Philippe-Emmanuel de Lorraine (1558-1602)
Duc de Mercœur et de Penthièvre-Marquis de Nomeny-Baron d’Ancenis-Gouverneur de Bretagne
Né à Nomeny [1] en Lorraine, il est le dernier ligueur [2] rallié à Henri IV.
Fils du prince Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont [3], à l’époque régent des duchés de Lorraine [4] et de Bar [5] pour son neveu Charles III de Lorraine et de Jeanne de Savoie-Nemours.
Pair de France [6], prince du Saint Empire et de Martigues [7], il est issu du deuxième mariage de Nicolas de Lorraine avec Jeanne de Savoie -Nemours , fille de Philippe de Savoie de Nemours , et de Charlotte d’Orléans-Longueville.
Il est donc un membre de la Maison de Lorraine [8].
Par sa mère, il appartient à la Maison de Savoie [9], dont une branche s’est établie en France, recevra le duché de Nemours [10] et qui se prétendait issue de la Maison de Saxe [11].
L’élévation du jeune marquis de Nomeny à la cour de France a été soudaine : en 1575, il sort de l’ombre à l’occasion du mariage de sa sœur aînée, Louise de Lorraine-Vaudémont , avec Henri III ; celle-ci joue désormais un rôle d’intermédiaire entre le roi et la Maison de Lorraine.
Le 12 juillet 1576, le mariage du duc avec Marie de Luxembourg (1562-1623) , duchesse d’Étampes [12] et de Penthièvre [13], héritière de la vicomté de Martigues, lui procure un important patrimoine, notamment en Bretagne. En effet, il hérite, par sa femme, de prétentions sur le duché de Bretagne [14] (pourtant définitivement rattaché à la Couronne de France en 1532) et devient à son tour chef de lignage.
Conseillé par son oncle maternel le duc de Nemours, il fait ses premières armes lors des sixième et septième guerres de religion [15] (bataille de Dormans en octobre 1575, sièges d’Issoire en juin 1577, de Brouage en juin-août 1577, et de La Fère en août-septembre 1580).
Devenu duc de Mercœur à la mort de son père en mars 1577, son appartenance à la belle-famille du roi facilite également son intégration à la cour.
Henri III se montre généreux à l’égard de son beau-frère : Mercœur est confirmé dans son titre de duc et pair en 1576, agrégé à la première promotion des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit [16] en 1579 et élevé au rang de prince de Martigues en 1580 ou 1582. Sa carrière atteint son apogée le 5 septembre 1582 lorsqu’il est nommé gouverneur de Bretagne par Henri III. Il y séjourne le plus souvent.
Sa faveur est alors jugée démesurée par ses détracteurs. Ses défaites et ses fuites dans les campagnes de 1585, 1587 et 1588 contre les protestants, ont parallèlement assis sa réputation de piètre guerrier.
Jusqu’en 1588, Philippe-Emmanuel de Lorraine adopte une attitude d’obéissance envers Henri III. Son adhésion à la Ligue catholique est pourtant perceptible dès 1584. La crise de succession ouverte à la mort du duc d’Anjou, héritier du trône, le pousse à se créer une politique particulière en Bretagne, aux côtés de ses cousins les Guise.
Il profite largement des troubles ligueurs et des conditions du traité de Nemours [17] du 7 juillet 1585, sans toutefois s’aliéner ouvertement le roi. Le calcul politique et les ambitions personnelles (se maintenir dans la faveur du roi contre les Mignons) n’excluent pas pour autant la sincérité de sa foi dans sa lutte contre les Réformés [18]. Il envahit et ravage le Poitou [19] en 1587.
Il assiste aux États généraux de Blois en 1588. Après l’assassinat du duc de Guise et de son frère, le cardinal de Guise en 1588, toute la famille est mise en état d’arrestation mais, prévenu par sa sœur, la reine Louise, il s’échappe et se réfugie en Bretagne. Le roi le révoque le 18 avril 1589, le remplaçant par Henri de Montpensier au poste de Gouverneur de Bretagne, mais continuera à s’en prétendre le titulaire légitime jusqu’en avril 1598.
Lorsqu’Henri IV devient roi de France, le duc de Mercœur se met à la tête de la Ligue bretonne, songeant même à rétablir la souveraineté de cet ancien duché, sa femme étant descendante de Jeanne de Penthièvre.
