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Siméon 1er de Bulgarie dit le Grand

lundi 15 mars 2021, par ljallamion

Siméon 1er de Bulgarie dit le Grand (864/865-927)

Tsar de Bulgarie entre 893 et mai 927

Les campagnes qu’il mena contre l’empire byzantin [1], les Magyars [2] et les Serbes [3] conduisirent à l’apogée territoriale de la Bulgarie [4], qui devint la puissance dominante des Balkans [5] et de l’Europe orientale. Son époque, également marquée par une prospérité culturelle sans précédent, fut par la suite considérée comme l’âge d’or de la civilisation bulgare.

Sous son règne, la Bulgarie s’étendit sur un territoire compris entre la mer Égée [6], la mer Adriatique [7] et la mer Noire [8], et la nouvelle capitale bulgare, Preslav [9], était comparée à Constantinople [10].

L’Église orthodoxe bulgare [11] devint le premier patriarcat [12] depuis la Pentarchie [13], et les traductions glagolitiques [14] bulgares des textes chrétiens se répandirent dans tout le monde slave de l’époque. Vers la moitié de son règne, Siméon abandonna son titre de khan [15] et puis de knyaz [16] et prit celui Tsar [17] en 913 ou 917.

Troisième fils du knyaz Boris 1er, et La Bulgarie ayant été christianisée en 865, Siméon fut chrétien toute sa vie durant. Le fils aîné de Boris, Vladimir , étant l’héritier du trône, Siméon était destiné à une carrière cléricale, peut-être à l’archevêché bulgare. Son père l’envoya à l’université de Constantinople lorsqu’il eut 13 ou 14 ans, pour qu’il y étudie la théologie.

Il devint novice [18] dans un monastère de Constantinople et prit le nom de Siméon. Durant les 10 années qu’il passa dans la capitale byzantine de 878 à 888, il reçut une excellente éducation, étudiant la rhétorique [19] de Démosthène et d’Aristote et apprit à parler couramment le grec, à un degré tel qu’il est dit à demi-Grec dans les chroniques byzantines.

Vers 888, Siméon revint en Bulgarie et entra au monastère royal de Preslav, où, sous la direction de Naum d’Ohrid ou Naum de Preslav , il s’engagea dans la traduction d’importants textes religieux grecs en vieux slave, aidé par d’autres étudiants venus de Constantinople. Pendant ce temps, Boris s’était retiré dans un monastère et Vladimir lui avait succédé comme souverain de la Bulgarie. Ce dernier tenta de réintroduire le paganisme dans l’empire, et signa peut-être un traité anti-byzantin avec Arnulf de Carinthie, forçant Boris à reprendre le trône pour déposer et faire énucléer Vladimir, puis faire de Siméon le nouveau souverain, ce qui fut entériné lors d’une assemblée à Preslav. Cette même assemblée fit du bulgare l’unique langue de l’État et de l’Église, et décida de déplacer la capitale du pays de Pliska [20] à Preslav. On ignore pourquoi Boris plaça Siméon sur le trône et non son second fils Gavril.

La longue paix avec les Byzantins établie par le père de Siméon prit fin avec lui. Un conflit éclata lorsque l’empereur byzantin Léon VI le Sage, influencé par son épouse Zoé Carbonopsina et son beau-père, déplaça les entrepôts où étaient stockées les importations bulgares de Constantinople à Thessalonique [21], où les marchands bulgares étaient lourdement taxés. Ceux-ci cherchèrent appui auprès de Siméon, qui se plaignit à Léon, mais celui-ci ignora son ambassade

Forcé d’agir, Siméon envahit l’empire byzantin durant l’automne 894, ne rencontrant que peu de résistance, la majorité des forces byzantines étant concentrées dans l’est de l’Anatolie [22] pour lutter contre les invasions arabes. Lorsqu’il apprit l’invasion, Léon envoya une armée de gardes et de soldats stationnés à Constantinople pour arrêter Siméon, mais elle fut déroutée quelque part dans le thème [23] de Macédoine [24].

Les Bulgares firent prisonniers la plupart des mercenaires khazars [25] et tuèrent de nombreux archontes [26], dont le commandant de cette armée. Cependant, Siméon ne put poursuivre son avancée vers la capitale byzantine : il dut rapidement retirer ses troupes pour faire face à une invasion magyare dans le nord.

