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Pierre II d’Alexandrie

dimanche 20 juin 2021, par ljallamion

Pierre II d’Alexandrie

Patriarche d’Alexandrie

La cathédrale de l'Annonciation d'Alexandrie siège du patriarcat orthodoxe d'AlexandrieIl succède à Athanase en 373 et meurt avant le concile de Constantinople de 381 [1].

Exilé quelques années à Rome où il enseigne auprès des aristocrates romains contribuant ainsi à développer le monachisme romain, il est connu pour être mentionné dans l’édit de Thessalonique [2] aux côtés de l’évêque de Rome Damase comme modèle de l’orthodoxie nicéenne qu’entend promouvoir l’empereur Théodose 1er.

Prêtre alexandrin dont Jérôme de Stridon atteste qu’il est le propre frère du patriarche d’Alexandrie Athanase, Pierre apparaît en 373, lorsque ce dernier le désigne sur son lit de mort pour lui succéder. Mais aussitôt investi, il est emprisonné par l’empereur Valens qui, peut-être conseillé par l’évêque Démophile de Constantinople, entend favoriser le christianisme homéen [3].

Le préfet d’Égypte Aelius Palladius et le comte des largesses sacrées [4] Vindaonius Magnus lui substituent le prêtre Lucius sur le trône épiscopal et chassent les nicéens [5] des Églises, condamnant une vingtaines de presbytres [6] et diacres [7] qu’ils accusent d’être des ennemis abominables de la loi des Romains à l’exil ou aux mines. Pierre s’enfuit à Rome où il demeure jusqu’en 378 justifiant dans une lettre encyclique l’abandon de son Église par le pouvoir militaire qui est déployé contre lui.

Arrivé à Rome accompagné de moines, il y enseigne bientôt auprès des aristocrates romaines la discipline des vierges et des veuves et ce qui explique l’apparentement du monachisme romain à l’ascétisme égyptien. Son influence s’exerce notamment sur Marcelle de Rome et d’autres dames du cercle de l’Aventin [8] qui pratiquent l’ascèse et la continence dans leurs palais, à l’imitation des pratiques orientales inspirées par la lecture de la Vie d’Antoine auxquelles elles ont pu être sensibilisées par Pierre.

Pierre quitte Rome après un synode tenu à Rome vers la fin de 377, au cours duquel l’orthodoxie nicéenne est réaffirmée, estimant alors le moment venu de réclamer son siège, d’autant qu’il est possible que le parti nicéen ait bénéficié d’une amnistie de Valens, bien que ce point soit débattu. Quoi qu’il en soit, Pierre regagne Alexandrie [9] aux alentours du mois de juin 378 et, à son retour, le peuple alexandrin chasse Lucius qui se réfugie à Constantinople [10], demandant l’aide de l’empereur. Pierre cherche ensuite à asseoir sa base populaire et accueille les ariens [11] en son Église, ce qui lui vaut l’accusation d’avoir été acheté par ces derniers.

En février 380, Pierre est cité en exemple par Théodose 1er dans l’édit de Thessalonique qui promeut la foi de Nicée réputée transmise aux romains par l’apôtre Pierre lui-même et pratiquée par les patriarcats apostoliques dirigés par les évêques de Rome Damase et d’Alexandrie Pierre, symbolisant l’unité de l’Orient et Occident dans une même foi.

Néanmoins, la même année, Pierre, peut-être lui-même motivé par un vieil antagonisme qui l’oppose à Mélèce d’Antioche, soutient avec d’autres évêques égyptiens la nomination d’un de ses compatriotes, un philosophe cynique [12] nommé Maxime, disciple d’Athanase, comme évêque de la faction anti-arienne de la nouvelle capitale contre le cappadocien [13] Grégoire de Nazianze. La décision de l’empereur Théodose en faveur de ce dernier affaiblit la position d’arbitre que Pierre entendait jouer pour les Églises d’Orient et celui-ci meurt avant le Concile qui se tient à Constantinople en 381. Son frère Timothée lui succède à la tête de l’épiscopat Alexandrin.

