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Muhammad ibn Ja`far al-Mutawakkil dit Al-Mutazz

jeudi 10 février 2022, par ljallamion

Muhammad ibn Ja`far al-Mutawakkil dit Al-Mutazz (847-869)

Second fils de Ja`far al-Mutawakkil né à Samarra [1] d’une mère esclave grecque surnommée Qabîha. Il a succédé à son cousin Al-Mustain comme calife [2] abbasside [3] en 866 après l’avoir fait abdiquer et exécuter.

Il fut assassiné dans son bain en 869. Son cousin Al-Muhtadi lui a succédé.

À la mort de son frère parricide Al-Muntasir, les vizirs [4] turcs devenus les véritables maîtres de l’empire abbasside, lui avaient préféré son cousin Al-Mustain. C’est au cours d’une révolte à Bagdad [5] que les Turcs sont allés rechercher Al-Mutazz pour le mettre sur le trône en 866.

À Samarra chaque parti jalousait l’autre. Les Turcs, les plus nombreux s’opposaient à ceux de l’Ouest : Berbères [6] et Maures [7] tandis que les Arabes et les Persans les haïssaient tous en bloc. Al-Mutazz n’était ainsi entouré que de gens prêts à comploter les uns contre les autres et contre lui.

Al-Mustain avait été déposé et était supposé trouver refuge à Médine [8]. Au lieu de cela il a été retenu à Wâsit [9]. Il fut emmené par Ahmad ibn Tulun chez un meurtrier qui se chargea de l’assassiner en compagnie de son épouse. Al-Mutazz a donné 500 pièces d’or comme récompense au meurtrier.

Après avoir fait exécuter Al-Mustain, il a fait tuer son frère figurant comme prochain héritier du trône. Il a fait emprisonner Abu Ahmed, un de ses autres frères, qui l’avait soutenu avec bravoure au cours des derniers combats à son côté. Al-Mustain envisageait de le tuer, mais il mourut de mort naturelle.

Bogha et Wasif, les deux chefs turcs ont été rayés des listes civiles au lieu de recevoir des remerciements. Leurs vies fut épargnées. Ils sont repartis avec leurs familles vers Samarra.

Bogha revient à Bagdad en position de favori du calife. Les dépenses de la cour épuisaient les réserves et les soldats ne recevaient qu’une maigre solde. À Bagdad, les gardes se sont mutinés, réclamant leur dû.

Le gouverneur de Bagdad écrivit à Al-Mutazz pour obtenir une avance. Au lieu de cela, Al-Mutazz envoya les troupes turques en lui demandant de les payer lui-même.

Néanmoins la révolte s’est poursuivie, le peuple refusa que l’on prononce le nom du calife lors de la prière. Avant que cette révolte soit réprimée le calife avait fait brûler un des ponts et incendier le souk pour maintenir les rebelles à distance en 866.

L’année suivante, les Turcs, les Berbères et les Persans se sont rués sur le palais du gouverneur pour se payer eux-mêmes. Ils n’ont rien trouvé que des caisses vides.

Wasif avait promis aux insurgés d’intervenir en leur faveur auprès du calife. En chemin, il a été pris par des soldats en révolte. Il fut taillé en pièces et son crâne brûlé dans une cheminée.

Bogha essayait de convaincre Al-Mutazz de quitter Samarra et de s’installer à Bagdad. Les courtisans laissaient entendre que c’était un piège. Il a été décapité.

Baykibal a succédé à Bogha. Il avait la charge de gouverner l’Égypte. Appelé à la cour il désigna Ahmad ibn Tulun pour le représenter.

Le père d’Ahmad ibn Tulun avait été pris comme esclave dans la Ferghana et était devenu un militaire professionnel à Samarra. Ahmed a été éduqué à Samarra et ses qualités le firent remarquer par Al-Mustain. Baykibal en le nommant comme son représentant en Égypte lui a donné l’occasion de prendre son indépendance à l’égard de Bagdad et de fonder la dynastie Tulunide en 868.

La politique extérieure d’Al-Mutazz est aussi mauvaise que sa politique intérieure.

Les Tâhirides [10], censés représenter le calife au Khorasan [11], étaient sur le déclin. Ya’kub bin Layth as-Saffâr devint un seigneur de guerre et prit le contrôle du Sistan [12], conquérant ensuite la plus grande partie de l’Iran actuel en utilisant cette région comme base d’une expansion agressive vers l’est et l’ouest aux dépens des Tâhirides.