Les Magyars avaient été convaincus d’attaquer la Bulgarie par les Byzantins, incapables de lutter efficacement contre les Bulgares et les Arabes simultanément. Il est possible que Léon VI ait également conclu un accord avec Arnulf, afin de s’assurer que les Francs n’aideraient pas Siméon contre les Magyars. En outre, Nicéphore Phocas le vieux fut rappelé d’Italie pour mener une armée séparée contre les Bulgares en 895 dans le seul but de les intimider. Siméon, ignorant qu’il était menacé au nord, se rua à la rencontre des troupes de Phocas, mais les deux armées ne s’engagèrent pas dans une bataille. À la place, les Byzantins firent une offre de paix, l’informant des campagnes terrestre et navale de l’empire, mais lui cachant intentionnellement l’attaque magyare prévue. Siméon, peu confiant envers l’émissaire, le mit en prison, puis ordonna que la route de la flotte byzantine sur le Danube [27] soit bloquée avec des cordes et des chaînes, souhaitant l’immobiliser le temps de s’occuper de Phocas.

En dépit des problèmes posés par ce blocage, les Byzantins parvinrent finalement à faire traverser les forces magyares menées par Liüntika, fils d’ Árpád , peut-être près de l’actuelle Galaţi [28], et les aida à piller les régions bulgares environnantes. Lorsqu’il fut mis au courant de cette invasion inattendue, Siméon se dirigea vers le nord pour arrêter les Magyars, laissant une partie de ses troupes sur la frontière sud pour prévenir une possible attaque de Phocas. Siméon rencontra deux fois l’ennemi dans le nord de la Dobroudja [29] et fut vaincu à chaque fois, et il dut se retrancher à Drastar [30]. Après avoir pillé une grande partie de la Bulgarie et atteint Preslav, les Magyars revinrent sur leurs terres, mais pas avant que Siméon ait conclu un armistice avec Byzance [31] aux alentours de l’été 895. La paix complète fut repoussée, Léon VI réclamant la libération des Byzantins capturés lors de la guerre commerciale.

Ayant réglé les problèmes immédiats avec les Magyars et les Byzantins, Siméon avait désormais les mains libres pour planifier une campagne punitive contre les Magyars. Il négocia une attaque commune avec les voisins orientaux des Magyars, les Petchenègues [32], et jeta en prison l’envoyé byzantin afin de retarder la libération des prisonniers jusqu’à la fin de la campagne contre les Magyars, ce qui lui permettrait de négocier une paix favorable à la Bulgarie. Dans les lettres qu’il échangea avec l’envoyé, Siméon refusa de libérer les captifs et tourna en ridicule les capacités d’astrologue de Léon VI.

Siméon se servit de l’invasion des terres des Slaves voisins par les Magyars en 896 comme casus belli et marcha contre les Magyars aux côtés de ses alliés petchenègues. Les Magyars subirent une défaite cuisante et totale durant la bataille du Boug méridional et durent quitter l’Etelköz [33] pour s’installer plus à l’ouest, en Pannonie [34]. Après leur défaite, Siméon finit par relâcher les prisonniers byzantins en échange des Bulgares capturés en 895.

Affirmant que les prisonniers n’avaient pas tous été libérés, Siméon envahit une nouvelle fois l’empire byzantin durant l’été 896, se dirigeant droit vers Constantinople. Il rencontra en Thrace [35] une armée byzantine assemblée en hâte, mais l’anéantit durant la bataille de Bulgarophygon [36]. Les Bulgares assiégèrent Constantinople et ne furent repoussés que lorsque Léon VI arma et envoya les combattre des prisonniers arabes en dernier recours. La guerre se conclut par un traité de paix qui dura formellement jusqu’aux alentours du décès de Léon VI, en 912, et d’après lequel les Byzantins devaient payer un tribut annuel. Ils durent aussi céder la zone comprise entre la mer Noire et Strandža aux Bulgares. Pendant ce temps, Siméon avait également imposé son autorité aux Serbes, en échange de la reconnaissance de Petar Gojniković comme leur souverain.

Siméon viola régulièrement le traité de paix passé avec Byzance, attaquant et annexant à plusieurs reprises des territoires byzantins, comme en 904, lorsque les attaques bulgares furent mises à profit par les Arabes du Grec renégat Léon de Tripoli pour entreprendre une campagne navale et s’emparer de Thessalonique.

Après que les Arabes eurent pillé la ville, elle devint une proie tentante pour la Bulgarie et les tribus slaves. Pour dissuader Siméon de s’emparer de la ville et de la repeupler de Slaves, Léon VI dut faire des concessions supplémentaires aux Bulgares en Macédoine. Le traité de 904 cédait à l’Empire bulgare toutes les terres peuplées de Slaves du sud de la Macédoine et de l’Albanie [37], la frontière passant à environ 20 kilomètres au nord de Thessalonique.

