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L’histoire pour le plaisir

Marie de Coucy

lundi 9 mars 2020, par ljallamion

Marie de Coucy (morte en 1284)

Noble française-Seconde épouse d’Alexandre II d’Écosse, et de ce fait reine d’Écosse

Couronnement d'Alexandre III d'Écosse le 13 juillet 1249. Sa mère Marie de Coucy est peut-être derrière lui. (Manuscrit tardif médiéval du Scottichronicon de Walter Bower.)Fille aînée d’ Enguerrand III de Coucy , surnommé le Grand, seigneur de Coucy [1] en Picardie [2], arrière-petit-fils du roi Louis VI , et de sa troisième épouse Marie de Montmirail .

Le chroniqueur Mathieu Paris loue la beauté de Marie lorsqu’elle vient de France pour épouser à Roxburgh [3] le jour de la Pentecôte le 15 mai 1239 le roi Alexandre II âgé de 40 ans, dont la première épouse Jeanne d’Angleterre est morte l’année précédente après 17 ans de mariage sans lui avoir donné d’enfant.

Ce remariage est donc lié à une urgente raison de continuité dynastique d’autant plus que l’héritier du trône d’Écosse, son cousin John le Scot est lui-même mort sans descendance en juin 1237. Sur le plan diplomatique cette union n’est pas sans rappeler l’alliance entre le roi Alexandre II avec la France pendant la période 1216-1217, quand le jeune roi avait rencontré le puissant père de Marie pendant l’invasion franco-écossaise de l’Angleterre.

Cette réaffirmation d’indépendance par l’Écosse ne peut qu’alarmer Henri III d’Angleterre, frère de la reine Jeanne, et contribue à une grande tension entre les deux royaumes qui manque de les précipiter dans une nouvelle guerre. Un accord est conclu en août 1244 à Newcastle upon Tyne [4] prévoyant l’union de l’héritier de l’Écosse avec une fille du roi anglais.

Peu de choses sont connues de l’influence de la reine Marie à la cour d’Écosse : on relève toutefois le nom de son chancelier [5], maître Richard Vairement, sans doute originaire de Vermand [6], près de Coucy, et l’activité de son neveu Enguerrand de Guînes dit Enguerrand V de Coucy , seigneur de Coucy en 1311, qui devient un magnat écossais à la suite de son mariage avec Christiana de Lindsay vers 1280.

Le résultat le plus important du mariage de Marie de Coucy avec le roi est la naissance d’un fils unique le futur roi Alexandre III le 4 septembre 1241. Après la mort d’ Alexandre II en 1249, la reine ne joue pas de rôle significatif pendant la minorité troublée de son fils

Selon Mathieu Paris, comme reine mère, Marie s’était vu attribuer un tiers des revenus de la couronne écossaise, et il estime sa part entre 4000 et 7 000 merks par an. Marie est présente à l’Abbaye de Dunfermline [7] lors de la translation des reliques de sainte Marguerite d’Écosse le 19 juin 1250 avant de se rendre dans le royaume de France en octobre, puis de revenir avec une suite magnifique pour le mariage de son fils Alexandre III d’Écosse avec Marguerite d’Angleterre , fille d’Henri III, à York [8] le 26 décembre 1251.

La reine vécut ensuite principalement en France jusqu’en 1269. Il n’est pas douteux que cette absence soit liée aux pressions des membres de l’ambitieuse famille Comyn [9], qui dans leur projet de contrôler la politique du jeune roi Alexandre III avaient voulu se débarrasser d’elle.

Toutefois, dans sa patrie d’origine, elle doit également intervenir pour sauvegarder les intérêts de sa famille lors de la succession de son second frère Raoul II de Coucy en 1250, et lors de l’emprisonnement de son neveu Enguerrand IV de Coucy par le roi Louis IX au château du Louvre [10] en 1256. En 1257, apparemment pour calmer le courroux du roi de France contre sa famille, Marie épouse en secondes noces un grand seigneur de sa cour, Jean de Brienne dit d’Acree, Bouteiller de France [11], dont le père et homonyme Jean de Brienne dit jean 1er de Brienne avait été couronné roi de Jérusalem [12] en 1210 et empereur latin de Constantinople [13] en 1231.

