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Timothée III d’Alexandrie dit Timothée Salophaciole

vendredi 19 novembre 2021, par ljallamion

Timothée III d’Alexandrie dit Timothée Salophaciole

Patriarche orthodoxe d’Alexandrie de juin 460 à décembre 475 et de septembre 477 à sa mort en juin 482

La cathédrale de l'Annonciation d'Alexandrie siège du patriarcat orthodoxe d'AlexandrieIl avait été moine au couvent de la Metanoia [1] à Canope [2]. En 460, il fut imposé comme patriarche d’Alexandrie [3] par les autorités byzantines [4] après l’arrestation de Timothée Élure et sa déportation à Gangres [5].

Voulant d’abord parvenir à une réconciliation avec les monophysites [6], il alla jusqu’à réhabiliter à titre posthume Dioscore 1er, déposé par le concile de Chalcédoine [7] ; il ne réussit qu’à susciter les protestations de la papauté sans rallier personne.

En 475, profitant de l’usurpation de Basiliscus, qui favorisait le monophysisme, Timothée Élure revint à Alexandrie et ses partisans en expulsèrent Salophaciole, qui se réfugia dans le couvent de Canope.

Bien que l’empereur Zénon se fût rétabli dès août 476, il laissa Timothée Élure sur son trône jusqu’à sa mort le 31 juillet 477. Le parti monophysite proclama ensuite immédiatement Pierre Monge comme successeur, mais le 4 septembre les troupes byzantines chassèrent ce dernier d’Alexandrie et imposèrent le retour de Salophaciole. Ce rétablissement provoqua des affrontements sanglants.

En 481, sentant sa fin proche, le patriarche dépêcha son bras droit Jean Talaia ou Jean Ier d’Alexandrie à Constantinople [8] pour s’assurer du soutien de l’empereur à une succession orthodoxe.

Mais Zénon et Acace de Constantinople préparaient déjà le compromis de l’Hénotique [9], et après la mort de Salophaciole, Jean Talaia ne pu se maintenir plus de 6 mois sur le trône.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Venance Grumel, Traité d’études byzantines, vol. I La chronologie, Presses Universitaires de France, Paris, 1958, chapitre IV « Listes ecclésiastiques : Patriarches d’Alexandrie et Patriarches melkites d’Alexandrie

Notes

[1] couvent des Tabennésiotes

[2] Canope est une ancienne cité de l’Égypte antique, située près de l’actuelle Aboukir. Elle abritait le temple de Sérapis, le dieu guérisseur et des morts, équivalent ptolémaïque d’Osiris. Son ancien nom égyptien était Pikuat. Selon l’historien romain Tacite, la ville aurait été fondée par des Spartiates de retour de Troie. Leur navire aurait été déporté et le pilote du navire, Canopos, aurait été enterré là.

[3] Le titre de patriarche d’Alexandrie est traditionnellement porté par l’évêque d’Alexandrie (en Égypte). L’Église d’Alexandrie est l’une des plus anciennes de la Chrétienté. Aujourd’hui, trois chefs d’Église, dont une catholique, portent le titre de patriarche d’Alexandrie. Le chef de l’Église catholique copte qui réside au Caire, le chef de l’Église copte orthodoxe qui réside à Alexandrie et le primat de l’Église grecque-catholique melkite, résidant à Damas en Syrie qui porte le titre de Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des Melkites.

[4] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[5] Çankırı est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. Connue sous l’Antiquité sous le nom de Gangra, puis Germanicopolis bien que Ptolémée l’appelle Germanopolis. Elle prit ensuite les noms de Changra, Kandari, ou encore Kanghari.

[6] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc

[7] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[8] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[9] L’Henotikon (acte d’union), parfois Hénotique en français, est un formulaire rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la demande de l’empereur d’Orient Zénon.