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L’histoire pour le plaisir

Thorismond

mercredi 6 juin 2018, par lucien jallamion

Thorismond

Roi des Wisigoths de 451 à 453

Fils de Théodoric 1er et de Pédauque fille d’Alaric 1er. On sait peu de choses sur son enfance. Il n’a pas eu accès aux enseignements d’Avitus, précepteur de son frère cadet ; son père le destinant à régner à sa suite n’a peut-être pas crû utile de lui enseigner des rudiments de latin.

Il participe à la bataille des Champs Catalauniques [1] en 451 comme chef d’un bataillon goth [2], allié des Romains, avec son père Théodoric 1er et son frère Théodoric II. Il est blessé lors de la bataille.

Alors qu’il combat les Huns [3] d’Attila au côté de son père le roi Théodoric 1er, il est élu roi sur le champ de bataille à la mort de ce dernier, tué au combat par une lance ostrogothique [4] venant des troupes d’Attila.

L’acclamation des guerriers le désigne comme nouveau roi. Il souhaite poursuivre la guerre contre les envahisseurs qui battent en retraite mais Aetius l’en dissuade et lui conseille de rentrer à Toulouse, sa capitale, pour régler la succession de Théodoric. Thorismond rentre à Toulouse avec ses troupes.

Selon le chroniqueur Jordanès , c’est un excellent stratège. En 453, au début du printemps, il reprend le combat contre les Huns alliés aux Alains [5] qui tentent d’envahir les Gaules. Il vainc les armées près du Rhône, à la suite de quoi Attila ne tentera plus d’envahir la Gaule.

Aetius trouve ce roi victorieux gênant à cause de sa gloire militaire conjuguée contre les Huns et les Alains. Et au retour des Wisigoths [6] de cette victoire, les Romains reprennent Arles, par un guet-apens.

Le préfet du Prétoire [7] Tonance Ferréol éloigne Thorismond de la ville d’Arles pour lui offrir un déjeuner et celui-ci perd la ville au profit d’Aetius. Les Goths reculent. Ses frères lui reprochent les batailles contre les Romains et des dissensions se créent au sein du peuple wisigoth.

Thorismond rentre à Toulouse, malade et veut se saigner, après avoir déposé ses armes. Un de ses clients, Ascalc, lui demande une audience au sujet d’un complot.

Ascalc tente de le prévenir du complot avant l’arrivée des comploteurs. Le roi riposte et tue un des comploteurs tout en écartant la plupart des assaillants qui l’ont suivi. Il est finalement tué par les comploteurs.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Renée Mussot-Goulard, Les Goths, Biarritz, éd. Atlantica,‎ mai 1999 (ISBN 978-2-84394140-5)

Notes

[1] La bataille des champs Catalauniques de 451 a opposé les forces coalisées, romaines et barbares, menées par le patrice romain Aetius d’une part, et l’armée des Huns, elle aussi composite et emmenée par Attila, d’autre part. Elle a longtemps été localisée aux environs de l’actuelle Châlons-en-Champagne, Duro Catalaunum à l’époque gallo-romaine, d’où provient le nom des « champs Catalauniques », mais cette localisation est l’objet de controverses. La bataille des champs Catalauniques marque l’avancée extrême en Occident des Huns, partis des steppes de la Volga vers 370 et établis en Pannonie (actuelle Hongrie) au début du 5ème siècle. La victoire relative d’Aetius, qui a peut-être bénéficié de sa bonne connaissance du peuple des Huns, écarte Attila de la Gaule, et est confirmée l’année suivante par l’échec de son attaque en Italie. Elle permet de maintenir une partie de la Gaule sous la domination directe de Rome, mais elle conforte aussi les peuples fédérés, notamment les Francs de Mérovée qui obtiennent le gouvernement de la Gaule belgique et les Wisigoths établis en Aquitaine.

[2] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[3] Les Huns sont un ancien peuple nomade originaire de l’Asie centrale, dont la présence en Europe est attestée à partir du 4ème siècle et qui y établirent le vaste empire hunnique. L’origine des Huns est disputée. Les Huns ont joué un rôle important dans le cadre des grandes invasions qui contribuèrent à l’écroulement de l’Empire romain d’Occident. Sous le règne d’Attila, l’empire est unifié mais ne lui survit pas plus d’un an. Les descendants et successeurs des Huns occupent encore diverses parties de l’Europe de l’Est et d’Asie centrale entre les 4ème et 6ème siècles, et laissent encore quelques traces dans le Caucase jusqu’au début du 8ème siècle.

[4] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique venu des confins de la Baltique et établi au 4ème siècle en Ukraine et en Russie méridionale, au nord de la mer Noire. Ils jouèrent un rôle considérable dans les événements de la fin de l’Empire romain.

[5] Les Alains étaient un peuple scythique, probablement originaire du pays des Alains, dans le Caucase, dont l’Ossétie ou Alanie est l’avatar actuel : les Ossètes d’aujourd’hui, qui vivent de part et d’autre de la passe de Darial ou Dar-i-Alan, la « passe des Alains », se présentent comme les descendants directs des Alains, qui étaient des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches des Iazyges et des Roxolans.

[6] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[7] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.