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Ismaïl ibn Ahmad dit Ismaïl 1er (Samanides)

jeudi 10 février 2022, par ljallamion

Ismaïl ibn Ahmad dit Ismaïl 1er (Samanides) (mort en 907)

Émir perse samanide de la Transoxiane de 892 à 907 et du Khorassan de 900 à 907

Son règne voit l’émergence des Samanides [1] comme une puissante force. Il était le fils d’ Ahmad ibn Asad dit Ahmad 1er .

Durant le règne de son frère Nasr 1er , Ismaïl est envoyé prendre la ville de Boukhara [2] qui vient d’être ravagée par les troupes du Khârezm [3]. Les habitants de la ville accueillent Ismaïl à bras ouvert, voyant en lui quelqu’un qui pourrait leur apporter la stabilité.

Peu de temps après, un désaccord sur le lieu où doit être distribué l’argent des taxes entraîne une brouille entre les deux frères. Une guerre s’ensuit, à l’issue de laquelle Ismaïl est victorieux. Bien qu’il se soit effectivement emparé de l’État, il ne renverse pas formellement son frère, et préfère rester à Boukhara.

Il ne le fait pas car Nasr est la seule personne à laquelle le calife [4] de Bagdad [5] ait donné une investiture formelle sur la Transoxiane [6]. Pour le calife, Nasr est le seul dirigeant légitime de la région. De plus, les Saffarides [7] du Sistan [8] ont des vues sur la Transoxiane ; le renversement de Nasr aurait permis au Saffarides d’avoir un prétexte pour une invasion. Ismaïl continue par conséquent de reconnaître formellement Nasr en tant que dirigeant jusqu’à sa mort tardive en août 892, date à laquelle il prend officiellement le pouvoir.

Ismail est actif au nord et à l’est, étendant progressivement l’influence samanide. En 893, il prend la ville de Talas [9], capitale des Turcs Qarluq. C’est probablement cette même année qu’il met fin à la dynastie Ustrushana. Sous son règne, il soumet plusieurs États régionaux à l’Est, en en incorporant directement plusieurs dans les frontières de son État et en retenant les dirigeants locaux des autres en tant que vassaux.

Le Khârezm du nord est découpé, le sud reste autonome sous l’autorité de ses dirigeants afrigides, tandis que le nord est gouverné par un gouverneur nommé par les Samanides. Une autre campagne en 903 sécurise plus tard les frontières samanides. Ces campagnes gardent le cœur de l’État à l’abri des raids ennemis notamment turcs, et permet aux missionnaires musulmans d’étendre leurs activités dans la région.

Même après la mort de Nasr, le calife ne reconnaît pas officiellement son rôle à Boukhara. En conséquence, le dirigeant saffâride Amr-i Laith Saffari demande lui-même au calife l’investiture en Transoxiane. Al-Mutadid , qui espère secrètement qu’un conflit entre les Samanides et les Saffârides aura pour conséquence la destruction des deux, lui accorde cette requête en 898. Amr marche vers le nord avec son armée. Les deux parties se battent, le plus souvent au sud de l’Oxus [10], jusqu’au printemps 900 où Amr est capturé par les Samanides. Ismail veut le rançonner avec les Saffârides, mais ceux-ci refusent. Il envoie donc Amr au calife, qui investit alors d’autorité Ismaïl, émir du Khorassan [11], du Tabaristan [12], de la ville de Ray [13] et d’Ispahan [14].

Ismail décide de prendre possession des territoires accordés par le calife en envoyant une armée au Tabaristan, qui était alors gouverné par le Ziyaride [15] Mohammad ibn Zaïd. L’armée samanide défait et tue Mohammad, mais le général d’Ismail, Mohammad ibn Haroun, se révolte. En 901, Ismaïl mène une armée au Tabaristan, forçant Muhammad à fuir au Daylam [16]. Les Samanides prennent alors la région.

Bien qu’Ismaïl continue à envoyer des présents au calife, de coutume, il ne paiera jamais ni de tributs, ni de taxes. Il décidait de façon indépendante, bien qu’il ne prît jamais un titre plus élevé que celui d’émir [17].

Après une longue maladie, Ismaïl meurt en 907 et son fils Ahmad lui succède.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de R. N. Frye (1975). The Cambridge History of Iran, Volume Four : From the Arab Invasion to the Saljuqs. (ISBN 0-521-20093-8)

Notes

[1] Les Samanides sont une dynastie iranienne qui reprend le pouvoir après la conquête arabe

[2] Boukhara est une ville d’Ouzbékistan, située au centre-sud du pays. C’est la capitale de la province de Boukhara.