Léon VI mourut le 11 mai 912, et son fils Constantin VII, âgé de 7 ans, lui succéda, sous l’autorité d’ Alexandre , le frère de Léon, qui chassa son épouse Zoé Carbonopsina du palais. Cette succession constituait une occasion en or pour Siméon, qui rêvait de conquérir Constantinople. Au printemps 913, les émissaires bulgares venus renouveler la paix de 896 furent renvoyés de Constantinople par Alexandre, qui refusait de payer le tribut annuel. Siméon se prépara alors à la guerre.

Avant qu’il ne puisse attaquer, Alexandre mourut le 6 juin 913, laissant l’empire aux mains d’un conseil de régence présidé par le patriarche Nicolas Ier Mystikos. De nombreux habitants de la capitale ne reconnurent pas le jeune empereur et préférèrent soutenir le prétendant Constantin Doukas, ce qui arrangeait Siméon, sans compter les révoltes en Italie du sud et l’invasion arabe prévue en Anatolie orientale.

Constantin et Nicolas tentèrent de décourager Siméon d’envahir l’empire par une longue série de lettres, mais le souverain bulgare attaqua en force en juillet ou août 913, atteignant Constantinople sans rencontrer de résistance sérieuse. Cependant, le meurtre du prétendant Doukas et la formation d’un gouvernement chapeauté par le patriarche Nicolas avaient mis un terme à l’anarchie en ville, ce qui poussa Siméon à lever le siège et à entamer des pourparlers. Les négociations aboutirent au paiement des arriérés du tribut par les Byzantins, à la promesse que Constantin VII épouserait l’une des filles de Simon et surtout, à la reconnaissance officielle par le patriarche Nicolas de Siméon comme empereur des Bulgares au palais des Blachernes [38].

Peu après le passage de Siméon à Constantinople, Zoé, la mère de Constantin, revint au palais sur l’insistance du jeune empereur et commença immédiatement à éliminer les régents. Elle parvint à s’assurer le pouvoir en février 914 grâce à ses intrigues, éliminant à toutes fins pratiques le patriarche Nicolas du gouvernement, désavouant sa reconnaissance du titre impérial de Siméon et rejetant le mariage prévu de son fils avec l’une des filles de Siméon. Celui-ci n’avait plus que la guerre comme moyen d’arriver à ses fins. Durant l’été 914, il envahit une nouvelle fois la Thrace et s’empara d’Andrinople [39]. Zoé lui envoya rapidement de nombreux présents pour le convaincre de rendre Andrinople et de se retirer. Dans les années suivantes, les troupes de Siméon restèrent dans les provinces du nord-ouest de l’empire Byzantin, autour de Drač [40] et Thessalonique, sans refaire mouvement vers Constantinople

En 917, Siméon se préparait à une nouvelle guerre contre Byzance. Il tenta de conclure une alliance dirigée contre les Byzantins avec les Petchenègues, mais ses envoyés ne purent rivaliser avec les moyens financiers des Byzantins, qui purent surenchérir. Ceux-ci tramaient également une campagne à grande échelle contre la Bulgarie et tentèrent de convaincre le prince de Serbie Petar Gojniković d’attaquer les Bulgares avec l’appui des Magyars.

Cette même année, une armée byzantine particulièrement importante menée par Léon Phocas, fils de Nicéphore Phocas, envahit la Bulgarie, aidée de la flotte byzantine commandée par Romain Lécapène, qui fit voile vers les ports bulgares sur la mer Noire. Alors qu’elles se dirigeaient vers Mesembria [41], où elles devaient être rejointes par des renforts venus par bateau, les troupes de Phocas s’arrêtèrent pour se reposer près de l’Achelaos, non loin du port d’Anchialos [42]. Une fois informé de cette invasion, Siméon se rua à la rencontre des Byzantins pour les intercepter et les attaqua en sortant des collines proches de l’endroit où ils se reposaient en désordre. La bataille d’Anchialos le 20 août 917 [43], fut l’une des plus grandes de l’histoire médiévale. Elle vit les Bulgares mettre en déroute complète les Byzantins et tuer nombre de leurs chefs, quoique Phocas ait réussi à fuir vers Mesembria [44].

L’attaque petchenègue prévue depuis le nord échoua également, car les tribus se querellèrent avec l’amiral Lécapène, qui refusa de leur faire traverser le Danube pour aider la principale armée byzantine. Les Byzantins ne furent aidés ni par les Serbes, ni par les Magyars : ces derniers étaient engagés en Europe de l’Ouest comme alliés des Francs, tandis que les Serbes de Petar Gojniković étaient réticents à l’idée d’attaquer la Bulgarie, Siméon ayant été informé de leurs plans par Mihailo Višević de Zahumlje [45], un allié des Bulgares.

