Il est né à Presles [1], si l’on n’a conservé aucun élément pouvant éclairer son apprentissage musical et ses débuts, on s’accorde à dire qu’il travailla auprès de Nicolas Lebègue , organiste [2] de Saint-Merri [3] et de la Chapelle royale, expert reconnu en facture d’orgue et excellent claveciniste [4].
Dornel semble avoir assidûment fréquenté la demeure de ce grand personnage qui aimait à réunir autour de lui ses élèves, des compositeurs, des organiers, des facteurs de clavecins, des éditeurs. Dornel sollicita également les conseils de l’organiste Chauvet à qui il dédie d’ailleurs, en 1713, un livre de Sonates en trio pour les flûtes allemandes, violons, hautbois.
La première mention de l’activité organistique de Dornel, apparaît lorsqu’il est nommé titulaire des orgues de l’église Sainte Marie Madeleine en la Cité [5] dès 1706 en lieu et place de Rameau qui, choisi par le jury, refuse finalement le poste.
Il y succède à François d’Agincourt appelé à la cathédrale de Rouen. Le concours met d’ailleurs à contribution des gens d’honneur et de probité, face à un jury composé de Nicolas Gigault , alors organiste de Saint Nicolas des Champs [6], Jean-François Dandrieu, titulaire de celles de Saint-Merry ainsi que de Claude Rachel de Montalan, organiste de l’église Saint-André-des-Arts [7].
L’année suivante, Dornel publie sa première œuvre, un Livre de symphonies, dédié à M. de Lubert, président aux Enquêtes du Parlement, volume suivi en 1711 par des Sonates à violon seul et suites pour la flûte traversière avec la basse, dédicacées à Anne Élisabeth Bouret, claveciniste et élève de François Couperin, puis en 1713 par le recueil de Sonates en trio, dédié à l’organiste Chauvet.
Pendant quelque temps, malgré le contrat qui le lie à Sainte-Madeleine, Dornel touche l’orgue de l’église Sainte-Geneviève-des-Ardents [8], dans l’île de la Cité, poste auquel il renonce en 1714, pour être aussitôt remplacé par Jean Bessart.
En 1716, Dornel abandonne l’orgue de La Madeleine-en-la-Cité. C’est qu’à cette époque, il suppléait déjà à l’abbaye Sainte-Geneviève l’organiste André Raison qui tenait l’orgue depuis 50 ans, et auquel il succède d’ailleurs en 1719. Dornel quitte l’île de la Cité pour la Montagne Sainte-Geneviève [9], l’un des carrefours intellectuels du moment. L’orgue étant en piteux état, Dornel décide de s’associer, en 1732, à Nicolas Gilles Forqueray, organiste des Saints-Innocents [10] et neveu de Michel Forqueray, afin d’expertiser l’instrument et dresser un état des réparations à effectuer. En cette même année, on baptise de nouvelles cloches à Sainte-Geneviève, sous la direction musicale de Dornel.
En 1723, Dornel avait donné un volume de Concerts de symphonies, dédié au Concert des Mélophilètes [11], puis en 1725, il avait succédé à Jean-Baptiste Drouart Du Bousset, maître de musique du roi pour les académies françaises [12] et des inscriptions [13].
Cette nouvelle charge impose à Dornel de faire exécuter chaque année dans la chapelle du Louvre, à l’occasion de la Saint-Louis, un motet de sa composition. Certaines de ces compositions furent également exécutées au Concert Spirituel où, en 1731, on applaudit notamment son Domine Dominus noster. On ignore pourquoi, après 17 années de service, Dornel est mis à pied en 1742 et aussitôt remplacé par François Rebel , inspecteur général de l’Opéra.
Il est probable que Dornel, protégé un temps par Philippe d’Orléans le duc d’Orléans qui venait subitement de déclarer ne prendre plus aucun intérêt à cette affaire, fut victime de quelque intrigue ou de la jalousie de rivaux malveillants.
En 1748, Dornel rejoignit l’île de la Cité en qualité d’organiste de l’église Saint-Germain-le-Vieil [14], poste dont il démissionna le 8 juillet 1757 en raison de son âge.
Il cédait sa place à son neveu Louis-Claude Gouffé qui le suppléait déjà depuis plusieurs années, et venait de refermer les pages de son unique Livre d’orgue dont le manuscrit autographe, daté de 1756, réunit à l’évidence des pièces plus anciennes.
Au-delà, on perd la trace de Dornel. On ne connaît pas la date exacte de la mort de cet organiste discret.