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Abû al-Âs al-Mustansir bi-llah al-Hakam Ibn Abd ar-Rahman dit Al-Hakam II

jeudi 5 septembre 2019

Abû al-Âs al-Mustansir bi-llah al-Hakam Ibn Abd ar-Rahman dit Al-Hakam II (915-976)

Deuxième calife omeyyade de Cordoue

Fils de Abd ar-Rahmān III . Il est né à Cordoue [1], son règne coïncide avec l’apogée artistique et culturel d’Al-Andalus [2].

Il succéda à son père Abderraman III à l’âge de 46 ans et 9 mois, en poursuivant sa politique de consolidation de la paix et de la prospérité de l’Al-Andalus.

Non seulement il a maintenu le califat à l’apogée à laquelle il est arrivé sous le règne de son père, mais avec lui, il a atteint sa splendeur maximale. Al-Hakam II n’avait que 8 ans lorsque son père l’a désigné comme successeur. Son éducation fut soignée, il participa activement au gouvernement et aux campagnes militaires accompagnant le calife [3] en toutes sortes d’occasions.

Après la mort de son père, il accède au trône et adopte le titre d’al-Mustansir bi-llah [4] et en dépit de son union avec Radhia, il n’a pas eu de fils. En arrivant au trône, il devint alors nécessaire d’avoir une descendance.

Une esclave d’origine basque appelée Subh, ou Zohbeya ou Aurora, et à qui il donnera plus tard le nom masculin de Chafar devenue sa concubine, lui a donné des fils dont l’aîné est mort en 970.

Contrairement à son père, Al-Hakam II s’est appuyé sur deux personnages de la cour : le général Ghâlib, d’origine slave et le hagîb [5] Al-Mushafî, qui avec Subh exerça une grande influence sur le califat.

Dans le Maghreb, la politique d’Al-Hakam II a été marquée par la tentative de freiner l’expansion du califat des Fatimides [6]. La conquête de l’Égypte par le général fatimide Jawhar al-Siqilli en 969, et le transfert qui s’en est suivi de leur capitale au Maghreb à la nouvelle cité du Caire, a incité Al-Hakam II à récupérer sa zone d’influence dans le Maghreb.

Cependant il doit faire face aux derniers représentants de la dynastie Idrisside [7], l’émir Al-Hasan ben Kannun , dont il a obtenu la soumission en 974 grâce aux troupes commandés par le général Ghâlib, auquel il a donné une liberté totale, tant pour soudoyer que pour combattre ses ennemis. Tant et si bien qu’il a vaincu sans combattre, mais en dépensant tant et d’une manière tellement peu contrôlable que le calife envoya son intendant Muhammad Ibn Abi Amir, le futur Almanzor, pour surveiller les comptes. C’était la première expérience militaire de ce dernier.

Les premières mesures prises dès son accession au trône furent de réclamer au royaume chrétien de León [8] les 10 forteresses que son roi, Sanche 1er de León , avait promises à son père Abd al-Rahman III contre son appui dans le conflit dynastique qui l’opposait à Ordoño IV et qui lui a permis de récupérer le trône.

Ordoño IV, l’ancien souverain chassé par Abd Al-Rahman III, décide dès lors de demander l’aide des califes ommeyyades [9]. Il fait part de ses projets au général Ghâlib, gouverneur de Medinaceli [10], et désire être reçu à Cordoue. Al-Hakam II, heureux d’avoir un prétendant sous la main accepte rapidement. Sur la route, Ordoño n’hésite pas à montrer toute sa bonne volonté ; il prie sur la tombe d’Abd Al-Rahman III, flatte les soldats puis passe 2 jours dans un palais avant d’être reçu par Al-Hakam II dans son palais de Medinat Al Zahra [11]. Durant la cérémonie Ordoño expose ses désirs.