La victoire d’Anchialos fut rapidement suivie d’une autre pour les Bulgares. Ceux envoyés à la poursuite des survivants de l’armée byzantine approchaient de Constantinople lorsqu’ils rencontrèrent des troupes menées par Léon Phocas, qui était retourné dans la capitale, au village de Katasyrtai. Les régiments bulgares attaquèrent et défirent une nouvelle fois les Byzantins, détruisant une partie de leurs dernières unités avant de rentrer en Bulgarie.

Immédiatement après la fin de cette campagne, Siméon chercha à punir le souverain serbe Petar Gojniković qui avait tenté de le trahir en s’alliant aux Byzantins. Siméon envoya en Serbie une armée menée par deux de ses commandants, Théodore Sigritsa et Marmais. Ils parvinrent à convaincre Petar d’assister à une entrevue privée, durant laquelle il fut enchaîné et emmené en Bulgarie, où il mourut en prison. Siméon plaça Pavle Branović , jusqu’ici exilé en Bulgarie, sur le trône serbe, restaurant l’influence bulgare sur ce pays pour un moment.

Pendant ce temps, les échecs militaires byzantins provoquèrent des changements à Constantinople : l’amiral Romain Lécapène remplaça Zoé comme régent du jeune Constantin VII en 919, la forçant à se retirer dans un couvent. Romain fiança sa fille Hélène à Constantin et devint coempereur en décembre 920, assumant alors le véritable gouvernement de l’empire, ce qui était en grande partie ce que Siméon avait eu l’intention de faire.

Siméon ne pouvant plus espérer monter sur le trône de Byzance par des moyens diplomatiques, il dut à nouveau avoir recours à la guerre pour imposer ses vues. Entre 920 et 922, il accentua sa pression sur Byzance, menant des campagnes à l’ouest en Thessalie [46] et à l’est en Thrace, jusqu’aux Dardanelles [47] et à l’isthme de Corinthe [48]. Les troupes de Siméon apparurent devant Constantinople en 921, lorsqu’elles réclamèrent la déposition de Romain et s’emparèrent d’Andrinople, et en 922, lorsqu’elles remportèrent la bataille de Pigae, brûlèrent la majeure partie de la Corne d’Or [49] et s’emparèrent de Bizye [50]. Pendant ce temps, les Byzantins tentèrent de soulever la Serbie contre Siméon, mais ce dernier remplaça Pavle par Zaharije Pribisavljević , un réfugié à Constantinople qu’il avait capturé

Désespérant de prendre Constantinople, Siméon planifia une vaste campagne en 924 et envoya des émissaires au calife fatimide [51] Ubayd Allâh al-Mahdî , dont la puissante flotte lui était nécessaire. Le calife accepta et envoya ses propres émissaires aux Bulgares pour négocier les termes de l’alliance. Cependant, les envoyés furent capturés en Calabre [52] par les Byzantins. Romain offrit la paix aux Arabes ainsi que de généreux dons, anéantissant leur alliance avec la Bulgarie.

En Serbie, les Byzantins persuadèrent Zaharija Pribislavljević de se révolter contre Siméon. Il fut soutenu par de nombreux Bulgares, lassés des campagnes incessantes menées contre Byzance par Siméon. L’empereur bulgare envoya des troupes commandées par Sigrica et Marmais, mais elles furent vaincues et ses deux commandants pendus et leur tête envoyer à Siméon. Siméon signa un armistice avec Byzance pour pouvoir se concentrer sur la répression du soulèvement. Siméon comprit alors qu’il n’est pas possible d’occuper la Serbie sans avoir à la tête de ses troupes un général serbe qui connaisse bien ces régions montagneuses et couvertes de forêts. Il décide alors de remettre à la tête de son armée un Serbe, Časlav Klonimirović , fils de Klonimir de la dynastie des Vlastimirović [53].

En 924, Časlav pénètre en Serbie avec son armée. Zaharija est pris de court, car il ne pensait pas que Siméon aurait pu lever une nouvelle armée aussi vite ; et lorsqu’il apprend que Časlav est le général de cette armée, il décide de fuir en Croatie [54].

Durant l’été 924, Siméon arriva à Constantinople et demanda à voir le patriarche et l’empereur. Il s’entretint avec Romain sur la Corne d’Or le 9 septembre 924 et conclut une paix selon laquelle Byzance paierait une taxe annuelle à la Bulgarie, mais récupèrerait quelques villes sur les côtes de la mer Noire. Durant l’entrevue des deux monarques, il est dit que deux aigles se croisèrent dans le ciel et se séparèrent, l’un d’entre eux volant au-dessus de Constantinople et l’autre en direction de la Thrace, symbolisant l’impossible réconciliation entre les deux souverains.

