Issu en droite ligne de la famille des Parthenay-l’Archevêque [1]. Il ne possède plus tous les fiefs de cette vieille famille, notamment la ville de Parthenay [2], qui ont été cédés par le dernier des Parthenay en ligne directe, Jean II de Parthenay-l’Archevêque , mort en 1427. Sa mère est l’humaniste Michelle de Saubonne . Combattant et ambassadeur d’Henri II pendant les dernières guerres d’Italie, il est au service du roi, qu’il accompagne depuis l’enfance. Converti officiellement au calvinisme en 1562, après le massacre de Wassy [3].
Il deviendra pendant la première guerre de religion l’un des plus ardents soutiens de Louis 1er de Bourbon-Condé et du parti huguenot [4].
Ses faits et gestes sont connus au travers des mémoires de sa vie telles que les a mises en forme le mathématicien François Viète, son avocat et secrétaire entre 1564 et 1566.
Familier du roi Henri II, puis de la régente Catherine de Médicis, Soubise est accusé sans doute à tort d’avoir commandité la mort du duc François de Guise.
Son gouvernement de la ville de Lyon en 1563 épargne néanmoins aux catholiques les cruautés du baron des Adrets et, jusqu’à sa mort en 1566, ses efforts contribuent à maintenir la paix entre les factions ennemies. Un temps, il espère même convertir la reine mère à la doctrine des Calvinistes.
Fils unique de Jean IV, seigneur du Parc de Soubise [5] situé à Mouchamps en Vendée [6], seigneur de Pauldon, de Vendrennes [7], du fief Goyau et de Mouchamps.
Lorsque son père meurt, sa mère est dame de compagnie de Renée de France. C’est une lettrée, qui a introduit Clément Marot à la cour. Jean V de Parthenay sert d’enfant d’honneur auprès d’Henri II, de 7 ans plus jeune que lui. Il est lui-même éduqué avec soin dans la connaissance des humanités, et passe alors pour l’un des jeunes gens les plus cultivés de son temps.
En 1527, à l’occasion d’un célèbre procès, l’humaniste Guillaume Budé note sa ferveur et sa connaissance des bonnes lettres et révèle ce jeune page.
En 1528, sa mère, deux de ses sœurs et lui même partent en Italie, à Ferrare [8], Renée de France ayant épousé Hercule II d’Este. Clément Marot les y rejoint peu après. Jean de Parthenay y apprend à aimer l’Italie, où il revient plus tard lors de nombreux voyages.
En 1536, sa mère est chassée de Ferrare ainsi que tous les français de la cour d’Hercule II.
Jean V dit Soubise, prend alors le métier des armes. Favori du duc d’Orléans, du Dauphin et de son frère, il est dès lors de toutes les guerres d’Henri II. Nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, puis gouverneur et bailli [9] de Chartres en 1539, il est pendant une année prisonnier à Lille, dans les Flandres.
Capturé, il ne veut point se laisser nommer et se fait connaître de ses geôliers sous le nom d’emprunt impromptu d’Ambleville.
La suite de sa captivité est adoucie par l’attention que lui prêtent la femme et la fille de son gardien. À son retour, il prend parti contre les Guises et s’attache à la famille des Châtillon, avec lesquels il est comme un quatrième frère.
En 1549, la mort de sa mère suit de 5 jours celle de sa sœur Anne de Parthenay, mariée au sieur du Pons
En septembre 1552, Soubise est envoyé à Nancy par Henri II pour sonder le comte de Vaudémont Nicolas de Mercœur. Ce dernier, pariant sur le respect de la neutralité de la Lorraine par l’empereur Charles Quint, décline l’offre du roi de France. D’octobre 1552 aux premiers jours de janvier 1553, Soubise participe au siège de Metz [10].
Le 4 janvier 1553, Soubise reçoit l’ordre du roi Henri II d’aller au-devant du duc de Parme et de le conduire à Fontainebleau [11]. Le 9 mai, de retour à Paris, il épouse Antoinette Bouchard, fille de François II, baron d’Aubeterre, et d’Isabelle de Saint-Seine, sa première femme.
Antoinette d’Aubeterre est alors demoiselle de compagnie de la reine Catherine de Médicis. Née en 1532, elle a 20 ans de moins que son époux mais à partir de leur mariage, c’est elle qui prend en charge la gestion du parc Soubise, appelant par exemple Bernard Palissy et Philibert Hamelin , qu’elle protège, à régler certains différents qui opposent Soubise à ses vassaux.
