Fille aînée du roi Ferdinand IV de Castille et de Constance du Portugal.
À l’âge de 4 ans, Eleanor est promise à l’Infant Jacques d’Aragon , fils aîné et l’héritier du roi Jacques II d’Aragon, par les accords conclus lors de la réunion de Calatayud [1] de 1311 entre Ferdinand IV de Castille et Jacques II. En même temps, on célébrait le mariage entre Infante Marie d’Aragon, fille de jacques II, avec l’Infant Pierre de Castille frère de Ferdinand IV.
Peu de temps après, elle fut envoyée à la cour aragonaise pour y être élevée comme future épouse de l’héritier du trône. À l’âge de 5 ans, en septembre 1312, son père, le roi Ferdinand IV décède dans la ville de Jaén [2].
Cependant, Jacques d’Aragon, en dépit de ses fiançailles avec Eleanor, avait hâte de recevoir les ordres sacrés et d’entrer dans un monastère, avant que l’intervention du pape Jean XXII qui rappelle à l’Infante ses fonctions en tant qu’Infant d’Aragon.
Compte tenu de la situation, Jacques II et son fils ont signé devant un notaire un document en octobre 1319, à la veille de la cérémonie de mariage, où L’héritier de la couronne a promis de se marier, bien que plus tard, dans un entretien entre père et fils, tous deux ont convenu que l’Infant Jacques devait être présent uniquement à la messe nuptiale, qui serait officié dans la ville de Gandesa [3], Mais en laissant sans discussion la question de savoir si l’Infant devait consommer le mariage, compte tenu de son opposition à la consommation et en tenant compte du fait que les engagements avec le Royaume de Castille et León n’étaient contraints qu’à la célébration du mariage.
Le 18 octobre 1319 eu lieu la cérémonie de mariage entre Jacques d’Aragon et Eleanor de Castille, ou l’Infant aragonais, selon les chroniques de l’époque, a refusé de donner le Baiser de paix pendant la cérémonie.
Après la cérémonie, officiée par l’archevêque de Tarragone [4], l’Infant Jacques a de nouveau transmis à son père son désir de renoncer à ses droits sur le trône et d’entrer dans un couvent. Après la cérémonie de mariage, et après une discussion avec son père, il s’enfui à cheval, laissant sa femme abandonnée et, en décembre 1319, renonça à ses droits sur le trône d’Aragon dans le couvent de San Francisco de Tarragone. Immédiatement, Il prit l’habit des chevaliers hospitaliers [5] dans le couvent de Santo Domingo de la même ville.
Après la démission au trône de Jacques, son frère cadet l’Infant Alphonse fut proclamé héritier du trône. Le rejet de l’infant Jacques à l’égard de sa femme aurait pu causer de graves incidents diplomatiques entre les tribunaux castillan et aragonais. Néanmoins, Jacques II d’Aragon transmis à la reine douairière María de Molina son regret par les actes de son fils, incompréhensible pour lui.
Au cours du printemps 1320, l’Infante Éléonore reste dans la ville de Tortosa [6]. Au cours de son séjour, Jacques II et son fils l’Infant Alphonse, découvrent que l’Infant Jacques prévoit de récupérer sa femme et ses droits au trône mais le complot, soutenu par certains fonctionnaires, est détruit dans l’œuf par son père.
Après son séjour dans la ville de Tortosa, Éléonore vit à Saragosse [7], Calatayud et Ateca [8], où des ricohombres [9] castillans la ramène en Castille. Une fois de retour dans son pays natal, Éléonore se retire au Monastère de las Huelgas [10] à Burgos [11], même si elle ne prend pas le voile.
Au début de l’année 1325, le Roi Edouard II d’Angleterre propose de marier son fils aîné, Edouard, Prince de Galles [12] avec Éléonore, et envoie sa procuration afin de négocier les termes du mariage par une charte datée du 6 février 1325. L’union n’aura finalement pas lieu.
En janvier 1329 à Ágreda [13], les fiançailles entre Éléonore et le Roi Alphonse IV d’Aragon sont signées, et la cérémonie de mariage a lieu un mois plus tard, le 5 février, dans l’Église de San Miguel de Tarazona [14]. Lors de la cérémonie sont présents le Roi Alphonse XI de Castille le frère d’Éléonore, l’Infante Marie d’Aragon déjà veuve, ainsi que les Infants Jean, Pierre et Ramón Berenguer, fils de Jacques II d’Aragon.