Vraisemblablement après, et sans doute au moment même du décès du patriarche Nicolas en 925, Siméon fit de l’Église orthodoxe bulgare un patriarcat. On peut rapprocher ce mouvement des relations diplomatiques entre Siméon et la papauté entre 924 et 926, durant lesquelles il demanda et reçut la reconnaissance, par le pape Jean X , de son titre d’empereur des Romains, égal à celui de l’empereur de Byzance, et peut-être la confirmation d’une dignité de patriarche pour le chef de l’Église orthodoxe bulgare.

En 926, les troupes de Siméon sous le commandement d’Alogobotour envahirent la Croatie, alors alliée à Byzance, mais subirent une défaite sans appel face aux armées du roi Tomislav durant la Bataille des hautes terres de Bosnie. Craignant une contre-attaque bulgare, Tomislav accepta d’abandonner son alliance avec Byzance et de signer la paix sur la base d’un statu quo négocié par le légat [55] du pape Madalbert. Durant les derniers mois de sa vie, Siméon prépara un autre siège de Constantinople, en dépit des appels désespérés de Romain pour la paix.

Le 27 mai 927, Siméon mourut d’insuffisance cardiaque dans son palais de Preslav.

C’est son fils Pierre 1er qui lui succéda, avec Georges Sursuvul ou Sursubul, oncle maternel du nouvel empereur, comme régent. Le nouvel empereur épousa Maria (Irène), petite-fille de Romain. Le traité de paix signé par la Bulgarie et Byzance en octobre 927 confirma les frontières existantes, de même que la dignité impériale du souverain bulgare et le statut patriarcal du chef de l’Église bulgare

Le règne de Siméon marque l’apogée culturelle de la Bulgarie, qui devient le centre littéraire et spirituel du monde slave. Dans ce domaine, Siméon poursuivit la politique de son père Boris, propageant la culture slave et attirant intellectuels et écrivains à l’intérieur du pays. L’activité littéraire du pays se concentre dans les écoles littéraires de Preslav et d’Ohrid [56], fondées sous le règne de Boris.

Siméon se maria à deux reprises. De sa première femme, dont l’identité est inconnue, Siméon eut un fils, Michel, né avant 913. Il fut exclu de la succession en 927 et envoyé dans un monastère. Il mourut en 931, peu après avoir organisé une révolte.

De sa deuxième femme, la fille de l’influent noble Georges Sursuvul ou Sursubul, il eut trois fils : c’est Pierre, qui lui succéda comme empereur de Bulgarie en 927 et régna jusqu’en 969.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du vie au ixe siècle, 2006/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p1216

Notes

[1] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[2] Les Magyars ou Hongrois sont à l’origine un groupe ethno-linguistique finno-ougrien originaire d’Asie centrale et dont les migrations successives, d’abord vers l’Oural, ensuite vers la mer Noire (pays d’Etelköz, l’actuelle Ukraine) ont finalement abouti à la création du « pays magyar » (Magyarország), c’est-à-dire la Hongrie. Des débats historiographiques récurrents évoquent l’existence de « Magyars orientaux » (keleti Magyarok) dans le Caucase et en Asie centrale. De nos jours, le qualificatif « magyar » est souvent utilisé comme un ethnonyme, pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l’État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, pour désigner les Magyars d’outre-frontières, à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatif magyar est également utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à la Hongrie comme État-nation moderne et par extension tous les citoyens hongrois, quelles que soient leurs origines socio-culturelles.

[3] Parmi les tribus slaves en expansion à partir du 4ème siècle de notre ère, on trouve les Serbes blancs ou aujourd’hui Sorabes qui migrèrent d’abord vers l’ouest à travers la Pologne et la Tchéquie actuelles. Leurs descendants vivent aujourd’hui en Lusace, à l’est de l’Allemagne, plus exactement entre l’Elbe et la Saale, dans ce qui était jadis la Grande-Moravie. Cette région, s’appelle la « Serbie blanche », le blanc symbolisant l’ouest chez les Slaves. Au 7ème siècle, à l’époque de l’Empereur byzantin Héraclius, la majeure partie des serbes blancs migra en plusieurs vagues entre 610-641 vers la région centrale des Balkans où ils assimilèrent les Valaques et les Illyriens locaux, donnant ainsi naissance au peuple Serbe. Plusieurs principautés serbes furent fondées au 9ème siècle mais se disloquèrent à la fin du 12ème siècle. Le processus de christianisation fut engagé par les moines Cyrille et Méthode, qui évangélisèrent tous les peuples slaves, y compris les Serbes, et qui inventèrent l’alphabet cyrillique à partir des lettres grecques. Les premiers prénoms chrétiens, comme Stefan ou Petar firent alors leur apparition. La dynastie des Nemanjić, ou Némanides, qui régna sur la Serbie de 1170 à 1371 transforma l’État indépendant de Rascie (Raška) en un vaste empire.

