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Valash ou Balash

jeudi 5 août 2021, par ljallamion

Valash ou Balash

Empereur sassanide d’Iran de 484 à 488

Frère et successeur de Péroz 1er, mort dans une bataille contre les Hephtalites [1] qui ont envahi l’Iran par l’est.

C’est un empire en grande difficulté que laisse Péroz 1er à son successeur. Cette pression financière pèse lourdement sur l’ensemble de son règne.

On sait peu de choses du caractère de Valash, mais il est perçu par les sources orientales comme un souverain débonnaire et tolérant. Il étend sa tolérance au christianisme à tout l’empire, ce qui lui vaut une bonne réputation auprès des auteurs chrétiens. Il semblerait néanmoins que Valash n’ait été qu’un prête-nom au puissant noble Zarmihr, également nommé Sôkhràs Karin dans les chroniques persanes, le Sukhra Karin des historiens modernes, qui exerce la réalité du pouvoir.

À l’annonce de la mort de Péroz 1er, les généraux perses de Persarménie [2] s’empressent d’aller à Ctésiphon [3] pour peser sur l’élection du nouveau souverain. Cela permet à l’Arménien Vahan Ier Mamikonian de libérer l’Arménie de l’influence sassanide [4].

Étant donné la situation de faiblesse dans laquelle se trouve la Perse, Valash ne peut pas envisager une reconquête militaire de l’Arménie. Il est ainsi contraint de faire des concessions : le christianisme est désormais toléré en Arménie perse et une grande autonomie politique est accordée aux seigneurs arméniens.

En 485, Valash nomme Vahan Mamikonian marzban [5] de Persarménie. Le soutien arménien lui est précieux dans sa lutte contre son frère Zareh , prétendant au trône.

La tradition iranienne reprise par des auteurs a imaginé une guerre de revanche menée contre les Hephtalites. Le résultat en aurait été une paix honorable pour les Sassanides. La réalité est bien moins glorieuse. Les Hephtalites occupent les provinces orientales de l’empire dont les villes de Merv [6] et Hérat [7]. De plus, ils imposent un lourd tribut annuel aux Sassanides. Ces difficultés financières entraînent principalement l’impossibilité de reconstituer l’armée, très affaiblie par les défaites de Péroz 1er. Une demande d’or faite à l’empereur romain Zénon essuie d’ailleurs un cinglant refus de la part de ce dernier.

Valash s’avérant incapable de redresser l’empire, la colère des nobles s’intensifie. En 488, il est aveuglé et déposé, sans doute à l’instigation de Zarmihr. Le fils de Péroz, Kavadh 1er, est placé sur le trône.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Geoffroy Greatrex & Samuel Lieu, The Roman eastern frontier and the persian wars, part II, New York, Routledge, 2002.

Notes

[1] Huns blancs

[2] La Persarménie, est la septième province de l’Arménie historique selon le géographe arménien du 7ème siècle Anania de Shirak. Elle est située sur la rive occidentale du lac d’Ourmia, au nord-ouest de l’actuel Iran.

[3] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².

[4] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[5] Le marzpanat ou marzbanat est le système de gouvernement instauré par les Sassanides en Arménie, en vigueur de 428 à 646. À sa tête est installé un marzpan ou marzban (« gouverneur »).

[6] Merv autrefois satrapie de Margiane, était une ville de l’Asie centrale, sur la route historique de la soie. Ses vestiges sont situés aujourd’hui près de la ville de Mary au Turkmenistan. La ville a connu plusieurs refondations au cours d’une histoire millénaire et a connu divers noms comme « Mourou » à l’époque Achéménide, puis « Alexandrie de Margiane » (ville fondée par Alexandre) et enfin « Antioche de Margiane » sous les macédoniens. Ce fut un important évêché du christianisme nestorien entre le 6ème et le 14ème siècle. En 651, le dernier roi perse sassanide, Yazdgard III, fut assassiné à Merv. Merv fut un temps, capitale des Seldjoukides avant leur avancée vers l’Iran. Ce fut une ville de haute culture, renommée pour ses 10 bibliothèques, et Yaqout al-Rumi y resta deux ans, peu avant sa destruction par les Mongols en 1221.

[7] Hérat, Herat ou Hérât est une ville de l’Ouest de l’Afghanistan proche des frontières de l’Iran et du Turkménistan, et située dans la province de Hérat.