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Théodore de Cantorbéry ou Théodore de Tarse

lundi 2 septembre 2019, par lucien jallamion

Théodore de Cantorbéry ou Théodore de Tarse (602-690)

7ème archevêque de Cantorbéry

Théodore naît à Tarse [1] en Cilicie [2]. Féru de littérature grecque et latine, il a peut-être séjourné à Constantinople où il a pu rencontrer Étienne d’Alexandrie, le plus grand savant de son temps.

Il étudie la philosophie à Athènes et est ordonné prêtre à Rome. Il séjourne probablement au monastère d’Ad Aquas Salvias [3]. En 649, il participe au concile du Latran [4] ; en 680, le pape Agathon le qualifie de théologien le plus compétent du monde occidental.

Après la mort de Wighard, qui avait été envoyé auprès du pape Vitalien par les rois Egbert de Kent et Oswiu de Northumbrie en 667 pour sa consécration comme archevêque, Théodore, qui s’était illustré par son travail au sein de l’Église en Orient, est recommandé malgré son âge, il a 65 ans par Adrien de Cantorbéry , abbé de Nerida [5], pour occuper l’archidiocèse vacant.

Le 26 mars 668, Vitalien ordonne Théodore, qui n’accepte d’être archevêque qu’à la condition qu’Adrien l’accompagne pour le conseiller ; ce dernier devient abbé de Saint-Pierre à Canterbury [6]. Adrien est emprisonné quelque temps par Ébroïn, maire du palais [7] de Neustrie [8], et Théodore atteint l’Angleterre seulement en mai 669. Il commence aussitôt à transformer l’église de Cantorbéry.

D’après Bède, Théodore entreprend une tournée à travers toute l’Angleterre anglo-saxonne, afin de faire cesser les abus, d’imposer sa présence et donner ses instructions, notamment au sujet de la règle monastique et de la Pâque canonique.

Il apparaît que ce principe ne s’appliquait pas à la province d’York [9], mais Théodore réorganise l’épiscopat, nommant Bifus en Est-Anglie [10], Putta à Rochester [11], Hlothhere au Wessex [12], et Chad de Mercie en Mercie [13], après sa reconsécration.

En 669, il réinstalle aussi Wilfrid à York : celui-ci, nommé évêque d’York [14] en 664 par Alhfrith sous-roi de Deira [15], une division de la Northumbrie [16] et parti à Compiègne pour se faire consacrer, s’était retiré à Ripon [17] quand, à son retour en 666, il s’était trouvé remplacé par Chad appointé par le roi Oswiu de Northumbrie.

Il renouvelle la formation des moines en introduisant l’enseignement de la littérature, de la poésie et de la musique. En 673, Théodore préside le premier concile du clergé d’Angleterre à Hertford [18]. Après la tenue de ce concile, Théodore rétablit l’évêché d’Essex [19], auquel il nomme Earconwald .

Wilfrid ayant encouragé la reine dans le désir de celle-ci de quitter le roi pour devenir nonne ce qu’elle fera en 672, Théodore de Tarse de concert avec Ecgfrith de Northumbrie divise le diocèse d’York en quatre évêchés plus petits et en attribue un à Wilfrid mais appointe un autre évêque pour celui qui contient York, et Trumwine comme évêque des Pictes [20].

Wilfrid en appelle au pape, qui éventuellement décide en sa faveur mais dont la décision n’est pas acceptée en Angleterre : il est banni de Northumbrie et va dans le Sussex [21], où son premier baptême de convertis coïncide avec le retour de la pluie après une grave sécheresse.

Subséquemment réconcilié avec Théodore, vers 686-687 il retourne en Northumbrie et retrouve un évêché où il sert pendant 5 ans avant qu’un conseil royal le déclare inadéquat ; il est de nouveau déposé, en appelle de nouveau à Rome, et finit évêque du petit diocèse de Hexham [22].

En 679, AElfwine , le frère du roi Ecgfrith, est tué lors d’une bataille contre les Merciens, et Théodore intervient pour conclure la paix entre les deux royaumes en persuadant le roi AEthelred de Mercie de payer un wergild [23] en compensation de la mort d’AElfwine.

Théodore préside d’autres synodes, tenus à Hatfield [24] en 680, puis à Twyford [25] en 684.

Il meurt en 690.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais Tome 2, collection « La Roue à livres » Les Belles Lettres, 2004, (ISBN 2-251-33936-1)

Notes

[1] Tarse est une ville de Cilicie, en Turquie.