Les deux époux se rendent brièvement en Écosse en 1257, et ils sont nommés tous deux au conseil de régence en septembre 1258, toutefois cette fonction sera totalement nominale. Quand Marie se sépare de Jean d’Acre en 1268, elle revient en Écosse, Alexandre III conclut un accord par lequel elle peut rester en Écosse à son gré et Jean qui lui survit jusqu’en 1296, reçoit une pension annuelle de 500 merks.

En 1276 elle obtient un sauf-conduit du gouvernement anglais pour se rendre en pèlerinage à Cantorbéry [14], et revient en Écosse. Elle meurt en 1285 à une date inconnue, à l’étranger, sans doute en France. L’union de Marie de Coucy avec Alexandre II influencera certainement le choix de la seconde épouse de leur fils Alexandre III : Yolande de Dreux, fille de Robert IV de Dreux, un parent des Coucy et de Béatrice de Montfort .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Keith Stringer « Marie [née Marie de Coucy] (d. 1284), queen of Scots », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.

Notes

[1] Les seigneurs de Coucy appartiennent à une Maison noble du Vermandois, aux confins des Laonnois, Soissonnais et Valois, possédant le château fort de Coucy. Ils étaient probablement issus par les femmes des comtes carolingiens de Vermandois, les Herbertiens.

[2] La Picardie est une ancienne région administrative française, regroupant les départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme, dont le chef-lieu était Amiens. Ancienne province, constituée à la fin du 15ème siècle. La Picardie recouvre au Bas Moyen Âge les territoires au nord de l’Île-de-France, depuis Amiens jusqu’à Calais et Tournai, parlant une langue romane distincte du français, le picard, dont le dialecte le plus vivace est aujourd’hui appelé ch’ti.

[3] Roxburgh est une ancienne ville d’Écosse, située dans une presqu’île que forment la Tweed et le Teviot, à 5 km de Kelso. Elle fut jadis puissante, elle constituait un burgh d’importance équivalente à Édimbourg, Stirling, ou Berwick-upon-Tweed, et fut même la résidence de plusieurs rois d’Écosse. Un château à l’histoire mouvementée se trouvait à proximité de la ville : le château de Roxburgh. Elle fut détruite en 1550 par suite d’un traité avec l’Angleterre et l’Écosse et ne présente plus que des ruines, qui sont la propriété du duc de Roxburghe.

[4] Newcastle upon Tyne, souvent appelée Newcastle, est une ville de la région de l’Angleterre du Nord-Est dans le comté métropolitain de Tyne and Wear située sur la rive nord du fleuve Tyne et capitale du comté historique et traditionnel de Northumberland.

[5] L’origine de l’office du Lord Chancelier remonte à la Monarchie carolingienne, dans laquelle un Chancelier agissait comme gardien du Sceau royal. En Angleterre, la fonction date au moins de la Conquête normande de l’Angleterre en 1066. Le Chancelier dirigeait la chancellerie. Autrefois, le Lord Chancelier était presque toujours un membre du clergé, comme au Moyen Âge, ils étaient les rares hommes lettrés du Royaume. Le Lord Chancelier avait alors de multiples fonctions : il était le gardien du Grand Sceau, le chapelain en chef du roi, et son conseiller dans les affaires spirituelles et temporelles. Ainsi, la position est devenue l’une des plus importantes du gouvernement. Il a été seulement devancé au sein du gouvernement par le Lord Justicier (Lord Justiciar), désormais obsolète. En tant que ministre du Roi, le Lord Chancelier assistait à la Curia Regis (Cour du Roi). S’il était un évêque (bishop), il recevait un acte d’assignation à comparaître ; s’il était un ecclésiastique de degré inférieur ou un laïc, il y assistait sans acte d’assignation. La Curia Regis a ensuite évolué pour former le Parlement, et le Lord Chancelier devint le prolocutor de la chambre supérieure, la Chambre des Lords. Comme cela a été confirmé par un statut au cours du règne de Henri VIII, le Lord Chancelier pouvait présider la Chambre des Lords sans être un Lord lui-même. Les devoirs judiciaires du Lord Chancelier ont également évolués depuis la Curia Regis.