Le calife lui assure de tout son soutien et accompagné du général Ibn Tomlos, Ordoño retourne dans son palais après une majestueuse cérémonie. Peu de temps après Ordoño signa le traité selon lequel en échange de l’aide du calife il s’engagerait à ne jamais faire la guerre contre le calife et de ne jamais s’allier avec Ferdinand Gonzalez de Castille . Al Hakam lui envoie aussi comme conseiller Walid et un corps d’armée commandé par le général Ghâlib.

Les préparatifs de cette guerre inquiétaient grandement Sanche qui bien que roi était mal installé et dont la situation était très précaire. La Galice [12] refusait de le reconnaître et savait pertinemment que si Ordoño revenait, il aurait l’appui du peuple. Très rapidement Sanche envoie à Cordoue des émissaires dire au calife qu’il était disposé à respecter le traité qu’il avait conclu avec le précédent calife mais dès la mort d’Ordoño Sanche revient de nouveau sur ses engagements.

Al-Hakam furieux déclare la guerre contre les royaumes chrétiens et en 963 il attaque la Castille [13] et prend San Estevan de Gormaz [14] alors qu’au même moment Ghâlib remporte la bataille d’Atienza. Yahyâ ibn-Mohammed Todjîbî, le gouverneur de Saragosse [15] reprend la ville de Calahorra [16] qu’Al-Hakam fait entourer de fortifications. La guerre victorieuse que mène Al-Hakam oblige finalement ses ennemis à demander la paix dès 966. Cette paix conclue avec presque tous ses voisins est durable d’autant plus que peu de temps après les royaumes chrétiens entrent en guerre civile.

Il dû aussi affronter l’offensive maritime des Danois qui, sous le commandement d’un certain Gundurendo, parcouraient les ports de l’Europe en semant la terreur. ils attaquèrent Lisbonne [17] durant l’année 966, mais ils furent mis en échec face à Silves [18] la flotte que le calife envoya depuis Séville [19] sous le commandement de l’amiral Ibn au Rumahis.

Al-Hakam II ordonna la construction à Almeria [20] d’une flotte au style nordique avec l’intention d’entamer le combat en haute mer et ne pas attendre d’être près de la côte ou sur terre ferme. Durant l’année 971 les vikings essayèrent à nouveau une incursion à Séville en remontant le Guadalquivir [21], Al-Hakam II envoya alors sa flotte d’Alméria en aide à celle de Séville, en enfermant par conséquent les bateaux vikings dans le Guadalquivir, où ils furent totalement anéantis.

Il s’est consacré à la Grande mosquée de Cordoue [22], dont pendant le règne de son père il était déjà responsable des œuvres. Il effectua la plus belle et la plus remarquable extension de cet édifice, qui contraste en magnificence par rapport aux autres parties de la mosquée, le style somptueux et très décoré de cet agrandissement est bien reconnaissable, il est aussi remarquable par l’importante influence byzantine qui le caractérise.

Il abat la paroi de la qibla [23] en étendant la salle de prière vers le sud en direction du fleuve Guadalquivir en y ajoutant douze nouvelles travées. C’est lors de cet agrandissement que sont construits, sur le mur extérieur de la mosquée, l’essentiel des plus beaux portails que nous pouvons encore admirer aujourd’hui.

Il a doté Cordoue de nombreuses infrastructures et constructions publiques. Cordoue était l’une des villes les plus importantes d’Europe tant par sa population que par son rayonnement politique et culturel, depuis la fin de l’Antiquité romaine et la période wisigothique. Elle fut la première ville de la Péninsule ibérique dont les rues étaient pavées, dotée de l’éclairage public nocturne et d’un système d’égouts, l’eau était distribuée par un réseau complexe et parfaitement organisée.

Il termina la construction de Madinat al-Zahra, avec le même style architectural et décoratif. Il s’installait dans sa ville palatine du printemps jusqu’à l’automne, et si parfois il le faisait en hiver, c’était pour présider des réceptions solennelles ou recevoir des ambassadeurs.