Le salaire de l’armée n’était pas versé, les caisses de l’état étaient de nouveau vides. Salih, le fils de Wasif, a saisi les secrétaires personnels d’Al-Mutazz et les ministres. Il a exigé l’argent détourné ou caché par eux. Puisqu’il n’y avait pas de réponse et un trésor vide, ils ont été mis aux fers. Le calife a demandé aux insurgés de libérer son secrétaire personnel, mais ils étaient sourds à sa supplication.

Les comptes des ministres furent saisis, mais rien n’a pu en être retiré. Retournant au calife, ils ont déclaré qu’il devait 50 000 pièces d’or. Acculé, Mutazz fit appel à sa mère, Qabîha. Ses arts et son influence lui avaient permis d’accumuler de vastes trésors, amassé dans des endroits secrets. Elle refusa de donner son aide.

Salih et Musa fils de Bogha avec l’aide de Baykibal sont conduits à organiser la déchéance d’Al-Mutazz. Entourés d’une foule tumultueuse, ils se sont assis devant les portes du Palais demandant au calife d’en sortir. Le calife les fit entrer sans se méfier. Ils sont entrés, ils ont battu le calife à coups de bâtons et à coups de pieds, le traînant à l’extérieur. Puis il a été emprisonné 3 jours sans boire ni manger de sorte qu’il en est mort à l’âge de 34 ans en 869.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Al-Mu’tazz »

Notes

[1] Sāmarrā est une ville d’Irak. Son nom est l’abréviation de l’arabe signifiant « celui qui l’aperçoit est heureux », nom que lui avait donné le calife abbasside Al-Mutasim. Elle se situe sur la rive est du Tigre dans la province de Salah ad-Din, à 125 km au nord de Bagdad. Sāmarrā était autrefois l’une des plus grandes villes de Mésopotamie. La ville pré-islamique a été remplacée par une nouvelle ville en 833 par le calife abbasside Al-Mutasim, afin d’y installer ses mercenaires turcs recrutés la même année lors de son accession au califat. Écartée de Bagdad où elle molestait la population locale, la nouvelle garde du calife y vécut en véritable micro-société et Samarra devint alors la nouvelle capitale du monde musulman. Durant le règne de son successeur Al-Wathiq et davantage sous celui du calife Al-Mutawakkil, Sāmarrā se transforme en une ville commerciale. Ce dernier a été le garant de la construction de la Grande Mosquée de Sāmarrā en 847 avec son célèbre minaret en spirale.

[2] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[3] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[4] Le mot persan vizir, désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).

[5] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[6] Les Berbères sont les membres d’un groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord. Connus dans l’Antiquité sous le nom de Libyens, les Berbères ont porté différents noms durant l’histoire, tels que Mazices, Maures, Numides, Gétules, Garamantes et autres. Ils sont répartis dans une zone s’étendant de l’océan Atlantique à l’oasis de Siwa en Égypte, et de la mer Méditerranée au fleuve Niger en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, la majeure partie des Berbères vit en Afrique du Nord : on les retrouve au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Niger, au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso, en Égypte, mais aussi aux Îles Canaries. De grandes diasporas vivent en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, au Canada et dans d’autres pays d’Europe

[7] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.

[8] Médine est une ville d’Arabie saoudite, capitale de la province de Médine, située dans le Hedjaz. C’est là que vint s’installer en 622 à l’hégire le prophète de l’islam, Mahomet, après qu’il eut, selon le Coran, reçu l’ordre de Dieu de quitter La Mecque, ville distante de plus de 430 km. C’est aussi là qu’il mourut et fut enterré en 632. La ville abrite son tombeau dans la Masjid An Nabawi (mosquée du Prophète) ainsi que les premiers califes Abou Bakr et Omar, les autres personnes importantes de l’islam restant au cimetière Al-Baqi.

[9] Wasit est le nom d’un site archéologique d’Irak. Elle a été nommée ainsi par son fondateur car elle est à mi-chemin de Bassora et Bagdad sur la rive gauche du Tigre. La ville de Wâsit a été fondée par Al-Hajjaj ben Yusef en 702 pour être sa résidence lui permettant de contrôler la frontière avec la Perse.

[10] Les Tahirides sont une dynastie ayant gouverné le Khorassan de 820 à 872. Au 9ème siècle, le conflit opposant le calife Al-Amîn à son frère Al-Ma’mûn provoque l’affaiblissement de l’empire abbasside, dans lequel se trouvent opposés les Arabes et les Iraniens (Ces derniers aspirent à retrouver une autonomie politique).

[11] Le Khorassan (également orthographié Khorasan, Chorasan ou Khurasan) est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran.

[12] une région frontalière entre l’Afghanistan et l’Iran actuels