[6] Vermand est une commune française située dans le département de l’Aisne.

[7] L’abbaye de Dunfermline est un ancien monastère de moines bénédictins sis dans la ville de Dunfermline, de la région de Fife en Écosse. Il s’agit d’un site historique important : à part Iona, c’est à Dunfermline que se trouve le plus grand nombre de sépultures royales de Calédonie (nom donné par l’Empire romain à la partie nord de la Grande-Bretagne).

[8] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.

[9] Les Comyn, Cumming ou Cumin sont un clan écossais probablement d’origine anglo-normande qui joue un grand rôle dans l’Écosse du 13ème et 14ème siècle.

[10] Le palais du Louvre est un ancien palais royal situé dans le 1er arrondissement de Paris sur la rive droite de la Seine, entre le jardin des Tuileries et l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. S’étendant sur une surface bâtie de plus de 135 000 m², le palais du Louvre est le plus grand palais européen, et le second plus grand bâtiment du continent après le Marché aux fleurs d’Aalsmeer. Il abrite aujourd’hui le musée du Louvre. La construction du Louvre est indissociable de l’histoire de Paris. Elle s’étend sur plus de 800 ans, bien que le plan général du palais n’ait été imaginé qu’à la Renaissance. Charles V y établit sa résidence, donnant au palais un statut qu’il a conservé jusqu’au règne de Louis XIV.

[11] Dans le royaume de France sous la dynastie capétienne, le bouteiller perd sa fonction de gestion des approvisionnements de la cour, rôle désormais dévolu à des échansons. Il est désormais chargé d’administrer le vignoble du domaine royal, fonction pour laquelle il perçoit une redevance sur certaines abbayes fondées par le roi. Le bouteiller est alors un des principaux officiers de la cour : il atteste très souvent les chartes royales. Aux 11ème et 12ème siècles, sous les règnes de Louis VI et Louis VII notamment, la famille de Senlis est traditionnellement attachée à cet office, à tel point que son chef est souvent désigné sous le nom de « Bouteiller de Senlis ». À partir du 14ème siècle, le bouteiller porte le titre de Grand bouteiller de France, et la fonction devient purement honorifique.

[12] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099 - 1187 et 1229 - 1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[13] Le 13 avril 1204, après la prise de Constantinople par la quatrième croisade, un concile de 6 Vénitiens et de 6 Francs se réunit et choisit Baudouin IX, comte de Flandre et de Hainaut, pour diriger les terres conquises, qui deviennent l’Empire latin de Constantinople (1204-1261).

[14] Canterbury, ou en français Cantorbéry, est une petite cité du Kent, dans l’extrémité sud-est de l’Angleterre, sur la rivière Stour, à 86,4 km de Londres. Ancienne capitale du royaume de Kent, elle est l’une des villes les plus anciennes du pays. Augustin de Cantorbéry convertit la ville, ainsi que le roi Æthelbert de Kent et en fait pour lui un siège épiscopal en 597. La ville devient rapidement le siège de l’archevêque primat d’Angleterre. Les neuf premiers archevêques sont canonisés, ainsi qu’Adrien de Cantorbéry. Les autres archevêques canonisés sont les saints Dunstan, Alphège, Anselme et Thomas Becket. La cité devient un grand centre de pèlerinage durant le Moyen Âge, ce qui inspira les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer. Depuis le 16ème siècle, la ville est le siège du chef spirituel de l’Église d’Angleterre et de l’anglicanisme.