On a conservé de Pierre une lettre remarquablement détaillée relatant les évènements qui concernent l’imposition de Lucius à la tête de l’épiscopat alexandrin par Aelius et Magnus, lettre conservée par Théodoret de Cyr dans son “Histoire ecclésiastique”.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Pierre II d’Alexandrie/ Portail du monde byzantin/ Catégories : Patriarche d’Alexandrie

Notes

[1] Le premier concile de Constantinople, convoqué de mai à juillet 381, par l’empereur Théodose Ier en charge de l’Orient, est le deuxième concile œcuménique de l’histoire du christianisme après celui de Nicée. Théodose n’ayant pas invité les évêques d’Occident dont les juridictions dépendaient de son collègue Gratien, le concile réunit cent cinquante évêques, tous orientaux. Il est présidé par Mélèce 1er d’Antioche, puis, à sa mort, par Grégoire de Nazianze. Ce concile poursuit la réflexion dogmatique du premier concile de Nicée en proclamant la divinité du Saint-Esprit. Il établit un symbole de foi désigné sous le nom de symbole de Nicée-Constantinople qui complète le symbole de foi proclamé à Nicée. Il affirme aussi que « l’évêque de Constantinople tient le premier rang après l’évêque de Rome parce que Constantinople est la nouvelle Rome », ce qui donne ensuite son impulsion à la doctrine de la pentarchie.

[2] L’édit de Thessalonique ou édit de Théodose, aussi connu sous le nom de Cunctos populos, est un édit impérial promulgué le 28 février 380 par l’empereur romain Théodose 1er qui, dans les débats christologiques qui divisent le christianisme, se range du côté du christianisme nicéen qu’il déclare « catholique ». Cet édit, adressé aux habitants de Constantinople que Théodose souhaite pacifier afin d’en faire sa résidence impériale, constitue la première loi séculière connue qui comporte en son préambule une définition positive de ce qu’un prince romain chrétien considère comme l’orthodoxie religieuse, ouvrant la voie répressive à l’encontre des dissidents religieux qualifiés d’« hérétiques ». Vite oublié de ses contemporains, l’édit de Thessalonique est intégré par la suite dans le livre XVI du code théodosien.

[3] L’homéisme est un courant du christianisme ancien qui se développe à partir du 4ème siècle dans le cadre de la crise arienne. Les homéens sont parfois appelés acaciens, du nom d’un de leurs chefs de file, Acace de Césarée.

[4] Le comte des largesses sacrées est un haut fonctionnaire fiscal sous le Bas-Empire romain et pendant la période byzantine. Bien que la fonction soit attestée pour la première fois en 342-345, sa création doit remonter à environ 318, sous l’empereur Constantin 1er. Ce comte est le successeur du rationalis de la période du principat. Il contrôle les secteurs financiers ne relevant pas des compétences des préfets du prétoire : l’imposition des sénateurs, le chrysargyre, les droits de douane, les mines, les ateliers monétaires, les moulins et fabriques de textiles appartenant à l’État. Il contrôle également à l’origine les domaines privés de l’empereur avant qu’ils ne passent sous la compétence du comte du domaine privé à la fin du 4ème siècle. Il exerce par ailleurs certaines fonctions judiciaires relatives à l’impôt. Le comte perd en importance après la fin du 5ème siècle, en particulier lorsque l’empereur Anastase 1er abolit le détesté chrysargyre. Il reste néanmoins l’un des principaux ministres dans le domaine fiscal, responsable de toute une série de bureaux (scrinia) et de nombreux fonctionnaires détachés dans les provinces.

[5] chrétiens se référent au concile de Nicée

[6] les prêtres

[7] Le diacre est une personne qui assiste le dirigeant d’une Église chrétienne et est responsable de certaines activités de l’Église. C’est un homme ayant reçu le premier degré du sacrement de l’ordre dans l’Église catholique.

[8] L’Aventin est l’une des sept collines de Rome, la plus méridionale, située entre le Tibre, le mont Cælius et le mont Palatin.

[9] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[10] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[11] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle, et dont le point central concerne les positions respectives des concepts de « Dieu le père » et « son fils Jésus ». La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[12] Le cynisme est une attitude face à la vie provenant d’une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Antisthène, et connue principalement pour les propos et les actions spectaculaires de son disciple le plus célèbre, Diogène de Sinope. Cette école a tenté un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l’humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement matérialistes et anticonformistes, les cyniques, et à leur tête Diogène, proposaient une autre pratique de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire. L’école cynique prône la vertu et la sagesse, qualités qu’on ne peut atteindre que par la liberté. Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de la nature.

[13] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.