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Joseph (Nouveau Testament)

lundi 13 décembre 2021, par ljallamion

Joseph (Nouveau Testament)

Personnage juif de l’Évangile selon Matthieu et dans l’Évangile selon Luc

Joseph apparaît aussi dans un texte plus tardif, le Protévangile de Jacques [1], composé au milieu du 2ème siècle ; cette version est incompatible par certains aspects avec celle des évangiles canoniques [2].

D’après les Évangiles synoptiques [3], puis selon les auteurs chrétiens et notamment les Pères de l’Église, Joseph serait un lointain descendant d’ Abraham et du roi David de la Tribu de Juda [4]. Il est fiancé à Marie lorsque celle-ci se retrouve enceinte par l’action de l’Esprit saint. Il épouse alors Marie et, acceptant l’enfant, devient le père nourricier de Jésus, qui, de ce fait, appartient à sa lignée, celle de David.

Les Évangiles synoptiques insistent sur ce point, car pour eux Jésus est le Messie fils de David. Joseph est présenté comme un homme juste qui a accepté d’accueillir Marie et son enfant à la suite du message de l’Ange du Seigneur [5]. Des textes juifs polémiques comme les passages censurés du Talmud [6] appelés les Toledot Yeshu [7] présentent Jésus comme étant né d’une relation hors mariage.

Il est indiqué que Joseph est charpentier, sans que l’on sache s’il faut prendre ce terme au sens premier ou avec celui d’homme sage. Joseph est mentionné pour la dernière fois lors du pèlerinage familial à Jérusalem [8] lorsque Jésus, âgé de 12 ans, est retrouvé au Temple. La tradition chrétienne ainsi qu’une partie de la critique historique en ont déduit qu’il était mort avant que Jésus n’entre dans la vie publique.

Les Épîtres de Paul [9], qui sont les premiers documents chrétiens existants, ne font aucune référence à Joseph ni à un quelconque père de Jésus, pas plus que l’Évangile selon Marc [10], considéré comme le plus ancien des évangiles.

Les évangiles ne donnent que très peu d’autres informations sur Joseph. On ne rapporte jamais ses paroles. Matthieu raconte 4 rêves dans lesquels Joseph est informé de façon surnaturelle avant et après la naissance de Jésus et pendant ses premières années. Dans le premier rêve, un ange confirme à Joseph que Marie est enceinte d’un enfant conçu par l’Esprit saint, et qu’elle mettra au monde un fils nommé Jésus, qui sauvera son peuple de ses péchés ; Joseph ne devrait donc pas hésiter à l’épouser. Dans le deuxième rêve, un ange dit à Joseph d’emmener Marie et Jésus en Égypte depuis Bethléem [11] et d’y demeurer jusqu’à ce que l’ange en dise plus, car Hérode cherche à tuer Jésus. Dans le troisième rêve de Joseph, un ange ordonne à Joseph de retourner avec sa famille en Palestine [12], ce qui implique qu’Hérode est mort.

Cependant, Joseph apprend que le fils d’Hérode, Archélaos, règne sur la Judée, et il a peur de continuer le voyage. Dans le quatrième rêve, Dieu Lui-même avertit Joseph qu’il doit éviter de retourner en Judée. Joseph s’installe alors avec Marie et Jésus à Nazareth [13], dans la province de Galilée [14].

L’Église catholique reprend une tradition orale, liée à saint Jérôme qui relate que Joseph s’était consacré à Dieu avant de connaître la Vierge Marie, et explique donc que les termes de frères et sœurs de Jésus cités dans les Évangiles doivent être compris comme étant des cousins proches par le sang, l’affection et les relations, selon l’usage sémitique de ces mots. Cette consécration préalable de Joseph est en outre conforme à l’usage juif de l’époque en ce qui concerne l’union des vierges consacrées au Seigneur.

Selon une tradition antique, le culte rendu à Joseph s’est développé dès le 5ème siècle dans certains monastères égyptiens où est rédigé l’apocryphe Histoire de Joseph le charpentier et où sa fête est fixée à la date du 20 juillet

Cependant, on prie peu Joseph dans toute la première partie du Moyen Âge et son culte reste marginal, comme le montre la rareté des toponymes qui le concernent

Dans les écrits des Pères de l’Église, les traités de l’époque carolingienne ou les sermons de saint Bernard, il n’est jamais considéré par lui-même et n’apparaît qu’au sein de discours sur le mariage et la virginité de Marie.

