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Alexandre Lysimaque

mardi 6 juin 2017, par lucien jallamion

Alexandre Lysimaque

Juif d’Alexandrie

Il est souvent mentionné comme étant le Juif le plus riche et le plus considéré d’Alexandrie. Il était Alabarque [1], mais aussi semble-t-il contrôleur général des douanes. Frère de l’écrivain Philon d’Alexandrie et père de Tiberius Alexander.

Lysimaque était aussi un grand propriétaire foncier, ami et créancier du futur empereur Claude, ayant obtenu d’Auguste le droit de cité romaine. Il était l’administrateur des biens d’Antonia Minor, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, la sœur d’Auguste.

Il appartenait à l’une des très rares familles juives de citoyens romains. À ce titre, il gérait la totalité de la fortune que Marc Antoine avait laissée en Égypte. Lysimaque rendit tant de services à la famille impériale qu’il en devint le fils adoptif et pu ajouter à son nom celui de l’empereur. C’est ainsi qu’un de ses fils s’est appelé Tiberius Julius Alexander. Celui-ci deviendra procurateur [2] de Judée, puis vice-roi d’Égypte et apportera un concours décisif à Vespasien pour qu’il devienne empereur.

Lysimaque avait sans doute été initié à cette brillante culture grecque, dont son frère Philon était un des adeptes les plus distingués. L’alabarque n’en était pas moins profondément attaché à la religion juive et au Temple de Jérusalem. Il fit revêtir d’or fin les battants de toutes les portes conduisant de l’avant-cour du temple au parvis intérieur, à l’exception de la porte de Nicanor.

Lorsqu’en 36, Agrippa 1er cherche à se rendre à Rome alors qu’il est abandonné et détesté des siens, c’est Alexandre Lysimaque qui lui prête la somme nécessaire, alors que le futur roi des Juifs est perclus de dettes. Probablement que l’Alabarque a compris que le but d’Agrippa est de se faire confier l’administration de la tétrarchie de Philippe qui bien que mort 2 ans plus tôt n’a pas encore été remplacé.

Agrippa semble bien décidé à se rendre à Rome, pour accuser le tétrarque [3] Hérode Antipas auprès de Tibère, pour essayer de prendre son domaine. Il faut dire que l’échec d’Hérode Antipas à se faire confier ces nouveaux territoires est désormais patent et que l’investissement qu’il consent, a des chances d’être fructueux.

En effet, Agrippa est un hasmonéen [4], la dynastie légitime. Il est surtout celui qui a vécu très longtemps dans la capitale de l’Empire, et il connaît personnellement presque tous les membres de la famille impériale.

Par tradition familiale, il est soutenu par l’impératrice Livie, qui était l’amie de sa grand-mère et par Antonia Minor, la belle-sœur de Tibère, qui était la protectrice de sa mère. Après le meurtre de son père par Hérode le Grand, son grand-père, le jeune Agrippa a été envoyé à la cour impériale de Rome.

Là, Tibère a conçu une grande affection pour lui. Il a donc été élevé à Rome avec les enfants de la famille impériale dont le futur empereur Claude, ainsi que Drusus, le jeune fils de Tibère, dont il deviendra l’ami intime.

Voulant aider Agrippa dans son entreprise, mais se défiant de sa folle prodigalité, l’Alabarque demande à sa femme Cypros de se porter caution pour lui et ne lui donne la première fois qu’une partie de la somme promise.

Lorsqu’en été 38, Agrippa repasse à Alexandrie pour se rendre dans ses territoires, c’est à nouveau chez Lysimaque qu’il va être logé. Il a alors le titre de roi.

Les rapports entre la communauté juive d’Alexandrie et Aulus Avilius Flaccus le vice-roi d’Égypte, sont en train de se tendre. Celui-ci n’a pas transmis à Rome le décret des Juifs d’Alexandrie qui salue l’avènement de Caligula comme empereur et il s’oppose à ce qu’une délégation des Juifs d’Alexandrie parte à Rome pour la remettre à l’empereur. Philon écrit que Flaccus voulait faire passer les Juifs d’Alexandrie seuls parmi tous les peuples qui sont sous le soleil, pour ennemis du prince.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, Paris, A. & J. Picard, 2009

Notes

[1] le chef de la communauté juive d’Alexandrie

[2] Dans la Rome antique le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s’occuper d’une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme, à partir d’Auguste désigne un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi. Les procurateurs dépendaient directement de l’empereur, exerçant leur pouvoir et leur charge en son nom. Ainsi les empereurs purent élaborer peu à peu une administration qui ne dépendait que d’eux et contrôler des services importants ou une province impériale, fonction bien évidemment réservée aux seuls membres de l’ordre équestre. Assez souvent les procurateurs issus de l’ordre équestre étaient secondés par un procurateur affranchi, l’empereur pouvant ainsi mieux les surveiller.

[3] Un tétrarque, dérivé de tessares signifiant quatre, et d’archon, chef était au sens propre le dirigeant d’une des quatre parties d’un royaume dans le cas de la Palestine ou d’un empire (Empire romain). Ce terme sera employé plus tard sans qu’il y ait réellement une division rigoureuse d’un territoire en quatre parties.

[4] Les Hasmonéens sont une dynastie qui parvient au pouvoir en Judée au cours de la révolte des Maccabées que Mattathias un prêtre de la lignée sacerdotale de Yehoyarib initie en 168-167 av. jc et auxquels se joignent les hassidéens. Dans les livres qui n’ont été conservés que par la tradition chrétienne, cette dynastie est aussi appelée Maccabées.