Natif de Hazza, il fit ses études auprès de Mar Abraham bar Dashandad, maître de l’école de Bashosh, dans le diocèse de Marga [1].
En 769/770, il succéda à son oncle Georges comme évêque de Beth Bgash [2].
À la mort du catholicos [3] Hénanicho II, après une vacance de 8 mois, il s’assura la majorité des votes du synode électoral par les intrigues et la corruption en fin 779, il fut intronisé le 7 mai 780, mais les conditions de cet avènement provoquèrent un schisme, dirigé d’abord par le métropolite [4] Joseph de Merv [5], qui se convertit à l’islam, ensuite par le métropolite Éphrem de Gundishapur [6], qui parvint à faire prononcer par un synode la déchéance de Timothée.
Finalement, l’autorité de celui-ci fut restaurée au bout de 2 ans par l’intervention d’Abou Qouraych Isa, le médecin chrétien du calife al-Mahdi.
Sa première décision fut le transfert du siège catholicosal de Séleucie-Ctésiphon [7] à Bagdad, où il devait rester jusqu’à la fin du 13ème siècle, nouant ainsi des liens privilégiés entre les catholicos nestoriens [8] et les califes abbassides [9].
Homme savant qui connaissait le syriaque, l’arabe, le grec et peut-être le pehlevi, Timothée jouit de la considération des califes al-Mahdi et Hâroun ar-Rachîd, pouvant compter aussi, sous le règne de ce dernier, sur l’appui de la reine Zoubayda, qu’il sauva de la répudiation par une astuce juridique, et de deux chrétiens très influents à la cour, le ministre Abou Nouh al-Anbari, qui était son ancien compagnon d’études, et le médecin favori du calife, Gabriel bar Bokhticho . Timothée n’hésita pourtant pas à excommunier ce dernier pour avoir pris des concubines à la manière musulmane.
Pendant ses 43 ans de pontificat, l’Église d’Orient [10] vécut en paix, et Timothée 1er l’administra sagement malgré les conditions troubles de son avènement. Il réorganise les structures de l’Église nestorienne pour renforcer la formation des prêtres et le pouvoir des évêques afin de mieux contrer l’influence des immigrants monophysites [11] et chalcédoniens [12] syriens.
On lui doit sans doute la constitution du Synodicon orientale [13] et la rédaction d’un premier code de droit canonique, les Règles des jugements ecclésiastiques et des successions, daté de 805 et composé pour éviter que les chrétiens ne s’adressent aux tribunaux musulmans en arguant de l’absence de lois à l’intérieur de l’Église.
Le catholicos traite en particulier du mariage et des successions. Sur le premier point, il réaffirme la monogamie et l’indissolubilité du lien conjugal, sauf dans 6 cas : l’apostasie, l’adultère, l’abandon de l’épouse par son mari, l’absence de nouvelles du conjoint depuis 3 ans, une maladie grave du conjoint révélée entre la cérémonie et la consommation du mariage, qui étaient en général espacées dans le temps, et la profession monastique des deux conjoints.
Il s’occupa aussi beaucoup de l’expansion de l’Église d’Orient.
Il organisa l’évangélisation des Turcs d’Asie centrale, dont un des rois se convertit en 782-783, et pour lesquels fut créée vers 792 une province ecclésiastique sans siège fixe. Dans les premières années du 9ème siècle, il créa une métropole en Chine, avec double siège à Koumdan [14] et Sarag [15].
Timothée 1er fonda même apparemment une métropole au Tibet, y envoyant des évêques et la présentant comme une importante communauté chrétienne.
Timothée était un savant dans plusieurs disciplines profanes, ce qui contribua à lui donner du prestige auprès des califes. Selon son propre témoignage, c’est à la demande d’al-Mahdi qu’il traduisit “les Topiques d’Aristote” du syriaque en arabe. Il écrivit aussi un traité d’astronomie intitulé [16], qui est perdu.