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Jean 1er Doukas

jeudi 2 avril 2020, par ljallamion

Jean 1er Doukas (1240-1289)

Chef de la Thessalie de 1268 à sa mort

carte de la ThessalieFils illégitime de Michel II Doukas, despote d’Épire [1], et de sa maîtresse. Il était probablement plus âgé que d’autres enfants de son père.

Marié à la fille du valaque [2] thessalien [3] Taronas, Jean fut à la tête d’une armée largement composée de Valaques.

Il participa en tant que commandant militaire aux opérations précédant la bataille de Pélagonie [4] en 1259. Lors de cette bataille, son abandon de l’alliance formée par son père et constituée du prince d’Achaïe [5] Guillaume II de Villehardouin , et du roi Manfred de Sicile contribua à la défaite que subirent les alliés par Jean Paléologue, frère de Michel VIII Paléologue.

Cependant Jean Doukas se repentit de ses actions, et revint soutenir son père.

À la mort de son père Michel II Doukas vers 1268, Jean hérita des possessions de Thessalie et de la Grèce centrale avec pour capitale Néopatras [6]. Jean essaya dans un premier temps une alliance avec l’empire byzantin et reçut le titre du “sebastokratōr” par Michael VIII quand ce dernier maria son neveu à la fille de Jean.

Néanmoins, Jean 1er Doukas resta opposé aux Byzantins et défit les armées envoyées pour le soumettre en 1273 et 1275, avec le soutien du duc d’Athènes [7] lors de la deuxième tentative byzantine. Il rejoint alors la coalition formée du despote d’Épire, de la Serbie [8], de la Bulgarie [9] et de Charles d’Anjou pour la restauration de l’empire latin [10].

Lorsque Michel VIII tenta l’union des deux églises, Jean convoqua un synode où les anti-unionistes exilés de l’empire excommunièrent Michel VIII et le patriarche Jean XI Vekkos en 1277.

Une nouvelle invasion byzantine de la Thessalie eut lieu en 1277 et fut repoussée à Pharsale [11] par Jean ; mais Nogaï Khan , chef mongol allié des byzantins, pilla peu de temps après le territoire de Jean Doukas.

En 1288, à la mort de Michel VIII, ce dernier projetait une nouvelle invasion du territoire de Jean. Mais l’accession au trône d’ Andronic II Paléologue , un anti-unioniste, devait contribuer à améliorer les relations entre les deux pays.

Cette possibilité fut ensuite ruinée par le demi-frère de Jean, Nicéphore 1er Doukas d’Épire  : en 1283 ou 1284, Nicéphore et sa femme Anne Cantacuzène nièce de Michel VIII invitèrent Michel, le fils de Jean en Épire, en lui proposant leur fille en mariage.

Quand Michel arriva en Épire, il fut capturé et jeté en prison à Constantinople, où il mourut en 1307. Jean se vengea en envahissant l’Épire, et en saisissant plusieurs forteresses côtières.

Il mourut en 1289.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de John V.A. Fine Jr., The Late Medieval Balkans, Ann Arbor, 1987.

Notes

[1] Le Despotat d’Épire fut l’un des États successeurs de l’Empire byzantin après la conquête de Constantinople et la mise en place de l’Empire latin d’Orient sur les terres principales de l’Empire Byzantin par la quatrième croisade en 1204. Fondé par Michel Comnène Doukas, le nouvel État se voulut, à l’instar de l’Empire de Nicée et de l’Empire de Trébizonde, le successeur légitime de l’Empire byzantin. Centre de résistance et havre pour les réfugiés grecs contre les envahisseurs latins après la défaite, il ne réintégra l’empire restauré qu’en 1323. Grec par ses origines, puis italien, serbe et albanais par conquête, il tenta de maintenir son identité jusqu’à sa chute aux mains des Ottomans en 1479. Centré sur la province d’Épire et l’Acarnanie, au nord-ouest de la Grèce, et sur la partie occidentale de la Macédoine grecque, il s’étendait également en une mince bande sur la Thessalie et de la Grèce occidentale jusqu’à Naupacte (aujourd’hui Lépante) au sud. Sous Théodore Comnène Doukas et l’éphémère Empire de Thessalonique, le despotat s’étendit pour incorporer brièvement la partie centrale de la Macédoine ainsi que la Thrace jusqu’à Didymotique et Andrinople (aujourd’hui Edirne).