Il rénova les Alcazars et construit des châteaux forts sur les différentes marches d’Al-Andalus face aux royaumes chrétiens du nord et de l’est. C’est de son époque que date la construction du château de Baños de la Encina [24].

Les impôts légaux issus de la Zakat [25] n’ont presque jamais suffi pour accomplir l’ambitieuse politique d’Al-Hakam II, mais l’économie était florissante grâce à la longue période de paix que le calife a su préserver et dont il a fait profiter ses sujets, ce qui a permis à l’État d’avoir des recettes supplémentaires et des comptes assainis, qui ont permis de mener à bien les nombreuses œuvres publiques sous son règne.

La vie économique proprement dite était basée sur l’agriculture et le bétail. La culture de céréales et des légumes furent particulièrement intenses. Les excédents d’olives, de raisins et de figues furent exportées vers l’orient. On a introduit le riz, le narjesse et l’orange et on a construit des systèmes irrigation et des canaux. La surface cultivable a atteint probablement son extension maximale dans la péninsule sous le califat d’Al-Hakam.

Le dominion du Maroc et de l’Algérie lui a fourni la protection des caravanes et du commerce avec les royaumes du Soudan en particulier celui du Ghana, lui garantissant un approvisionnement sécurisé en or, avec lequel il frappait sa monnaie.

Le développement des sciences et des lettres à l’époque des Omeyyades de Cordoue est dû aux facilités que les califes accordèrent aux savants et érudits immigrant d’Orient, La diffusion de la culture andalouse à travers l’Europe fut assurée grâce aux voyages continus des moines mozarabes [26] de l’Espagne chrétienne, de la Marche Hispanique jusqu’en Lorraine.

La médecine resta entre les mains des Mozarabes jusqu’au milieu du 9ème siècle. À cette époque sont arrivés des praticiens d’orient qui remplacèrent les chrétiens, et un siècle plus tard, la traduction orientale du Dioscoride s’adapte à la terminologie botanique d’al-Andalus, grâce à la collaboration du médecin juif Hasdaï ibn Shaprut , du moine byzantin Nicolás, du sicilien Abou Abdallah es-Siqili et du médecin musulman Ibn Yulyul . À l’époque d’Al-Hakam II, 27 écoles publiques furent fondées où les savants assuraient une instruction publique gratuite aux pauvres et orphelins en échange de salaires attrayants. On décréta l’enseignement obligatoire pour tous les enfants.

L’université de Cordoue attirait des savants de tous les coins du monde. Al-Hakam II créa une bibliothèque, symbole de cette culture andalouse, pluraliste, tolérante et universaliste, avec plus de 400.000 volumes qui comprenaient toutes les branches du savoir. Elle avait en annexe un atelier de greffe avec des copistes, miniaturistes et des relieurs.

Il se passa des siècles avant qu’une bibliothèque semblable à la sienne voie le jour en Espagne. Il était écrivain, mécène et protecteur des philosophes et des poètes, même ceux les plus polémiques et il généralisa l’enseignement en ouvrant 27 écoles gratuites.

De ce calife, intelligent, érudit, sensible et extrêmement pieux, il n’y a à regretter que son règne ne dure à peine 15 années, et qu’il commette la grande erreur de ne pas nommer un successeur formé et efficace. Sentant peut-être l’approche de son décès à la suite de l’attaque cérébrale qu’il a subie en 975, le rendant hémiplégique, il s’est dépêché de nommer son fils, Hicham II comme successeur.

À sa mort le 1er octobre 976, ce dernier, étant mineur quand il accède au trône, est transformé en une marionnette utilisée par Almanzor et ses partisans, et, dans un premier temps, par le vizir Al-Mushafî qui fait assassiner le frère cadet d’Al-Hakam, Al-Mughira, avant d’être lui-même écarté

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Alhakén II »

Notes

[1] Cordoue est une ville située dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Cordoue est la capitale de la province homonyme. La ville est située sur le Guadalquivir. Les musulmans conquirent la ville en 711. Elle devient alors le principal centre administratif et politique de l’Espagne musulmane (al-Andalus). À partir de 756, elle est la capitale de l’émirat de Cordoue, fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman 1er.

