Né à Bari [1], il est le troisième grand amiral du royaume normand de Sicile [2] sous le règne du roi Guillaume 1er. En tant qu’Ammiratus Ammiratorum [3], il fut de 1154 à 1160, l’un des personnages les plus puissants du royaume.
Les origines de Maion de Bari sont obscures. Selon certains historiens, il appartenait à une famille bourgeoise d’origine grecque, tandis que pour d’autres il était d’origine latine.
Maion est le fils d’un certain Léon de Reiza marchand d’huile à Bari et de Curaza. Néanmoins Léon de Reiza fut un personnage assez important à Bari où il exerçait la fonction de juge entre 1119 et 1155.
Maion, qu’on sait assez cultivé, dut recevoir une éducation fort complète. S’intéressant aux choses de l’esprit et se piquant d’écrire, il composa pour son fils une Expositio orationis Dominicae [4], et demanda au lettré Henricus Aristippus dit Henri Aristippe, archidiacre [5] de Catane [6], de traduire le philosophe grec Diogène Laërce.
Sous le règne du roi Roger II de Sicile de 1130 à 1154, Maion de Bari entre en fonction dans les bureaux de la chancellerie royale. En 1144, il est mentionné comme scrinarius( [7] puis, gagnant les faveurs du roi, il est nommé vicecancellarius [8] en 1151. Peu après, à une date inconnue, il est nommé cancellarius [9] par le roi Roger II. En juin 1154, sous le règne du roi Guillaume 1er de Sicile, on le trouve revêtu de la dignité d’Émir des Émirs du royaume, succédant à Georges d’Antioche .
Étienne, frère de Maion, joua à la même époque un rôle important dans le royaume, occupant notamment le poste de catépan [10] d’Apulie [11] et obtenant le titre d’amiratus [12]. Son beau-frère, Simon le Sénéchal occupa la fonction de maître justicier d’Apulie et de la Terre de Labour [13].
Devenu le personnage le plus puissant du royaume normanno-sicilien après un roi oisif, aimant peu se montrer en public et vivant retiré dans ses palais, il met en place une politique basée sur la machination et la tromperie pour réprimer l’autonomie des barons principalement ceux du continent qui s’opposent à la centralisation du pouvoir palermitain et qui le haïssent.
Maion avait notamment éloigné les nobles du gouvernement, préférant s’appuyer sur la classe dont il était sorti, tout en confiant à divers membres de sa famille des charges importantes. Cette politique est telle qu’elle déchaîne une violente révolte d’une grande partie de l’aristocratie du royaume, semant de graves troubles dans le royaume, principalement en Apulie et en Terre de Labour.
En 1155/1156 déjà, les barons, soutenus notamment par le pape Adrien IV, hostile au roi Guillaume 1er, se révoltèrent mais furent durement réprimés. L’un des chefs des barons révoltés, le comte Godefroi de Montescaglioso [14], oncle de Tancrède de Lecce , futur roi de Sicile, qui cherchait à éliminer Maion et le roi Guillaume 1er lui-même, eut les yeux arrachés en 1156. Maion fit arrêter les femmes et les filles des rebelles et les fit enfermer dans son harem. Quelques années plus tard, plusieurs nobles complotèrent de nouveau contre lui.
Maion est assassiné dans Palerme [15] le 10 novembre 1160 par Mathieu Bonnel, l’un des chefs des conjurés.
La foule, témoignant sa joie, vient se presser autour de son corps ensanglanté ; le cadavre du grand émir, jeté au milieu de la rue, sera piétiné et traîné dans la ville.