À peine marié, Jean de Parthenay reçoit l’ordre d’aller en Picardie se battre pour Thérouanne [12] et Hesdin [13]. Cette fois, les armées du roi subissent un terrible échec. Elles sont commandées par Antoine de Bourbon, dont la femme Jeanne d’Albret attend le futur Henri IV. Elle demeure sur les lieux du combat avec son mari. Antoine de Bourbon sauve Hesdin des mains des impériaux mais perd Thérouanne entre mai et juin.
Quelques mois plus tard, Charles Quint reprend et fait raser les deux places fortes. Cette année-là la femme de Soubise accouche d’un fils. Le nouveau-né, leur seul enfant mâle, ne vit que cinq semaines.
Vers le mois de juillet 1552, Henri II découvre le rapprochement qui s’effectue entre le duc de Parme, Octave Farnèse et le roi d’Espagne Philippe II. Le roi, ses conseillers et le cardinal Carafa le futur Paul IV décident d’agir.
Les Guise font envoyer Soubise en mission à Parme pour l’éloigner. Il doit proposer au duc une alliance avec le roi de France et lui demander la main de son fils Oratio pour l’unir à Diane d’Angoulême. Soubise est également doté de lettres d’Henri II à remettre au duc de Ferrare afin de le rallier et de le prier de se joindre au Pape pour combattre les intrigues espagnoles.
Soubise y est nommé lieutenant général [14] pour Sa Majesté, puis réside à Sienne [15] du 25 novembre 1554 au 25 février suivant, il demeure à Parme, à raison de 500 livres par mois et contribue à tenir le duc dans une bienveillante neutralité à l’égard des Français mais Farnèse finit par se rapprocher de Philippe II 2 ans plus tard. Parallèlement, Jean de Parthenay assiste, sans pouvoir lui porter secours, faute de troupes, à la capitulation de Montluc, à Sienne le 17 avril.
Le 22 mars 1554, sa femme, Antoinette d’Aubeterre accouche de Catherine, future femme de lettres et d’action, écrivain, mathématicienne et protectrice des sciences. Par elle, Jean V de Parthenay est l’un des ancêtres de la maison de Rohan [16].
L’année suivante, Soubise monte à l’assaut de Denain [17] et manque perdre la vie lors de l’assaut qu’il donne avec l’amiral de Coligny, car, blessé à la tête et jeté à terre, il manque de se trouver étouffé par son propre heaume. Il poursuit néanmoins l’assaut tête nue jusqu’à la fin des combats.
En 1555, Jean de Parthenay commande des travaux d’arpentage à Bernard Palissy.
On le retrouve peu après à la sanglante défaite de Saint-Quentin le 10 août 1557 [18], et quelques mois plus tard à la prise de Calais, le 3 janvier 1558 [19]. Il s’y lie avec le maréchal Pierre Strozzi .
Au mois d’août 1558 le roi accorde à Jean V de Parthenay une gratification de 6 900 livres en récompense des guerres en Italie et "autres". Mais, par la hardiesse de ses propos et la clairvoyance de ses vues militaires lors des conseils de Guerre, Soubise se fait un ennemi du maréchal de Tavannes Gaspard de Saulx.
Depuis 1557 et les célébrations protestantes du Pré-aux-Clercs [20] à Paris du 13 au 19 mai 1558 auxquelles ont assisté Antoine de Navarre et son frère le prince de Condé, de nombreux gentilshommes se sont rapprochés de la foi réformée [21]. Soubise se sent porté vers la nouvelle religion. Antoinette d’Aubeterre, son épouse fait prêcher sur ses terres. Mais pour sa part, il hésite à en faire publiquement profession, attendant encore quelque temps pour faire connaître sa conversion. De sorte qu’on ne le dit pas huguenot avant l’affaire d’Amboise [22], même s’il est connu de tous que sa femme, comme autrefois sa mère ou sa sœur, a embrassé la nouvelle religion.
Quand le roi Henri II meurt, l’année suivante, son fils François II lui succède. Il n’a que 15 ans, et ne règne pas 2 ans. Un ami de Soubise, Jean du Barry seigneur de La Renaudie , imagine alors enlever la reine et le jeune roi pour les soustraire à l’influence des Guise.
La Renaudie prend la tête de la conjuration qui a pris naissance en décembre 1559 à Genève, peu après l’exécution d’Anne du Bourg. Son but est d’imposer autour du jeune roi un conseil de régence, où les princes de sang, particulièrement Condé, doivent tenir la première place. Antoine de Bourbon s’y oppose ainsi que Calvin.