[2] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[3] L’abbaye de Tre-Fontane (en italien Abbazia delle Tre Fontane, abbaye des Trois Fontaines), sise au sud de la ville de Rome, remonte au 7ème siècle. Des moines grecs, elle passa entre les mains des bénédictins clunisiens pour devenir cistercienne au 12ème siècle. Elle abrite aujourd’hui encore une communauté de moines cisterciens-trappistes.

[4] Le premier concile du Latran fut le premier des six conciles qui se sont déroulés dans le quartier du Latran à Rome où se situe le palais du Latran la résidence du Pape. Ce territoire est un site en dehors du Vatican où celui-ci exerce son autorité. Le concile du Latran de 649 est un synode qui s’est déroulé du 5 au 31 octobre 649. Ce synode eut lieu dans la basilique Saint-Jean du Latran et a été convoqué par le pape Martin 1er. Ce rassemblement condamne le monothélisme qui est présent en Orient car elle fut adoptée par de nombreux chrétiens d’Orient. Avec ce concile on voit les prémices de la séparation de l’Empire romain d’orient et d’occident, la séparation idéologique entre l’empereur de Constantinople et la papauté apparaît notamment lors de la convocation du concile du Latran sans la bénédiction de l’empereur Constant II ce qui eux comme conséquence le jugement et l’exil du pape Martin 1er.

[5] près de Naples

[6] C’est l’une des villes les plus anciennes du pays. C’est l’ancienne capitale du royaume de Kent. Saint Augustin de Cantorbéry convertit la ville, ainsi que le roi Æthelbert et en fait pour lui un siège épiscopal en 597. La ville devient rapidement le siège de l’archevêque primat d’Angleterre.

[7] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[8] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[9] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.

[10] L’Est-Anglie, ou royaume des Angles de l’Est, est un royaume anglo-saxon établi au cours du Haut Moyen Âge sur les actuels comtés anglais du Suffolk et du Norfolk. Sa fondation légendaire, vers le milieu du 6ème siècle, aurait été le fait d’envahisseurs germaniques appartenant à la tribu des Angles. Il disparaît comme entité indépendante après les invasions vikings du 9ème siècle, mais le titre de comte d’Est-Anglie continue à être donné au sein du royaume d’Angleterre jusqu’à la fin du 11ème siècle, et la région conserve le nom d’Est-Anglie à ce jour.

[11] L’évêque de Rochester est à la tête du diocèse anglican de Rochester, dans la province de Cantorbéry. Le diocèse couvre l’ouest du comté de Kent. Le siège épiscopal est dans la ville de Rochester, à la cathédrale fondée en 604. À la fin du 17ème siècle et pendant le 18ème siècle, il était courant que l’évêque de Rochester soit également nommé doyen de l’abbaye de Westminster.

[12] Le Wessex est l’un des royaumes fondés par les Anglo-Saxons en Angleterre durant le Haut Moyen Âge. Il s’étend sur une partie du sud-ouest de la Grande-Bretagne, entre la Domnonée à l’ouest, la Mercie au nord et les royaumes de Kent, de Sussex et d’Essex à l’est. Au IXe siècle, le Wessex est le dernier royaume anglo-saxon à résister aux invasions vikings.

[13] La Mercie est l’un des sept royaumes de l’Heptarchie anglo-saxonne, avec Tamworth pour capitale. Entre 600 et 850, la Mercie fit quatorze fois la guerre au Wessex voisin, onze fois aux Gallois, et mena dix-huit campagnes contre d’autres ennemis - encore ne s’agit-il là que des conflits dont nous avons gardé la trace. Elle est fondée par les Angles rassemblés et menés un an auparavant, depuis les côtes marécageuses proches du Wash vers l’actuelle région des Midlands en Angleterre, par Creoda (ou Crida), premier roi connu des Merciens, peut-être en partie légendaire, qui accèda au pouvoir en 585. Ces Midlands (« terres du milieu ») regroupent les comtés actuels de Gloucester, Worcester, Leicester, Northampton, Bedford, Buckingham, Derby, Nottingham, Hereford, Warwick, Chester et Lincoln.

[14] L’archevêque d’York est le troisième personnage de l’Église d’Angleterre, après le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque) et l’archevêque de Cantorbéry (le primus inter pares de tous les primats anglicans).