Il se proclame également Protecteur de l’Église catholique et romaine dans cette province
À la mort d’Henri III, invoquant les droits héréditaires de sa femme, sur la Bretagne, il établit un gouvernement indépendant à Nantes et titre son fils prince et duc de Bretagne. Il tient une véritable cour à l’hôtel de Briord et fait fortifier le quartier du Marchix. Les croix de Lorraine du château des Ducs ont été sculptées à son initiative.
Philippe II d’Espagne, qui soutient et finance la Ligue, lui envoie des troupes en Bretagne qui occupent la presqu’île de Crozon [20] ainsi que le Blavet [21] commandées par Juan d’Aguila . Les Espagnols battent à Craon [22] en 1592 le duc de Montpensier que Henri IV avait envoyé contre lui, mais les troupes royales, renforcées par des contingents anglais, récupérèrent l’avantage.
Depuis, il n’a de cesse de renforcer ses liens avec les Espagnols, allant jusqu’à prêter serment de fidélité à Philippe II le 20 novembre 1594 et en juin 1595, s’engageant à reconnaître les droits de l’infante Isabelle Claire Eugénie de Habsbourg dite Isabelle d’Espagne sur la couronne de France.
Le roi marche en personne contre le duc de Mercœur et reçoit sa soumission à Angers le 20 mars 1598 [23] en échange des fiançailles de sa fille Françoise de Lorraine ou Françoise de Mercœur avec César de Bourbon dit César de Vendôme bâtard que Henri IV a eu de Gabrielle d’Estrées . Mercœur obtient également la somme exorbitante de 4 293 350 livres. Il garde les villes de Guingamp [24], Moncontour [25], Lamballe [26] et l’île de Bréhat [27].
Pour sceller cette reddition, Henri IV choisit Nantes [28] pour signer le fameux Édit, le 13 avril 1598. Le roi accorde son pardon à Gabriel de Goulaine et aux principaux lieutenants du duc de Mercœur. L’article 6 du traité de soumission donnait la possibilité aux gens de guerre de rejoindre l’armée royale.
La Paix de Vervins [29], signée le 2 mai 1598, entre Henri IV et Philippe II, lui fait perdre définitivement tout soutien espagnol.
Le duc de Mercœur mourut en 1602 à Nuremberg [30] où il était allé combattre les turcs, mais le mariage de sa fille n’eut lieu que le 7 juillet 1608. La duchesse-douairière de Mercœur s’y opposa longtemps, ne pouvant se résoudre à confondre son noble sang avec celui d’un bâtard, fût-il de sang royal, mais les sommes payées par Henri IV pour la soumission [31] et l’absence de soutien qu’elle trouva parmi ses proches eurent sans doute raison de ses résistances
Le duc de Mercœur mourut de fièvre maligne ou pourprée le 19 février 1602, à Nuremberg, à l’âge de 43 ans. Son corps fut ramené à Nancy et enterré, le 30 avril 1602 dans le chœur de l’église des Cordeliers de Nancy [32], à côté de ceux de son père Nicolas, de son frère, le cardinal de Vaudémont et des ducs de Lorraine, ses ancêtres.
Notes
[1] Nomeny ou Nomény est une commune française située dans le département de Meurthe-et-Moselle. Nomény appartient aux évêques de Metz jusqu’en 1548, date à laquelle Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont et duc de Mercœur, en fait l’acquisition. Françoise de Lorraine, fille de Philippe-Emmanuel et épouse du bâtard royal César de Vendôme, vend le marquisat de Nomeny à son cousin le duc Henri II de Lorraine en 1612. La duchesse douairière, Marguerite de Gonzague, veuve d’Henri II, viendra vivre à Nomeny de 1624 à 1629. La guerre de Trente Ans, qui ravage le duché de Lorraine, ramène la population de Nomeny de plus de 700 à moins de 100 feux en deux ans, de 1632 à 1634. Richelieu puis Louis XIV ordonnent la destruction des fortifications et de la forteresse de Nomeny. En 1667, le marquisat de Nomeny, qui dépendait à l’époque comme la Lorraine du Saint-Empire est élevé au rang de principauté d’Empire (Reichsmarkgrafschaft) assorti du droit de siéger aux Diètes, au profit du prince Nicolas-François de Lorraine, frère du duc régnant. À partir de 1736, Nomeny comme le reste du duché de Lorraine passe sous domination française (règne de Stanislas) ; le marquisat est pourtant conservé à titre honorifique par la famille de Habsbourg-Lorraine, assorti d’un rang princier et du droit de siéger aux Diètes de l’Empire.