C’est à partir du xiiie siècle qu’il sort de l’ombre, en lien avec une plus forte humanisation du Christ et des représentations de plus en plus nombreuses de la Nativité. Cet homme humble, pauvre, modeste et obéissant, père putatif et nourricier, modèle de dévotion au Christ et à la Vierge, séduit en particulier les franciscains [15].

L’humble charpentier devient modèle pour tous les chrétiens. Au 15ème siècle, durant le Grand Schisme [16] et les rivalités entre Armagnacs et Bourguignons, c’est une véritable campagne de promotion en faveur de Joseph qui est lancée.

Gerson, l’un des plus célèbres théologiens de l’époque, multiplie les écrits de 1413 à 1418 pour célébrer les noces de Joseph et de Marie, louer sa paternité responsable, le comparer à Jean-Baptiste. À la fin du 15ème siècle, l’Église institue une fête en l’honneur de Joseph. Une authentique dévotion populaire naît alors, qui connaîtra son apogée au 19ème siècle.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d’origine juive dans l’Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004.

Notes

[1] Le Protévangile de Jacques, intitulé à l’origine Nativité de Marie. Révélation de Jacques ou Évangile de Jacques, est un apocryphe pseudépigraphique du type « évangile de l’enfance » datant de la seconde moitié du 2ème siècle placé sous l’autorité d’un disciple de Jésus nommé Jacques le Juste.

[2] Les évangiles sont les écrits en langue grecque qui relatent la vie et l’enseignement de Jésus de Nazareth, appelé par les chrétiens Jésus-Christ. De nombreux évangiles ont circulé lors des premiers siècles de l’ère du christianisme. Quatre sont reconnus comme canoniques par les Églises chrétiennes : les évangiles dits selon Matthieu, Marc, Luc et Jean.

[3] évangile de Marc, évangile de Matthieu et évangile de Luc

[4] La Tribu de Juda est une des douze tribus d’Israël citées dans la Bible. Cette Tribu descend de Juda, le fils de Jacob et Léa. C’est de cette Tribu que sont issus les rois de Juda, de la lignée de David et sera issu le Messie selon la tradition biblique et, ultérieurement, la parenté charnelle de Jésus-Christ, selon la tradition chrétienne. À son apogée, elle était la principale Tribu du royaume de Juda, et s’étendait sur la plus grande partie du territoire du royaume, à l’exception d’une petite région au nord-est occupée par Benjamin, et d’une enclave vers le sud-ouest occupée par Siméon.

[5] Dieu

[6] Le Talmud est l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique et la base de sa Halakha (« Loi »). Rédigé dans un mélange d’hébreu et de judéo-araméen et composé de la Mishna et de la Guemara, il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive telle qu’exposée dans la Bible hébraïque et son versant oral, abordant entre autres le droit civil et matrimonial mais traitant au détour de ces questions de points d’éthique, de mythes, de médecine, de génie et autres. Divisé en six ordres (shisha sedarim, abrégé Sha"s), il existe deux versions du Talmud, dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone.

[7] Le Sefer Toledot Yeshou est un pamphlet juif antichrétien datant du Moyen Âge. Le livre, dont il existe plusieurs versions, parodie l’histoire de Jésus relatée par les Évangiles. Son « héros », Yeshou, est un séducteur hérétique, né dans l’illégitimité (mamzer), ayant frauduleusement acquis des pouvoirs magiques et mort dans la honte. L’ouvrage a été abondamment cité dans la littérature polémique antijuive comme exemple de haine juive antichrétienne. Certains de ses dénonciateurs en parlaient à tort comme d’une partie du Talmud.

[8] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[9] Les épîtres de Paul ou épîtres pauliniennes sont un ensemble de treize lettres attribuées à l’apôtre Paul de Tarse et adressées à différentes communautés chrétiennes du 1er siècle. Une quatorzième lettre, l’épître aux Hébreux, œuvre d’un auteur anonyme, leur est parfois ajoutée. Elles ont rapidement été intégrées au canon des Écritures. Dès la fin du 1er siècle, la plupart des communautés chrétiennes utilisaient ces textes dans leur liturgie.

