Originaire de Lyon la famille Dassier se réfugie à Genève à la Saint-Barthélemy [1].
Fils de Domaine Dassier, nommé graveur de la Monnaie de la République de Genève et de Sara Le Grand. Il est l’un des plus grands artistes médailleur genevois. L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert considérait, à l’article graveurs, qu’il était seul digne d’y figurer, à côté de son fils et d’un médailleur parisien du 17ème siècle.
Après avoir étudié à Paris en 1694 avec Jean Mauger et Jean Roëttiers. Il devient assistant de son père à la Monnaie de Genève et en tant qu’artiste lié à la Fabrique de l’horlogerie, puis en tant que graveur et entrepreneur, enfin en tant qu’artiste complet, au service de la cour de France et, surtout, celle d’Angleterre.
Il épouse en 1703 Anne Prévost-Gaudy et s’engagea fortement en faveur de la cause protestante.
En 1712 il est admis comme maître à la corporation des orfèvres avec son frère Paul. De retour à Genève en 1718, il grave d’abord 72 médailles représentant les personnages les plus célèbres du siècle de Louis XIV. En 1720 il succède à son père comme graveur.
En 1728, il se rend à Londres pendant 2 ans et grave les médailles des souverains d’Angleterre. Revenu à Genève il devient graveur de la monnaie.
Il se trouvait certainement du côté des réformateurs durant les troubles des années 1730. Au début de la crise, en 1734, IL servit comme représentant bourgeois, chargé de transmettre au syndic les plaintes des citoyens concernant les impôts destinés à subventionner les nouvelles fortifications proposées par le gouvernement. 3 ans plus tard, il devint officier dans l’un des régiments de la milice bourgeoise qui prit le pouvoir militaire de la garnison de la ville. Mais il négocia aussi avec les opposants de sa classe.
Quelques mois avant l’intervention du gouvernement de Louis XV dans les affaires genevoises, en octobre 1737, il exécuta le portrait sur médaille du chef de la diplomatie française, le cardinal Fleury . Par la suite, gagnant l’estime de l’ambassadeur de sa Majesté à Genève, Daniel François de Gélas de Lautrec dit le comte de Lautrec , il grava la médaille commémorative de la médiation de 1738 qui, longtemps considérée comme un chef-d’œuvre de la numismatique genevoise, fut produite selon les directives de Lautrec et de l’Académie française des inscriptions et belles-lettres [2]. Après la conclusion des négociations, l’artiste fit son entrée dans le gouvernement comme membre du Conseil des Deux Cents [3].
Ce Genevois, malgré les invitations qu’il reçues à travailler dans les plus grandes cours européennes, est mort modestement dans son hôtel particulier de Saint Gervais, au coeur du quartier industriel de Genève, dans sa 88ème année. À sa mort, son fils Jacques-Antoine Dassier prend sa place comme graveur à la monnaie de Genève.
A la Bibliothèque de l’Académie de Genève il a offert son travail, de splendides séries de médailles d’arguments très variés.
Cent ans après sa mort, le fonds de l’atelier prestigieux des Dassier, demeuré dans la famille, faisait l’objet d’une donation qui venait enrichir les collections des musées de la Ville de Genève.