[2] Historiquement, avant le milieu du 19ème siècle, « Valaques » était l’exonyme qui désignait les populations locutrices des langues romanes orientales issues de la romanisation des langues thraces et illyriennes (Daces, Gètes, Thraces, Illyres, Dalmates...) à partir du 1er au 6ème siècle dans les Balkans et le bassin du bas-Danube. Il est encore employé dans ce sens par les historiens non spécialistes et notamment dans de nombreux atlas historiques. Les historiens roumains préfèrent employer le terme de « Proto-roumains » (jusqu’au 11ème siècle) et de « Roumains » (depuis le 12ème siècle), d’une part parce qu’à l’instar des autres populations romanophones issues de la désagrégation de l’Empire romain, les « Valaques » se désignaient eux-mêmes par des endonymes comme romani, români, rumâni, rumâri, armâni ou arumâni, d’autre part parce que « Valaques » pouvait aussi être localement employé (notamment dans l’espace ex-yougoslave) pour désigner des montagnards, des bergers ou des fidèles de l’Église orthodoxe non romanophones, ou qui ont cessé de l’être depuis des générations.

[3] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.

[4] La bataille de Pélagonia eut lieu en septembre 1259, entre l’empire de Nicée et une alliance entre la principauté d’Achaïe et le despotat d’Épire. Ce fut un événement décisif dans l’histoire du Proche-Orient, assurant la reconquête byzantine de Constantinople et la fin de l’Empire latin de Constantinople en 1261, et le début de la reconquête byzantine de la Grèce

[5] La principauté d’Achaïe également écrit Achaye ou de Morée est une seigneurie fondée par Guillaume de Champlitte pendant la quatrième croisade (1202/1204). La principauté, s’étendant au départ sur tout le Péloponnèse, est vassale du royaume de Thessalonique jusqu’à la disparition de celui-ci, date à laquelle elle devient la principale puissance franque de la région. La bataille des îles Échinades en 1427 ouvre la voie à sa reconquête par les troupes byzantines. La Chronique de Morée relate la conquête franque et une partie de l’histoire de la principauté.

[6] Le duché de Néopatrie ou de Néopatras est un État catalan installé sur le territoire de l’actuelle Grèce au début du 14ème siècle, autour de la ville de Néopatrie (Neai Patrai, Nouvelle-Patras, l’actuelle Ypati).

[7] Le duché d’Athènes était l’un des États des croisés mis en place en Grèce après la 4ème croisade au détriment de l’Empire byzantin. Le duché s’étendait sur l’Attique et la Béotie, mais il est difficile de restituer ses frontières avec précision. L’acropole d’Athènes était le symbole du pouvoir ducal, mais le centre réel du duché était la ville de Thèbes.

[8] Les populations slaves, dont les Serbes, s’installèrent au début du 7ème siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d’Illyriens, de Grecs Macédoniens et Thraces, et de petites ethnies montagnardes. Au Moyen Âge, un puissant État serbe se constitua progressivement, qui atteignit son apogée au 14ème siècle, sous le règne de l’Empereur Stefan Dušan. Aux 14ème et 15ème siècles, la Serbie fut progressivement conquise par les Ottomans et le pays resta en leur possession jusqu’au 19ème siècle.

[9] Le Second Empire bulgare était une monarchie médiévale des Balkans, nommée dans les documents de son temps Regnum Bulgarorum et Blachorum (et son souverain rex Bulgarorum et Blachorum : « roi des Bulgares et des Valaques »), mais que l’historiographie moderne bulgare et, à sa suite, internationale, désignent comme « Second État Bulgare » ou, plus simplement « Bulgarie ». En fait, cet État multiethnique s’étendait non seulement sur l’actuelle Bulgarie (sauf le littoral) mais aussi sur l’actuelle Roumanie (Valachie), en Macédoine, Grèce septentrionale et Serbie orientale.

[10] L’Empire latin de Constantinople est un État éphémère fondé en avril 1204 sur le territoire de l’Empire byzantin à la suite de la quatrième croisade et la chute de Constantinople aux mains des Latins. Il dure jusqu’en 1261, année de la reconquête de la ville par Michel Paléologue, qui restaure l’Empire byzantin.

[11] Pharsale est une ville grecque située dans l’ancienne nome de Larissa, en Thessalie méridionale, aux pieds du mont Narthakion, proche de la rivière Énipée, affluent du Pénée.