[4] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.

[5] Les Balkans sont une des trois « péninsules » de l’Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l’absence d’un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km²

[6] La mer Égée est une mer intérieure du bassin méditerranéen, située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Elle s’étend de la côte thrace et du détroit des Dardanelles au nord jusqu’à la Crète au sud.

[7] La mer Adriatique est une mer séparant la péninsule italienne de la péninsule balkanique. L’Adriatique est le bras de la Méditerranée situé le plus au nord en s’étendant du canal d’Otrante (où elle rejoint la mer Ionienne) jusqu’aux villes de Venise et de Trieste et à l’embouchure du Pô. Les pays côtiers sont l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et l’Albanie, ainsi que la Grèce par l’île de Corfou.

[8] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.

[9] Preslav, ou Véliki Preslav (Preslav la Grande) est une cité médiévale de Bulgarie qui fut la seconde capitale du Premier Empire Bulgare (après Pliska) de 893 à 971. Sous le Second Empire Bulgare (1185-1393), si elle fut remplacée comme capitale par Veliko Tarnovo, elle n’en resta pas moins une ville importante. Ses ruines sont situées à 20 km au sud-ouest de la ville de Shoumen, et constituent actuellement une Réserve Archéologique Nationale. Un village situé à environ deux kilomètres au nord de l’ancien site a repris le nom de Preslav en 1878

[10] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[11] L’Église orthodoxe bulgare, officiellement le Patriarcat de Bulgarie, est une juridiction autocéphale de la communion orthodoxe en Bulgarie. Elle occupe le huitième rang honorifique parmi les Églises autocéphales. Le primat de l’Église porte le titre de Métropolite de Sofia et Patriarche de toute la Bulgarie, avec résidence à Sofia

[12] Dans l’Église chrétienne, un patriarcat est une région soumise à l’autorité d’un patriarche.

[13] La Pentarchie est l’organisation de l’Église chrétienne autour de cinq Églises patriarcales : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. La formule apparaît pour la première fois dans la législation de l’empereur Justinien, au 6ème siècle, qui l’a utilisée pour organiser l’Église chrétienne trinitaire dans le cadre de l’unité politique de son empire, et ensuite dans les actes du concile in Trullo (7ème siècle). L’Église de Rome n’accepta pas ce concile et refusa de reconnaître la Pentarchie, en déniant toute espèce de primauté au siège de Constantinople, qui n’aurait pas été fondé par un apôtre, et en développant une ecclésiologie qui attribuait au siège de Rome, fondé par l’apôtre Pierre, la position centrale

[14] L’alphabet glagolitique est le plus ancien alphabet slave. Il était utilisé dans la Grande-Moravie mais il a été inventé par les frères Cyrille et Méthode au monastère de Polychron. Il tire son nom du vieux mot slave glagoljati qui signifie dire. Il est couramment utilisé, au Moyen Âge, en Croatie, en Bulgarie ou au Monténégro, sporadiquement au Royaume de Bohême. Au cours du 10ème siècle, l’alphabet cyrillique a progressivement remplacé l’alphabet glagolitique par substitution aux lettres glagolitiques des lettres grecques correspondantes.

[15] Titre signifiant dirigeant en mongol et en turc. Le terme est parfois traduit comme signifiant souverain ou celui qui commande. Le féminin mongol de khan est khatoun. Un khan contrôle un khanat. Pour les hauts rangs, on se sert du titre de khagan. Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de l’empire ottoman, ainsi que par les dirigeants de la Horde d’Or et les états descendants. Le titre de khan a aussi été utilisé par les dynasties turques seldjoukides du Proche-Orient pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou nations. Inférieur en rang à un atabey. Les dirigeants Jurchen et Mandchous ont également utilisé le titre de khan. Les titres de khan et de khan bahadur furent également honorifiques en Inde au temps des Grands Moghols, et plus tard par le Raj britannique comme un honneur pour les rangs nobles, souvent pour loyauté à la couronne. Le titre de khan fut aussi porté par les souverains bulgares entre 603 et 917.

[16] Prince

[17] d’empereur

[18] Personne qui passe un temps d’épreuve (ou noviciat nom masculin) dans un couvent, avant de prononcer des vœux définitifs.

[19] La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours).

[20] Pliska est le nom de la première capitale de Bulgarie entre 681 et 893. À cette date, elle fut remplacée comme capitale par Preslav. L’ancienne capitale, après sa disparition, a laissé la place, durant plusieurs siècles, à un village nommé Aboba.

