Second fils de Ja`far al-Mutawakkil né à Samarra [1] d’une mère esclave grecque surnommée Qabîha. Il a succédé à son cousin Al-Mustain comme calife [2] abbasside [3] en 866 après l’avoir fait abdiquer et exécuter.
Il fut assassiné dans son bain en 869. Son cousin Al-Muhtadi lui a succédé.
À la mort de son frère parricide Al-Muntasir, les vizirs [4] turcs devenus les véritables maîtres de l’empire abbasside, lui avaient préféré son cousin Al-Mustain. C’est au cours d’une révolte à Bagdad [5] que les Turcs sont allés rechercher Al-Mutazz pour le mettre sur le trône en 866.
À Samarra chaque parti jalousait l’autre. Les Turcs, les plus nombreux s’opposaient à ceux de l’Ouest : Berbères [6] et Maures [7] tandis que les Arabes et les Persans les haïssaient tous en bloc. Al-Mutazz n’était ainsi entouré que de gens prêts à comploter les uns contre les autres et contre lui.
Al-Mustain avait été déposé et était supposé trouver refuge à Médine [8]. Au lieu de cela il a été retenu à Wâsit [9]. Il fut emmené par Ahmad ibn Tulun chez un meurtrier qui se chargea de l’assassiner en compagnie de son épouse. Al-Mutazz a donné 500 pièces d’or comme récompense au meurtrier.
Après avoir fait exécuter Al-Mustain, il a fait tuer son frère figurant comme prochain héritier du trône. Il a fait emprisonner Abu Ahmed, un de ses autres frères, qui l’avait soutenu avec bravoure au cours des derniers combats à son côté. Al-Mustain envisageait de le tuer, mais il mourut de mort naturelle.
Bogha et Wasif, les deux chefs turcs ont été rayés des listes civiles au lieu de recevoir des remerciements. Leurs vies fut épargnées. Ils sont repartis avec leurs familles vers Samarra.
Bogha revient à Bagdad en position de favori du calife. Les dépenses de la cour épuisaient les réserves et les soldats ne recevaient qu’une maigre solde. À Bagdad, les gardes se sont mutinés, réclamant leur dû.
Le gouverneur de Bagdad écrivit à Al-Mutazz pour obtenir une avance. Au lieu de cela, Al-Mutazz envoya les troupes turques en lui demandant de les payer lui-même.
Néanmoins la révolte s’est poursuivie, le peuple refusa que l’on prononce le nom du calife lors de la prière. Avant que cette révolte soit réprimée le calife avait fait brûler un des ponts et incendier le souk pour maintenir les rebelles à distance en 866.
L’année suivante, les Turcs, les Berbères et les Persans se sont rués sur le palais du gouverneur pour se payer eux-mêmes. Ils n’ont rien trouvé que des caisses vides.
Wasif avait promis aux insurgés d’intervenir en leur faveur auprès du calife. En chemin, il a été pris par des soldats en révolte. Il fut taillé en pièces et son crâne brûlé dans une cheminée.
Bogha essayait de convaincre Al-Mutazz de quitter Samarra et de s’installer à Bagdad. Les courtisans laissaient entendre que c’était un piège. Il a été décapité.
Baykibal a succédé à Bogha. Il avait la charge de gouverner l’Égypte. Appelé à la cour il désigna Ahmad ibn Tulun pour le représenter.
Le père d’Ahmad ibn Tulun avait été pris comme esclave dans la Ferghana et était devenu un militaire professionnel à Samarra. Ahmed a été éduqué à Samarra et ses qualités le firent remarquer par Al-Mustain. Baykibal en le nommant comme son représentant en Égypte lui a donné l’occasion de prendre son indépendance à l’égard de Bagdad et de fonder la dynastie Tulunide en 868.
La politique extérieure d’Al-Mutazz est aussi mauvaise que sa politique intérieure.
Les Tâhirides [10], censés représenter le calife au Khorasan [11], étaient sur le déclin. Ya’kub bin Layth as-Saffâr devint un seigneur de guerre et prit le contrôle du Sistan [12], conquérant ensuite la plus grande partie de l’Iran actuel en utilisant cette région comme base d’une expansion agressive vers l’est et l’ouest aux dépens des Tâhirides.
Le salaire de l’armée n’était pas versé, les caisses de l’état étaient de nouveau vides. Salih, le fils de Wasif, a saisi les secrétaires personnels d’Al-Mutazz et les ministres. Il a exigé l’argent détourné ou caché par eux. Puisqu’il n’y avait pas de réponse et un trésor vide, ils ont été mis aux fers. Le calife a demandé aux insurgés de libérer son secrétaire personnel, mais ils étaient sourds à sa supplication.
Les comptes des ministres furent saisis, mais rien n’a pu en être retiré. Retournant au calife, ils ont déclaré qu’il devait 50 000 pièces d’or. Acculé, Mutazz fit appel à sa mère, Qabîha. Ses arts et son influence lui avaient permis d’accumuler de vastes trésors, amassé dans des endroits secrets. Elle refusa de donner son aide.
Salih et Musa fils de Bogha avec l’aide de Baykibal sont conduits à organiser la déchéance d’Al-Mutazz. Entourés d’une foule tumultueuse, ils se sont assis devant les portes du Palais demandant au calife d’en sortir. Le calife les fit entrer sans se méfier. Ils sont entrés, ils ont battu le calife à coups de bâtons et à coups de pieds, le traînant à l’extérieur. Puis il a été emprisonné 3 jours sans boire ni manger de sorte qu’il en est mort à l’âge de 34 ans en 869.