Né à Fontenay-le-Comte [1]. Issu d’une riche famille terrienne du Bas-Poitou [2], Nicolas Rapin compte dans sa parenté nombre de gens de robe et de receveurs des taxes locales.
Condisciple de Scévole de Sainte-Marthe à Paris, il est contemporain de François Viète à l’université de Poitiers [3], mais aussi d’André de Rivaudeau, ou de l’historien Henri Lancelot-Voisin de La Popelinière .
Rapin, effectua un passage éclair au barreau de Paris vers 1561, puis revint à Fontenay-le-Comte, entre 1562 et 1585. Il y épouse Marie Poitier le 27 août 1562. Jusqu’en 1568, il se consacre à son activité d’avocat et à la gestion de ses biens.
Il est maire de sa ville, en 1569, quand, à cette date, la cité fut enlevée par les protestants. Rapin ne fut pas compris dans les personnalités graciées. Il s’évada, et ne quitta plus guère les armes. Il se fit remarquer au cours du siège de Poitiers par les huguenots, composa une élégie aux morts catholiques et gagna ainsi l’estime du roi Charles IX .
Le 30 décembre 1570, le roi le fit assesseur à Fontenay. Le titulaire protestant de l’office dont l’a pourvu Charles IX protesta. Rapin se rapproche pendant ce temps des milieux littéraires parisiens. Il publie en 1575 l“es Plaisirs du Gentilhomme champestre” dédiés à Guy du Faur de Pibrac . Le succès de son poème lui vaut d’être en 1576, pourvu de l’office de vice-sénéchal [4] de Bas-Poitou.
Ce juge botté, résidant à Fontenay ou à Niort, est alors d’une extrême sévérité contre les brigands, les déserteurs et les huguenots. Alors qu’il rime avec "La Puce de Madame des Roches", il menace vers la même époque Françoise de Rohan, car elle abrite sur ses terres des amis Protestants.
Après son exécution des arrêts criminels des Grands Jours de Poitiers en 1579, il est appelé à Paris. Il se lie à Jacques-Auguste de Thou , renforce son pouvoir, se lie au président Harley. Enfin, grâce à la protection de ce dernier, il est nommé en 1586, lieutenant de robe courte et grand prévôt de la connétablie. Il vend sa charge de sénéchal à Jean Tiraqueau.
Aux États généraux de Blois [5], il défend avec vigueur la royauté. Tout en se mêlant à la vie littéraire lors des funérailles de Ronsard ou par sa paraphrase des "Sept Pseaumes Pénitentiels", ou encore sa traduction des "Remédia amoris". Rapin s’oppose à la Ligue [6], par la plume, en dressant l’épitaphe du duc Anne de Joyeuse et par ses poèmes sur les victoires de l’armée royale.
Lors de la journée des barricades [7], jugé trop timide par le parti des seize [8], il est contraint de fuir et rallie le camp d’Henri III.
Prévôt de l’armée du Poitou, commandée par le duc de Nevers Louis Gonzague, en 1589, prévôt général des bandes, ou de la Connétablie et Maréchaussée de France, il fait partie de ceux qui, avec Jacques-Auguste de Thou réclame à Henri de Navarre de venir au secours d’Henri III.
Après l’assassinat de ce roi, Rapin combat à Arques [9]. Son ascension se fait sur les champs de bataille, à Ivry [10], ce qui lui vaut d’être anobli en octobre 1590. Chargé de missions de confiance comme la levée d’impôts arriérés, il est nommé Prévôt général en 1594.
Après l’attentat de Jean Châtel , il mène une lutte sans merci contre les Jésuites [11]. On le retrouve à Pougues en 1598 où il soigne sa gravelle, en Savoie, où il rend visite à Théodore de Bèze et enfin chargé du maintien de l’ordre pendant l’exécution du maréchal de Biron le 31 juillet 1602.
Parvenu à un âge où les combats le lassaient, Rapin résigne son office le 1er janvier 1605. Il prend sa retraite à Fontenay, dans un petit château, le Château de Terre Neuve [12], bâti pour lui en 1580, où il reçoit ses amis, dont Sully en 1604. Il y apprend le grec, compose des pièces de circonstance, s’adonne à des divertissements littéraires. À la fin de l’année 1607, l’hiver le surprend à Poitiers. Il rédige son Testament le 25 janvier 1608, et meurt le 16 février.