[21] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[22] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[23] c’est-à-dire des circonscriptions administratives et militaires de l’empire

[24] Le thème de Macédoine est un thème byzantin (une province civile et militaire) fondé vers 790. En dépit de son nom, il n’est pas situé sur le territoire de la Macédoine actuelle mais dans la région de Thrace. Sa capitale est Andrinople.

[25] Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; leur existence est attestée entre le 6ème et le 13ème siècle. Au 7ème siècle les Khazars s’établirent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat ; une partie d’entre eux se convertirent alors au judaïsme qui devint religion d’État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont aujourd’hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l’Ukraine orientale, la Crimée, l’est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie telles l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Les Khazars remportèrent plusieurs séries de succès militaires sur les Sassanides. Ils luttèrent aussi victorieusement contre le Califat, établi en deçà de la Ciscaucasie, empêchant ainsi toute invasion arabo-islamique du sud de la Russie. Ils s’allièrent à l’Empire byzantin contre les Sassanides et la Rus’ de Kiev. Lorsque le Khaganat devint une des principales puissances régionales, les Byzantins rompirent leur alliance et se rallièrent aux Rus’ et Petchenègues contre les Khazars. Vers la fin du 10ème siècle, l’Empire Khazar s’éteignit progressivement et devint l’un des sujets de la Rus’ de Kiev. S’ensuivirent des déplacements de populations rythmées par les invasions successives des Rus’, des Coumans et probablement de la Horde d’Or mongole. Les Khazars disparurent alors de l’histoire n’étant plus mentionnés dans aucun récit historique.

[26] Dans l’empire byzantin, le terme archonte peut avoir trois significations : Lors de la fondation de Constantinople, l’archonte de l’antique Byzance devient l’arconte-proconsul de la nouvelle capitale, durant le 4ème siècle ; le premier est Tetitius Facundus en 336 et le dernier Thémistius en 358-359. Il peut également désigner un personnage puissant, détenteur d’une forme d’autorité publique. Certains subordonnés de hauts fonctionnaires ou officiers sont désignés par le terme archonte. Au sens technique, un archonte est un gouverneur, un administrateur. Les listes de préséances et les sceaux font connaître des archontes provinciaux (de Crète, Chypre, Dalmatie) au 9ème siècle, et des archontes de villes, plus tard aux 10/12ème siècles (Claudioupolis, Chrysopolis, Athènes, etc.)

[27] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[28] Galați est une ville de Moldavie roumaine, sur la rive gauche du Danube, un peu en aval de Brăila. C’est le chef-lieu du județ de Galați.

[29] La Dobroudja est un territoire couvrant l’est de la Roumanie et le nord-est de la Bulgarie, soit approximativement du sud du bas-Danube à la mer Noire. En Roumanie, la Dobrogée se subdivise en deux départements comprenant un port de la mer Noire : Constanța, et le delta du Danube ; en Bulgarie, cette région est considérée comme le « grenier à blé » du pays. La région est peuplée dans l’Antiquité par les tribus Daces ou Gètes faisant partie de l’ensemble thrace. La population locale, progressivement hellénisée, fait du commerce avec les colonies grecques de la mer Noire Callatis, Histria, Tomis jusqu’à la conquête romaine, puis subit les invasions des peuples migrateurs slaves et turcophones Huns, Avars, Bulgares, Ouzes, Petchénègues, Coumans dits Polovtses, Tatars dits Tartares, Ottomans.

[30] actuelle Silistra

[31] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[32] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).

[33] Le nom Etelköz, plus rarement Étel, désigne un territoire situé au nord de la mer Noire, habité aux 8ème et 9ème siècles par les tribus magyares, à cheval sur les régions historiques de Moldavie, de l’Edisan et de la Tauride, aujourd’hui en Roumanie, Moldavie et Ukraine. Sans doute poussées par les Bulgares de la Volga et les Petchénègues, ces tribus migrent ensuite en direction de la Plaine de Pannonie, traversant les Carpates, notamment par le col de Verets. Quelques Magyars restent cependant en Moldavie occidentale, à l’Est des Carpates : ce seraient les ancêtres des Csángós.

[34] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[35] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[36] actuellement Babaeski, en Turquie

[37] Les Illyriens furent les premiers occupants du territoire albanais, suivis par les Grecs au 7ème siècle av. jc. Puis au 2ème siècle av. jc, l’Albanie fut reprise des mains des Grecs par les Romains, le pays intégra l’Empire romain et en devint une province. Ancien pays formé au Moyen Âge (15ème siècle) autour du drapeau de Scanderbeg,

[38] Les Blachernes sont un quartier au nord de Constantinople, situé entre le monastère de Chora, la porte d’Andrinople et la Corne d’Or et abritant, outre un palais, l’une des 24 portes de la muraille de Théodose II, appelée porte des Blachernes, ainsi que la basilique Sainte-Marie-Mère de Dieu, dite « Sainte-Marie des Blachernes ».

