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Achot 1er d’Ibérie dit Achot 1er le Curopalate

samedi 3 février 2024, par lucien jallamion

Achot 1er d’Ibérie dit Achot 1er le Curopalate

Prince primat d’Ibérie

Achot 1er, aussi connu sous le nom d’Achot le Grand, est regardé comme le fondateur de la dynastie géorgienne des Bagrations [1]. Son règne aurait commencé en 786, ou au plus tôt en 780 ; Achot est ainsi considéré comme le successeur direct de saint Artchil, le dernier membre de l’ancienne famille royale d’Ibérie des Chosroïdes [2]. Toutefois, la vraie date de l’accession au trône d’Achot serait plus tardive, soit lors des dernières acquisitions des terres de son père Adarnassé qui sont mentionnées par les sources après la mort d’Artchil.

Achot 1er règne initialement en tant qu’erismthawari dans une région autour de Tiflis [3], et domine tout le territoire de la Kvemo Karthlie*, du sud et du nord de la Shida Karthlie. Continuant la guerre incessante contre les Arabes, il commence par les exclure de ses domaines, mais les Agariens se vengent et le forcent à se retirer de la Karthlie [4] centrale pour rejoindre ses possessions héréditaires de Tao-Klarjéthie [5].

Reconnu en tant que prince primat d’Ibérie par la cour de Byzance [6] en 813, il reçoit le titre de curopalate [7] et s’installe lui-même dans la province déserte de Klarjéthie, où il restaure le château d’Artanoudji [8], construit 4 siècles auparavant par le roi Vakhtang 1er Gorgassali. Pour faire revivre le pays dévasté par les Arabes et les épidémies de choléra, il patronne l’établissement de la communauté monastique locale par Grigol Khandzthéli, et encourage l’arrivée des Géorgiens dans la région. Le résultat de ces opérations est donc que le centre politique et religieux de l’Ibérie est déplacé de la Karthlie centrale à la province du sud-ouest de la Géorgie de Tao-Klarjéthie.

De sa base en Klarjéthie, Achot combat durement pour recouvrir plus de terres géorgiennes occupées par les Arabes. Dans la fin des années 810, il s’allie à Théodose II d’Abkhazie afin d’arrêter l’avancée du chorévêque [9] Grigol de Kakhétie qui occupe alors une partie des domaines d’Achot dans le Shida Karthlie. Grigol, qui s’est déjà allié à l’émir de Tiflis Ismaïl ibn Chouab et aux peuples caucasiens des Mthiouls et des Tsanars, est défait par Achot lors de la bataille de Ksani. La principale conséquence de cette bataille est la restauration du pouvoir d’Achot dans la région.

En 827/828, Khalid ben Yazid, le vice-roi arabe d’Arminie [10], devient un des principaux ennemis de la principauté d’Achot. Achot 1er Bagration doit encore être vivant à cette période, et la chronique géorgienne de Soumbat, qui dit qu’Achot est assassiné en 826, est probablement fausse. Il est plus probable que l’événement se soit produit 4 ans plus tard, en 830. Achot est enterré dans l’église des Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul qu’il a fait construire à Artanoudji. Il est canonisé par l’Église orthodoxe de Géorgie.

Selon Cyrille Toumanoff , Achot 1er Bagration a 4 enfants d’une épouse inconnue.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au xixe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, 1990

Notes

[1] La dynastie Bagratide, Bagratouni est une famille royale dont les branches dirigèrent de nombreux royaumes régionaux tels que les territoires arméniens de Ani, Lorri, Kars, Taron, et Tayk, ainsi que diverses principautés du royaume de Géorgie et dont les derniers membres s’illustrèrent dans l’histoire de l’Empire russe.

[2] Les Chosroïdes sont les membres d’une dynastie de rois puis de prince-primats d’Ibérie et qui régnèrent à l’origine du 4ème au 9ème siècle dans la région connue ensuite sous le nom de Karthli. D’origine iranienne, les Chosroïdes sont sans doute une lignée issue de la maison de Mihran. La dynastie se convertit au christianisme vers 337 et tente de maintenir un certain degré d’indépendance entre l’Empire byzantin et les Sassanides. Après l’abolition de la monarchie d’Ibérie par les Sassanides vers 580, la dynastie se maintient en deux lignées princières rivales parfois en compétition, la branche aînée dites les « Chosroïdes » et la cadette les « Gouaramides », jusqu’au début du 9ème siècle, lorsque la succession du trône d’Ibérie revient à la lignée arménienne des Bagratides.

[3] Tbilissi est la plus grande ville et la capitale de la République de Géorgie. S’étendant sur les rives de la rivière Koura, son nom dérive de l’ancien géorgien Tp’ilisi. Appelée traditionnellement Tiflis dans la plupart des langues Fondée au 5ème siècle de notre ère par le roi d’Ibérie Vakhtang Gorgassali, elle devint la capitale du royaume de Géorgie orientale ou Ibérie au 6ème siècle et se transforma bientôt en une grande ville de commerce, riche de culture. À partir de 570/580, les Perses prennent Tbilissi et y règnent pour environ une décennie. En 627, elle est prise et saccagée par les armées byzantines et khazares. Vers 737, les Arabes entrent dans la ville sous le commandement de Marwan al-J`adîy al-Himâr et établissent un émirat dans la région avec pour capitale Tbilissi. En 764, la ville est à nouveau prise par les Khazars mais reste sous domination arabe. En 853, les armées du général arabe Boughba le Turc envahissent Tbilissi dans le but d’établir une domination abbasside dans le Caucase. La domination arabe sur Tbilissi continue ainsi jusque dans les années 1050, les Géorgiens y résidant ne pouvant se révolter. En 1068, la ville est encore une fois saccagée, cette fois par les Seldjoukides sous le sultan Alp Arslan.

[4] Le Karthli, quelquefois Karthlie, ou encore la Kartalinie, est une région historique de la Géorgie. Vaste et peuplée, elle comprend la capitale, Tbilissi. Elle a pour bornes le Caucase au nord, la Kakhétie à l’est, l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sud, la Turquie et le Samtskhe-Djavakheti au sud-est, et l’Iméréthie à l’ouest.

[5] Les principautés de Tao et de Klarjéthie ont été constituées dans le sud-ouest de l’Ibérie par un rameau de la dynastie des princes bagratides d’Arménie. Ils reçurent de l’empereur de Byzance le titre de Curopalate et jouèrent un rôle prépondérant dans la formation du royaume unifié de Géorgie

[6] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[7] La dignité de curopalate fut d’abord une fonction de la cour impériale byzantine avant de devenir l’un des titres les plus prestigieux du 6ème au 12ème siècle. Réservée aux membres de la famille impériale et à divers rois et princes du Caucase, elle finit par se déprécier et être reléguée à la fin des listes de préséance avant de tomber en désuétude sous les Paléologues. L’épouse d’un curopalate portait le titre de kouropalatissa.

[8] aujourd’hui Ardanuç, dans le nord de la Turquie

[9] Nom masculin, du latin chorepiscopus, chorévêque signifie littéralement « évêque de la campagne ». Apparu dès les premiers siècles de l’ère chrétienne en Orient et 4ème et 5ème siècles en Occident, le chorévêque exerce dans les zones rurales les fonctions de l’évêque dont il dépend et qui siège toujours en ville. Alors qu’elle a disparu en Occident dès les 11ème et 12ème siècles, la dignité de chorévêque est aujourd’hui encore conférée, le plus souvent à titre honorifique, dans les Églises chrétiennes orientales unies ou non à l’Église catholique romaine.

[10] Arménie