[2] La Ligue catholique, la Sainte Ligue ou la Sainte Union est le nom donné pendant les guerres de Religion à un parti de catholiques qui s’est donné pour but la défense de la religion catholique contre le protestantisme. Son succès est tel qu’elle devient un danger pour la monarchie. En 1588, elle parvient à chasser le roi Henri III de la capitale. La Ligue décline petit à petit devant les victoires du roi Henri IV. Elle constitua un des plus grands dangers que connut la monarchie française avant l’avènement de l’absolutisme, avec la Fronde, au siècle suivant, dont les acteurs gardèrent présente à l’esprit la Ligue, comme modèle ou comme repoussoir.
[3] Le comté de Vaudémont fut donné à Gérard 1er de Vaudémont en 1070, afin que celui-ci favorise la succession de son frère Thierry II au duché de Lorraine. Les comtes de Vaudémont furent des vassaux des ducs de Lorraine.
[4] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.
[5] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.
[6] La pairie de France est composée des grands officiers, vassaux directs de la couronne de France, ayant le titre de pair de France. Ils représentent les électeurs primitifs à la royauté à l’époque où la primogéniture n’est pas de règle, et assurent la dévolution de la couronne selon les lois fondamentales du royaume, ainsi que le choix de la régence en cas de minorité. Le nombre de pairs de France est un temps fixé à douze : six pairs ecclésiastiques et six pairs laïcs. Depuis 1180, on les voit chargés d’assurer la succession et être associés à la cérémonie du sacre où ils représentent chacun une fonction symbolique de l’investiture. À partir de la fin du 13ème siècle, les six pairies laïques, dont les terres sont revenues à la couronne, sont des apanages princiers, et les nouveaux pairs qui sont créés ne jouent qu’un rôle cérémoniel. La pairie, qui est un office de la couronne et non un titre de noblesse, devient un moyen pour les rois de distinguer et de s’attacher les nobles les plus importants du royaume. Le mouvement s’accélère au 16ème siècle : le roi nomme alors de simples gentilshommes à la pairie, les hissant au sommet de la pyramide des dignités en France. Il faut, pour être pair, jouir d’un fief auquel est attaché une pairie et descendre de la première personne à qui avait été attribué l’office. Le rôle des pairs de France, à l’époque de l’Ancien Régime, à la différence des pairs britanniques, est seulement honorifique.
[7] Martigues est une commune française des Bouches-du-Rhône en Provence, également connue sous le surnom de « Venise provençale ». Elle s’étend sur les rives de l’étang de Berre et sur le canal de Caronte.
[8] maison souveraine et d’illustre ascendance" qui se glorifie de ses aïeux, prétendus (Charlemagne, Godefroy de Bouillon comme avérés (Henri de Lorraine, René 1er de Lorraine, René II de Lorraine...) dont les Guise, sont une branche établie en France où il disposent, alors, d’un immense pouvoir
[9] La maison de Savoie est une dynastie européenne ayant porté les titres de comte de Savoie (1033), puis de duc de Savoie (1416), prince de Piémont, roi de Sicile (1713), roi de Sardaigne (1720) et roi d’Italie (1861). Elle est l’héritière de la dynastie des Humbertiens, nom donné par l’historiographie moderne, aux premiers souverains, comtes en Maurienne issu du comte Humbert. L’origine de la maison de Savoie remonte vers 1032 lorsque le territoire qui aujourd’hui correspond à la Savoie est intégrée avec le second royaume de Bourgogne, au Saint Empire romain germanique. Loin de l’empereur allemand, les seigneuries se créent au hasard des guerres, des mariages et des donations.
[10] Préalablement comté français à la suite de l’acquisition de Philippe le Hardi en 1274, Nemours fut érigé en duché-pairie en 1404 par le roi Charles VI et donné à Charles III le Noble, roi de Navarre, en échange de la ville de Cherbourg qu’il avait rachetée en 1399 à Richard II d’Angleterre.
