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Catherine-Marie de Lorraine dite Catherine de Lorraine (1552-1596)

jeudi 24 septembre 2020, par ljallamion

Catherine-Marie de Lorraine dite Catherine de Lorraine (1552-1596)

Duchesse de Montpensier

Princesse française issue de la maison de Guise [1], qui joua un rôle politique de premier plan au sein de la Ligue [2] pendant les guerres de religion [3].   Fille du duc François de Guise et de la princesse Anne d’Este qui tinrent une place majeure à la cour des rois Henri II et François II. Elle grandit dans un contexte de guerre civile ; elle a 10 ans quand son père est assassiné par un protestant.

Cousine germaine de la reine Marie Stuart, elle est mariée à l’âge de 18 ans à un prince de sang de 40 ans son aîné Louis III de Montpensier, duc de Montpensier [4] dont elle n’aura pas de descendance, son mari ayant déjà plusieurs enfants d’un précédent mariage. Veuve dès l’âge de 30 ans, elle ne se remaria jamais.

En butte aux railleries concernant sa boiterie, elle manifeste une hostilité très prononcée pour les favoris du roi Henri III et sur le plan des rivalités nobiliaires, les Lorraine [5] étant de plus ancien lignage que les Bourbons [6], pourtant princes du sang, elle marque son opposition aux Bourbons dont elle est pourtant parente par son mariage.

Après la signature du traité de Nemours en 1585 [7], le roi envisage, pour réconcilier son parti avec celui des Guise, de la marier à son favori le duc d’Épernon Jean-Louis de Nogaret de la Valette , mais les différentes tentatives du roi échouent face au refus catégorique de Catherine, horrifiée d’une alliance avec le mignon du roi.

Elle anime dès lors la propagande de la Ligue contre Henri III qu’elle a pris en haine et qu’elle diffame dans la capitale via les prédications des prêcheurs parisiens avec qui elle est en étroite relation. Elle soutient fermement les ambitions de son frère le duc de Guise et contribue, dans une certaine mesure, à sa victoire lors de la journée des barricades les 12 et 13 mai 1588 [8], au cours desquelles la capitale se soulève contre le roi.   Elle se considère désormais comme la reine de Paris et porte à sa ceinture la paire de ciseaux avec laquelle elle veut tonsurer le roi et l’enfermer dans un couvent.

L’exécution sommaire du duc de Guise Henri de Lorraine dit Henri 1er de Guise dit le Balafré, 8 mois plus tard, multiplie la haine et le fanatisme de la duchesse à l’encontre du roi. Elle joue un rôle de premier plan dans la révolte en poussant à l’action les membres de sa famille. Elle part ainsi à la rencontre de son frère le duc de Mayenne Charles de Mayenne ou Charles II de Lorraine pour le convaincre de venir à Paris prendre la tête de la Ligue.

Au moment de l’assassinat du roi Henri III, le 1er août 1589, Catherine s’est vantée d’en avoir été à l’origine. Débarrassée de son pire ennemi, elle déverse alors sa haine sur son successeur Henri IV.

Durant les terribles guerres et sièges qui menacent la ville de Paris de 1589 à 1594, elle continue la lutte avec les deux autres princesses de Lorraine, sa mère la duchesse de Nemours et sa belle-sœur la duchesse de Guise Catherine de Clèves dite aussi Catherine de Nevers . Elle occupe avec elles l’hôtel de la reine [9]. Pendant les états généraux de 1593, elle soutient la candidature de son frère au trône de France.

La duchesse de Montpensier dû accepter sa défaite lors de l’entrée d’Henri IV à Paris en 1594. Malgré les supplications de la veuve d’Henri III, Louise de Lorraine-Vaudémont , sa cousine, le roi n’exerça pas de représailles à son encontre. La duchesse de Montpensier mourut 2 ans plus tard, et ce au soulagement du roi, car elle continuait ses intrigues.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Eliane Viennot, « Des « femmes d’État » au xvie siècle : les princesses de la Ligue et l’écriture de l’Histoire », in D. Haase-Dubosc & É. Viennot (dir.), Femmes et Pouvoirs sous l’Ancien Régime, Actes du colloque de Paris, déc. 1989, Paris, Rivages, 1991

Notes

[1] La maison de Guise était une famille illustre de la noblesse française. Branche cadette de la maison de Lorraine, elle marqua l’histoire de France pendant les guerres de religion. La Maison de Guise est fondée par Claude de Lorraine, second fils du duc René II de Lorraine qui lui légua toutes les possessions "françaises" de la Maison de Lorraine, dont Guise. Claude de Guise fut naturalisé français et créé duc et pair par François 1er, il fut le premier duc de Guise. Sa fille Marie de Guise épousa le roi Jacques V d’Écosse, et fut régente d’Écosse durant la minorité de leur fille Marie Stuart.

