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L’histoire pour le plaisir

Guy-Crescent Fagon

mardi 5 février 2013

Guy-Crescent Fagon (1638-1718)

Médecin et botaniste français

Guy-Crescent Fagon Médecin et botaniste français

Né à Paris, il est le fils d’Henri Fagon, commissaire des guerres, et de Louise de La Brosse, nièce de Guy de La Brosse, fondateur du Jardin du roi et parrain de l’enfant.

Très tôt orphelin de père, il fait des études brillantes. En 1663, il soutint une thèse sur la circulation sanguine qui choqua les maîtres de la faculté.

Il obtient son titre de docteur en médecine le 9 décembre 1664. Il exerce de 1666 à 1667 à l’Hôtel-Dieu de Paris et dressa l’"Hortius Regius", catalogue contenant plus de 4.000 plantes. Il apprend la botanique, notamment auprès de Pierre Magnol, botaniste à Montpellier. En 1671, il fut nommé professeur de botanique et de chimie au Jardin Royal.

Antoine Vallot fait appel à lui pour récolter des plantes en France. II contribue à l’embellissement du Jardin des Plantes, qu’il enrichit par des excursions botaniques en Auvergne, en Provence, dans les Alpes et les Pyrénées. Il collabore au premier catalogue du jardin, « Hortus regius », que Denis Joncquet fait publier en 1665. C’est Fagon qui en rédige la plus grande part. 4 000 espèces y sont décrites. En 1699, il devient membre honoraire de l’Académie des sciences.

La mort de Joncquet lui permet d’obtenir un poste de sous démonstrateur. L’année suivante, il obtient le poste de démonstrateur en pharmacie.

Il se distingue dans la pratique de la médecine par ses succès et son désintéressement. Il est le médecin de la Dauphine en 1680 et il est nommé 1er médecin du roi Louis XIV en 1693 après le renvoi d’Antoine d’Aquin et surintendant du Jardin Royal. Il est le premier à mettre en doute les bienfaits du tabac sur la santé.

Tyrannique et caractériel, il aurait appuyé le discrédit d’Antoine d’Aquin en incriminant la consommation de vin de Champagne* (vins tranquilles à cette époque) par Louis XIV. Il impose la consommation des vins de Bourgogne le 16 octobre 1695 selon Dangeau, à la table du Roi, avec adjonction de quinquina.

Il avait aussi beaucoup d’affection pour la Faculté de Médecine de Paris qui trouvait en lui, dans toutes les occasions, un agent fort zélé auprès du roi. Son pouvoir était très grand. La pharmacie, dans tout le royaume, était sous sa juridiction. C’était lui qui examinait les produits nouveaux, les expérimentait, en donnait le droit de prescription, accordait les brevets et les monopoles, il nommait lui-même les médecins ordinaires du roi. Il exerçait tout seul un véritable ministère de la santé et de lui dépendait une foule de subordonnés.

Il fait ordonner par Louis XIV les explorations de Charles Plumier en Amérique, de Louis Éconches Feuillée au Pérou, de Joseph Pitton de Tournefort, dont il est le protecteur, en Asie.

L’un des plus beaux titres de gloire de Fagon fut d’estimer et d’admirer les savants et les artistes. L’Académie des Sciences se l’attacha comme membre honoraire en 1699.

L’emploi du temps très chargé de Fagon ne lui ont permis de beaucoup écrire. Cependant il a présidé plusieurs thèses de médecine qui étaient de son inspiration.

Il est l’un des premiers à reconnaître l’efficacité des eaux de Barèges et du quinquina et il rédige un mémoire sur les Qualités de Quinquina en 1703. Il est partisan de la théorie sur la circulation du sang et s’oppose ainsi à d’autres scientifiques de la Sorbonne.

Un genre de plantes porte son nom : Fagonia.

En 1699, il éprouva des douleurs caractéristiques et se reconnut cette maladie de la "pierre", si fréquente en son temps. Convaincu de la nécessité d’une intervention, Fagon pensa à la confier à Jacques de Beaulieu, dit "Frère Jacques" qui était l’instigateur et promoteur d’une nouvelle méthode de lithotomie, dite "la taille latérale".

De santé délicate, Fagon était asthmatique et sujet à des accès de suffocation qui le forcèrent à suivre le régime le plus sévère. En 1702, atteint du haut mal, il subit une opération au cours de laquelle on extirpa une "fort grosse pierre". Malgré "la faiblesse et la délicatesse de son tempérament", il parvint cependant, à l’aide d’une vie régulière et d’une sobriété constante, jusqu’ à l’âge de 80 ans, âge avancé pour l’époque !

L’état de Fagon s’aggravait. En novembre 1701, il dut s’aliter. Louis XIV était si aimé de ses sujets que la perspective d’une opération faite à son premier médecin alarma toute la France. A signaler qu’au Grand Siècle, le premier médecin était un très important personnage qui participait intimement à la vie quotidienne de sa Majesté, même en dehors de ses maladies. A partir de 1652, le premier médecin rédigeait chaque jour son observation sur la santé de son auguste patient et il était présent lors des diverses périodes de la journée du roi.

Décidé à subir la taille et à se confier aux mains de Mareschal, Fagon se fit conduire à sa résidence à Versailles, le 30 novembre 1701. Mareschal se rendit le lendemain chez Fagon, avec 5 garçons. Les principaux médecins et chirurgiens du roi l’accompagnaient, affirmant par leur présence l’intérêt qu’ils prenaient à la santé du premier médecin. Il y avait les médecins Pierre Michon Bourdelot, dit "l’abbé", Du Gué, De La Mondière et Poisson ; les chirurgiens Felix, Pierre Gervais, Burgiet et Poictiers. Fagon déclara qu’il répondait de sa maîtrise de soi et qu’il ne voulait pas être lié* (d’ordinaire on immobilisait le patient avec des bandes de toile).

Mareschal opéra Fagon selon la nouvelle méthode de Frère Jacques avec un grand succès. Fagon montra un grand courage lors de l’opération qui fut longue et douloureuse. "Néanmoins il guérit par sa tranquillité et l’habileté de Mareschal, qui lui tira une fort grosse pierre.

En 1715, à la mort de Louis XIV, le poste d’archiatre s’achevait ; mais Fagon conserva la surintendance du Jardin Royal, où il se retira et y vécut, jusqu’à sa mort, le 11 mars 1718.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Georges Androutsos/Histoire de la Médecine, Faculté de Médecine, Université d’Ioannina, Grèce