[39] Edirne (autrefois Andrinople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa, l’Hèbre des Anciens

[40] Durrës

[41] Nesebar

[42] Pomorie

[43] La troisième bataille d’Anchialos opposa le 20 août 917, les forces de l’armée byzantine commandées par Romain 1er Lécapène, Léon Phocas et Jean Bogas à celles de l’empereur Siméon 1er de Bulgarie sur les rivages de la mer Noire autour de cette ville (aujourd’hui Pomorie en Bulgarie). Elle se termina par une victoire bulgare au terme de laquelle Siméon se rendit à Constantinople où il fut couronné une deuxième fois comme « tsar ».

[44] Nessebar (Messembrie en français classique, d’après son nom grec Messembria qui signifie « midi » et supposément « cité de Melsas ») est une cité historique de la Bulgarie, de population grecque de l’Antiquité à 1923, juchée sur une presqu’île rocheuse s’avançant en mer Noire.

[45] La Zachlumie, Zahumlje ou Zachoulmie, connue également comme la Terre de Hum, Chelm et de Chelmia, fut une principauté serbe du sud médiévale située en Herzégovine (faisant partie de l’actuelle Bosnie-Herzégovine) plus précisément de l’Herzégovine, en Dalmatie du sud (faisant partie de l’actuelle république de Croatie).

[46] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.

[47] Les Dardanelles ou détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, les termes de « Dardanelles » (et d’« Hellespont ») désignaient les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire.

[48] L’isthme de Corinthe est une bande de terre reliant le Péloponnèse à l’« Hellade », c’est-à-dire la Grèce continentale. Il est baigné par la mer Ionienne (golfe de Corinthe) à l’ouest et la mer Égée (golfe Saronique) à l’est. En son point le plus étroit, l’isthme mesure 6 km de large. Depuis la fin du 19ème siècle, il est percé par le canal de Corinthe, projet dont les premiers plans remontent à l’Antiquité.

[49] La Corne d’Or est un estuaire commun aux rivières Alibeyköy Deresi et Kağıthane Deresi qui se jettent dans le Bosphore à Istanbul. Cet emplacement qui forme un port naturel fut aménagé par les colons grecs pour former la ville de Byzance. Sous l’empire byzantin, les chantiers navals y étaient installés et un mur d’enceinte le long de la berge protégeait la ville des attaques navales.

[50] Vize est une ville et district de la province de Kırklareli dans la région de Marmara. La ville se trouve à 56 km de la capitale provinciale, sur la route d’Istanbul à Edirne

[51] Les Fatimides (également appelés Obeydides ou Banu Ubayd depuis le manifeste de Bagdad ont formé une dynastie califale arabe chiite ismaélienne d’ascendance alide qui régna, depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171), sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Issus de la branche religieuse chiite des ismaéliens pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète de l’islam Mahomet, les Fatimides considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. L’établissement de leur califat débute au Maghreb, grâce à l’appui des Berbères Kutama, grande tribu qui était établie à l’est de l’actuelle Algérie qui vont renverser le pouvoir local aghlabide. Après un intermède en Ifriqiya, ils finiront par s’établir dans la ville du Caire qui pendant leur règne prendra un essor considérable.

[52] La région de Calabre, plus couramment appelée la Calabre, est une région d’Italie située à l’extrême sud de la péninsule. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre. À partir de la fin de l’Antiquité, elle n’échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d’Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché. Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous la domination des Ostrogoths. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d’Alamans venus aider les Goths du nouveau roi Teias. Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l’Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l’origine de l’actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard. À partir du 9ème siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates Sarrasins puis au 10ème siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu’à Bénévent.

[53] La Dynastie des Vlastimirović est la première dynastie serbe connue ; elle a été fondée par Vlastimir en 836, mais elle existait déjà depuis Drvan en 626 souverain des serbes en Serbie blanche.

[54] La Croatie, est un pays d’Europe centrale et du Sud. Il s’étend depuis les confins de l’extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu’au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Sa capitale est Zagreb

[55] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[56] Ohrid est une municipalité et une ville du sud-ouest de la Macédoine du Nord, située sur le lac du même nom. La ville d’Ohrid est née pendant l’Antiquité, elle s’appelait alors Lychnidos et possédait un théâtre antique et une acropole. Après les invasions slaves du début du Moyen Âge, la ville devient au 9ème siècle un grand centre religieux et culturel. Saint Clément d’Ohrid y fonde alors un grand monastère et participe à l’établissement de l’alphabet cyrillique et de la culture macédonienne. Un siècle plus tard, Samuel 1er fait d’Ohrid la capitale de son empire.