[15] Le Deira est un royaume anglo-saxon des 6ème et 7ème siècles. Selon Siméon de Durham, le royaume s’étendait de l’Humber à la Tyne, mais le pays était désert au nord de la Tees. Après l’absorption du royaume d’Ebrauc, York devint la capitale du Deira. Avant cela, la capitale se situait probablement près de Pocklington. Le premier roi angle dont nous avons connaissance est AElle, qui conquit le royaume sur les Bretons à la fin du 6ème siècle. Le royaume fut ensuite sujet du roi AEthelfrith de Bernicie, qui unifia les deux royaumes pour former le royaume de Northumbrie. Après la mort d’AEthelfrith, le fils d’AElle, Edwin de Deira, régna sur les deux royaumes, de 616 à 633. Son neveu Osric lui succéda, puis Oswine, qui fut assassiné par Oswiu, en 651. Durant les années qui suivirent, le royaume fut gouverné par AEthelwald, le fils d’Oswald de Northumbrie puis en tant que royaume vassal successivement par trois fils d’Oswiu de Northumbrie.

[16] La Northumbrie est un royaume médiéval situé dans le nord de l’actuelle Angleterre et constituait l’un des principaux royaumes de l’Heptarchie. Sa notoriété est surtout liée à son rôle dans la propagation du christianisme nicéen dans l’île et à la constitution d’un centre culturel d’importance européenne avec l’archevêché d’York. Le nom de Northumbria désigne à l’origine les terres envahies par les Angles au 6ème siècle situées au nord de la rivière Humber. La Northumbrie en tant que royaume se constitue au début du 7ème siècle par l’union de deux autres entités Angles : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud.

[17] Ripon est une ville d’Angleterre, dans le Yorkshire du Nord, qui possède le statut de Cité (historiquement associé à la présence d’une cathédrale).

[18] Ce concile souligna l’importance de diverses règles de discipline, et décida d’une réunion annuelle en un lieu appelé Cloveshoe

[19] Le royaume d’Essex ou royaume des Saxons de l’Est est un royaume anglo-saxon. Compris entre la Stour au nord et la Tamise au sud, il correspond à l’actuel comté d’Essex, mais s’étend également sur le Middlesex avec la ville de Londres et une partie du Surrey, et il domine brièvement une partie du Kent à son apogée. Néanmoins, durant la majeure partie de son existence, le royaume est plutôt soumis à ses voisins plus puissants, qu’il s’agisse du Kent, de l’Est-Anglie ou de la Mercie. Il disparaît en 825, lorsque le Sud-Est de l’Angleterre se soumet à Egbert de Wessex.

[20] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.

[21] Le Sussex est un comté situé au sud de Londres, au bord de la Manche en Angleterre. Historiquement, le royaume des Saxons du sud, ou Sussex, fut fondé au 5ème siècle. Il devint vassal de l’ancien royaume des Saxons de l’ouest, ou Wessex, au 9ème siècle. À partir du 12ème siècle, il se divisait en deux parties : l’une appelée Sussex de l’Ouest (West Sussex), dont la ville principale est Chichester, l’autre Sussex de l’Est (East Sussex), dont la ville principale est Lewes.

[22] Le diocèse de Hexham est créé en 678 à partir du diocèse d’York, et son premier titulaire est Eata. Le dernier, Tidfrith, meurt en 821 sans être remplacé. La raison de la disparition de l’évêché de Hexham reste incertaine. Son territoire est par la suite rattaché à l’évêché de Lindisfarne.

[23] Le wergeld, littéralement prix de l’homme, est une somme d’argent demandée en réparation à une personne coupable d’un meurtre, ou d’un autre crime grave. Cette tradition exerçait un rôle important dans les anciennes civilisations d’Europe du Nord, en particulier chez les Germains et les Vikings. Les Celtes connaissaient également cette coutume, mais distinguaient le prix de l’honneur pour meurtre du prix du visage pour d’autres crimes. Le montant du wergeld en cas de meurtre dépendait assez largement du rang social auquel appartenait la victime. Charlemagne a rendu le wergeld obligatoire dans le cadre de la vengeance privée (faida). En effet, la vengeance privée était source de désordres et était surtout contraire à la religion catholique. Malgré tout, la faida persistera dans la coutume. En effet le wergeld du droit coutumier germanique est bien une réparation, et pas une amende à la grecque. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas d’équivalence automatique entre un crime et un montant pécuniaire. Au lieu de ça, la parentèle de la partie offensée et celle de la partie incriminée débattaient, encadrées par une assemblée des Anciens. S’ils tombaient d’accord sur un montant (souvent en nature, mais en monnaie dans les zones de contact avec l’empire romain), on considérait l’affaire comme réglée. Sinon, l’autre forme commune de réparation légale à cette époque était la revanche par le sang, appelée faide, identique à la loi du talion.

[24] Hatfield est une ville du Hertfordshire, en Angleterre du Sud-Est. Elle est particulièrement connue pour être la terre d’accueil de Hatfield Palace, la résidence royale des Tudor. Hatfield se trouve à 28 km au nord-ouest du centre de Londres.

[25] Twyford est un village dans le Berkshire en Angleterre.