[2] Al-Andalus est le terme qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). L’Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie. La conquête et la domination du pays par les Maures furent aussi rapides qu’imprévues et correspondirent à l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel

[3] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[4] celui qui cherche l’aide victorieuse de Dieu

[5] chef de l’administration centrale

[6] Les Fatimides (également appelés Obeydides ou Banu Ubayd depuis le manifeste de Bagdad ont formé une dynastie califale arabe chiite ismaélienne d’ascendance alide qui régna, depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171), sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Issus de la branche religieuse chiite des ismaéliens pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète de l’islam Mahomet, les Fatimides considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. L’établissement de leur califat débute au Maghreb, grâce à l’appui des Berbères Kutama, grande tribu qui était établie à l’est de l’actuelle Algérie qui vont renverser le pouvoir local aghlabide. Après un intermède en Ifriqiya, ils finiront par s’établir dans la ville du Caire qui pendant leur règne prendra un essor considérable.

[7] Les Idrissides ou Idrisides sont une dynastie chérifienne de souche alide ayant régné au Maroc entre 789 et 985. Ils sont communément considérés comme les fondateurs du premier État marocain. La dynastie doit son nom à Idris 1er, arrière-petit-fils d’Al-Hassan ibn Ali, tenant du chiisme zaïdite, qui se fait reconnaître comme imam par la tribu berbère des Awrabas. Son fils, Idriss II, entreprend l’unification du pays et pose les bases de l’État idrisside axé autour d’une administration centrale, le makhzen. Pendant la seconde moitié du 10ème siècle, le pouvoir idrisside s’effondre sous l’effet des incursions et des interventions des Omeyyades d’Espagne, des Zirides vassaux des Fatimides et des Zénètes ; ils achèvent de perdre leur pouvoir effectif en 972. Ils sont définitivement écartés en 985, après l’échec de la restauration du dernier émir en exil, Al-Hasan ben Kannun, qui est assassiné.

[8] Le royaume de León, une des 15 grandes anciennes divisions de l’Espagne et du Portugal, fut un des royaumes médiévaux de la Péninsule Ibérique, successeur du royaume des Asturies, qui eut un rôle dans la Reconquista et la formation des royaumes chrétiens successifs de l’occident péninsulaire.

[9] Les Omeyyades ou Umayyades sont une dynastie arabe de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils sont originaires de la tribu de Quraych, qui domine La Mecque au temps de Mahomet. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Muʿāwiyah ibn ʾAbī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier par les Khawarij, Muʿāwiyah fonde le Califat omeyyade en prenant Damas comme capitale, faisant de la Syrie la base d’un Califat qui fait suite au Califat des biens guidés et qui devient, au fil des conquêtes, le plus grand État musulman de l’Histoire.

[10] Medinaceli, parfois en français Médina-Celi, est une ville d’Espagne, dans la province de Soria, en Castille-et-León. Elle tire son nom de l’arabe madīnat salīm. En arabe, madīnat/Medina veut dire la "ville" et salīm/Celi, veut dire la "paix", soit Medinaceli, la « ville de la paix ». C’est dans cette ville que meurt Almanzor, de retour d’une expédition militaire infructueuse à Compostelle. Almanzor n’ayant de cesse de guerroyer, son décès ouvrit la porte à une période de paix.