[11] On appelle Maison de Saxe les familles ou dynasties qui ont contrôlé tout ou partie du territoire de la Saxe. On peut en compter six : la première maison de Saxe, qui est une branche des Ottoniens. Elle est dite aussi maison impériale, parce qu’elle fournit plusieurs empereurs à l’Allemagne. La maison de Billung. Hermann Billung, parent d’Othon Ier, en fut le premier duc : Othon l’investit du duché en 962. Sa famille s’éteignit en 1106. Ses biens passèrent alors à Lothaire de Supplinbourg. La maison de Supplinbourg. Lothaire de Supplinbourg, époux de Richenza, héritière des comtes de Nordheim et de Brunswick, fut fait duc de Saxe en ll06, et devint empereur en 1125. N’ayant point de fils, il donna sa fille Gertrude (1127) et la Saxe (1128) au duc de Bavière, Henri le Superbe. La Maison d’Este (Guelfes). Henri le Superbe (1128-1139) et Henri le Lion (1139-1180), déjà ducs de Bavière, possédèrent réellement, mais non sans contestation et sans interruption, le duché de Saxe. De 1180 à 1235, les trois frères Henri le Long, Othon de Brunswick (qui fut empereur) et Guillaume de Lunebourg, puis Othon l’Enfant, fils de ce dernier, prétendirent au duché, qui fut morcelé par Frédéric Ier Barberousse, et donné en grande partie aux princes de la maison d’Ascanie. La maison d’Ascanie. Dès 1137, Albert l’Ours avait eu un démembrement de la Saxe (la Marche de Brandebourg). En 1180, son petit-fils puîné, Bernard, obtint le duché de Saxe, mais très amoindri. En 1212, cette famille se partagea en deux branches, Anhalt et Saxe, et celle-ci, en 1260, se subdivisa en Saxe-Lauenbourg et Saxe-Wittemberg : cette dernière subdivision, qui portait seule le titre d’électeur, s’éteignit en 1421, dans la personne d’Albert III La maison de Wettin. Après l’extinction de la branche de Saxe-Wittemberg, l’investiture de l’électorat de Saxe fut donnée en 1422 par l’empereur Sigismond (à l’exclusion de la ligne de Saxe-Lauenbourg qui subsistait encore) au margrave de Misnie, landgrave de Thuringe, Frédéric le Belliqueux, qui cumula le margraviat et l’électorat, plus Cobourg, patrimoine de sa mère.
[12] Le Comté-Pairie d’Etampes est érigé en 1327 à partir de la Baronnie d’Etampes, appartenances et dépendances. En 1536, le Comté d’Etampes est érigé en Duché d’Etampes.
[13] Le Penthièvre est un pays traditionnel de la Bretagne, situé à l’est et au sud de Saint-Brieuc dans l’Est des Côtes-d’Armor actuelles. Il composait, avec le Goëlo, un des deux archidiacres du diocèse de Saint-Brieuc et son titulaire était appelé "le Grand Archidiacre".
[14] Le Duché de Bretagne est un duché féodal qui a existé de 939 à 1547. Son territoire, partie de celui de l’ancienne Armorique, correspond à la région Bretagne actuelle avec une grande partie du département de la Loire-Atlantique où se trouvent la ville de Nantes et l’ancien pays de Retz. Le duché s’est trouvé, au fil des siècles, dans les zones d’influence du duché de Normandie, du royaume de France et du royaume d’Angleterre. À plusieurs reprises, les ducs ont essayé de se détacher de ces influences. Succédant au royaume de Bretagne, le duché naît en 936, en plein cœur de l’occupation de la Bretagne par les troupes viking du chef Incon. Alain Barbetorte, petit-fils du dernier roi de Bretagne Alain 1er Le Grand, libère le pays du joug normand et devint alors le premier duc de Bretagne. Pendant près de trois siècles, du 10ème siècle au 12ème siècle, les grandes maisons comtales bretonnes (Nantes, Rennes, Cornouaille) se disputent ardemment le pays breton et finissent par posséder le duché les unes après les autres.
