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L’histoire pour le plaisir

Abdallah al-Battal

jeudi 13 janvier 2022, par ljallamion

Abdallah al-Battal (mort en 740)

Guerrier musulman

Il combattit lors des guerres byzantino-arabes [1] au début du 8ème siècle. Il participa à différentes campagnes du califat omeyyade [2] contre l’Empire byzantin [3].

Il devint une figure célèbre dans la littérature épique arabe puis turque, sous le nom de Sayyid Battal Ghazi.

Rien n’est connu des origines et du début de la vie d’Abdallah al-Battal. La plupart des récits affirment qu’il était originaire d’Antioche [4] ou de Damas [5] et qu’il était un “mawla” de la famille omeyyade.

Selon les sources historiques des chroniques d’ Al-Yaqubi et d’Al-Tabari, al-Battal apparut pour la première fois en 727, au cours d’un des raids annuels contre les terres byzantines de l’Asie Mineure [6]. Cette campagne était conduite par Mu’awiya ibn Hisham, le fils du calife Hicham. Al-Battal dirigeait l’avant-garde et il pénétra profondément dans les terres ennemies, jusqu’à Gangra [7], une cité de Paphlagonie [8], dont il s’empara et qu’il détruisit.

Par la suite, l’armée principale le rejoignit et mit le siège devant Nicée [9], dont elle ne pu s’emparer. La prise de Gangra fut considéré comme l’un des plus grands succès des armées omeyyades contre les Byzantins à cette époque, avec la prise de Césarée [10] par Maslama ben Abd al-Malik en 726.

Les récits plus tardifs du 10ème siècle affirment qu’al-Battal participa à la campagne de Maslama lors du siège de Constantinople [11] en 717-718. Toutefois, les textes arabes à propos de cet événement sont généralement en partie romancés et il est impossible de savoir si la mention de la présence d’Abdallah al-Battal est véridique ou non.

Al-Battal commanda lui-même un autre raid en 731-732, à propos duquel peu de choses sont connues. Ce fut probablement un échec et il est surtout connu en raison du fait qu’il fut le théâtre de la mort au combat d’Abd al-Wahhab ibn Bukht, un autre héros arabe. L’année suivante, al-Battal combattit à nouveau aux côtés de Muawiya, pénétrant jusqu’à Akroïnon [12] en Phrygie [13]. Une armée byzantine dirigée par un général du nom de Constantin tenta de s’opposer mais elle fut vaincue par Al-Battal qui captura Constantin.

La dernière apparition d’Al-Battal remonte à 740, lors d’une grande campagne impliquant plusieurs dizaines de milliers d’hommes envoyés par les Omeyyades contre Byzance [14]. Aux côtés de Malik ibn Shu’ayb, le gouverneur de Malatya [15], al-Battal commandait une force de cavalerie de 20 000 hommes tandis que Souleyman ibn Hicham conduisait l’armée principale derrière lui. Cette puissante force alla jusqu’à Akroinon mais elle fut vaincue par l’armée byzantine conduite par l’empereur Léon III l’Isaurien en personne. Les généraux arabes Malik et Abdallah al-Battal périrent, aux côtés des deux-tiers de l’armée arabe.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Khalil Athamina, « al-Baṭṭāl, ʿAbdallāh », dans Encyclopaedia of Islam, 3rd Edition, Brill, 2011

Notes

[1] Les guerres entre les Arabes et les Byzantins sont une série de guerres entre les califats arabes et l’Empire byzantin entre le 7ème et le 12ème siècle. Celles-ci débutent en même temps que les premières conquêtes musulmanes des califes bien guidés et omeyyades et se poursuivent sous la forme d’un bras de fer frontalier permanent jusqu’au début des croisades. À la suite de celles-ci, les Byzantins, perdent une importante partie de leur territoire. Les conflits initiaux se déroulent de 634 à 718, finissant avec le second siège de Constantinople par les Arabes, qui arrête la progression rapide de l’empire arabe à travers l’Anatolie. Cependant, les batailles continuent entre les années 800 et 1169.

[2] Le Califat omeyyade est un Califat fondé par la dynastie arabe des Omeyyades, qui gouverne le monde musulman de 661 à 750. Les Omeyyades sont originaires de la tribu de Qurayš, qui domine la Mecque au temps du prophète Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat bien guidé et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire.

[3] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[4] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[5] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[6] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[7] Çankırı est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. Connue sous l’Antiquité sous le nom de Gangra, puis Germanicopolis bien que Ptolémée l’appelle Germanopolis . Elle prit ensuite les noms de Changra, Kandari, ou encore Kanghari.

[8] La Paphlagonie est une ancienne région de l’Asie Mineure, sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, bornée au sud par la Galatie, qui avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop). Selon Hérodote, la Paphlagonie est au 6ème siècle av jc sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av jc, elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès à Xerxès 1er pour son invasion de la Grèce. Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devint un royaume, dont le dernier roi Pylémène II, légua à sa mort, en 121 av jc, son territoire au père de Mithridate VI. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Les Romains, vainqueurs de Mithridate, la réduisirent en province romaine, et la réunirent à la province du Pont en 63 av jc. Elle en fut séparée et fit partie sous Dioclétien du diocèse du Pont.

[9] Nicée est une cité fondée vers 300 av. jc, tour à tour hellénistique, byzantine et ottomane du Nord-Ouest de l’Anatolie. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée en, respectivement, 325 et 787, le lieu où fut rédigé le symbole de Nicée (datant du premier concile) et la capitale de l’empire de Nicée après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204 jusqu’à ce que cette dernière soit reprise par les Byzantins en 1261. La ville ancienne est située dans le périmètre de la nouvelle ville turque d’Iznik (dont le nom dérive de Nicée) à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’hui lac d’İznik), entouré de collines au nord et au sud.

[10] Kayseri est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située dans la région de Cappadoce au pied du mont Erciyes. La ville se situe à 320 km de la capitale Ankara et 770 km d’Istanbul. Elle est anciennement connue sous le nom de Césarée de Cappadoce ou Mazaca.

[11] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[12] La bataille d’Akroinon ou bataille d’Acroinum (qui correspond à l’actuelle Afyonkarahisar, sur le bord ouest du plateau anatolien) oppose en 740 le Califat omeyyade à l’Empire byzantin. La victoire décisive des Byzantins permet à l’empereur Léon III l’Isaurien de repousser les forces omeyyades hors d’Anatolie. Cette bataille contribue en partie à la chute de la dynastie omeyyade. La bataille est décrite en détail dans la chronique de Théophane le Confesseur.

[13] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.

[14] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[15] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement kurde et turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie.