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Hajj Mohammad Temim Attitouani dit Mohammad Temim

mardi 12 septembre 2023, par lucien jallamion

Hajj Mohammad Temim Attitouani dit Mohammad Temim

Pacha de Tétouan puis de Salé-Ambassadeur du sultan Moulay Ismail en France en septembre 1681

En juin 1681, Jean Bart capture 103 Marocains sur un navire salétin [1] puis le chevalier de Béthune François-Annibal de Béthune prend un équipage de 125 Marocains. Ils sont envoyés aux galères de Marseille. Un mois plus tard un traité est signé à la Mamora [2] entre le Maroc et la France, contre l’Angleterre et l’Espagne, qui ne sera pas ratifié par Louis XIV en raison de la persistance de la course salétine.

Le 28 août 1681, Charles Colbert de Croissy adresse une lettre à Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre , le secrétaire d’État désavoue son agent. Louis XIV refuse de ratifier le traité du 13 juillet. La France ne désire pas la venue d’un ambassadeur marocain.

Le 21 septembre 1681, le gouverneur de Tétouan [3], Temim, s’embarque à Tahaddert, l’avant-port de Tétouan, sur le navire du chevalier Le Febvre de La Barre, pour la France. Arrivé à Brest le 7 octobre après avoir rencontré des obstacles à Lisbonne [4], sur son chemin vers Paris, ce qui fait que son voyage dura 3 mois et 10 jours, il est finalement reçu par Louis XIV au château de Saint-Germain-en-Laye le 4 janvier 1681, cependant le roi de France veut renégocier un nouvel accord avec l’envoyé de Moulay Ismael pour remplacer celui de juillet 1681.

Mohammad Temim était accompagné par Ali Maâninou, ainsi que de 6 autres légats. Ils ont visité Paris en 1682.

Le 29 janvier 1682, après des négociations avec les ministres Charles Colbert de Croissy et Jean-Baptiste Colbert de Seignelay , un traité commercial est signé entre les deux parties ; cette trêve est composée de 20 articles.

Il a pu explorer de nombreux aspects de la vie intellectuelle et artistique française. Il a assisté à une représentation de l’opéra “Atys” de Jean-Baptiste Lully. Il a également visité Notre-Dame de Paris, où il a assisté à un concert d’orgue. Mohammad Temin a montré un grand intérêt dans les arts et les sciences. À son retour, il a reçu de beaux cadeaux d’adieu de Louis XIV.

L’ambassadeur marocain Temim offre à Louis XIV un lion, une lionne, une tigresse et 4 autruches et repart avec des lustres, des fusils, des pendules et des montre.

Il regagne Tétouan le 22 mars 1682.

Louis XIV nomme Saint-Amans dit François Pétis de La Croix ambassadeur au Maroc, il doit obtenir du sultan Moulay Ismaïl le respect du traité du 29 janvier. “Le Vaillant” arrive à Tahaddert, l’avant-port de Tétouan. Les Marocains tirent 3 coups de canon pour saluer l’arrivée de l’ambassadeur français qui est accueilli par le gouverneur Temim. L’ambassade française sera conduite à Meknès [5] auprès du sultan Moulay Ismaïl qui ordonne la renégociation d’un accord, Saint-Amans refuse.

En février 1683, à Tétouan, François Pétis de La Croix reçoit une lettre de Moulay Ismaïl destinée à Louis XIV, ainsi que 20 esclaves français libérés par le sultan : il regrette que le roi français n’ait pas envoyé de captifs marocains avec son ambassadeur. Il propose l’échange d’esclaves tête pour tête. Le roi de France répond par lettre au sultan marocain, il s’en tient au traité du 29 janvier 1682 qui prévoit à l’article 7 le rachat des esclaves.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Abdelaziz Riziki Mohamed, La diplomatie en terre d’Islam, Editions L’Harmattan,‎ 2005

Notes

[1] Salé est une ville du Maroc, chef-lieu de la préfecture de Salé, au sein de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Elle est située au bord de l’océan Atlantique, sur la rive droite (nord) de l’embouchure du Bouregreg, en face de la capitale nationale Rabat.

[2] La Mamora (ou Maâmora) est une région naturelle du Maroc dont l’unité se définit selon deux points de vue scientifiques : une unité géologique-géomorphologique et une unité botanique (la plus grande forêt de chênes-lièges du Maroc et peut-être au monde).

[3] Tétouan est une ville du Maroc, située dans le nord du pays, dans le Rif occidental, aussi appelé pays Jbala. La ville est située à environ 60 km au sud-est de la ville de Tanger et à proximité du détroit de Gibraltar, dans une vallée (la cluse de Tétouan) creusée par l’oued Mhannech dans les montagnes de la chaîne calcaire du Rif au nord et au sud. Tétouan est considérée comme "la ville la plus andalouse du Maroc". De par son histoire et sa situation géographique celle-ci a toujours eu un lien très fort avec l’Espagne et l’Andalousie en particulier.

[4] Lisbonne est la capitale et la plus grande ville du Portugal. Lisbonne est prise par les Maures vers 719 et est rebaptisée al-ʾIšbūnah, sous le gouvernement desquels la ville prospère. Les Maures, qui étaient des musulmans du nord de l’Afrique et du Proche-Orient, construisent plusieurs mosquées, des habitations et les murailles de la ville, actuellement appelées Cerca Moura. La ville abrite une population mélangée de chrétiens, de berbères, d’arabes, de juifs et de saqālibas. L’arabe est imposé comme langue officielle. Le mozarabe reste parlée par la population chrétienne. L’islam est la religion officielle, pratiquée par les Maures et les muladís, alors que chrétiens et juifs peuvent pratiquer leur religion, en qualité de dhimmis’, à condition d’acquitter la djizîa.

[5] Meknès est une ville du nord-est du Maroc fondée en 711 par la tribu des Meknassa, dont est issu son nom. Elle est le chef-lieu de la région administrative de Meknès-Tafilalet, dans le Nord du pays. C’est l’une des quatre villes impériales du Maroc et la troisième plus grande ville du royaume. Elle fut la capitale du Maroc durant le règne de Moulay Ismaïl.