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L’histoire pour le plaisir

Thomas le Slave

mercredi 20 juin 2018, par lucien jallamion

Thomas le Slave (vers 760-823)

Chef militaire byzantin du 9ème siècle

Il est particulièrement connu pour avoir mené une révolte de grande envergure contre l’empereur Michel II l’Amorien.

D’origine slave, cet officier vient de la région du Pont [1] et monte dans la hiérarchie, de même que les futurs empereurs Léon V et Michel II, sous la protection du général Bardanès Tourkos .

Après l’échec de la rébellion de Bardanès en 803, Thomas tombe en disgrâce jusqu’à l’intronisation de Léon V. C’est à ce moment-là qu’il est élevé à un commandement militaire important.

Après le meurtre de Léon et l’usurpation du trône par Michel l’Amorien, Thomas se révolte et réclame le titre impérial pour lui-même.

Il parvient à s’assurer rapidement du soutien des thèmes de l’Asie Mineure et conclut une alliance avec le califat abbasside [2]. Après avoir vaincu les troupes et la marine des thèmes maritimes, il fait voile avec son armée vers Constantinople pour l’assiéger.

Michel II fait alors appel au khan [3] bulgare Omourtag qui envoie ses troupes combattre l’armée de Thomas. Si les Bulgares sont repoussés, ils parviennent à infliger de lourdes pertes aux rebelles qui finissent par s’enfuir quand Michel décide de se porter à leur rencontre. Thomas trouve refuge à Arcadiopolis [4] où il est finalement capturé et exécuté.

La rébellion de Thomas est l’événement interne le plus important du règne de Michel II mais n’a que peu de conséquences matérielles à l’exception de la Thrace [5] qui a souffert de la présence prolongée des deux armées et de leurs batailles. Le reste de l’empire a été épargné par les ravages de la guerre. Toutefois, la marine byzantine a souffert de lourdes pertes, notamment les flottes thématiques qui ont été dévastées. En comparaison, les forces terrestres souffrent de pertes limitées. Néanmoins, ces pertes ont pour conséquence la faiblesse militaire et l’instabilité interne de l’empire dans les années suivantes qui sont rapidement exploitées par les Musulmans. Ainsi, des exilés andalous prennent la Crète et les Aghlabides [6] de Tunisie entament la conquête de la Sicile. En Orient, les Byzantins doivent maintenir une attitude défensive face aux forces califales.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean-Claude Cheynet, Le Monde byzantin, tome II : L’Empire byzantin (641-1204), PUF, coll. « Nouvelle Clio », 2006, 544 p. (ISBN 2130520073)

Notes

[1] dans le Nord-Est de la Turquie actuelle

[2] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[3] Khagan ou Grand Khan est un titre équivalent à celui d’empereur dans les langues mongole, toungouses et turque. Le titre est porté par celui qui dirige un khaganat (empire, plus grand qu’un khanat, lui-même comparable à un royaume). Khagan peut également être traduit par Khan des Khans, expression signifiant roi des rois. Le Khagan, comme tous les khans, se fait élire par le Qurultay, en général, parmi les descendants des précédents khans. Les Avars, les Protobulgares, les Khazars, entre autres, appelaient leurs chefs de ce nom.

[4] La ville de Luleburgaz est situé à l’extrême Nord-Ouest du pays, à la frontière bulgare dans la province de Kırklareli. L’ancien nom de la ville est Arcadiopolis.

[5] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[6] Les Aghlabides ou Banû El Aghlab sont une dynastie d’émirs issue de la tribu arabe des Banu Tamim. Deuxième dynastie arabe après les Muhallabides ayant régné sur l’Ifriqiya au nom du calife abbasside, de 800 à 909, elle compte onze souverains avant d’être évincée avec l’installation des Fatimides.