[15] Catherine de Médicis entreprend un nouveau voyage dans tout le royaume. Elle rencontre les différents partis, les gouverneurs des provinces, les grands. Son objectif est d’établir une paix définitive. Le 28 février 1579, elle signe au nom du roi le traité de Nérac, qui donne aux protestants quinze places de sûreté pour six mois. Six mois plus tard, les protestants refusent de rendre les places. Henri de Navarre prend Cahors. La paix de Fleix (près de Bergerac) accorde le maintien de quinze places de sûreté pour six ans aux protestants. Cette guerre est aussi appelée guerre des Amoureux en raison des intrigues de galanterie qui y donnèrent lieu. En effet, le protestant Henri de Navarre et sa femme Marguerite de Valois (la reine Margot) menèrent joyeuse vie à Nérac au milieu d’une cour composée de jeunes seigneurs frivoles, et que leurs continuelles galanteries avaient fait surnommer les Amoureux. Durant les guerres, l’autorité royale n’a cessé de se réduire face aux gouverneurs des provinces. Côté protestant, Henri, roi de Navarre, seigneur en Rouergue et en Quercy est en plus gouverneur de Guyenne. Condé est gouverneur de Picardie. Côté catholique, le parti des Guise contrôle les gouvernements de la Bretagne, de la Bourgogne, de la Champagne, la Normandie. Dans certaines régions, les deux partis se partagent le pouvoir comme en Provence.
[16] L’ordre du Saint-Esprit fut, pendant les deux siècles et demi de son existence, l’ordre de chevalerie le plus prestigieux de la monarchie française. Ce n’est cependant pas le plus ancien, puisque l’ordre de Saint-Michel a été fondé 110 ans auparavant. Il a disparu officiellement en 1830 et n’est plus aujourd’hui qu’un ordre dynastique.
[17] L’édit de Nemours est un texte de loi révoquant tous les édits de tolérance qui existent en faveur des protestants, signé à Nemours par Henri III le 7 juillet 1585.
[18] Le protestantisme est l’une des principales branches du christianisme avec le catholicisme et l’orthodoxie. Entendu largement, le protestantisme est l’ensemble des groupements « issus, directement ou non, de la Réforme et qui rejettent l’autorité du pape ». Selon cette perspective, le protestantisme englobe des mouvements variés allant des luthériens aux réformés en passant par les évangéliques, jusqu’aux quakers.
[19] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.
[20] Crozon est une commune française du département du Finistère.
[21] Port-Louis est une commune française, située dans le département du Morbihan. La ville est principalement connue grâce à sa citadelle. La ville est occupée par les Espagnols à partir de 1590, le duc de Mercœur, dans un premier temps de son alliance avec Philippe II, la leur ayant livrée. René d’Arradon et son frère Christophe d’Arradon participent, sous les ordres du duc de Mercœur à la prise de Blavet, alors tenue par des Huguenots venus de La Rochelle, le 11 juin 1590 et font un horrible massacre des habitants et des défenseurs, après avoir incendié la ville. Par la suite, Don Juan del Aguila la défend et y fait édifier des fortifications par l’ingénieur Don Cristóbal de Rojas. Le nom de la nouvelle place forte lui est donné : Fuerte del Aguila (Fort de l’Aigle). Suivant le traité de Vervins en 1598, la citadelle est à moitié démantelée au début du 17ème siècle, les Espagnols ayant évacué le territoire. Le nom actuel de Port-Louis, datant de 1618, est donné en l’honneur du roi Louis XIII qui voulut en faire une ville fortifiée. Complétée et enfin achevée en 1642, la citadelle de Port-Louis est l’élément-clé de la défense de la rade.
[22] Craon est une commune française située dans le département de la Mayenne. Ce fut une redoutable forteresse médiévale composée de 27 tours et de 1 600 mètres de murailles, servant à garder la frontière angevine face à la Bretagne. Ce fut une ville marchande très importante (connue pour son fil de lin blanchi) dotée de halles fondées au 12ème siècle et réputées parmi les plus grandes de France. Craon qui fut le siège de la première baronnie d’Anjou était une force politique, judiciaire et religieuse importante, gérant une quarantaine de paroisses. Au Moyen Âge puis sous l’Ancien Régime, le fief de la baronnie angevine de Craon dépendait de la sénéchaussée principale d’Angers et du pays d’élection de Château-Gontier. La baronnie était qualifiée de « Première baronnie d’Anjou »
[23] après la défection de Philippe II qui a signé la Paix de Vervins
[24] Guingamp est une commune française située dans le département des Côtes-d’Armor.
[25] Moncontour est une commune française située dans le département des Côtes-d’Armor. Le village fut une place militaire importante au 12ème siècle, à cette époque Montcontour est une ville fortifiée qui permet au seigneurs de contrôler les alentours et d’asseoir leur autorité
[26] Lamballe est une commune française située dans le département des Côtes-d’Armor.
[27] L’île de Bréhat est située dans l’archipel de Bréhat, dont elle constitue l’île principale et l’essentiel du territoire de la commune de Île-de-Bréhat (plus de 90 % de celui-ci). Une distance de 1,7 kilomètre la sépare de L’Arcouest (commune de Ploubazlanec), sur la côte nord-est des Côtes-d’Armor.
