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Tatjat Antzévatsi ou Tadjat Andzévatsi

jeudi 3 mars 2016, par lucien jallamion

Tatjat Antzévatsi ou Tadjat Andzévatsi ( mort en 784/785)

Noble arménien

Empire bizantin Exilé à Byzance, il y devient un important général avant de faire défection en 781/782 et de rejoindre les Abbassides. Il devient alors prince d’Arménie jusqu’en 784/785.

Tatjat est nakharar [1] de la famille noble arménienne Antzévatsi. C’est probablement vers les années 750 qu’il rejoint l’Empire byzantin et entre sous le nom de Tatzatès au service des empereurs Constantin V et Léon IV.

Sous la direction du premier, il combat les Bulgares [2] et atteint le poste de stratège [3] vers 760.

On ne sait pas quels thèmes il a dirigés mais en 776, il est à la tête de celui des Bucellaires [4]. La même année, il conduit une armée dans une expédition réussie contre les Arabes, lors de laquelle il atteint notamment Samosate [5].

En 778, avec Artavazd Mamikonian, il vainc les Arabes en Cilicie [6] et prend part à l’expédition victorieuse de grande envergure contre Germanicée [7] sous le commandement de Michel Lachanodrakôn .

Enfin, en 781, il combat de nouveau sous le commandement de Michel Lachanodrakôn et participe à la victoire byzantine à Césarée [8] contre une invasion arabe conduite par ’Abd al-Kabir.

En 782, Hâroun ar-Rachîd, le fils du calife au pouvoir, rentre en campagne contre l’Empire byzantin et envahit l’Asie Mineure. Les Byzantins dirigés par l’eunuque et logothète [9] Staurakios, parviennent à couper la route du retour de Hâroun et à encercler son armée. Toutefois, à ce moment-là, Tatzatès décide de faire défection avec ses hommes et de rejoindre l’armée des Arabes. Sa trahison est cependant maintenue secrète un moment, ce qui permet à Hâroun de capturer les émissaires byzantins parmi lesquels Staurakios et à négocier une trêve. Ainsi, le commandant arabe est en mesure de dicter ses propres conditions particulièrement dures à l’impératrice régente Irène l’Athénienne. Une autre version donne une défection en 781.

Les raisons de cette trahison sont inconnues. Théophane le Confesseur mentionne son dédain pour Staurakios, le favori d’Irène tandis que Ghévond suggère de façon plus plausible qu’il a perdu les faveurs de la cour et qu’il craint son remplacement imminent du fait de la politique d’Irène qui cherche à se débarrasser des fervents généraux iconoclastes [10] de Constantin V. Théophane mentionne aussi que lors de sa défection, il laisse derrière lui sa femme et tous ses biens, qui lui reviennent finalement après que la paix est signée.

Tatjat est favorablement accueilli par le calife Al-Mahdi , trop heureux de pouvoir favoriser un représentant d’une maison féodale secondaire contre les puissantes maisons Bagratouni et Arçrouni. Tatjat est donc fait prince d’Arménie.

Le gouvernement d’Arménie est alors composé d’un commandement militaire, confié à Tatjat, subordonné à un gouverneur arabe, qui est alors Othman ibn-Omara inb-Khozaïma ; mais les deux hommes ne s’entendent pas, et chacun cherchent à évincer l’autre. De plus, la plupart des nakharark arméniens refusent ce prince, et cherchent à le discréditer auprès du calife, faisant valoir ses années de service auprès de Byzance. Tatjat part cependant en guerre contre les Khazars [11], mais il meurt dans la chaleur de l’Arran [12] en 784 ou en 785

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Nina Garsoïan (dir.), L’Arménie et Byzance : histoire et culture : actes du colloque organisé à Paris par le Centre de recherches d’histoire et de civilisation byzantines, Paris, Publications de la Sorbonne,‎ 1996

Notes

[1] Le nakharar est un satrape héréditaire en Arménie. Ce titre est de premier ordre au sein de la noblesse arménienne antique et médiévale

[2] combat à la suite duquel il devient général d’une armée de soixante mille hommes selon l’historien arménien contemporain Ghévond

[3] général et gouverneur d’un thème

[4] Les Bucellaires ou thème des Bucellaires sont un thème de l’Empire byzantin situé dans le nord de l’Asie Mineure. Il est établi vers la moitié du 8ème siècle et comprend l’essentiel de la Paphlagonie et certaines parties de la Galatie et de la Phrygie. Le thème est établi entre 743 et 767 par l’empereur Constantin V, après la répression de la révolte d’Artabasde, comte de l’Opsikion. Le nouveau thème, ainsi que celui des Optimates, est détaché de l’Opsikion, en fonction de la politique de l’empereur visant à réduire la puissance de ce dernier

[5] Samosate ou Antioche de Commagène est une ancienne cité dont les ruines se situent près de la ville actuelle de Samsat, province d’Adıyaman, en Turquie, près de l’Euphrate.

[6] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[7] Kahramanmaraş est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La ville s’appelle Germanicia aux époques romaine puis byzantine, Marach, par les croisés et Marach par les Arméniens

[8] Kayseri est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située dans la région de Cappadoce au pied du mont Erciyes. La ville se situe à 320 km de la capitale Ankara et 770 km d’Istanbul. Elle est anciennement connue sous le nom de Césarée de Cappadoce ou Mazaca.

[9] Le Grand Logothète ou Mégas Logothétês est un dignitaire de l’Empire byzantin supervisant le sekreta (l’ensemble des services fiscaux).

[10] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette la vénération vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier.

[11] Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; leur existence est attestée entre le 6ème et le 13ème siècle. Au 7ème siècle les Khazars s’établirent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat ; une partie d’entre eux se convertirent alors au judaïsme qui devint religion d’État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont aujourd’hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l’Ukraine orientale, la Crimée, l’est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie telles l’Azerbaïdjan et la Géorgie.

[12] Arran est actuellement le terme utilisé en République d’Azerbaïdjan pour désigner le territoire des basses terres du Karabakh, situées entre les rivières Koura et Araks, dont la plaine du Mil et des parties de la plaine Mughan. Le terme est parfois utilisé en Iran ainsi que par certains intellectuels dans d’autres pays pour désigner l’actuelle république d’Azerbaïdjan. Historiquement, le terme Arran (ou Aran) était un terme géographique utilisé depuis le Moyen Âge pour désigner certaines parties de ce qui est maintenant la république d’Azerbaïdjan ainsi que certaines parties de l’Arménie.