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L’histoire pour le plaisir

Matteo Ricci

samedi 8 février 2020, par ljallamion

Matteo Ricci (1552-1610)

Prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine

Le père Matteo Ricci (portrait par le frère chinois Emmanuel Pereira né Yu Wen-hui)Il inaugura le processus d’inculturation du christianisme en Chine. Il fut un des premiers jésuites à pénétrer en Chine, Matteo Ricci en étudie la langue et la culture.

Acquérant une profonde sympathie pour la civilisation chinoise, il y est reconnu comme un authentique lettré et comme l’un des rares étrangers à être considéré comme père fondateur de l’histoire chinoise.

Il dessine des mappemondes qui font connaître aux Chinois le reste du monde, traduit en chinois des livres de philosophie, de mathématiques et d’astronomie. Inversement, il révèle à l’Occident Confucius et sa philosophie, créant de la sorte un dialogue très fructueux avec les lettrés et les hommes de culture

Il incarne aussi la nouvelle démarche d’inculturation de la religion chrétienne en Chine telle que définie par Alessandro Valignano .

Né d’un père pharmacien, dans une famille de treize enfants, il étudie à Macerata [1] puis à l’école jésuite de Rome. Matteo Ricci entre au noviciat des Jésuites le 15 août 1571 malgré l’opposition de son père. Il est étudiant au Collège romain [2] où il suit l’enseignement de Christophorus Clavius .

Appelé à fonder une mission en Chine par le choix des pères jésuites Roger et Pasio, il quitte Rome pour Lisbonne le 18 mai 1577 où il embarque pour Goa [3] Il termine sa formation à Goa et Cochin [4] où il est ordonné prêtre le 25 juillet 1580.

Il arrive à Macao [5] en août 1582. Il apprend diverses langues chinoises, ainsi que la langue écrite mandarin. Doué pour les langues il se met à l’étude du chinois. Au bout de 3 mois il se sent déjà à l’aise.

Il entre en Chine en 1583 et s’installe à Zhaoqing [6], près de Canton [7]. Il prêche dans la province de Canton. Il reste 18 ans dans le sud de la Chine, à proximité de Macao. Il écrit en chinois des ouvrages de géométrie et de morale religieuse, thèmes demandés. Il traduit également d’autres ouvrages.

Lui et un de ses compagnons jésuites, Michele Ruggieri , s’habillent d’abord en moines bouddhistes, puisqu’ils sont religieux, mais adoptent plus tard le vêtement des lettrés, ayant appris que les bonzes étaient généralement incultes et mal considérés. Il prend l’habitude de se présenter comme un religieux qui a quitté son pays natal dans le lointain Occident, à cause de la renommée du gouvernement de la Chine, où il désire demeurer jusqu’à sa mort, en y servant Dieu, le Seigneur du ciel. Auprès des lettrés, il parle de Dieu, utilisant la sagesse et les écrits confucéens, soulignant ce qui y est semblable au christianisme. Il parvient à entrer en contact avec des mandarins [8], grâce à ses grandes connaissances en mathématiques et en astronomie. C’est pourquoi l’habile diplomate peut avec ces soutiens chinois entreprendre le voyage vers Pékin [9] en 1600.

En 1601, il est le premier Européen à être invité à la cour impériale de Pékin auprès de l’empereur Wanli . L’invité est porteur de beaux présents ː une épinette [10], une mappemonde et deux horloges à sonnerie. Sa rencontre avec les proches de l’empereur est à l’origine de l’essor de l’horlogerie moderne en Chine, au début de la dynastie Qing [11]. Matteo Ricci enseigne les sciences au fils préféré de l’empereur.

Comme l’astronomie, la philosophie et l’horlogerie, la musique est également utilisée pour faire passer son message et opérer des conversions religieuses tout en gagnant les bonnes grâces de l’empereur.

Il chante des airs édifiants, souvent sur des textes traduits en chinois. Il publie à Pékin en 1608 un recueil de huit airs avec accompagnement. Le succès est grand : ses rééditions se succédèrent jusqu’au 19ème siècle. La musique en semble perdue, mais les paroles en chinois ont été conservées.

