Après la mort de son prédécesseur Nicétas 1er le 6 février 780, il est choisi par l’empereur Léon IV le Khazar.
Natif de Salamine de Chypre [1], il n’a que le grade de lecteur dans le clergé et semble avoir été choisi par l’empereur pour lui être soumis. Pendant la cérémonie de son investiture, sans doute au palais de la Magnaure [2], le 20 février, Léon IV exige de lui, avant de lui remettre les insignes de sa charge, qu’il signe une promesse écrite de rester fidèle à l’iconoclasme [3], devenu doctrine officielle depuis le concile de Hiéreia [4]. Léon, jusqu’alors très modéré sur cette question, semble avoir à cette époque voulu renouer avec la politique religieuse de Constantin V. Mais il meurt brusquement le 8 septembre suivant, laissant la place, comme régente, à sa femme Irène, iconodoule [5] fervente.
Il est vu comme l’un des instigateurs de la restauration du culte des images. On rapporte, peut-être à cause de son origine chypriote, que c’est lui qui aurait reconnu le premier l’inauthenticité des écrits iconoclastes attribués à Épiphane de Salamine qui furent utilisés comme arguments par le concile de Hiéreia. Il aurait également mal vécu l’isolement de l’Église de Constantinople, les 4 autres patriarcats rejetant tous l’iconoclasme, et aurait le premier lancé l’idée d’un nouveau concile œcuménique. Mais il se sentait paraît-il lié par la promesse qu’il avait signée.
Le 31 août 784, on apprit à Constantinople [6] que le patriarche [7], qu’on savait malade et fatigué, s’était enfui la nuit précédente de son palais, sans prévenir personne. Abandonnant les insignes de sa charge, il s’était réfugié au monastère de Floros, à 8 kilomètres au nord de la Corne d’O [8], sur la rive européenne du Bosphore [9], décidé à n’en plus sortir.
L’impératrice Irène, furieuse d’avoir été tenue dans l’ignorance, et décidée à ramener le patriarche, partit le jour même pour le monastère avec son fils l’empereur et une petite escorte. Le long entretien qu’ils eurent ne décida pas le prélat devenu moine à revenir.
Les jours suivants, nombre de hauts dignitaires du Palais, d’évêques de passage dans la capitale, de familiers du patriarche se relayèrent au monastère pour joindre leurs instances à celles de l’impératrice. Rien n’y fit. C’est Paul lui-même qui aurait dit à l’impératrice que le protasekretis [10] Taraise, bien que simple laïc, était le mieux à même de prendre sa succession.
Le siège du vieillard malade se poursuivit pendant 4 mois. Irène attendit sa mort, en décembre, pour organiser l’élection de Taraise.