Flavius Florentius
Fonctionnaire romain du 4ème siècle-Préfet du prétoire des Gaules-Consul en 361
Florentius apparaît en 356 lorsqu’il est nommé préfet du prétoire [1] des Gaules par l’empereur Constance II et chargé d’assister le nouveau César Julien. En fait sa mission consiste surtout à surveiller de près ce jeune prince dont Constance se méfie grandement.
En 357 il participe à la victoire d’Argentoratum [2] contre les Alamans [3]. La même année, devant les difficultés financières rencontrées par l’administration, il décide d’infliger des nouveaux impôts aux populations gauloises, pourtant déjà sévèrement ponctionnées. Mais Julien s’oppose à cette mesure avec vigueur.
Florentius fait alors appel à Constance qui tranche en sa faveur, mais l’insistance du César est telle qu’il doit reculer. Au cours de l’hiver 358-359, Florentius est impliqué dans une affaire judiciaire. Ayant protégé un fonctionnaire corrompu, il compte sur la complicité de Julien pour étouffer le scandale mais celui-ci refuse.
Le préfet du prétoire se venge en obtenant la mutation de Saloustios, l’instructeur militaire du César. Les relations entre Julien et Florentius sont dès lors exécrables.
Lorsqu’au début de 360 Constance ordonne à Julien de lui envoyer ses meilleures unités pour les transférer sur le front parthe [4], le préfet du prétoire refuse toute aide au César. Mais ce dernier est proclamé empereur quelques jours plus tard à Lutèce [5] par ses soldats. Menacé, Florentius doit quitter en catimini Vienne [6] où il résidait.
Il conserve ensuite la confiance de Constance qui le nomme préfet du prétoire d’Illyrie [7], puis consul pour l’année 361 avec Taurus. Mais l’empereur meurt peu après, ce qui consacre le succès de Julien, désormais seul empereur. Florentius doit abandonner son poste et fuir en Italie.
En 362, Julien réunit un tribunal à Chalcédoine [8] chargé de juger ses anciens ennemis. Cité à comparaître, Florentius ne s’y rend évidemment pas et est condamné à mort par contumace.
Peu après deux anciens espions de Constance, l’ayant retrouvé, viennent proposer à l’empereur de livrer l’ex-préfet en échange de leur réintégration. Julien aurait hautement repoussé ces propositions jugées infamantes.
Flavius Florentius disparaît ensuite de l’Histoire.
Notes
[1] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.
[2] La bataille d’Argentoratum du nom gaulois latinisé de Strasbourg, également connue sous le nom de bataille de Strasbourg, a été disputée en 357 entre l’armée de Empire romain d’occident dirigée par le césar Julien et la confédération tribale alamane conduite par le roi Chnodomar. La bataille décisive de Strasbourg a été le point culminant de la campagne menée par Julien en 355 et 357 visant à éliminer les incursions barbares dans la Gaule et à rétablir une ligne défensive forte le long du Rhin, ligne gravement endommagée pendant la guerre civile de 350/353 entre l’usurpateur Magnence et l’empereur Constance II. Bien que confrontés à un ennemi trois fois plus nombreux, les soldats de Julien ont remporté la victoire après une grande bataille, accusant des pertes et des souffrances négligeables, et ont rejeté les Alamans derrière le Rhin, leur infligeant de lourdes pertes. Les troupes de l’escorte de Julien, son comitatus, sont peu nombreuses mais très bien formées : la bataille a été gagnée grâce à la force et la résistance de l’infanterie romaine, qui a été en mesure de surmonter les mauvaises performances de sa cavalerie. Dans les années qui suivent sa victoire, Julien a été en mesure de réparer et de renforcer les fortes garnisons sur le Rhin et d’imposer son influence sur les tribus germaniques, au-delà de la frontière de l’Empire.
[3] Les Alamans ou Alémans étaient un ensemble de tribus germaniques établies d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe puis le long du Main, où ils furent mentionnés pour la première fois par Dion Cassius en 213. Ces peuples avaient pour point commun de rivaliser avec les Francs, sans doute à l’origine un autre regroupement d’ethnies établies plus au nord sur la rive droite du Rhin. Le royaume alaman désigne le territoire des Alamans décrit à partir de 269.
[4] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc. et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.
[5] Lutèce est la forme francisée du nom employé par les Romains Lutetia ou Lutetia Parisiorum pour désigner la ville gallo-romaine connue aujourd’hui sous le nom de Paris ainsi que son oppidum.
[6] Vienne est une commune située au sud-est de la France, au confluent du Rhône et de la Gère. Vers 730, la ville est attaquée par les Sarrazins, qui pillent la vallée du Rhône. Elle retrouve un rôle de premier plan lorsque l’Empire Carolingien se désagrège. En 844,Gérard II de Paris (beau-frère de l’empereur Lothaire 1er) reçoit le duché de Lyon qui comprend le comté de Vienne et de Lyon afin d’en assurer le commandement militaire et de repousser les raids des Sarrasins encore présents en 842 dans la région d’Arles. En août 869, à la mort de Lothaire II de Lotharingie et à la suite du traité de Meerssen qui organise sa succession, Charles le Chauve négocie avec son demi-frère Louis II le Germanique et obtient le comté de Lyon et celui de Vienne. Girart II qui avait été nommé régent du duché et du comté, refuse ce partage et entre en rébellion contre Charles le Chauve qui lui avait déjà ravi le comté de Paris. Dès lors le roi de Francie occidentale marche rapidement avec son armée sur Lyon qui ne résiste pas, puis sur Vienne, dont la défense est dirigée par Berthe, la femme de Girart. La ville fortifiée résiste pendant plusieurs mois, mais les troupes dévastent la campagne. Girart accourt et demande une capitulation honorable. Cette demande est acceptée et Girart cède alors Vienne à Charles le Chauve qui en prend possession la veille de Noël de l’an 870.. Charles le Chauve incorpore ensuite le Lyonnais et le Viennois dans son royaume, et en janvier 871 il nomme Boson (son beau-frère), gouverneur du Lyonnais et du Viennois, charge occupée jusqu’alors par Girart. Profitant de l’affaiblissement du pouvoir impérial Boson, se fait élire roi de Provence en 879 sous le titre de Boson V de Provence et installe a Vienne sa capitale.
[7] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers 1300 av. jc ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au 7ème siècle av. jc et 6ème siècle av. jc, l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[8] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur l’entrée orientale du Pont-Euxin, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). La ville turque de Kadıköy est aujourd’hui située sur l’emplacement de Chalcédoine, dans le prolongement d’Üsküdar. Elle fait partie, avec le reste du royaume de Bithynie, du legs de Nicomède IV à l’Empire romain en 74 av. jc. Elle subit l’invasion de Mithridate VI, qui est ensuite chassé par Lucullus. De nouveau dans le giron de l’Empire romain, elle redevient une ville libre. Chalcédoine accueille le quatrième concile œcuménique des chrétiens en 451. Chosroès II, roi des Perses Sassanides, assiège la ville en 602 et s’en empare pour venger le meurtre de son ami Maurice Tibère ; il menace alors directement Constantinople dirigée par Phocas. La ville revient à l’empire l’année suivante, avant d’être à nouveau assiégée (mais non prise) par les Perses en 617 et 626, puis par mer, par les Arabes, en 678 et 718.