Né à Rouen, il entra chez les jésuites [1] dès l’âge de 15 ans, le 8 septembre 1691. Doué de dispositions poétiques, il composa un poème latin, alors qu’il n’était encore qu’élève de quatrième. Envoyé à Caen pour y régenter les basses classes, il ne tarda pas à se distinguer dans ces emplois. Il fut ensuite chargé de la rhétorique, qu’il professa pendant longtemps.
C’est à cette époque qu’un même goût pour les lettres latines le rapprocha de Pierre-Daniel Huet , évêque d’Avranches [2], avec lequel il demeura, dit-on étroitement lié. Sanadon lui a dédié son recueil le plus complet et consacré un long éloge en prose latine.
Sanadon débuta dans la carrière des lettres, en 1698, avec “Nicanor moriens”, poème héroïque inspiré par un épisode de l’histoire de Judas Maccabée et composé à peine de 500 vers, qui a été regardé, par la plupart des critiques, comme l’une de ses œuvres poétique la plus importante. Ce succès engagea son auteur à livrer presque chaque année quelques nouvelles poésies, telles que des odes, des épîtres, des élégies, des épigrammes, des fables, des épitaphes, et la traduction latine de plusieurs vieux auteurs français, en particulier de Joachim du Bellay.
Après avoir prononcé ses quatre vœux, le 2 février 1711, il fut nommé, vers 1712, professeur de rhétorique au collège Louis le Grand aux côtés de son compatriote, le père Charles Porée .
Il s’acquittait honorablement de ses nouvelles fondions, mais de faible santé, il ne pu supporter longtemps les fatigues incessantes du professorat, et il fut contraint, en 1718, de solliciter de ses supérieurs un emploi plus modeste, dans lequel surtout il pourrait trouver des loisirs plus longs.
Nommé préfet des classes à Tours, il profita de ce moment de répit pour mettre la dernière main a une traduction “d’Horace” qu’il préparait, et dont, sous le titre de T“heses horatianæ,” il avait, dès 1717, donné un aperçu. Parue en 1727, cette traduction d’Horace, fut dédiée au prince de Conti Louis-François de Bourbon , dont l’éducation venait de lui être confiée.
Il fut lié avec les hommes les plus distingués de son temps, et su s’en faire des amis. On a prétendu que son air froid et sérieux avait dégoûté de lui le prince de Conti, qui l’aurait fait nommer bibliothécaire du collège Louis le Grand pour se délivrer d’un maître incommode.
Seul, après la mort de Fénelon disgracié, il osa louer l’ancien archevêque de Cambrai [3],