Dès le 12 février, les Guise, prévenus par l’avocat parisien chez qui loge La Renaudie, sont mis au courant du complot. Ils décident de se retrancher à Amboise. Condé, d’Andelot , Coligny et Odet de Chatillon, mis dans la confidence par La Renaudie, préfèrent alors négocier avec les Guise une amnistie pour les protestants à l’exception des conspirateurs.
Le 15 mars, le duc Jacques de Nemours s’empare du château de Noizay [23], où s’est rassemblée une partie des conjurés.
La conjuration se termine par un massacre. Les troupes de Bertrand de Chandieu qui s’acheminent le 17 mars vers Amboise sont anéanties ; La Renaudie est tué le 19 mars. Un de ses serviteurs subit plusieurs interrogatoires, sans jamais prononcer le nom de Soubise.
Après l’affaire de La Renaudie, la situation de Condé est devenue intenable à la cour. Le prince est suspecté d’avoir participé à la conjuration. Mais les Guise, fragilisés par le mécontentement général, ne peuvent rien tenter contre lui sans preuve écrite de sa culpabilité.
Durant l’été 1560, Condé participe activement à la mise en place d’une nouvelle conjuration contre les Guise. Ses entreprises ayant été découvertes, il est arrêté à Orléans sur l’ordre personnel du roi. La maladie puis la mort de ce dernier lui font éviter l’exécution, lui rendent la liberté et ôtent le pouvoir aux princes lorrains.
Le 7 décembre 1561, il est fait chevalier de l’ordre du roi [24], à Saint-Germain-en-Laye. La reine Catherine de Médicis veut se l’attacher, comme elle veut s’attacher tout ce qui peut contrebalancer le pouvoir des Guise. Le nouveau roi, Charles IX, a 10 ans lorsqu’il accède au trône. Le 17 janvier 1562, l’édit de Saint-Germain [25] donne de nombreuses assurances aux protestants mais le Parlement de Paris, très catholique, refuse d’enregistrer cet acte de tolérance royal.
Peu de temps après, Soubise annonce à Catherine de Médicis son dessein d’abandonner la messe. Elle tente de l’en empêcher et lui promet les plus grandes charges du royaume. Elle lui offre le tutorat du jeune roi Charles.
Il se retire au Parc Soubise non sans avoir protesté son amitié à la reine. La reine, soucieuse de se conserver des appuis, lui envoie l’ordre de Saint-Michel, comme pour l’inviter à revenir.
Le 1er mars 1562, le duc François de Guise de passage à Wassy en Champagne, envoie ses hommes armés interrompre une cérémonie protestante ; 500 huguenots sont forcés de sortir de leur lieu de culte précipitamment. Hommes, femmes et enfants, ils sont traités en rebelles armés, une cinquantaine sont tués, plus d’une centaine blessés. Ce massacre, qui n’a rien de fortuit, donne véritablement le branle à un demi-siècle de guerres de religion. Il est bientôt suivi par ceux de Cahors, de Carcassonne, Tours, Auxerre, Avignon, etc..
Soubise apprend l’événement à Fontainebleau, où il est allé pour remercier le roi de ses précédentes bontés, il le convainc de rallier le parti de Condé.
Jean de Parthernay, arguant des sympathies que la reine aurait déclarées autrefois pour Calvin, fait de grands efforts pour gagner Catherine Médicis au parti de la réforme. Il demeure des heures avec elle et avec le chancelier de L’Hospital. Les Guise, qui veulent remettre la main sur le pouvoir, se rendent à Fontainebleau. La reine tremble pour le royaume à leur approche mais Soubise ne peut la décider à s’enfuir. Elle le supplie de rester puis lui demande de ne pas prendre les armes. Il est trop tard : Soubise lui révèle qu’il va joindre ses forces à celles de ses amis, pour la délivrer et pour délivrer le roi de la captivité à laquelle va le réduire le parti Lorrain.
Jean V de Parthenay-L’Archevêque devient l’un des meilleurs capitaines protestants agissant sous les ordres de Condé au début des guerres de religion.
Parti de Fontainebleau, Soubise vient retrouver à Meaux [26] l’amiral de Coligny et Condé. Leur armée passe sous les murailles de Paris et prend le chemin d’Orléans. Condé, Coligny, d’Andelot, La Rochefoucauld et Soubise vont retrouver la reine près de Beaugency [27]. Leur conférence ne produit aucun résultat. Peu après, Jean de Parthenay manque mourir de fièvres. À peine rétabli, il est envoyé à Lyon par Condé.
