Fils d’un marchand de vins qui suivait la cour, il fit ses études à Paris et gagna la protection de Gaston d’Orléans, frère du roi, en lui adressant une pièce de vers à l’âge de 16 ans. Ce prince le nomma contrôleur général de sa maison, puis introducteur des ambassadeurs [1]. Le comte d’Avaux Jean-Antoine de Mesmes dont il avait été le condisciple, le mit en relation avec plusieurs personnes de la haute société. Claude d’Urre seigneur de Chaudebonne [2] l’introduisit à l’hôtel de Rambouillet [3]. Il enseigna le beau langage et les belles manières aux habitués de cet hôtel.
Quand il accompagna le duc d’Orléans, après la Journée des Dupes [4], en Lorraine, puis dans le Languedoc, les épîtres qu’il envoyait étaient un événement dans le monde des beaux esprits dont l’avait séparé la politique. Il en écrivit aussi d’Espagne, où le prince l’avait chargé d’une mission.
De retour à Paris, il fut, en 1634, un des premiers membres de l’Académie française [5], et se concilia tout à fait le cardinal de Richelieu par une lettre sur la prise de Corbie [6], qui est son chef-d’œuvre en 1636. Envoyé vers le grand-duc de Toscane en 1638 pour lui notifier la naissance du dauphin, il alla jusqu’à Rome où il s’occupa d’un procès qu’y avait Catherine de Rambouillet et fut élu membre de l’Académie des humoristes [7].
Maître d’hôtel du roi en 1639, premier commis du comte d’Avaux en 1642, aux appointements de 4 000 livres, il eut encore une pension de 1 000 écus que lui fit accorder la reine. Son revenu finit par monter à 18 000 livres. Il resta jusqu’à la fin de sa vie frivole et galant, n’ayant qu’une passion sérieuse, le jeu.
Ce courtisan, à la poésie faite de recherche, de maniérisme et de galanterie, qui ne voulut pas publier ses œuvres de son vivant, était considéré comme très habile dans les genres poétiques mineurs. Quant aux vers de bien, ils soulevèrent des querelles et des partis puissants qui semblent près de faire à son sujet une Fronde littéraire. Son “Sonnet à Uranie”, opposé à celui de “Job” par Benserade, divisa le monde en jobelins et des uranistes lors de la querelle des jobelins et des uranistes qui montra sous un nouveau jour l’humeur belliqueuse de Anne Geneviève de Bourbon Condé qui était à la tête de ses partisans.
Ce que les lettres de son époque trouvaient chez lui ingénieux, joli et charmant, peut échapper ou choquer. Il eut néanmoins une influence notable sur la poésie française. Ses œuvres ne furent réunies qu’après sa mort et furent fréquemment rééditées jusqu’en 1745.