[3] Le Khwarezm également appelé Chorasmie antique, est une région historique située au sud de la mer d’Aral, principalement dans l’actuel Ouzbékistan, une plus petite partie en Turkménistan ; elle a parfois été autrefois incluse dans le Grand Iran.

[4] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[5] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[6] La Transoxiane est l’ancien nom d’une partie de l’Asie centrale située au-delà du fleuve Oxus (actuel Amou-Daria). Elle correspond approximativement à l’Ouzbékistan moderne et au sud-ouest du Kazakhstan. Géographiquement, il s’agit de la région située entre les fleuves Oxus et Syr-Daria. L’utilisation de ce terme de nos jours implique généralement que l’on parle de la région à une époque antérieure au 8ème siècle. Cependant le terme est resté en usage parmi les historiens occidentaux plusieurs siècles après.

[7] La dynastie des Saffarides de Perse gouverna un éphémère empire centré sur le Seistan, une région frontalière entre l’Afghanistan et l’Iran actuels, entre 861 et 1003. La capitale des Saffarides était située à Zarandj dans l’actuel Afghanistan. La dynastie fut fondée par Ya`qûb ben Layth as-Saffâr, un homme d’origine modeste qui commença obscurément sa vie comme chaudronnier dans l’est de l’Iran, d’où son qualificatif qui donna son nom à la dynastie. Avec une armée composée à l’origine de milices plus ou moins contrôlées, majoritairement sunnites mais avec de nombreux kharidjites venus de Perse, battus et pourchassés par les gouverneurs omeyyades, Ya’kûb prit le contrôle de la région du Seistan, conquérant ensuite la plus grande partie de l’Iran actuel en utilisant cette région comme base de ses conquêtes. En 871, venant de Balkh, Ya’kûb ravage les temples bouddhistes de Bâmiyân avant de conquérir Kaboul et d’en chasser les Turki Shahis. Dès lors, ces territoires, jusque-là voués au bouddhisme, vont progressivement se convertir à l’islam. À sa mort, il avait conquis le Khorassan (mettant ainsi un terme à la dynastie régionale des Tahirides) ainsi que des parties du nord de l’Inde et de l’ouest de l’Iran, atteignant presque Bagdad. L’empire saffaride ne survécut guère à la mort de Ya`qûb.

[8] une région frontalière entre l’Afghanistan et l’Iran actuels

[9] Talas est une ville du Kirghizistan et le centre administratif de la province de Talas.

[10] actuelle Aï Khanoum en Afghanistan

[11] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran. Dans sa longue histoire le Khorassan a connu de nombreux conquérants : Grecs, Arabes, Turcs, Mongols, etc.

[12] Le Tabarestan est une région ancienne d’Iran. Elle s’étendait du sud et sud-est de la mer Caspienne sur un territoire de 500 km de long sur 70 km de large. Elle correspond aux provinces actuelles de Mazandéran, Gilan, Golestan et au nord de la province Semnan ainsi qu’une petite région du Turkménistan

[13] Rayy, Ray ou Rey actuellement Chahr-e-Rey, autrefois Ragâ dans l’Avesta, Ragès dans la Bible sous Alexandre le Grand puis Europos pour les Séleucides et nommée ensuite Arsacia par les Parthes arsacides. Ville de la province de Téhéran, située à 10 km au sud de la ville de Téhéran dans le district de Shahrak-e Rah-Ahan du district.

[14] Ispahan ou Isfahan est une ville d’Iran, capitale de la province d’Ispahan. Elle est située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Téhéran. Ispahan a été capitale de l’empire perse sous la dynastie des Safavides entre le 16ème siècle et le 18ème siècle.

[15] Les Ziyarides (ou Zeyarides) étaient une dynastie persane qui gouverna les provinces caspiennes de Gourgan et de Mazandaran de 927 à 1090 environ (région aussi appelée Tabaristan). Le fondateur de la dynastie était Mardâvij ben Ziyâr, qui profita d’une rébellion dans l’armée des Samanides d’Iran pour prendre le pouvoir dans le nord de Iran. Il agrandit rapidement son domaine et conquit les villes de Hamadan et Ispahan.

[16] Les Daylamites ou Dailamites était un peuple iranien habitant le Daylam, région montagneuse du nord de l’Iran actuel, au sud de la mer Caspienne. Sous l’empire Sassanides, ils étaient souvent employés comme soldats, ils ont longtemps résisté à la conquête musulmane de la Perse. Dans les années 930, les Daylamites de la dynastie Bouyides ont contrôlé la plus grande partie de l’Iran d’aujourd’hui, ceci jusqu’à la conquête Seldjoukides à la fin du 11ème siècle.

[17] Émir est un titre de noblesse utilisé dans le monde musulman. En arabe, amīr est celui qui donne des ordres, mot lui-même dérivé du verbe āmara (commander).