Il prend le commandement de Lyon le 15 ou le 19 juillet 1562 avec les pleins pouvoirs du prince de Condé afin de contrebalancer les exactions et les cruautés du baron des Adrets. Il s’adjoint pour cela Charles Dupuy de Montbrun .
Catherine de Médicis lui écrit plusieurs fois afin qu’il rende la ville. Jean V de Parthenay lui répond que « tant qu’il serait gouverneur de Lyon, il la conserverait fidèlement au nom du roi et de la reine. »
Il doit affronter alors les armées catholiques du duc de Nemours. Comptant parmi les chefs les plus valeureux du parti protestant à la veille de la Saint Barthélemy, Jean V de Parthenay parvient à tenir la ville jusqu’à l’édit de pacification du 19 mars 1563.
Soubise parvient à nourrir Lyon pendant son siège et y maintient la liberté du culte. Pendant ce siège, Jean de Parthenay organise le ravitaillement de la ville par la Dombes [28], ce qui lui attire la haine indéfectible du duc Louis III de Montpensier .
À la veille d’entrer dans Orléans, le duc François de Guise est tué par Jean Poltrot de Méré. Mis à la question, ce dernier dénonce Théodore de Bèze, l’amiral de Coligny et Soubise. L’amiral répond à ces accusations mais Soubise, qui est enfermé dans Lyon, ne peut joindre son nom à la protestation du 12 mars 1563, signée de Châtillon, de La Rochefoucauld et De Bèze.
Les présomptions contre Soubise sont terribles. Antoinette d’Aubeterre engage alors avec l’accord de son mari un jeune avocat poitevin des plus fameux, le futur maître de requêtes d’Henri III et d’Henri IV, le cryptographe et mathématicien François Viète. Soubise l’agrée à son retour de Lyon, après avoir rendu les clefs de cette ville au seigneur de Gordes Bertrand-Rambaud de Simiane . François Viète dont la formation de base est juridique a déjà plaidé plusieurs procès victorieux ; il n’est pas connu comme protestant et vient s’installer au parc Soubise au début de l’année 1564 afin d’en compulser les archives généalogiques. Grâce à lui, Soubise parvient à se laver de tout soupçon de complicité.
Il produit ensuite un mémoire où il donne simplement à lire la noblesse du comportement de Jean de Parthenay l’année précédente, lors de son administration de la ville de Lyon. Viète soutient par ailleurs que son maître est demeuré fidèle au roi lorsqu’il commandait Lyon et précise que Soubise ne s’est pas soumis à Nemours, contrairement aux demandes qui lui ont été faites par la Reine, de crainte que celle-ci et le Roi Charles IX fussent les prisonniers des Guise.
La paix faite, le nom de Soubise innocenté, Jean de Parthenay rentre dans les bonnes grâces de la reine et tente de nouveau de la ramener à la cause des calvinistes. Il lui fait la cour à Lyon, lors de son passage, et reste longtemps auprès d’elle. Il la revoit encore à Niort, lors de son voyage vers Bayonne, et l’accompagne jusqu’à La Rochelle. Il n’y bénéficie plus de la complicité de la duchesse de Montpensier, décédée en 1561, mais y rencontre à nouveau la jalousie de son époux, le duc Louis III de Montpensier.
Rentré chez lui après sa visite à La Rochelle, Parthenay déclare à Antoinette d’Aubeterre qu’il n’y a plus rien à espérer de ce côté-là. Catherine de Médicis refuse désormais d’admettre devant lui ses sympathies d’autrefois pour la religion réformée.
Au mois d’octobre 1565, il revoit de nouveau Catherine de Médicis à Meaux et au mois d’avril 1566, une dernière fois à Moulins où il manque d’être assassiné avec tous les chefs huguenots présents dans cette ville.
De retour de Moulins au début de l’été 1566, Soubise tombe gravement malade. Il refuse de s’aliter mais passe la plupart de ses journées dans sa chambre.
Le 8 août 1566, Jean de Parthenay rédige son testament et déclare qu’il veut être enterré suivant la forme et manière observées par les églises réformées du royaume.
Le dimanche premier septembre 1566 sa femme, qui le veille, reçoit son dernier soupir. Un quart d’heure avant de mourir, il donne sa bénédiction à sa fille. Ses dernières paroles sont pour remettre son âme entre les mains de Dieu.