Matteo Ricci tisse des liens culturels et scientifiques importants avec le lettré Xu Guangqi dont il devient grand ami. Ce dernier se convertit au christianisme et est baptisé en 1603 sous le nom de Paul. Ricci est le premier missionnaire chrétien des temps modernes, et premier Occidental, à avoir été aussi proche de l’empereur.

Ricci est considéré comme le fondateur de l’Église chinoise. Son travail et ses activités ont toujours eu une perspective d’évangélisation en profondeur, même s’il n’a pas cherché à baptiser en masse. En 1605, il fit édifier le Nantang, l’église du sud [12]. Mais ses efforts d’évangélisation furent partiellement compromis, plus tard, par la virulente querelle des Rites chinois [13]. Il fut inhumé, avec une permission spéciale de l’empereur, à proximité de la Cité interdite [14].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Vito Avarello, L’œuvre italienne de Matteo Ricci : anatomie d’une rencontre chinoise, Paris, Classiques Garnier, 2014, 738 p. (ISBN 978-2-8124-3107-4)

Notes

[1] Macerata est une ville italienne, située dans la province de même nom, dans la région des Marches, en Italie centrale. L’origine de Macerata remonte à la cité romaine de Helvia Recina, forme évoluée d’une cité italique antérieure datant probablement du 3ème siècle av. jc et habitée des Picéniens. Les restes du théâtre romain du 2ème siècle sont aujourd’hui la principale trace de l’antique cité et témoignent de sa relative prospérité. Lors du 4ème ou 5ème siècle, les invasions des Goths contraignirent la majeure partie des Riciniens à s’installer sur les collines où furent fondés les centres médiévaux de Macerata et Recanati.

[2] Le Collège romain est une institution d’enseignement fondée en 1551 à Rome par Ignace de Loyola, une dizaine d’années après la fondation de la Compagnie de Jésus. Ouverte comme école de grammaire, l’institution se développa rapidement et devint dès la fin du 16ème siècle une institution académique d’enseignement supérieur couvrant tous les champs du savoir scientifique et scolastique, et servant de scolasticat jésuite tout en étant université ecclésiastique. En hommage de reconnaissance au pape Grégoire XIII qui en fut un insigne bienfaiteur, le Collège romain prit plus tard le nom d’Université grégorienne.

[3] Goa est un État de la côte sud-ouest de l’Inde. Contrôlé par les Portugais à partir du début du XVIe siècle, il a été repris par l’Inde en 1961. L’état de Goa, situé sur la mer d’Arabie s’étend sur 3 702 km² et possède 101 km de côtes. Goa borde l’État du Maharashtra au Nord et l’État du Karnataka au Sud et à l’Est. Le Sonsogor est le point culminant avec une altitude de 1 167 m.

[4] Cochin, ou Kochi est la ville la plus peuplée de l’État du Kerala en Inde. Elle est située sur la côte de Malabar, à 200 km au nord de la capitale de l’État, Thiruvananthapuram, et abrite également le plus important des ports indiens. La ville profite, au début du 15ème siècle, du déclin de Cranganore et se constitue en petit royaume. Après l’arrivée de Vasco de Gama sur la côte de Malabar, les rajas de Cochin autorisent les Portugais à installer un comptoir.

[5] Macao est une région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine depuis le 20 décembre 1999. Auparavant, Macao a été colonisé et administré par le Portugal durant plus de 400 ans et est considéré comme le dernier comptoir ainsi que la dernière colonie européenne en Chine et en Asie. La création de cette administration remonte au milieu du 16ème siècle, lorsque Macao a été colonisé et occupé graduellement par les Portugais. Ils ont rapidement apporté la prospérité à la zone, ce qui en a fait une grande ville et un intermédiaire important dans les échanges entre la Chine, l’Europe et le Japon, en atteignant son apogée à la fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle.

[6] Zhaoqing est une ville-préfecture du centre-ouest de la province du Guangdong en République populaire de Chine.

[7] Canton ou Guangzhou est la capitale de la province du Guangdong dans le sud de la Chine. Elle a le statut administratif de ville sous-provinciale de la République populaire de Chine. Canton est depuis l’Antiquité la plus grande ville du Sud de la Chine.

