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L’histoire pour le plaisir

Alain René Lesage

samedi 17 avril 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 5 janvier 2013).

Alain René Lesage (1668-1747)

Romancier et auteur dramatique

Alain René Lesage (1668-1747) Romancier et auteur dramatique

Né à Sarzeau [1] dans le Morbihan. Il perdit de bonne heure son père qui était avocat et notaire à la cour royale de Rhuys [2]. Élevé au collège des jésuites de Vannes, et devenu orphelin à 14 ans, il fit une partie de ses classes en Bretagne. Il vint à Paris en 1692 pour continuer ses études de philosophie et de droit ; il se fit alors inscrire sur la liste des avocats au parlement. La petite fortune que lui avait laissée son père se trouva par malheur presque entièrement dissipée par son tuteur, et il se trouvait disposer de très maigres ressources.

Le 28 septembre 1694, il se maria cependant, épousant une jeune fille jolie, mais sans fortune, Marie-Elisabeth Huyard, à laquelle il resta constamment attaché, préférant la tranquillité de la vie familiale aux plaisirs et aux agitations du monde, il vécut paisiblement dans sa maison du faubourg Saint-Jacques, au milieu du cercle de ses 4 enfants, ou assis au fond de son petit jardin dans ce cabinet d’été où il écrivait Gil Blas pour la postérité.

Cependant les besoins auxquels il devait subvenir ne lui permettaient plus de suivre la profession peu fructueuse d’avocat, en même temps que son goût personnel le poussait vers la littérature. Il s’y adonna dès lors avec un succès médiocre au début, puis très éclatant. Il débuta par une traduction des Lettres galantes d’ Aristénète , le sophiste grec ; l’accueil du public ne fut pas encourageant. Mais le pauvre auteur eut sur ces entrefaites la bonne fortune de gagner l’amitié de l’abbé de Lyonne qui lui fit une petite pension de 600 livres, laquelle lui permit de chercher plus librement sa voie. En même temps, l’abbé de Lyonne, qui était passionné pour la littérature espagnole, apprit cette langue à son ami, et lui fit connaître les romans picaresques espagnols, source précieuse à laquelle Lesage devait emprunter le cadre de ses premiers romans et d’un grand nombre de ses pièces.

En 1704, il s’avisa de traduire cette suite de la première partie du Don Quichotte due à Argensola ou Aliaga et qui, parue en 1614 sous le pseudonyme d’ Avellaneda , avant la seconde partie de Don Quichotte authentique, avait inspiré tant de colère à Cervantes.

Lesage revint aussitôt au théâtre espagnol et adapta une comédie de Calderon , sous le titre de Don César des Ursins. Ce nouvel essai n’obtint pas le succès qu’en espérait l’auteur.

Il connaît le succès avec une comédie “Crispin rival de son maître” et un roman de mœurs “Le Diable boiteux”. Encouragé par le grand accueil fait au Diable boiteux, Lesage se reprit au théâtre et donna son oeuvre la plus complète dans ce genre, “Turcaret”, comédie en cinq actes, satire traitants les hommes d’argent de l’époque. Cette pièce très forte, et qui obtint un franc succès, rencontra une très vive opposition auprès des financiers qu’elle blessait au vif, et suscita mille ennuis à l’auteur. Les comédiens refusèrent même de la jouer. Il fallut l’ordre du dauphin, fils de Louis XIV, pour en obtenir la représentation, le 13 octobre 1708.

Par la suite, il se contenta de construire en quelques heures de petites pièces pour le théâtre de la Foire. Ce fut sa grande ressource pendant plus de 20 années. Il recueillit lui-même les morceaux qu’il préférait et les publia, mêlés à quelques essais d’autres auteurs, dans les 10 volumes du “Théâtre de la Foire”, parus en 1737.

C’est dans un autre genre qu’il faut chercher le plein épanouissement du talent de Lesage ; en 1715 il publia les deux premiers volumes de “Gil Blas de Santillane” qui reste son chef-d’oeuvre et l’un des plus originaux romans de la langue française. Le troisième volume de Gil Blas ne parut que 9 années après les deux premiers, en 1724, et le dernier attendit encore 11 ans. Ce long intervalle entre les différentes parties de son roman favori s’explique toujours par les difficultés que Lesage rencontrait à gagner sa vie. Il était si peu fortuné qu’il s’était fait avancer cent pistoles sur le quatrième volume de Gil Blas par le libraire Ribou, 8 années d’avance.

En 1721, il publia des traductions de l’italien, en particulier “l’Orlando innamorato de Boïardo”.

En 1732 parurent “les Aventures de Guzman d’Alfarache”, épopée réaliste imitée du romancier espagnol Aleman, puis le “Chevalier de Beauchesne”, où il conte les prouesses réelles du flibustier Beauchêne  ; un peu plus tard il donna encore “Estevanille Gonzalez”, surnommé le garçon de bonne humeur, qui est encore une imitation libre d’un roman picaresque espagnol.

Malgré ses nombreux livres, malgré l’immense succès de Gil Blas et la gloire que lui donnaient tous ses travaux littéraires, Lesage se ressentit jusqu’à la fin de la gêne qui avait aiguillonné toute sa vie et empêché peut-être de suivre librement sa voie dans le théâtre et le roman. Devenu très sourd vers l’âge de 40 ans, il avait complètement abandonné le monde pour lequel il n’avait jamais montré de goût bien accusé, et vivait constamment en famille. Il n’en sortait guère que pour aller à son café favori, rue Saint-Jacques, à Paris, où il trouvait un cercle nombreux d’admirateurs et d’amis toujours prêts à rire de ses saillies. Pour entendre ses auditeurs il se servait lui-même d’un cornet qu’il portait constamment avec lui.

Lesage mourut à la fin de 1747, et sa veuve lui survécut quelques années.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Ph. B/Imago Mundi/ Georges Lesage / Alain René Lesage

Notes

[1] Sarzeau est une commune française, chef-lieu de canton, située dans le département du Morbihan au sud de la région Bretagne. Elle se trouve sur la presqu’île de Rhuys, entre le Golfe du Morbihan et l’océan Atlantique.

[2] La presqu’île de Rhuys est située dans le département français du Morbihan. La presqu’île de Rhuys est une avancée de terre rattachée au littoral de Bretagne sud. Elle forme le golfe du Morbihan. Elle est située face aux îles de Houat et d’Hoëdic ainsi qu’à la presqu’île de Quiberon.