[28] Le comté de Nantes faisait partie de la marche établie par les rois Francs à la frontière de la Bretagne indépendante. Durant la première moitié du 8ème siècle, les évêques de Nantes (Agathée et ses trois successeurs : Amelon, Saint Émilien et Salvius) cumulèrent avec le titre de « Comte de Nantes ». Il fut conquis par Nominoë en 851 avec le traité d’Angers. Salomon de Bretagne, par ses conquêtes agrandi les limites territoriales de la Bretagne jusqu’à son expansion maximale. Mais fragilisé par cet immense territoire, ainsi que par les attaques vikings et franques, la Bretagne se replie sur ses fiefs bretons. Dès le début du 10ème siècle, Nantes est mise sous protection de l’Anjou face aux menaces vikings et bretonnes. Malgré cela, Nantes fut occupé par les Vikings de 919 à 937 avant d’être reconquise par Alain II de Bretagne. Le Pays Nantais constitua ensuite un comté dont les titulaires disputèrent le titre de duc de Bretagne aux comtes de Rennes. Dans cette lutte du pouvoir, Nantes et Rennes reçurent le soutien de leurs alliés respectifs, la maison de Blois pour Rennes et l’Anjou pour Nantes. Par mariage, Nantes passa successivement de la famille comtale de Cornouaille à la dynastie angevine des Plantagenêts avant d’être définitivement incorporée au domaine des Ducs de Bretagne au 13ème siècle.
[29] La paix de Vervins fut signée le 2 mai 1598 à Vervins (actuellement situé dans l’Aisne) entre les rois Henri IV de France et Philippe II d’Espagne. Les négociations qui avaient débuté dès janvier 1597 avaient été confiées du côté français à Bellièvre et Sillery. Ce traité confirma et compléta les clauses précédemment adoptées par le traité franco-espagnol du Cateau-Cambrésis, conclu le 3 avril 1559 entre les rois Philippe II d’Espagne et Henri II de France. Aux termes de ce traité, l’Espagne restitua à la France le Vermandois, une partie de la Picardie, la ville de Calais et Le Blavet (Port-Louis, Bretagne) ; la France rendit à l’Espagne le Charolais et diverses places fortes dont la France s’était emparée depuis le précédent traité et renonçait à la suzeraineté sur la Flandre et l’Artois. Henri IV, roi de Navarre de naissance, se refusa toutefois à entériner l’annexion de la Navarre « espagnole », réalisée en 1512 par Ferdinand II d’Aragon, arrière-grand-père de Philippe II. Cette spoliation ayant été opérée à l’encontre de son propre arrière grand-père maternel, le roi Jean III de Navarre.
[30] Nuremberg est une ville de Bavière, en Allemagne. Du 15ème au 16ème siècle, Nuremberg s’impose comme une vraie cité artistique et même comme le berceau de l’humanisme allemand. En effet, de grands artistes tels que le peintre Albrecht Dürer, qui se fera connaître comme peintre et graveur de même que Michael Wolgemut, le sculpteur sur bois Veit Stoss et le tailleur de pierre Adam Kraft créent à Nuremberg des œuvres d’une grande notoriété. Hans Sachs et les Meistersinger (maîtres-chanteurs) donnent dès le 13ème siècle un nouvel essor à la poésie allemande. Ils inspireront à Richard Wagner son opéra de 1868, Die Meistersinger von Nürnberg (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg). Dans les domaines de l’astronomie et de la géographie, c’est à Nuremberg que Martin Behaim réalise vers 1492 le premier globe terrestre parvenu jusqu’à notre époque, toujours conservé au musée historique de la ville. Hartmann Schedel y publie en 1493 les Chroniques de Nuremberg et Nicolas Copernic en 1543 De Revolutionibus Orbium Coelestium (De la révolution des sphères célestes). En 1623, l’université de la ville est inaugurée à Altdorf.
[31] 4 295 350 livres, évaluées par Sully
[32] L’église des Cordeliers, de son nom complet église Saint-François-des-Cordeliers, est une église de la Vieille-Ville de Nancy, située juste à côté du palais des Ducs de Lorraine dont elle renferme les tombeaux. Le couvent qui la jouxte est aujourd’hui partie intégrante du musée Lorrain.