[10] L’Évangile selon Marc forme, avec les trois autres évangiles, le cœur du Nouveau Testament, la partie la plus récente de la Bible chrétienne. Le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques est aussi le plus bref et probablement le plus ancien ; c’est l’un des trois « Évangiles synoptiques ». La tradition chrétienne attribue sa rédaction à Marc, identifié au Marc compagnon de Paul puis de Pierre, personnage mentionné par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Son antériorité par rapport aux deux autres synoptiques (Matthieu et Luc) est aujourd’hui admise par le consensus historien, tout comme son utilisation par Matthieu et Luc, dont il constitue l’une des deux sources principales.

[11] Bethléem est une ville située en Cisjordanie, une région de Palestine, à environ 10 km au sud de Jérusalem, qui compte essentiellement des Palestiniens musulmans. La ville compte une petite communauté de chrétiens palestiniens, une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde. Son agglomération s’étend aux villes de Beit Jala et Beit Sahour. La ville est un important centre religieux. La tradition juive, qui l’appelle aussi Éphrata, en fait le lieu de naissance et de couronnement du roi d’Israël David. Elle est considérée par les chrétiens comme le lieu de naissance de Jésus de Nazareth. C’est un lieu de pèlerinage qui génère une activité économique importante à la période de Noël. La ville est également le siège d’un lieu saint du judaïsme, le tombeau de Rachel, situé à l’entrée de la ville.

[12] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[13] Nazareth est une ville du nord d’Israël, en Galilée. C’est la plus grande ville arabe du pays principalement musulmans et chrétiens. La tradition chrétienne fait de Nazareth la ville de Joseph et de Marie

[14] La Galilée est souvent citée dans l’Ancien Testament, et sa partie septentrionale évoquée comme "la Galilée des Gentils" dans le Nouveau Testament. Elle est décrite par Flavius Josèphe qui évoque son histoire, son peuplement sa géographie, et lui donne deux parties : la Galilée supérieure, en grande partie peuplée de Gentils, et la Galilée inférieure, en grande partie peuplée de Juifs. Son nom de Galilée pourrait venir d’un peuplement celte, comme plus au nord la Galatie. Elle recouvrait avant la Captivité les territoires des tribus d’Issacar, de Zabulon, de Nephthali et d’Asher. Comme les Galiléens étaient de bons cultivateurs, plantant des figuiers, des oliviers, des noyers, des palmiers, des habiles artisans et de bons pêcheurs, la Galilée était prospère avec 400 villes, certaines très peuplées.

[15] Moines de l’ordre mineur de frères laïcs mendiants fondé par saint François d’Assise en 1209, sur les principes rigoureux de l’humilité totale et de la pauvreté extrême. Les franciscains ont une mission de prédication itinérante. Au 13ème siècle, l’ordre se divise, malgré les tentatives de conciliation de saint Bonaventure, entre les adeptes de la règle de pauvreté originelle et les spirituels, qui jugent la mission d’enseignement incompatible avec la misère matérielle. Malgré ces dissensions, et les diverses branches qui en découlent, les franciscains poursuivent une lutte active contre les hérésies et se répandent rapidement au travers de la chrétienté. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps. A la fin du 13ème siècle, il existe déjà 1500 maisons de franciscains. L’ordre franciscain s’est diversifié en trois courants : les frères mineurs, les frères mineurs conventuels et les frères mineurs capucins. Il existe aussi un tiers ordre de laïcs. Les franciscains sont partis en mission dans le monde entier.

[16] On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des 14ème et 15ème siècles (1378-1417), divisant pendant 40 ans la chrétienté catholique en 2 courants rivaux. Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d’un système féodal qui ne répond plus aux besoins d’une société en pleine mutation. En effet, l’Église catholique n’a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l’avait rendue indispensable à l’exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d’États modernes que l’Église n’a plus les moyens de rassembler culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l’affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du pape et de l’empereur débouchent sur l’affrontement entre guelfes et gibelins du 12ème au 14ème siècle. Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l’installation en 1309 de la papauté en Avignon puis en 1378, au Grand Schisme. Celui-ci, inscrit dans une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse, est marqué par deux successions pontificales simultanées, l’une à Rome et l’autre en Avignon (dont les tenants en titre sont qualifiés d’antipapes par leurs adversaires). L’Église, dont une partie du rôle social et culturel a été prise en charge par la bourgeoisie depuis le 13ème siècle, sort moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : le gallicanisme se développe, les particularismes nationaux s’exacerbent, le sentiment religieux se modifie, de nouvelles hérésies émergent.