[11] Madinat al-Zahra est le vestige d’une vaste ville palatiale créée par le calife des Omeyyades de Cordoue, Abd-ar-Rahman III al-Nasir. Construite à partir de 936 elle est située à huit kilomètres de la périphérie ouest de Cordoue en Espagne dans la région de la Sierra Morena. La ville est alors la capitale d’al-Andalus, car le cœur de l’administration et du gouvernement est situé dans ses murs. La ville est construite principalement pour des raisons politico-idéologiques peu après la transformation de l’émirat de Cordoue en califat en 929, transformation qui implique une rupture politique avec Bagdad. La dignité du calife exige l’établissement d’une nouvelle ville comme symbole de son pouvoir, et de légitimer le pouvoir du nouveau souverain sur l’Andalousie. À cette fin, la ville comprend d’importantes constructions, entre autres des mosquées, des salles de réception, des bureaux administratifs et gouvernementaux mais aussi des casernes, des bains et des aqueducs.

[12] La Galice est une communauté autonome avec un statut de nation historique située à l’extrémité nord-ouest de l’Espagne. Elle est entourée par la principauté des Asturies, la Castille-et-León, le Portugal, l’océan Atlantique et la mer Cantabrique. Elle recouvre une superficie de 29 574 km². La Galice se compose de quatre provinces : La Corogne, Lugo, Ourense et Pontevedra. Saint-Jacques-de-Compostelle, cinquième ville galicienne par sa population et située dans la Province de La Corogne, est la capitale politique de la communauté autonome, sans être celle de la province, qu’est La Corogne, ancienne capitale politique de la Galice et ville la plus importante de la région.

[13] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.

[14] San Esteban de Gormaz est une commune espagnole située dans la province de Soria dans la communauté autonome de Castille-et-León.

[15] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon. Saragosse est située sur l’Èbre à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, environ 300 kilomètres de chacune d’elles, et à 340 kilomètres de Valence. Un important traité fut signé à Saragosse (traité de Saragosse) en 1529 entre Espagnols et Portugais pour le partage des découvertes du Nouveau Monde.

[16] Calahorra est une commune de la communauté autonome de La Rioja, dans le nord de l’Espagne appartenant à la région de la Rioja Baja.

[17] En 844, Lisbonne est assiégée par les Vikings. La ville, bien protégée, aurait résisté aux assaillants, mais en 858, de nouveau attaquée par les pirates scandinaves, elle est prise et pillée par le chef viking Hasting. En 966, vingt-huit navires vikings attaqueront une nouvelle fois Lisbonne, sans succès. Pendant la période dite des taïfas, Lisbonne appartient à la taïfa de Badajoz, et est dirigée par Sabur al-Saqlabi

[18] Silves est une ville et une municipalité portugaise situé dans le district de Faro. Capitale du petit royaume musulman d’Algarve, avec au 12ème siècle un château, un port, des chantiers navals et un commerce bien établi avec les ports de Méditerranée et d’Afrique. C’était aussi à l’époque un foyer culturel et artistique important lié à l’Andalousie et à l’Afrique du Nord et connu pour ses poètes et ses sages. Elle a été reconquise par Sanche 1er de Portugal et les croisés venant de l’Angleterre. Cette reconquête a duré trois mois en 1189, puis reprise en 1191 par les Almohades (Abu Yusuf Yaqub al-Mansur), et enfin définitivement rattachée au Portugal avec l’Algarve en 1242

[19] Séville est une ville du Sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie. La ville occupe le cœur de l’activité politique d’Al-Andalus avant que la capitale ne se fixe définitivement à Cordoue. Les premiers temps de l’Islam à Séville sont bénéfiques. La ville retrouve assez rapidement sa prospérité passée par la mise en valeur des campagnes alentour et le retour en grâce des Juifs, persécutés par les Wisigoths. L’arrivée à Cordoue d’Abd al-Rahman 1er, qui fonde l’émirat omeyyade en 756, marque le début d’une longue période de révoltes vis-à-vis du pouvoir central. Les entreprises successives de rébellion seront à chaque fois étouffées par les troupes émirales, de manière plus ou moins violente.