Alphonse IV donne à sa nouvelle épouse la ville de Huesca [15] et d’autres villages et des châteaux appartenant à la couronne aragonaise. Avec ce mariage, les relations entre la Castille et l’Aragon s’améliorent. Il renouvelle l’alliance créée avec pour objectif, la reconquête de Grenade [16] mais aussi, les relations royales, après que les Infants d’Aragon ait rejeté plusieurs Infantes de Castille malgré les termes du contrat entre les deux royaumes. Ce fut, par exemple, le cas de l’Infante Isabelle de Castille, fille de Sanche IV et María de Molina, qui rentra au Royaume de Castille, sans avoir contracté de mariage avec Jacques II d’Aragon.
Éléonore obtint une certaine influence en Aragon, complotant en vue de promouvoir les intérêts de son propre fils sur ceux de son beau-fils l’Infant Pierre né du premier mariage d’Alphonse IV avec Thérèse d’Entença, Comtesse d’Urgell [17] morte en 1327.
Elle convainc son mari de consentir à d’importants dons territoriaux pour leurs enfants, les Infants Ferdinand et Jean. Alphonse IV est généreux et le 28 décembre 1329, il accorde à Ferdinand le Marquisat de Tortosa et les villes de Albarracín [18], Orihuela [19], Callosa [20], Guardamar [21], Alicante [22], Monforte [23], Elda [24], La Mola, Novelda [25] et d’Aspe [26]. Le fils cadet d’Éléonore, Jean reçoit plusieurs seigneuries. Ces dons faits par le roi Alphonse IV diminue le patrimoine territorial de la couronne et affecte principalement l’Infant Pierre, héritier d’Alphonse IV, ce qui entraîne un climat de ressentiment à la cour.
De ce fait, la noblesse se divise en deux camps. L’un des deux est en faveur de la Reine Éléonore et de ses fils, et l’autre défend les prérogatives de l’Infant Pierre et de ses frères et sœurs maternels. Lorsque le Roi accorde à son fils Ferdinand des villes situées dans le Royaume de Valence, les sujets locaux protestent, et poussent le Roi à révoquer ces derniers dons.
Après la mort d’Alphonse IV, qui a lieu dans la ville de Barcelone le 24 janvier 1336, la Reine Éléonore fui le Royaume de Castille et de Léon, accompagné de ses deux fils, Ferdinand et Jean, craignant des représailles du nouveau Roi Pierre IV d’Aragon, plein de ressentiment envers eux.
Dans son testament, écrit dans le Monastère de Poblet [27] en août 1333, Alphonse IV lègue à sa deuxième femme tous ses joyaux et confirme la possession des villes qu’il lui avait donné à l’occasion de leur mariage, tout en léguant à son fils aîné Ferdinand le Marquisat de Tortosa et de Albarracín. Quand elle s’échappe du Royaume de Castille, la Reine Douairière prend avec elle de grandes quantités d’or, d’argent et de bijoux, bien que le Roi Pierre IV essaie de l’en empêcher.
Au premier abord, le nouveau monarque décide de confisquer les revenus d’Éléonore et de poursuivre son protecteur Pierre de Ejérica, mais en 1338, il confirme, à ses fils et à Eléonore la possession de leurs domaines, ne voulant pas contrarier la Castille à un moment où l’ensemble de la Péninsule Ibérique est menacée par une nouvelle invasion musulmane.
Une fois dans la région de Castille, Éléonore continue de se comporter comme un élément perturbateur, cette fois contre son neveu le Roi Pierre 1er. Son plus jeune fils, Jean d’Aragon, est assassiné à Bilbao [28], le 12 juin 1358 par ordre de son cousin, et un an plus tard vers mars/avril 1359, elle est assassinée dans le château de Castrojeriz [29]. 4 ans plus tard, en 1363, l’aîné de ses fils, Ferdinand d’Aragon, est assassiné à Borriana par ordre de son demi-frère, le Roi Pierre IV