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Joannice le Grand ou Joannice de l’Olympe

jeudi 18 août 2016, par lucien jallamion

Joannice le Grand ou Joannice de l’Olympe (754-846)

Ascète grec chrétien

Icône russe de saint Joannice le Grand. Source : wiki/Joannice le Grand/ (Eglise orthodoxe village de Marikat, Bithynie)/ domaine publicNé dans le village de Marycate, près de Pruse [1] en Bithynie [2] dans une famille paysanne modeste et aurait gardé les porcs dans son enfance et n’aurait reçu qu’une instruction fort rudimentaire.

Dans sa jeunesse, il servit dans l’armée pendant plus de 20 ans, et adhérait à cette époque à l’iconoclasme [3].

Il entra dans la vie religieuse dans les dernières années du 8ème siècle, d’abord dans un monastère communautaire pour y recevoir l’instruction et la formation religieuse qu’il n’avait pas eues auparavant. Mais assez rapidement il se retira comme anachorète [4] dans la région du mont Olympe de Bithynie [5], près de Pruse, et devint le représentant le plus en vue à l’époque d’un type de vie religieuse traditionnel en Orient, fait de retrait du monde, d’isolement et de grandes ascèses.

Il vécut ensuite dans plusieurs régions de l’Asie Mineure notamment en Lycie [6], puis en Cilicie [7] de 804 à 808 avant de revenir se fixer en Bithynie. Il se livra à différents exercices comme de rester un an dans une grotte attaché à une chaîne de fer. Il passa d’autre part 3 ans auprès d’un ascète réputé à l’époque, nommé Georges, pour achever sa formation.

Vers 810, il se sentit appelé à faire profiter les autres hommes de son expérience, et s’installa dans une cellule du monastère de Trichalika où il recevait de nombreux visiteurs venant le consulter. On lui prêtait le don de prophétie et celui de guérir les maladies.

Après l’avènement de Léon V l’Arménien, en 813, il repartit pour la Lydie [8] où il fonda trois monastères. Pendant la seconde période de l’iconoclasme, il se prononça pour le culte des images, mais semble avoir eu sur ce sujet des désaccords avec Théodore Studite : une réunion d’iconodoules [9] organisée autour de lui en 823 ou 824 aboutit à une controverse.

Au moment du rétablissement officiel du culte des images, en 843, il aurait inspiré ou appuyé le choix comme nouveau patriarche de Méthode , ancien moine de l’Olympe de Bithynie, qui mena une politique modérée et se heurta aux religieux du monastère de Stoudios [10], héritiers de Théodore Studite.

Joannice, âgé alors de 90 ans, se serait déplacé à Constantinople pour appuyer Méthode contre les Stoudites.

Il représenta à l’époque, à l’encontre notamment de Théodore Studite, le modèle du saint anachorète traditionnel en Orient, vivant de longues périodes dans la solitude en se livrant à des pratiques d’ascèse extraordinaires, et acquérant la réputation de posséder des pouvoirs miraculeux.

Théodore, tout en exprimant parfois son respect pour lui et ce qu’il représentait, déconseillait à ses moines de suivre son exemple, jugeant supérieure l’intégration dans des communautés organisées et disciplinées, pratiquant plus le travail régulier que les grandes ascèses, et se mêlant aux controverses de la société.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Histoire de l’Église byzantine, préface du cardinal Tisserant, Nouvelles Éditions latines, 1954.

Notes

[1] Bursa en français Pruse ou Brousse, est une ville du nord-ouest de l’Anatolie en Turquie, capitale de la province du même nom. La ville est située sur le versant nord-ouest des montagnes dominées par le Mont Uludağ dans le sud de la région de Marmara. Elle est bordée par la province de Yalova et la mer de Marmara au nord, les provinces de Kocaeli et Sakarya au nord-est, la province de Bilecik à l’est et les provinces de Kütahya et Balıkesir au sud.

[2] La Bithynie est un ancien royaume au nord-ouest de l’Asie Mineure, actuellement situé en Turquie. Située au bord du Pont-Euxin, la Bithynie était limitée par la Paphlagonie à l’est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l’ouest. Les villes principales de Bithynie sont Nicomédie (actuelle Izmit) et Nicée, qui se disputent le titre de capitale selon l’époque, ainsi qu’Héraclée du Pont, Pruse (actuelle Bursa) et Chalcédoine. On compte aussi Byzance qui, bien que sise en Thrace, dépend sporadiquement de la province de Bithynie, notamment durant le mandat de gouverneur de Pline le Jeune.

[3] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée d’images, c’est-à-dire de représentations religieuses de type figuratif (appartenant souvent à sa propre culture), généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette la vénération adressée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie (ou iconodoulie).

[4] L’ermite ou l’anachorète est une personne (le plus souvent un moine) qui a fait le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Les ermites étaient à l’origine appelés anachorètes, l’anachorétisme (ou érémitisme) étant l’opposé du cénobitisme. L’ermite partage le plus souvent sa vie entre la prière, la méditation, l’ascèse et le travail. Dans l’isolement volontaire, il est à la recherche ou à l’écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels.

[5] Le mont Uludağ est la plus haute montagne de l’Ouest de la Turquie (2 543 m d’altitude). Il se situe à environ 30 kilomètres au sud de la ville de Bursa et marque la frontière de la province du même nom. Elle consiste en une longue formation d’environ 15 km de long par 3 km de large. Son sommet le plus élevé se nomme Kartaltepe

[6] La Lycie est située au sud de la Lydie, bordée à l’est par la Pamphylie, au nord par la Phrygie et la Carie et au sud et à l’ouest par la mer Méditerranée. La région est essentiellement montagneuse, les plaines côtières sont rares et la culture se fait surtout dans l’arrière pays. La Lycie ne possède qu’un seul fleuve, le Xanthos ou Xantos. La région est peuplée dès le 3ème millénaire, mais nous n’avons à ce jour que très peu de connaissance sur le début de son histoire. Elle est mentionnée ensuite dans les textes hittites du 15ème siècle av. jc, puis après, beaucoup plus tard, lors de la domination Perse Achéménide.

[7] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[8] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.

[9] L’iconodulie ou iconodoulie, est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste.

[10] Le monastère du Stoudion ou monastère de Stoudios était un établissement religieux de Constantinople fondé vers 460 par un bienfaiteur privé du nom de Studius ou Stoudios, un aristocrate qui fut consul pour l’année 454. Il était placé sous le vocable de saint Jean Baptiste. Il était situé à l’extrême sud-ouest de la ville byzantine, dans le quartier de Psamathia, non loin du Mur de Théodose et de la mer de Marmara. Ses moines étaient appelés « studites » ou « stoudites ». Il reste aujourd’hui les ruines de l’église du monastère, le plus ancien édifice chrétien subsistant partiellement à Istanbul.