[20] Almería (est une ville d’Espagne, capitale de la province d’Almería en Andalousie. Port sur la mer Méditerranée. Ville côtière et portuaire, entre Grenade et Murcie. Elle est délimitée par le mont Gádor (Sierra de Gádor) à l’ouest, au nord par la montagne Alhamilla (Sierra Alhamilla), à l’est par une grande plaine qui culmine au pic de Cabo de Gata, situé dans le parc naturel de Cabo de Gata-Níjar, et au sud par l’ouverture sur une grande baie. Après la chute des Omeyyades d’Al-Andalus (Omeyyades de Cordoue), la cité devint le siège d’un royaume taifa, qui fut ensuite conquis par le royaume taïfa de Murcia, puis par les Almoravides. La ville fut conquise en 1147 par Alphonse VII, roi de Castille. Cette période marquée par deux guerres et une occupation impliqua le déclin économique de la ville. Reconquise une dizaine d’années plus tard par les Almohades, elle fut intégrée dans le royaume de Grenade un siècle plus tard. Les Rois Catholiques la conquirent en 1489, et de port commercial avec l’Afrique, elle devint une ville côtière menacée par les pirates barbaresques. Elle fut délaissée par le commerce avec les Amériques dont Séville et son port Cadix avaient le monopole. Le 16ème siècle fut marqué par le tremblement de terre de 1522, et par plusieurs révoltes morisques, durement réprimées.

[21] Le Guadalquivir est un fleuve espagnol qui se jette dans l’océan Atlantique à l’ouest du détroit de Gibraltar. Il doit son nom actuel à l’appellation arabe L’Oued-el-Kabir, qui signifie la grande vallée. Du temps de la civilisation de Tartessos, il était également appelé Tartessos. À l’époque romaine, il était connu sous le nom de Bætis, ou Betis.

[22] La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba) et sous son nom ecclésiastique officiel de cathédrale Notre-Dame de l’Assomption (Catedral de Nuestra Señora de la Asunción), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C’est un monument majeur de l’architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du 8ème au 15ème siècle. Il s’agit du monument le plus accompli de l’art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au 13ème siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors la cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.

[23] Qibla, kibla, kiblat est la direction vers laquelle doit se tourner le fidèle pour effectuer le rite de la salat. En islam contemporain, il s’agit de l’orthodromie qui joint le lieu de prière à la Kaaba, dans la cité de La Mecque. Dans les mosquées, cette orientation est indiquée par le mihrab, une niche souvent encadrée de deux colonnes supportant une arcature.

[24] Jaén

[25] La zakât ou zakat ; mot arabe traduit par « aumône légale » est le troisième des piliers de l’islam. Le musulman est tenu de calculer chaque année lunaire (hégire) ce montant et de le donner aux ’’miséreux, aux pauvres, à ceux qui travaillent au service de la zakât, aux nouveaux convertis dont le cœur est à raffermir, aux esclaves [qui en ont besoin pour remplir leur contrat d’affranchissement] aux endettés [qui ne peuvent pas s’acquitter de leurs dettes]aux combattants bénévoles] et au voyageur [qui n’a pas ce qui lui permet d’atteindre sa destination’’. Historiquement, dans les pays islamiques, c’était l’État qui récoltait la zakât et qui la redistribuait.

[26] Mozarabe est le nom donné aux chrétiens vivant sur le territoire espagnol conquis à partir de l’an 711 par les armées musulmanes et connu à l’époque comme Al-Andalus (l’Andalousie actuelle), sur le sud de la péninsule ibérique. Les mozarabes avaient dans la société arabe le statut de dhimmi, statut d’infériorité inscrit dans la loi. Ils partageaient ce statut avec les juifs, en tant que non-croyants à l’Islam. C’est seulement dans la pratique, et non dans la loi, que leur culture, leur organisation politique et leur pratique religieuse étaient tolérées. Elles étaient assorties d’une certaine protection légale et donc un contrôle strict. Les mozarabes versaient, en outre, un impôt de capitation, la djizya, sur la zakat, cette aumône aux pauvres obligatoire qui est, en tant que telle, un des piliers de l’Islam.