).

Notes

[1] professeur

[2] L’école théologique d’Alexandrie, dite aussi le Didascalée, fut une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme. Sa méthode théologique était symbolico-allégorique. L’influence de Platon et du néoplatonisme y est manifeste. Elle s’opposa à l’école théologique d’Antioche qui prônait une méthode historico littérale. Elle eut des filiales en Palestine et en Pamphylie.

[3] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[4] Le deuxième concile de Constantinople s’est tenu du 5 mai au 2 juin 553. Ce fut le cinquième des sept conciles œcuméniques reconnus à la fois par l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe. Convoqué par l’empereur Justinien, il fut présidé par le patriarche Eutychius de Constantinople et réunit 152 évêques venant principalement d’Orient. Seuls 16 évêques d’Occident étaient présents, dont 9 d’Illyrie et 7 d’Afrique, mais aucun d’Italie. Par ce concile, Justinien voulait faire confirmer par l’Église sa condamnation édictée en 553 contre les écrits de 3 évêques se rattachant à l’école théologique d’Antioche : Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse.

[5] Tourah est situé en Égypte, au sud de la banlieue du Caire et sur la rive est du Nil, non loin de Maadi. Ce lieu est particulièrement célèbre pour les carrières souterraines ayant fourni aux pharaons de l’Ancien et du Moyen Empire les pierres de calcaire fin destinées à l’édification de leurs tombeaux.

[6] Le Livre de la Genèse est le premier livre de la Bible. Ce texte est fondamental pour le judaïsme et le christianisme.

[7] Le livre de Job est l’un des Livres du Tanakh et de l’Ancien Testament. Poème didactique écrit en prose, on considère généralement qu’il porte sur le problème du Mal.

[8] Un psaume est un texte poétique composé de plusieurs versets relevant de quatre genres littéraires principaux. Le mot vient du grec ancien psalmos qui désigne un air joué sur le psaltérion. Il a été employé dans la traduction des Septante pour traduire le mot hébreu mizmôr, qui désigne un chant religieux accompagné de musique et qui est attesté 57 fois dans le Livre des Psaumes.

[9] L’Ecclésiaste est un livre de la Bible hébraïque, faisant partie des Ketouvim, présent dans tous les canons. Considéré comme une sorte de portrait autobiographique, ce livre est rédigé par un auteur qui se présente en tant que « Qohelet », fils de David, et ancien roi d’Israël à Jérusalem. La fin du livre lui attribue également la rédaction de Proverbes.

[10] La Clavis Patrum Græcorum (CPG) est l’index des œuvres des Pères de l’Église grecque établi par Maurice Geerard et publié chez Brepols. Les Pères concernés sont ceux qui ont écrit en grec, du 1er au 8ème siècle, y compris si leurs œuvres n’existent plus qu’en traduction (latine, arménienne, géorgienne, éthiopienne, arabe, slavonne, etc.), ainsi que quelques auteurs traduits en grec à cette époque.