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L’histoire pour le plaisir

Mar Isaac

dimanche 12 novembre 2017, par lucien jallamion

Mar Isaac (mort en 411)

Catholicos de Séleucie et Ctésiphon de 399 à 411

L’empereur Arcadius envoie comme ambassadeur à Yazdgard 1er Marouta, évêque de Maïpherkat [1], une cité frontière entre la Mésopotamie et l’Empire sassanide [2], afin de tenter de régulariser la situation des chrétiens d’Iran après les violentes persécutions du 4ème siècle.

Marouta, qui était aussi un habile médecin, réussit, alors que les mages zoroastriens [3] avaient échoué, à guérir le grand roi de violents maux de tête en le massant le visage couvert d’un linge afin que son haleine ne souille pas le souverain et les mains préalablement lavées avec de l’eau de rose.

Il gagne ainsi une grande influence, d’autant plus qu’il aurait aussi réussi à délivrer d’un démon l’un des fils du roi. Yazdgard 1er accède alors à la demande de l’empereur et adresse une lettre de bienveillance au catholicos en place, Mar Isaac. Ce dernier jouissait de l’estime du roi sassanide mais était en bute à l’hostilité des évêques de provinces toujours réticents à la suprématie de l’église de la capitale.

Mar Isaac et Marouta mettent à profit cette période d’apaisement pour réorganiser l’Église d’Iran et réunissent un concile à Ctésiphon [4] au début de l’année 410. L’année suivante, Mar Isaac meurt et il est remplacé par l’un de ses disciples, Mar Ahhaï , le fondateur de l’école de Daïr-Qôni, avec l’accord de Marouta et du roi.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Éphrem-Isa Yousif, Les chroniqueurs syriaques, Paris, L’Harmattan,‎ 2002 (ISBN 2-7475-2709-3).

Notes

[1] la future Martyropolis

[2] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[3] Le zoroastrisme est une religion monothéiste de l’Iran ancien. Elle est une adaptation du mazdéisme et tire son nom de son « prophète » ou fondateur Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en Zoroastre par les Grecs. Cette réforme est intervenue au cours du 1er millénaire av. jc. Le zoroastrisme a fait fonction de religion officielle de l’empire perse à trois reprises (sous le roi Hystaspès, sous les Achéménides, et sous les Sassanides jusqu’en 651, date de l’assassinat du dernier roi zoroastrien). Malgré l’arrivée de l’islam et les persécutions qui en découlèrent, il a réussi à se maintenir dans le patrimoine culturel iranien, afghan et d’Asie centrale. En effet, les Iraniens, les Kurdes et les Afghans, indépendamment de leur religion, accordent beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes, en particulier celle de Nowruz, le nouvel an zoroastrien, célébré le 21 mars

[4] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².