[2] La Ligue catholique, la Sainte Ligue ou la Sainte Union est le nom donné pendant les guerres de Religion à un parti de catholiques qui s’est donné pour but la défense de la religion catholique contre le protestantisme. Son succès est tel qu’elle devient un danger pour la monarchie. En 1588, elle parvient à chasser le roi Henri III de la capitale. La Ligue décline petit à petit devant les victoires du roi Henri IV. Elle constitua un des plus grands dangers que connut la monarchie française avant l’avènement de l’absolutisme, avec la Fronde, au siècle suivant, dont les acteurs gardèrent présente à l’esprit la Ligue, comme modèle ou comme repoussoir.

[3] En France, on appelle guerres de Religion une série de huit conflits (guerres civiles, guerres de religion et opérations militaires) qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du 16ème siècle et où se sont opposés catholiques et protestants (appelés aussi huguenots). À partir du 16ème siècle, un schisme provoqué par les idéaux de la Réforme conduit à une opposition entre protestants et catholiques sous la forme d’une sanglante guerre civile. Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550 pour voir le développement des clivages. À la fin du règne de Henri II, le conflit se politise. Les guerres de Religion commencent en 1562 et se poursuivent, entrecoupées de périodes de paix, jusqu’en 1598, avec la mise en place de l’édit de Nantes.

[4] Le comté de Montpensier est une principauté féodale du nord de l’Auvergne. Initialement centrée autour de Montpensier, la capitale en est néanmoins la ville d’Aigueperse. La maison des Bourbon-Montpensier est à la tête de ce territoire jusqu’en 1531. Montpensier est d’abord une seigneurie du comté d’Auvergne qui va intégré la seigneurie des Ventadour après la conquête française de 1213 suite au siège de Tournoël. En 1384, Jean de Berry, duc d’Auvergne et de Berry achète le comté de Montpensier au seigneur de Ventadour pour 40 000 francs. Lorsque le duché passe aux mains des Bourbons, une branche cadette de cette dynastie y est installée. En 1531, suite à la guerre entre Charles III de Bourbon, duc d’Auvergne et de Bourbon, qui est né à Montpensier, et le roi de France François 1er, les territoires ducaux sont intégrés à la couronne de France.

[5] maison souveraine et d’illustre ascendance" qui se glorifie de ses aïeux, prétendus (Charlemagne, Godefroy de Bouillon comme avérés (Henri de Lorraine, René 1er de Lorraine, René II de Lorraine...) dont les Guise, sont une branche établie en France où il disposent, alors, d’un immense pouvoir

[6] La maison capétienne de Bourbon est une branche de la dynastie capétienne issue de Robert de France (né en 1256, mort le 7 février 1317), comte de Clermont, par mariage seigneur de Bourbon, seigneur de Charolais, de Saint-Just et de Creil, chambrier de France, dernier fils du roi de France Saint Louis et de Marguerite de Provence. Louis était comte de Clermont-en-Beauvaisis et fut donc le fondateur de la maison capétienne de Bourbon. Elle se scinde en de nombreuses sous-branches ; les branches issues de Henri IV ont donné la dynastie des Bourbons et ont régné sur plusieurs pays d’Europe. En France, son règne correspond à l’apogée de la monarchie absolue et à la prépondérance française en Europe.

[7] L’édit de Nemours est un texte de loi révoquant tous les édits de tolérance qui existent en faveur des protestants, signé à Nemours par Henri III le 7 juillet 1585.

[8] La journée des Barricades désigne le soulèvement populaire qui éclate à Paris le 12 mai 1588, durant la huitième guerre de Religion. Ce soulèvement est mené par le Conseil des Seize ainsi que par le duc de Guise.

[9] L’hôtel de la Reine devenu hôtel de Soissons était un palais, construit au 16ème siècle par la reine Catherine de Médicis dans le cœur de Paris.