[8] Mandarin est le terme occidental utilisé pour désigner un haut fonctionnaire lettré et éduqué dans la tradition de Confucius, mis au service de l’Empereur de Chine, à l’issue d’une sélection rigoureuse et très limitative des meilleurs candidats. Pendant 1 300 ans, entre les années 605 et 1905, la haute administration impériale, tant centrale que provinciale, est tenue par une caste recrutée sur la base de concours extrêmement difficiles ; les examens impériaux. Les mandarins et le modèle qu’ils ont fait naître, le mandarinat, apparaissent comme le parangon de tous les systèmes de bureaucraties d’État, à la tête desquels sont des hauts fonctionnaires de carrière, recrutés au mérite intellectuel et littéraire, formés techniquement à l’administration et constitués en élites étatiques reproduites et fermées. Il a également existé des mandarins dans certains états sinisés voisins, notamment au Viêt Nam.

[9] Pékin, est la capitale de la République populaire de Chine. Située dans le Nord-Est du pays, la municipalité de Pékin, d’une superficie de 16 800 km², est entourée par la province du Hebei ainsi que la municipalité de Tianjin. Pékin est considérée comme le centre politique et culturel de la Chine, tandis que Hong Kong et Shanghai dominent au niveau économique. D’abord ville périphérique de l’empire chinois sous les Han et les Tang, elle prend de l’importance lorsque les Jurchen, qui fondent la dynastie Jin, la choisissent comme leur capitale principale en 1153. Le prince mongol Kubilai Khan en fait de même sous le nom de Dadu (« grande métropole »), enfin les Ming y transfèrent leur administration en 1421, parachevant le choix de Pékin comme capitale de la Chine. Située à proximité de la Grande Muraille, Pékin abrite des monuments célèbres comme la Cité interdite et le Temple du ciel

[10] L’épinette, ou espinette, est un instrument de musique à cordes pincées et à clavier de la famille des clavecins ; dans cette famille d’instruments, les cordes sont pincées par des sautereaux actionnés par les touches. L’épinette est en fait un clavecin dont les cordes sont plus ou moins obliques par rapport au clavier.

[11] La dynastie Qin est la première dynastie impériale de la Chine, qui dure de 221 à 206 av. jc. C’est la conquête des six États issus de la chute de la dynastie Zhou par l’État de Qin, conquête unifiant de facto le pays, qui l’installe au pouvoir. Les 14 années de règne de son fondateur, Qin Shi Huang, le premier empereur de l’histoire de la Chine, et de son fils Qin Er Shi, représentent, malgré cette brièveté, un tournant capital dans l’histoire nationale

[12] actuel siège de l’évêché de Pékin

[13] La querelle des rites voit s’opposer différentes visions de la mission et de l’évangélisation entre les ordres missionnaires jésuites, franciscains et dominicains aux 17ème et 18ème siècles.

[14] La Cité interdite généralement appelé par les Chinois le palais ancien, également appelé musée du palais est le palais impérial au sein de la Cité impériale de Pékin dont la construction fut ordonnée par Yongle, troisième empereur de la dynastie Ming, et réalisée entre 1406 et 1420. Ce palais, d’une envergure inégaléeé, il s’étend sur une superficie de 72 hectares fait partie des palais les plus anciens et les mieux conservés de Chine. De nos jours, il est devenu un musée, le musée du palais, qui conserve les trésors impériaux de la civilisation chinoise ancienne et de très nombreuses œuvres d’art chinois de première importance : peintures, bronzes, céramiques, instruments de musique, laques, etc. Il s’agit du plus vaste complexe architectural de Chine : une véritable ville dans la Cité impériale, dans laquelle l’Empereur de Chine et son entourage étaient quasiment assignés à résidence, ne sortant de l’enceinte qu’en de très rares occasions. Elle couvre un quadrilatère de 72 ha dont 50 ha de jardins, s’étendant sur 960 m de long du nord au sud, et de 750 m de large d’est en ouest, entourée d’une muraille de 10 m de haut sur 6 m de large, elle-même cernée d’une douve large de 52 mètres, à laquelle on accède par quatre portes.